Canada 2015: Salmigondis d’une longue, longue campagne

Bon, nous en sommes plus ou moins à mi-chemin de l’actuelle campagne électorale fédérale.  Est-ce que votre opinion politique a changé?  Avez-vous une vision différente de la politique fédérale, comparativement à avant le déclenchement des hostilités?

Dans mon cas, rien n’a changé.  C’est vrai, je l’avoue, que ma vision de la patente fédérale est enracinée depuis pas mal longtemps, et que rien de nouveau n’est venu influencer cette vision.  Que ce soit le retour de Gilles Duceppe à la tête du Bloc québécois, Justin Trudeau qui reprend à son style la thèse du 99% versus 1%, Thomas (ou Tom?) Mulcair qui parle des deux côtés de la bouche, ou Stephen Harper qui pacte ses points de presse avec des partisans, le cirque de la politique fédérale, à mes yeux, a des airs de déjà vu.  Sur le dernier thème abordé, soit celui de la crise des migrants syriens, c’est presque la course à savoir qui accueillera le plus de familles syriennes chez lui. C’est du moins ce que laisse transparaître le discours des chefs d’opposition, alors que celui du premier ministre sortant privilégie plutôt le souci de la sécurité.

C’était tellement drôle d’entendre à la radio, cette semaine, Justin Trudeau dire que son père avait lui-même fait en sorte que le Canada ouvre ses frontières à des milliers de réfugiés, alors que d’autres ont même évoqué Joe Clark, dans le dossier des “boat people”, à la fin des années 1970.  D’abord, il faut spécifier que les laotiens, mais surtout vietnamiens, fuyaient une dictature violente.  Ensuite, il n’y avait aucun terrorisme au Vietnam, à cette époque, donc aucun danger de laisser entrer des terroristes qui allaient organiser de potentiels attentats à partir de chez nous.  Le cas syrien est très différent; les réfugiés fuient la situation ambigüe qui règne là-bas, à savoir d’un côté la dictature de Bachar el-Assad, et de l’autre la violence du groupe État islamique.  Rien ne garantit que parmi les gens qui fuient, aucun n’appartient à l’une ou l’autre de ces deux organisations.  Bref, bien des choses viennent brouiller les cartes, et empêcher de comparer directement les deux époques.

D’autre part, en ce qui concerne les sondages, il ne faut pas prendre une potentielle défaite des conservateurs pour acquise; dans le Journal de Montréal d’hier, je lisais qu’un sondage Ekos replaçait les tories au premier rang, devant le NPD, puis les libéraux.  Mais les chiffres des différents sondages nous confirment que nous sommes dans une véritable lutte à trois, à travers le pays.  Les conservateurs sont forts dans l’ouest, et en Ontario, les néodémocrates le sont au Québec, et en Colombie-Britannique, alors que les libéraux sont forts dans les Maritimes.  Bref, la lutte s’annonce serrée, et bien malin sera celui qui prédira le résultat de la prochaine élection.  D’autant plus que dans une campagne aussi longue que la présente, toutes sortes de revirements peuvent survenir.

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Pont Champlain: Les historiens s’en mêlent!

Nous savons tous que le pont Champlain doit être remplacé d’ici 2018.  Bon, c’est vrai, j’ai des doutes sur la date de l’ouverture, mais ça, c’est une autre histoire.  Ce dont je veux vous parler aujourd’hui, c’est plutôt le patronyme que l’on entend donner à ce nouveau pont.

Le quotidien La Presse, sous la plume de Denis Lessard, a laissé entendre que le gouvernement fédéral aurait montré une préférence pour lui apposer le nom de Maurice Richard.  Encore mieux, l’annonce serait même programmée pour le 9 décembre, le 9 étant bien sûr le numéro du chandail du “Rocket”.  L’article dit toutefois que personne ne confirme à Ottawa, que ce soit au cabinet du ministre des transports, Denis Lebel – qui pousse la candidature de la vedette du CH depuis environ deux ans, ou encore à celui du premier ministre, Stephen Harper.

À peine quatre heures après la dernière mise à jour de l’article, sur le site web de La Presse, le Mouvement national des Québécoises et des Québécois (MNQ) publiait un communiqué de presse dans lequel il s’inscrivait en faux, déclarant que la décision du gouvernement fédéral était inacceptable.  Je vous laisse aller lire le texte de Gilles Laporte en cliquant ici.

