Canada 2015: Salmigondis d’une longue, longue campagne

Bon, nous en sommes plus ou moins à mi-chemin de l’actuelle campagne électorale fédérale.  Est-ce que votre opinion politique a changé?  Avez-vous une vision différente de la politique fédérale, comparativement à avant le déclenchement des hostilités?

Dans mon cas, rien n’a changé.  C’est vrai, je l’avoue, que ma vision de la patente fédérale est enracinée depuis pas mal longtemps, et que rien de nouveau n’est venu influencer cette vision.  Que ce soit le retour de Gilles Duceppe à la tête du Bloc québécois, Justin Trudeau qui reprend à son style la thèse du 99% versus 1%, Thomas (ou Tom?) Mulcair qui parle des deux côtés de la bouche, ou Stephen Harper qui pacte ses points de presse avec des partisans, le cirque de la politique fédérale, à mes yeux, a des airs de déjà vu.  Sur le dernier thème abordé, soit celui de la crise des migrants syriens, c’est presque la course à savoir qui accueillera le plus de familles syriennes chez lui. C’est du moins ce que laisse transparaître le discours des chefs d’opposition, alors que celui du premier ministre sortant privilégie plutôt le souci de la sécurité.

C’était tellement drôle d’entendre à la radio, cette semaine, Justin Trudeau dire que son père avait lui-même fait en sorte que le Canada ouvre ses frontières à des milliers de réfugiés, alors que d’autres ont même évoqué Joe Clark, dans le dossier des “boat people”, à la fin des années 1970.  D’abord, il faut spécifier que les laotiens, mais surtout vietnamiens, fuyaient une dictature violente.  Ensuite, il n’y avait aucun terrorisme au Vietnam, à cette époque, donc aucun danger de laisser entrer des terroristes qui allaient organiser de potentiels attentats à partir de chez nous.  Le cas syrien est très différent; les réfugiés fuient la situation ambigüe qui règne là-bas, à savoir d’un côté la dictature de Bachar el-Assad, et de l’autre la violence du groupe État islamique.  Rien ne garantit que parmi les gens qui fuient, aucun n’appartient à l’une ou l’autre de ces deux organisations.  Bref, bien des choses viennent brouiller les cartes, et empêcher de comparer directement les deux époques.

D’autre part, en ce qui concerne les sondages, il ne faut pas prendre une potentielle défaite des conservateurs pour acquise; dans le Journal de Montréal d’hier, je lisais qu’un sondage Ekos replaçait les tories au premier rang, devant le NPD, puis les libéraux.  Mais les chiffres des différents sondages nous confirment que nous sommes dans une véritable lutte à trois, à travers le pays.  Les conservateurs sont forts dans l’ouest, et en Ontario, les néodémocrates le sont au Québec, et en Colombie-Britannique, alors que les libéraux sont forts dans les Maritimes.  Bref, la lutte s’annonce serrée, et bien malin sera celui qui prédira le résultat de la prochaine élection.  D’autant plus que dans une campagne aussi longue que la présente, toutes sortes de revirements peuvent survenir.

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Ontario: Les électeurs ont choisi les libéraux!

Les électeurs de l’Ontario votent le jeudi!  Et ce jeudi, ils ont reporté au pouvoir les libéraux de Kathleen Wynne, qui pour sa part obtiendra un premier mandat de la population comme première ministre, elle qui avait succédé au premier ministre démissionnaire Dalton McGuinty en cours de mandat.  De plus, il semble pratiquement acquis que ce quatrième gouvernement libéral consécutif sera majoritaire.

Malgré quelques scandales qui collaient à la peau des libéraux – pensons à celui des centrales à gaz, dont les travaux, déjà avancés, furent arrêtés, ce qui coûta pas moins d’un milliard$ à la province, il semble que les électeurs ontariens donnent une chance à madame Wynne.  Les progressistes-conservateurs de Tim Hudak subissent des pertes, mais devraient demeurer à l’Opposition officielle.  Le NPD de l’Ontario s’aligne, pour sa part, vers un statu-quo.  À 22h30, les chiffres du site web d’Elections Ontario sont de 58 sièges pour les libéraux, 28 pour les progressistes-conservateurs, et de 21 pour le NPD.  Les 17 autres partis n’ont aucun siège, et aucun candidat indépendant non plus.

Bien entendu, les chiffres risquent de changer, puisque certains comtés sont très chaudement disputés dans des luttes à deux, ou à trois candidats, et les résultats officiels seront connus dans quelques jours.  Mais l’on peut s’attendre à une suite des choses dans la continuité en Ontario.

Les « Janettes »: Comment exprimer son racisme sous le couvert de sa notoriété

(Voir la mise à jour, à la fin du texte.)

