Stéphane Laporte n’aime pas les combats extrêmes: Pôv’ ti-pit!

Hier, 17 novembre, fut ce que l’on pourrait appeler un dimanche mou; je reste en robe de chambre, et je ne fous rien d’autre que de lambiner devant mon écran d’ordinateur.  C’est comme ça que je suis tombé sur une entrée du blogue de Stéphane Laporte, sur le site web de La Presse, intitulée “Regardez de quoi a l’air GSP”.  On y voit bien sûr le visage de Georges St-Pierre, qui porte les séquelles de son combat de championnat du monde des mi-moyens contre Johny Hendricks, pièce de résistance de la carte UFC 167, combat qu’il a remporté de justesse, sur décision partagée des juges.  Le chroniqueur a mis un lien, vers son article, sur Facebook; je n’ai pas pris le temps de lire les quelque 750 commentaires déjà inscrits, mais j’ai mis le mien, à la suite des autres.  Le voici.

Bon, c’est vrai que GSP en a mangé une maudite, comme dirait l’autre. Mais voyez-vous, s’il avait choisi d’être vendeur d’assurances, ou chroniqueur dans La Presse, il serait probablement pas mal moins magané! Mais il ne ferait pas ce qu’il aime!

Ce gars s’entraîne pour un sport extrême, que même pas 1% des gens voudraient pratiquer. Je serais curieux de voir si Stéphane Laporte serait prêt à un seul round dans l’octogone, face à Georges St-Pierre. C’est sûr que sous les réflecteurs, lors de son point de presse, ça ressortait encore plus, mais dans les deux ou trois prochains jours, il fera vraiment peur à voir. Par contre, tout comme Stéphane Laporte, il aime ce qu’il fait. Et le jour où il n’aimera plus ça, il aura la liberté d’accrocher ses gants, et de laisser sa ceinture à un autre. À Johny Hendricks, qui sait?

Ce gars-là n’est pas un dieu, loin de là. Mais il est connu, et respecté, dans le monde entier. GSP fait ce qu’il aime, pas nécessairement ce que vous aimez! Vivre, et laisser vivre, vous connaissez? Dire que GSP et Hendricks se sont agressés, c’est comme sortir du centre Bell en déclarant « Pourquoi les joueurs de hockey courent tous après une maudite rondelle; donnez-leur en chacun une, le caoutchouc n’est pas si cher! » C’est comme sortir d’une pièce de théâtre en disant « C’est même pas vrai, ce qu’ils racontent! » Bref, c’est refuser les règles du jeu!

Si vous n’aimez pas le hockey, si vous n’aimez pas le théâtre, c’est simple; vous n’y allez pas! Si vous n’aimez pas les combats extrêmes, vous ne les regardez pas! Mais dans un cas comme dans l’autre, vous ne tentez pas de les faire interdire! En 2013, on n’accepte pas les combats extrêmes – ni les combats tout court – dans la rue, où tout le monde circule, et c’est correct. Mais Georges St-Pierre et Johny Hendricks n’étaient pas dans la rue; ils étaient au MGM Grand, de Las Vegas, dans un affrontement organisé, avec des règles à respecter (oui oui, il y a des règles à respecter là-dedans aussi!), et des spectateurs qui n’ont pas tous aimé le résultat, malgré le prix qu’ils ont déboursé!

Dans tous les sports, il y a des gagnants, et des perdants. En décriant le sport lui-même, personne ne gagne. Et si Stéphane Laporte n’aime pas les combats extrêmes, qu’il change de canal! Je n’aime pas toutes ses chroniques, et je ne l’empêche pas d’écrire pour autant!