J’ai quelques précisions à faire à monsieur Laporte, historien et président du MNQ, cité dans le communiqué.

D’abord, Samuel de Champlain a fondé la ville de Québec en 1608.  Point.  Il n’a pas fondé la Nouvelle-France; ça, c’est Jacques Cartier qui l’a fait, lorsqu’il a planté une croix à Gaspé, en 1534.  D’ailleurs, monsieur Cartier a déjà un pont à son nom, à Montréal.

Ensuite, je voudrais rappeler à monsieur Laporte que contrairement a ce qu’il a déclaré dans son communiqué, Champlain n’a jamais fondé Trois-Rivières!  Il en a peut-être fomenté le projet, mais il a fait faire la job par un subalterne!  Cette ville fut plutôt fondée par un dénommé Laviolette, dont on connaît bien peu de choses, mais dont l’hypothèse la plus plausible relierait à un type du nom de Théodore Bochart du Plessis.  En effet, des preuves semblent indiquer que Bochart et Laviolette furent aux Trois-Rivières dans la même période, ont quitté les lieux en même temps, et l’un comme l’autre furent le bras droit de Champlain.  Il serait donc possible que le fondateur de Trois-Rivières se nomme Théodore Bochart du Plessis, sieur de Laviolette.

Finalement, il semble que Samuel de Champlain soit surtout un cartographe et un explorateur.  Il a trouvé un paquet de “sacrés bon spots”, mais n’a finalement jamais rien fondé, à part la ville de Québec.  Monsieur Laporte semble lui donner un rôle plus grand que ce que l’histoire nous dévoile.  Ce qui me porte à croire que le président du MNQ est à l’image des dirigeants, et/ou des porte-parole, de la grande majorité des groupes de pression québécois, c’est à dire un grand exagérateur, prêt à repousser la vérité dans ses derniers retranchements pour arriver à ses fins.

Ceci étant dit, que fera le gouvernement fédéral, dans les faits?  En fait, on ne le sait pas encore.

La famille de Maurice Richard ne veut pas se retrouver au centre d’une controverse, les politiques fédéraux nient avoir pris quelque décision que ce soit, et le MNQ grimpe déjà dans les rideaux!  Un autre psycho-drame auquel se sont habitués les canadiens-français depuis des décennies!

Personnellement, du moment qu’on ne lui donne pas le nom de Guy Turcotte (ou d’Isabelle Gaston), de Vincent Lacroix, ou de Dany Villanueva, on peut bien donner le nom qu’on voudra au nouveau pont sur le fleuve Saint-Laurent! Au final, compte tenu du nombre de voies de la nouvelle structure, elle sera continuellement congestionnée, à l’image du pont Champlain actuel.

Et pendant que nous y sommes, pourquoi pas Frontenac?  Cet autre grand contributeur du développement de la nation fut vulgairement mis de côté suite aux événements d’octobre 1970, à la faveur de Pierre Laporte, ministre libéral enlevé puis assassiné par le Front de libération du Québec (FLQ).  C’est drôle, mais le communiqué du MNQ ne parle pas de Frontenac, qui fut gouverneur de la Nouvelle-France à deux reprises, titre que Samuel de Champlain, malgré son insistance auprès du roi de France, n’a jamais réussi à obtenir.

Assurance-emploi: Il y a un prix à payer pour jouer les héros

Hier soir, je suis tombé, au hasard de Google Actualités, sur un article de Guillaume Bourgault-Côté, du quotidien Le Devoir, concernant le congédiement de Sylvie Therrien, cette dame de Vancouver qui a dénoncé ce qu’elle appelait des quotas dans la recherche de fraudeurs de l’Assurance-emploi (AE).  J’avoue avoir lu les commentaires des lecteurs en diagonale, mais la presque totalité de ceux-ci condamnaient le “méchant” gouvernement de Stephen Harper, et portaient madame Therrien aux nues, faisant d’elle une véritable héroïne.  Mais il y a un hic; tous les héros ont un prix à payer, et ce prix est l’exclusion.  Je m’explique.