Depuis quelques jours, on entend parler des “Janettes”, dans les médias.  C’est que Janette Bertrand (oui oui, “la” Janette Bertrand), auteure et activiste bien connue, a écrit une lettre ouverte, signée par une vingtaine de femmes, et publiée dans plusieurs quotidiens, ce mardi 15 octobre.  La lettre, qui tient en quatre petits paragraphes, tente de faire un lien entre la lutte des femmes pour l’égalité avec les hommes, au Québec, lutte qui a abouti, entre autres, au droit de vote pour les femmes, et une autre lutte, celle pour le “dévoilement” des femmes voilées, qu’elle essaie tant bien que mal d’associer à la Charte des valeurs québécoises, déposée par le gouvernement de Pauline Marois, il y a de cela quelques semaines.

D’abord, elle a le droit de dire qu’elle “se souvient” de la lutte pour le droit de vote aux femmes, mais il faut s’en tenir à la textuelle, et ne pas conclure qu’elle a elle-même lutté pour ce droit.  Lorsque le gouvernement d’Adélard Godbout a adopté la loi accordant le droit de vote aux femmes, le 25 avril 1940, Janette avait 15 ans et un mois, tout juste!  Elle peut donc très bien s’en souvenir, mais je serais très surpris qu’elle soit elle-même sortie sur la place publique, à l’époque.

Mais le pire ne vient pas de la lettre elle-même, mais des entrevues accordées aux médias, suite à la publication de la lettre.  Jeannette Bertrand elle-même a déclaré, dans une entrevue à La Presse, “Je n’aimerais pas être soignée par une femme voilée.  J’aurais peur.  Je me dirais: Tout d’un coup, dans sa religion, qu’on ne soigne pas les femmes autant que les hommes, qu’on laisse partir les vieux plus vite.”  Sur quoi se base-t-elle pour dire de tels propos?  Cela devient du racisme à peine voilé, c’est le cas de le dire!  De toute façon, si madame Bertrand n’a pas confiance au système de santé québécois, de peur de tomber sur une femme voilée, elle peut toujours se faire suivre aux USA, elle en a sûrement les moyens!

Et que dire de Denise Filiatrault, autre signataire de la lettre ouverte.  À Paul Arcand, dans une entrevue au 98,5 fm, lorsque celui-ci lui a demandé “Qu’est-ce que vous dites aux femmes qui disent avoir choisi de porter le voile?”, elle lui a répondu “Fuck off, c’est pas vrai, ça. C’est des histoires de bonshommes. Quand elles ne le portent pas, elles se font réprimander quand c’est pas pire et au bout, quand ça marche plus, on les sacre dans le lac. C’est notre choix? Voyons donc, ce sont des folles.”  L’extrait audio nous montre bien le ton utilisé par madame Filiatrault; c’est un ton de mépris, le ton de celle qui regarde la chose du haut de sa hauteur, le ton de celle qui dit “C’est moi, qui a raison, et les autres, vos gueules!”

Il faut également tenir compte de certains faits.  D’abord, ce n’est pas la loi ayant accordé le droit de vote aux femmes qui a affranchi celles-ci de la domination, par la religion catholique romaine, dans les années 1960 et 1970, mais bien un ensemble de prises de conscience qui a mis des décennies à se mettre en place, famille par famille.  Ainsi, le parallèle que tente de faire Janette Bertrand, dans sa lettre, ne tient pas la route.  Ce n’est pas une loi qui a permis l’émancipation des femmes face à l’église (et accessoirement face aux hommes), et encore une fois, ce n’est pas avec une loi que l’on finira par réconforter les Janettes.  Ensuite, comme Janette Bertrand ose le prétendre, si une femme voilée pourrait risquer de moins soigner les femmes, ou les vieux, ce n’est pas le port, ou non, du voile qui va y changer quoi que ce soit.  Un homme médecin musulman pourrait avoir les mêmes objectifs, et les mettrait à exécution à visage découvert.  Comprenez-moi bien, toutefois; mon but n’est pas de soupçonner les médecins musulmans de ne pas soigner tous les patients, loin s’en faut, mais bien de dire que, de deux choses l’une; soit que Janette Bertrand se fait des peurs pour rien, ou encore qu’elle se sert du côté émotif des québécois de souche pour leur mettre des idées préconçues dans la tête.  Et si c’est la seconde option qui prime, Janette Bertrand fait alors dans le racisme le plus primaire!

À l’image de la religion catholique romaine, la religion musulmane finira par se “décloîtrer”, et c’est déjà commencé; de plus en plus de gens vont et viennent librement, sans se soucier de l’heure de la prière, ou dans quelle direction se trouve La Mecque.  Mais comme pour les cathos, il faudra lui laisser le temps.  Il a fallu des décennies pour retirer l’influence catholique de la politique, et cela n’empêche pas des milliers de femmes de porter le crucifix!  Ce n’est pas en obligeant les musulmanes à se dévoiler complètement, serait-ce par une loi, que l’on fera avancer les choses plus rapidement. Tout ce que l’on risque de faire, c’est de braquer les gens les uns contre les autres, et Janette Bertrand, de par sa lettre, y a mis du sien.