Et c’est ça, le fond de l’histoire!  Le pauvre petit Stéphane qui n’aime pas la vue de quelques cicatrices!  Pôv’ ti-pit!  Va-t-il demander à Julie Snyder – il la connaît bien! – de faire pression sur “ma tante Pauline” Marois pour faire interdire ce sport trop violent?  Et si c’était quelqu’un d’autre qui avait déboulé dans l’escalier menant à l’appartement d’un de ses amis, et qui se ramassait avec le visage tout aussi tuméfié que celui de GSP, il dénoncerait les deuxièmes étages, je suppose?  Comme beaucoup de chroniqueurs, il a probablement dénoncé, lui aussi, les agents du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) parce que quelques manifestants avaient reçu deux ou trois coups de matraque, au printemps 2012.

J’ai déjà identifié Stéphane Laporte à notre belle “gauche-caviar” québécoise, et il nous en donne ici une autre belle preuve.  Vous allez me demander ce que vient faire le clivage gauche-droite dans cette affaire, et je vais vous le donner en mille; le gars de droite qui n’aime pas les combats extrêmes ne les regarde pas, alors que le gars de gauche qui ne les aime pas va les dénoncer, profiter de sa notoriété pour amener les gens à partager son opinion, et éventuellement tenter de les faire interdire.  Les gens de gauche se targuent de “vivre et laisser vivre”, alors que dans les faits, ils veulent faire interdire tout ce qui les dérangent.  Et au Québec, ils y parviennent assez régulièrement!

C’est sûr que ça me fait drôle de raconter tout ça; samedi soir, j’ai assisté aux cinq combats de la carte de la soirée (pas à Vegas!  Vous me prenez pour qui?  Ruth Ellen Brosseau?  Non, j’y ai assisté par le truchement des écrans géants d’un établissement licencié de ma région!), et c’était ma première soirée UFC (ça tient pour Ultimate Fighting Championship) à vie.  Non, c’est sûr que ce n’est pas le genre de sport que l’on montre à son enfant en bas âge, mais il y a des bagarres de rue – ou de bar – qui sont plus violentes que ça!  Je me répète, mais je suis d’avis que Stéphane Laporte, avec son billet de blogue, joue – encore – le jeu de la go-gauche effarouchée!

C’est comme pour ses chroniques dans La Presse; si certaines font vraiment réfléchir, les autres constituent le prix à payer pour la liberté d’expression.

Lac-Mégantic: Une théorie du complot en vaut bien une autre!

À ceux et celles qui veulent critiquer ce texte, je vous demande d’abord de le lire jusqu’à la fin.  Merci.

À l’heure où vous lisez ces lignes, à peu près tout le monde est au courant de la tragédie de Lac-Mégantic.  À l’origine, ce n’est qu’un fait divers comme on en voit, ailleurs dans le monde, par le truchement des bulletins de nouvelles.  Sauf que cette fois, c’est près de chez nous, c’est au Québec.  Tous ceux qui sont déjà passé par ce superbe coin de pays voient leurs plus beaux souvenirs leur revenir en tête, et trouvent toute cette affaire bien triste, et tout à fait désolante.  Et à mesure qu’on se rapproche de Lac-Mégantic, les souvenirs sont de plus en plus vifs, allant même jusqu’à connaître une ou plusieurs personnes qui manquent toujours à l’appel, et ce plus de 24 heures après les événements.  C’est là que le fait divers devient un drame, et prend des dimensions inimaginables.  Parce que c’est chez nous.  Parce que ce n’est pas juste aux nouvelles.

Quand une telle manchette survient ailleurs, on a des chiffres, un bilan, bref on nous dit tout ce que l’on doit savoir.  On se dit “Ayoye!”, puis on prend un autre appel.  Mais quand un tel événement survient chez nous, on se retrouve malgré soi dans le feu de l’action – dans tous les sens du terme!  On veut les images tout de suite, on veut le bilan tout de suite, on veut les coupables tout de suite, mais on doit se rendre à l’évidence; ces informations ne sont jamais instantanées, et on doit les confirmer avant de diffuser n’importe quoi.  Aussi, les informations se sont succédé depuis l’événement, et à chaque instant, diverses conclusions ont été tirées, puis démenties par la suite.