Madame Therrien travaillait dans une entreprise, définitivement publique, mais entreprise quand même, dont le produit est un revenu temporaire permettant de ne pas perdre tous ses moyens lorsque l’on se retrouve entre deux emplois.  Or, il y a des conditions à respecter, et certains prestataires profitent indûment de ce produit, au détriment d’autres personnes, qui y ont droit.  Les dirigeants de l’entreprise ont donc pris des mesures dans le but de faire cesser les fraudes – car il s’agit bien de cas de fraude.  Les agents de recouvrement ont une panoplie de paramètres, dans le but de les aider à effectuer leur travail, et ils doivent les appliquer dans les cas où ils ont des doutes.  Si les agents appliquent ces paramètres aux gens honnêtes, ceux-ci réagiront, et seront bien sûr en droit de le faire.  Comme il arrive également, dans des enquêtes policières, que certaines personnes soient suspectées, mais qu’au final, elles ne soient accusées de rien.

Mais voilà!  On voudrait que la police arrête tous les coupables, sans jamais interroger des innocents.  Du même souffle, on voudrait que tous les fraudeurs de l’AE soient démasqués, mais sans jamais déranger quiconque en reçoit honnêtement.  Et c’est là que les troubles commencent.  Parce que lorsque l’on enquête sur des gens honnêtes – ou qui semblent l’être, on risque de prendre leur histoire au sérieux, au point de tomber rapidement dans la pitié, dans l’apitoiement sur leur sort, enfin, appelez cela comme vous le voulez, mais on prend la part de ceux que l’on doit enquêter, alors que les fraudeurs se trouvent parmi eux.  Bref, on achète leur histoire.  Jusqu’au point où on oublie sa mission première; on se retourne alors contre l’entreprise qui nous emploie, l’accusant de tous les maux.

Croyez-vous que les policiers n’entendent pas des histoires de pauvres gens qui n’ont rien à manger, lorsqu’ils arrêtent un voleur?

Les seuls cas où les soupçons, l’enquête complète, et l’arrestation du ou des coupables – sans erreur sur la personne – se produisent en-dedans de trois heures, se voient… au cinéma!  Dans la vraie vie, les fraudeurs auront toujours de bonnes excuses, de bonnes raisons, pour avoir “juste un tout petit peu” dépassé les normes du système, tout comme la personne qui roulait à tombeau ouvert à travers les rues de la ville avait aussi une bonne raison pour ne pas se faire intercepter, ou pour ne pas recevoir de constat d’infraction.

Si on achète leur histoire, c’est clair que l’on arrêtera personne!

Le rôle de l’agent de recouvrement est de distinguer le fraudeur de l’honnête chômeur, et afin d’illustrer l’importance des sommes perdues à cause de la fraude, on divise les pertes par le nombre d’agents.  On y ajoute ensuite toutes sortes de calculs, et de probabilités statistiques, de façon à arriver à un nombre, qui devient l’objectif à atteindre.  De là à interpréter ce nombre comme un quota, il n’y a qu’un pas, que madame Therrien a probablement franchi.

De telles façons de faire font partie de la mécanique interne d’un travail, ou d’une tâche à accomplir.  Or, comme toutes les entreprises, qui protègent leurs façons de faire, afin de ne pas les dévoiler à la concurrence, l’AE a le droit de garder ses méthodes secrètes, si elle veut mener à bien son travail de récupération des sommes versées indûment, et d’interception des fraudeurs.  Si on révèle au grand public les façons de faire de l’AE, la fraude n’en deviendra que plus facile!  Et c’est là que madame Therrien a erré; croyant bien faire, en dénonçant une administration qui y allait trop fort, selon ses paramètres à elle, Sylvie Therrien a rendu public, par l’entremise du quotidien Le Devoir, le document de référence pour le travail qu’elle avait à effectuer.  Imaginez; c’est comme si un commis de la banque de la ville, constatant que les gens ont peu de liquidités, annonçait à tout le monde la combinaison du coffre-fort!  Si l’ensemble des citoyens n’ira pas jusqu’à tenter d’y retirer des sommes, ne croyez-vous pas que des voleurs vont prendre la chance d’en profiter?