MISE À JOUR (18 octobre 2013, 10h42)

Sur le site web de La Presse, ce matin, voici que Denise Filiatrault s’excuse, pour certains propos exprimés lors de l’entrevue avec Paul Arcand.  Trop peu, trop tard, madame!  Souvenez-vous de l’histoire du gamin et de la clôture!

Le 4 septembre 2012, c’est jour d’élections, au Québec!

Eh ben oui, nous y sommes!

C’est aujourd’hui, 4 septembre 2012, que les électeurs de partout, à travers la province, vont décider des gens qui les représenteront à l’Assemblée nationale du Québec.  Malgré les bons coups, et les gaffes, de tous les partis politiques, les positions ont peu bougé, depuis le début de la campagne électorale, le 1er août dernier.  La lutte sera à trois; le Parti québécois (PQ) a su garder quelques points d’avance, dans la grande majorité des sondages, alors que dans le rétroviseur, la Coalition avenir Québec (CAQ) et le Parti libéral du Québec (PLQ), celui-là au pouvoir depuis 9 ans, s’échangeaient les positions.  Par contre, les sondages donnent toujours des chiffres qui comprennent une répartition proportionnelle des indécis, dont le nombre demeure élevé, d’une part, et d’autre part, la différence entre les partis demeure plus ou moins à l’intérieur des marges d’erreur des sondages.  Bref, tout peut arriver, et chaque vote compte; il s’agit qu’un des trois partis ne parvienne pas à “faire sortir le vote”, et la tendance peut changer du tout au tout.

On s’attend à ce que le taux de participation soit supérieur au faible 57,43% du dernier scrutin, soit celui du 8 décembre 2008.  À la dissolution de l’Assemblée nationale, le PLQ de Jean Charest détenait le pouvoir, comptant 64 députés, alors que le PQ de Pauline Marois formait l’Opposition officielle, avec 47.  Il est à noter qu’il faut avoir fait élire 63 députés pour obtenir la majorité des 125 sièges à l’Assemblée nationale, et qu’un parti doit avoir 12 députés en poste pour obtenir la reconnaissance officielle.  Ainsi, les députés des autres partis étaient décrits comme indépendants; la CAQ de François Legault (non-élu) en comptait 9, Option nationale (ON) et Québec solidaire (QS) en comptaient chacun un, en les personnes de Jean-Martin Aussant, et Amir Khadir, respectivement, alors que deux autres députés, Pierre Curzi et Lisette Lapointe,  n’avaient aucune affiliation politique.  Finalement, la circonscription de Bourassa-Sauvé était vacante.

En ce qui concerne le vote comme tel, comme je ne suis membre d’aucun parti, je ne tenterai pas d’influencer votre vote en faveur de l’un ou l’autre des 20 partis officiellement enregistrés auprès du Directeur général des élections du Québec (DGEQ), dont 18 présenteront au moins un candidat.  Si l’on ajoute tous les candidats indépendants, et “sans désignation”, ce n’est pas moins de 892 candidats qui s’affronteront aujourd’hui, un record!  Par contre, s’il y a un tuyau que je puisse vous donner, c’est le suivant; si vous ne savez pas trop quel parti est le meilleur – ou le moins pire – pour diriger la province, faites comme les vieux faisaient dans le bon vieux temps, c’est à dire de voter “l’homme”, avant de voter le parti.  Vous savez, si vous avez un bon député, dans votre patelin, qu’il fait un excellent boulot, il continuera de bien travailler même s’il se retrouve dans l’opposition.  C’est même souvent mieux d’avoir un excellent député dans l’opposition qu’un laquais de service au pouvoir!  Comme plus de 16% des électeurs, je me suis prévalu du vote par anticipation, et j’ai voté l’homme!  Évidemment, si votre député est une femme,… enfin, vous avez compris le principe!

Je voudrais compléter ce billet non pas par une prédiction, puisque tout peut arriver, mais plutôt par un merci bien sincère à tous ceux et celles qui vont travailler, lors de ce scrutin général.  En fait, je leur dis merci, mais surtout bon courage, car ces gens en auront bien besoin!  D’une part, la plage d’ouverture des bureaux de scrutin s’étale de 9h30 à 20h00, soit sur une période de dix heures et demie, et qu’à part un petite pause rapide, pour besoins naturels, de temps en temps, ils doivent être sur place en tout temps, afin que l’électeur qui se présente n’ait à attendre le moins possible.  Ajoutez à cela la préparation du bureau de vote, qui prend environ une demi-heure, et la fermeture de celui-ci, qui comprend le décompte des votes, et diverses procédures de manutention des bulletins (par exemple, les bulletins de chaque candidat doivent être placées dans des enveloppes spécifiques, les bulletins rejetés dans une autre, etc.), et cela fait une bonne journée.  Et comme plusieurs bureaux de vote sont souvent regroupés dans un seul édifice, on ne peut quitter les lieux qu’au moment où chaque bureau est bien fermé, et il y a toujours au moins une table de retardataires!  Tout cela mis ensemble, on se retrouve facilement avec une journée de travail de plus de 12 heures.