Au fil des heures, différentes informations sont sorties sur le web aussi.  Philippe Tesceira-Lessard publiait, tôt samedi matin, sur le site du quotidien La Presse, qu’un porte-parole de la compagnie propriétaire du train, la Montreal, Maine & Atlantic Railway (MMA), lui mentionnait que le conducteur du train était sain et sauf.  Puis en fin d’avant-midi, TVA dévoile que le train n’avait pas de conducteur!  Même que ce serait normal, selon le vice-président marketing de MMA.  Plus tard, en après-midi, un premier communiqué de presse de la compagnie indique qu’il y avait un conducteur, que celui-ci avait stationné le train, et serré les freins, avant de quitter à la fin de son horaire de travail, pour aller dormir dans un hôtel, et que par conséquent, celui-ci n’était pas à bord du train lors du drame.  À travers cela, on apprend aussi qu’un premier incendie a eu lieu en fin de soirée vendredi, et selon le site web EnBeauce.com, qui en parle dans un article publié à 00:43, cette nuit, le train était stationné à une station prévue à cet effet, située à environ sept kilomètres de Lac-Mégantic.

Évidemment, tout au cours de la journée d’hier, à chaque nouvelle information, certains y allaient de leur plus belle théorie du complot, le tout atteignant son paroxysme lorsque l’on a dit que le train n’avait pas de conducteur.  Un adepte de Twitter, Alex Simon (@alexsimon22) a même mentionné:

Une tentative de discussion avec ce type m’a valu une pluie d’injures.  Évidemment, toute cette affaire de “pilote automatique” a été démentie au cours de la journée.  Mais n’empêche que plusieurs utilisateurs de Twitter, et particulièrement ceux dont l’opinion politique se situe à gauche du spectre, y sont allé de plusieurs théories du complot.  À ce niveau, puisque une théorie du complot en vaut bien une autre, je vous soumets la suivante.

Imaginons qu’un groupe de pression écologiste quelconque (pas un majeur comme Greenpeace, mais un plus petit, plus local, qui veut se mettre au monde) profite du fait qu’un train, transportant des matières dangereuses, soit stationné, possiblement sans surveillance, pour essayer de prendre la compagnie en défaut sur l’aspect de la sécurité, et décide de déplacer le train.  Après tout, les grands comme Greenpeace réussissent des coups d’éclat, et ne se gênent pas pour les revendiquer par la suite!  Si la station où le train est arrêté est dans une pente en plus (information dont je ne suis pas au courant, à ce moment-ci), l’opération n’en sera que plus facile!  Imaginons maintenant que notre activiste arrive au train, et réussisse à desserrer les freins.  Le train bouge!  Bingo!  “On va les avoir, ces bandits à l’argent!”, se dit notre activiste. 

Sauf qu’à un moment donné, le train prend de la vitesse, tant et si bien que malgré toutes ses tentatives, notre type ne peut plus l’arrêter! Voyant qu’il ne peut plus rien faire, et voyant arriver le village suivant, il décide de sauter du train en marche, pendant qu’il peut encore le faire.  Une fois dans le fossé, il regarde le train dévaler la pente, sans personne à bord, espérant que rien ne se produira.  Puis, en constatant une première explosion, puis une autre, il prend ses jambes à son cou, et se pousse loin, et vite.

Bien entendu, ceci n’est qu’un scénario.  Bien entendu, tout le texte en violet n’est que le fruit de mon imagination.  Par contre, il faut souligner que des groupes de pression commettent effectivement des coups d’éclat, et les revendiquent, par la suite.

Sauf quand ça tourne mal,… bien entendu.

Mon but, ici, n’est pas de porter des accusations contre qui que ce soit, mais plutôt de dire à tout le monde d’attendre, avant d’accuser, et de condamner quiconque, qu’il s’agisse de “bandits à l’argent”, de vandales, ou d’activistes.  Nous ne savons encore rien de ce qui a pu provoquer cette tragédie, et les gens de Lac-Mégantic sont encore dans l’attente, et dans l’inquiétude.  Des parents, des amis, manquent toujours à l’appel, et plus le temps passe, plus on se rapproche d’un drame humain comme on n’en a pas connu au Québec depuis très longtemps.