Tout cela pour dire que si la situation de madame Therrien est tout à fait déplorable, celle-ci demeure tout de même l’artisane de son propre malheur.  Et maintenant, elle devra traîner la réputation de l’employée qui n’est pas capable de garder un secret.  Le problème, c’est qu’il s’agit de l’un des principaux critères d’embauche, et ce dans tous les types d’entreprises, depuis la simple franchise PFK jusqu’à la grande multinationale pharmaceutique.  Dans plusieurs entreprises, on fait signer, pendant la toute première entrevue menant à une éventuelle embauche, une déclaration de confidentialité dans laquelle il est mentionné que la divulgation d’un secret interne amènera la cessation immédiate du lien d’emploi.  D’autres vont beaucoup plus loin; on peut vous poursuivre si vous travaillez dans une entreprise concurrente pendant un certain délai suivant votre démission!  En fait, un secret d’entreprise est plus important que n’importe quel lien d’emploi.  Dans le public comme dans le privé.

En clair, comme disait l’autre, “toute vérité n’est pas bonne à dire”!

Madame Therrien l’a appris à la dure, mais j’espère qu’elle d’abord, et que tout le monde aussi, aura appris la leçon.  Aujourd’hui, la dame est condamnée par le marché du travail; elle voudrait faire le trottoir qu’elle n’y arriverait pas, ses clients potentiels ayant peur d’être dénoncés!  Bon, d’accord, j’exagère, pour faire image, mais vous voyez ce que je veux dire; quand on ne supporte pas la violence, on ne s’engage pas dans l’armée!  Même chose ici; si l’on n’a pas la force de caractère pour aller au-delà des belles histoires de pauvreté des fraudeurs, on ne va pas travailler comme agent de recouvrement de l’AE.

Comme je le disais au début, les héros ont un prix à payer.  Superman ne vit pas dans un chic appartement de New York.  Batman ne prend pas le petit-déjeuner au coeur de Gotham City.  Et désormais, Sylvie Therrien ne goûtera plus aux bénéfices du marché de l’emploi.  À moins que Le Devoir, qui a largement profité du scoop, ne lui offre un poste de correspondante à Vancouver, bien sûr.

L’affaire Pierre Duchesne, ou la théorie du squelette dans le placard

Nous le savons tous, maintenant.  L’ancien correspondant parlementaire à l’Assemblée nationale, et analyste politique, principalement à la télé de la Société Radio-Canada (SRC), Pierre Duchesne, est maintenant candidat déclaré du Parti québécois (PQ) dans la circonscription de Borduas, sur la rive-sud de Montréal.  Je ne sais pas si la nouvelle vous a surpris, mais pour ma part, je m’y attendais depuis le début du conflit étudiant, au moins.  J’ai d’ailleurs moi-même interpellé Duchesne sur Twitter, à ce sujet!

Pierre Duchesne avait un poste d’analyste, en compagnie de Chantal Hébert et d’Alec Castonguay, à l’émission “Les coulisses du pouvoir”, toujours à la SRC, émission animée par Emmanuelle Latraverse.  Un usager de Twitter a même d’ailleurs surnommé l’émission “Les câlisses de conservateurs”, tellement cette émission était utilisée pour tirer à boulets rouges sur le gouvernement fédéral de Stephen Harper.  L’émission fut, par le passé, animée par Daniel Lessard, celui-là même qui a déclaré, le soir des élections du 2 mai 2011, que les Conservateurs n’avaient pas de politique culturelle, et qu’ils préféraient regarder la télé américaine, propos pour lesquels il a dû s’excuser publiquement.  Tout cela me pousse à dire que les hauts standards de neutralité et de rigueur journalistiques de la SRC ne sont manifestement que théoriques.

En fait, le moment où le professionnalisme de Pierre Duchesne a commencé à baisser dans mon estime est survenu il y a environ deux ans, lorsqu’il a interviewé un ancien candidat libéral, lors de l’élection provinciale de 2008, David Grégoire.  Celui-ci avait déclaré avoir reçu des sommes d’argent liquide de deux organisateurs libéraux, dont le directeur général de la ville de Mascouche de l’époque, Luc Tremblay.  Analyse de Pierre Duchesne, suite à la diffusion de l’entrevue; Grégoire cherchait sûrement son “quinze minutes de gloire”!  Dans les faits, Tremblay fut rencontré quelques temps plus tard par les membres de l’escouade Marteau.  Depuis, le maire de Mascouche, Richard Marcotte, fut aussi arrêté, dans un autre dossier, concernant cette fois des contrats de construction adjugés par la ville.  En deux mots, Duchesne ne s’est même pas donné la peine de fouiller le dossier.  Non, mais c’est vrai; pourquoi mettre des énergies sur le cas de Grégoire?  Après tout, celui-ci n’était rien de plus qu’un jeune candidat libéral battu, de surcroît par un péquiste!