Je vous encourage donc à exercer votre devoir de citoyen, ne serait-ce que pour que le salaire de tout le personnel du DGEQ ne soit pas gaspillé!  Sans compter que, comme disait la chanson du groupe Vilain pingouin, “(…) j’ai compris que le droit de voter, c’est aussi le droit de chialer!”

Conflit étudiant: Monsieur Charest, c’est maintenant l’heure!

Ça doit bien faire une dizaine de semaines que ça dure, maintenant.  Ce qui avait débuté par des marches dites « pacifiques » a désormais dégénéré en des séances d’anarchie « stagées », mettant en vedette des groupuscules comme le Black Block.  Ce qui était somme toute sympathique au début est maintenant devenu dangereux.  Et quand quelque chose devient dangereux pour la population (des manifestants lançaient des projectiles sur les véhicules circulant sur l’autoroute Ville-Marie, depuis l’avenue Saint-Laurent!), les représentants de ladite population, les élus, doivent agir, afin que cela cesse.  C’est pourquoi je m’adresse aujourd’hui à mon premier ministre, Jean Charest.

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Monsieur Charest.

Le conflit étudiant dure maintenant depuis dix bonnes semaines.  Or, on constate de plus en plus que l’augmentation de 325$ par année, pendant 5 ans, des frais de scolarité aux études universitaires, est devenu un accessoire, tant les revendications changent de jour en jour, pour ne pas dire d’heure en heure.  Devant la casse que tout cela occasionne, et le danger qu’un jour ou l’autre, il se produira un incident regrettable, qui entraînera mort d’homme, il faut que le gouvernement, dont vous êtes le principal représentant, prenne les choses en mains, et mette fin à cette situation, qui dure depuis déjà trop longtemps.

Comme les étudiants, même s’ils n’y sont pas assujettis, se campent dans les méthodes du Code du travail, dans l’évolution de leur conflit – du moins jusqu’à tout récemment, je vous suggère d’intervenir de la façon qu’un gouvernement agit quand un conflit de travail dégénère, et atteint un point de non-retour.  Et j’ai nommé le recours à une loi spéciale.

Une loi avec des dents, comme on dit à l’occasion.

Une loi qui agirait simultanément sur deux fronts; directement sur le retour en classes des étudiants, d’une part, et d’autre part sur l’empêchement systématique dudit retour en classes.  Et qui, dans les deux cas, entraîneraient des conséquences lourdes, en cas de refus d’obtempérer.  Par exemple, sur le premier front, un étudiant refusant de se présenter à ses cours se verrait imposer une amende de 1000$ par jour de refus.  Autre exemple, cette fois sur le deuxième front, quiconque (étudiant, prof, anarchiste, etc.) empêcherait un étudiant de se présenter à son cours se placerait en situation d’outrage, ce qui l’exposera à sept jours de prison par acte d’empêchement.

Nous savons que la session d’hiver de 2012 n’est pratiquement plus récupérable, maintenant.  Alors autant agir sur le retour de l’ordre public.  Aussi, aucun diplôme ne devra être émis pour cette session, qui ne sera prolongée d’aucune façon, et dont les examens habituels se dérouleront aux dates prévues, les résultats de ceux-ci servant à établir la priorité d’admission à la session suivante; les cours restants pourraient porter sur une éventuelle préparation à la prochaine session, celle qui commencera en août prochain, avec la loi spéciale qui continuera de s’appliquer pour deux ans.  Comme les profs ont soutenu, pratiquement en bloc, la soi-disant « lutte » des étudiants, ils devront composer avec le fait qu’aucun cours se sera prolongé, ce qui signifie aucun revenu supplémentaire pour eux.  Le fait de ne pas prolonger la session permettra aux étudiants d’occuper des emplois d’été de façon normale, afin qu’ils puissent engranger de quoi payer les frais de scolarité pour la session à venir.

Monsieur Charest, vous vous êtes permis de blaguer, à propos du conflit étudiant, vendredi dernier, lors de l’inauguration du Salon Plan Nord; c’est maintenant le temps de prouver à vos commettants qu’il y a un temps pour badiner, et un temps pour passer aux choses sérieuses.

Merci de votre attention.