Il n’y a pas que moi, qui soulève des doutes sur le professionnalisme de Pierre Duchesne.  Le 5 juillet dernier, Mario Dumont en parlait, lors de son émission, sur la chaîne V.  Il situait le contexte de la couverture des activités parlementaires, par Duchesne, au moment où il était chef de l’Action démocratique du Québec (ADQ).  Éric Duhaime, dans un texte publié le 8 juillet, sur son blogue du Journal de Québec, va encore plus loin, et fait concorder les deux poussées de popularité de l’ADQ à des moments où la SRC n’était pas en position de “pousser fort” contre ce parti!  Pendant ce temps, dans un billet intitulé “La communication est bonne au PQ!”, le blogue “La Clique du Plateau” collait bout à bout deux extraits vidéo, provenant tous deux de la SRC; le premier montrait Pauline Marois, invitée du show de chaises de Pénélope McQuade, le 2 juillet dernier, et le second, datant du 6 juillet, dans lequel Pierre Duchesne accorde une entrevue à la chaîne RDI.   C’est que les deux extraits, filmés à quatre jours d’intervalle, disent le contraire, l’un de l’autre.  Je me demande lequel des deux protagonistes, Marois ou Duchesne, essaie d’emplir le peuple comme des cruches!

Bref, dans cette affaire, Pierre Duchesne a un squelette dans le placard!  Mais il peut se consoler, car il n’est pas le seul; Pauline Marois en a un aussi!  Reste à savoir si la population, et principalement celle de la circonscription de Borduas, se rendra compte de la supercherie.

Politique… en rafale! (ou les commentaires d’un chiâleux notoire)

Bon, c’est vrai que cela fait un sacré bout de temps que je n’ai pas consacré un véritable article sur la politique.  C’est que, voyez-vous, je fus pris d’une énorme lassitude; j’avais l’impression de toujours répéter la même chose.  Que ce soit au provincial, au fédéral, sur la gauche ou sur la droite, il me semblait que j’écrivais sans cesse les mêmes mots, les mêmes phrases.

Alors en ce dimanche, je me permets une rafale de politique.  Pour ceux et celles qui n’aiment pas, rassurez-vous; ça durera le temps d’un seul billet!

Commission d’enquête sur la construction

Pendant deux ans et demi, le gouvernement de Jean Charest a toujours contourné la question d’une éventuelle commission d’enquête, sur l’industrie de la construction, les allégations de collusion et de corruption qui s’y rattachent, et sur les liens de tous ces acteurs avec les partis politiques.  Avec le temps, certaines mesures furent mises en place, comme une unité anti-collusion (UAC), puis une autre unité, permanente, celle-là, contre la corruption, l’UPAC, laquelle allait englober, à terme, les activités de l’UAC.  Cette dernière était dirigée par l’ancien chef de la police de la ville de Montréal, Jacques Duchesneau, alors que l’UPAC était sous les ordres de Robert Lafrenière, un ancien de la Sûreté du Québec (SQ).  Comme l’UAC allait éventuellement passer sous l’égide de l’UPAC, il est clair que Duchesneau, un “bleu”, allait passer sous les ordres de Lafrenière, un “vert”.  Or, depuis que le système policier actuel existe, chez nous, il y a toujours eu une sorte de guerre, entre les “bleus”, du monde municipal, et les “verts”, soit les policiers provinciaux.  J’y reviendrai.

Or, voilà qu’un important rapport de l’UAC s’est retrouvé – allez savoir comment, mais surtout pourquoi – coulé dans les médias!  Il n’en fallait pas plus pour que le bon peuple – poussé dans le dos par les médias, et plus particulièrement celui qui a coulé le rapport – prétende que “la vérité”, c’est que Duchesneau exige, lui aussi, une commission d’enquête!  Dans les faits, Duchesneau ne l’exige pas.  Il dit plutôt que si enquête il y a, celle-ci devrait comporter un important volet à huis-clos, chose qu’il a d’ailleurs confirmé en commission parlementaire, lors de son témoignage, qui a duré 5 heures.  Il a expliqué qu’à huis-clos, un témoin potentiel peut parler pendant des heures, et des heures, alors que devant les caméras, il peine à se rappeler de son propre nom!  Il a constaté cet état de fait depuis aussi loin que la Commission d’enquête sur le crime organisé (CECO), en 1973!

Suite au coulage de son rapport dans les médias, Duchesneau est passé parmi ceux-ci, pour des entrevues en tous genres.  Parmi celles-ci, un passage à “Tout le monde en parle”, lors duquel il avance que l’UPAC, “c’est pas fort!”  Il n’en fallait pas plus pour que le boss de l’UPAC, le vert Lafrenière, convoque le bleu Duchesneau à son bureau, au début de la semaine suivante.  S’en suivit une “absence” de Duchesneau, autant du travail que des médias, absence qui s’est conclue, dernièrement, par la résiliation du contrat de Duchesneau.

À mes yeux, il est clair que Duchesneau a été viré pour avoir dit que l’UPAC, c’est pas fort, dans un show regardé par plus ou moins un million et demi de téléspectateurs par semaine.  Mais sur Twitter, on l’a vu d’un tout autre oeil; Duchesneau, “l’homme du peuple”, a été cavalièrement viré par Lafrenière, “l’homme de Charest”!  On y prétendait même que la SQ n’était rien de moins qu’une “police politique”, ce qui m’a amené à dire à plusieurs qu’ils lisaient trop de romans policiers!

Dans les jours qui ont suivi, le premier ministre a procédé à l’annonce d’une commission d’enquête, laquelle prendra une forme non-conventionnelle, compte tenu des tenants et aboutissants de ce secteur particulier qu’est la construction.  La présidence de la commission a été confiée à la juge France Charbonneau, dont la nomination a été recommandée par le juge-en-chef de la Cour supérieure.

Depuis, quelques ajustements ont été effectués, dans les jours suivant l’annonce, à ce que d’aucuns appellent “la patente”, parce qu’ils ne veulent pas coller le nom de “commission” à ce que Charest a annoncé, et celui-ci a également dit, devant l’éventuel besoin de nouveaux ajustements, que la juge Charbonneau n’avait qu’à faire ses demandes.  Et voilà qu’on se plaint, maintenant, du silence radio de la juge Charbonneau, depuis sa nomination, et que, ce faisant, elle serait de mèche, elle aussi, avec Charest.

Mon point de vue, là-dessus, c’est que Charest est le bouc-émissaire pour tout ce qui ne se passe pas au goût d’une certaine élite de gauche, et que celle-ci fait porter ce message à l’ensemble de la population.  Dans les faits, pourquoi la juge Charbonneau garde-t-elle le silence, pour l’instant?  Simple; elle doit d’abord se trouver deux assistants-commissaires.  Elle doit ensuite mettre en place les façons de faire de la commission; il faut trouver des procureurs, du personnel de soutien, des locaux, désigner qui doit témoigner à huis-clos, qui doit témoigner en public, comment procéder, bref, plein de choses qu’il faut mettre en place avant de convoquer le premier témoin.  Vous croyez que tout cela se fera en deux jours et demi?  Je suis d’avis que les premiers témoins ne se feront pas entendre avant 2012!  D’autant plus que la commission a deux ans pour remettre son rapport, sans compter d’éventuels prolongements de mandats!

L’objectivité de la Société Radio-Canada

Ceux qui croient que la Société Radio-Canada (SRC) est tout à fait objective, dans son travail journalistique, comparativement aux autres médias, n’ont qu’à regarder l’émission “Les coulisses du pouvoir”, animée par la non moins objective Emmanuelle Latraverse.  Un usager de Twitter a même dit, la semaine dernière, que la SRC devrait changer le titre, “Les coulisses du pouvoir”, par un autre, “Les câlisses de Conservateurs”, tellement les membres du panel de journalistes, comme l’animatrice, et les autres invités, y vont continuellement de charges à fond de train contre le gouvernement du Stephen Harper.  D’ailleurs, je mets quiconque au défi de m’envoyer un lien où l’animatrice dit un tant-soit-peu de bien du gouvernement conservateur.  J’attends vos envois!

En plus, cette semaine, on a eu droit à une émission “Enquête” qui portait, en grande partie, sinon en entier, sur le cas de Québécor, le grand concurrent privé de la SRC.  Pas que la firme de Pierre-Karl Péladeau soit elle-même un exemple d’objectivité, mais je trouve bizarre qu’une société payée par nos impôts, à raison de plus d’un milliard de dollars par année, se drape de la blancheur de l’objectivité, et vienne faire un reportage sur un concurrent qui, dénonce-t-elle, reçoit des fonds publics, et oriente, en quelque sorte, son service de l’information vers ses propres intérêts.  Surtout quand cette société publique omet de dire que ce concurrent reçoit des sommes à partir d’un fonds dont elle retire, elle aussi, des parts.  Bref, la guerre est pognée entre la SRC et PKP!

À mes yeux, aucun diffuseur, au Canada, ne peut se proclamer le gardien de l’objectivité!  Tous les journalistes reçoivent un chèque de paye, et chaque payeur exige de son personnel de faire le travail à sa façon.  Ainsi, tous les journalistes ont un certain biais, face à l’information qu’ils diffusent, en faveur de leur boss respectif.  De plus, tous les diffuseurs ont une, ou plusieurs vedettes, qui font un travail d’analyse, sur ladite nouvelle, et la rendent dans le sens que leur boss respectif la voit, ou que celui-ci voudrait que le public la voit.  La tâche de ceux qui regardent est de prendre les infos des uns, et des autres, et d’aller chercher la vraie nouvelle, là-dedans.  Malheureusement, bien peu de gens se donnent cette tâche!

La “non-crise” au Parti québécois

Depuis juin dernier, le parti québécois (PQ) est secoué par une crise à l’interne – une autre!  Encore une fois, on s’en prend au chef, jusqu’à ce que celui-ci démissionne.  En fait, le leadership de Pauline Marois est contesté depuis bien avant juin!  Mais la victoire de son parti, malgré qu’elle soit “sur les fesses” (par seulement 196 votes), lors de la partielle dans Kamouraska-Témiscouata, lui a donné un sursis, et le vote de confiance qu’elle a obtenu, lors du congrès du PQ d’avril dernier, le premier en six ans, est venu la réconforter.  Sauf que cette fois, le scénario de crise ne se déroule pas comme prévu; la chef n’entend pas lancer la serviette comme ça!  Elle se dit bien en selle, et fait part à qui veut l’entendre qu’elle sera toujours la chef, lors du prochain scrutin général!

Or, le réconfort d’un vote de confiance, fusse-t-il historiquement élevé, demeure éphémère, dans ce parti; moins de deux mois après son vote de confiance, trois députés, Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Louise Beaudoin, démissionnent du caucus du PQ, et deviennent députés indépendants.  Le lendemain, Jean-Martin Aussant fait de même, puis Benoît Charette les suit, deux semaines plus tard.  Puis, ces derniers jours, nouvelle fronde, lors d’une interminable réunion du caucus du PQ, lors de laquelle on demande carrément la démission de Pauline Marois!  Mais à part quelques exceptions, sur Twitter, pour les partisans du PQ, il n’y a pas de crise, et tout va très bien, madame la marquise!

À mon avis, les troupes du PQ ont été stigmatisées par la débandade du Bloc québécois, face au Nouveau parti démocratique (NPD) de feu-Jack Layton, lors des élections fédérales du 2 mai dernier, et ont peur de subir le même sort.  D’ailleurs, le fait que le PQ courtise l’ancien chef du bloc, Gilles Duceppe, ne fait que jeter un nuage de fumée qui tente, tant bien que mal, de camoufler la situation de crise que vit le parti, pour la énième fois de son histoire.  Je suis d’avis que le travail de Gilles, combiné aux efforts de l’autre souverainiste de profession, Gérald Larose, avec ses éventuels états généraux, viendront à bout de la crise… et du parti!