La meilleure chose à faire, pour l’heure, c’est d’abord de prier, pour ceux et celles qui croient en quelque chose, et pour les personnes qui connaissent des gens des environs de Lac-Mégantic, essayez de les joindre, sur leur cellulaire d’abord, puisqu’ils risquent d’avoir été évacués de leur domicile.  Si aucune réponse ne survient, après plusieurs tentatives (plusieurs comme dans beaucoup, pas seulement une ou deux), vous pouvez rapporter la situation sur la page Facebook que la Sûreté du Québec (SQ) a mise en place à cet effet, en mentionnant le nom de la personne manquante, son âge, ainsi que la dernière fois où elle a été vue.  Finalement, si vous vivez à Lac-Mégantic, et êtes à l’extérieur, que ce soit pour des vacances ou pour d’autres raisons, n’hésitez pas à appeler vos proches de là-bas, question de les rassurer, de leur dire que vous êtes toujours là, que tout est OK.

Je compléterai ce billet en soulignant que mes pensées, et mes énergies positives, se tournent vers les gens de Lac-Mégantic, qui ont besoin de tout ce qui est disponible, mais d’abord de l’amour de leurs proches, et du soutien de toute la population.

Sommet sur l’enseignement supérieur: Qu’osse ça donne?

Les membres du gouvernement péquiste, le ministre Pierre Duchesne en tête, répondent à qui veut l’entendre que tout le monde sera bienvenu au Sommet sur l’enseignement supérieur, que toutes les opinions seront entendues, etc.  J’ai de la difficulté à le croire.  Je m’explique.

D’abord, voyons qui sera aux commandes du sommet.  Pierre Duchesne, et Léo Bureau-Blouin, deux carrés rouges notoires.  Le premier parce que ses reportages – il était toujours à l’emploi de la Société Radio-Canada (SRC) lors des événements du printemps de 2012 – étaient tellement biaisés que c’en était risible, tellement il appuyait la cause des étudiants, et le second parce que malgré quelques toutes petites réserves, il suivait presque toujours aveuglément l’extrémiste-en-chef, l’ex-soi-disant-porte-parole de feu-la-CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois.  Cela reviendrait à organiser un sommet sur la productivité d’une usine, et le faire présider par ses deux plus paresseux employés!

Ensuite, avant même l’ouverture du sommet, et avant même d’avoir entendu quelque opinion que ce soit, l’un comme l’autre se disent ouvertement en faveur de légiférer afin d’accorder le droit de grève aux étudiants, dans le même sens que celui accordé aux travailleurs syndiqués, de façon à pouvoir légalement vider les salles de classe au moindre différend, et ce peu importe que les étudiants présents dans ladite salle soient, ou non, en accord avec les positions des manifestants!  Juste avec cette prise de position, les deux co-présidents montrent leurs couleurs sans équivoque, et quiconque prétendra le contraire sera automatiquement jugé comme étant “à l’envers du progrès”.

Le problème, c’est que les études supérieures, et le travail, sont deux mondes tout à fait différents.

Quelle que soit la définition utilisée pour le décrire, l’enseignement supérieur demeure un service, que l’on obtient en échange d’une somme d’argent, au même titre que l’internet, l’électricité, le téléphone, la télévision, par câble ou par satellite, ou encore l’utilisation d’équipement, dans un gym.  L’étudiant verse une somme¹, en retour de laquelle on lui donne de la formation, le tout étant évalué par des examens.  Si l’on vide les salles de classe, pour quelque raison que ce soit, l’étudiant lésé, soit celui qui veut obtenir la formation pour laquelle il a payé, serait en droit de poursuivre l’institution d’enseignement pour bris de service.  Exactement la même situation que si l’on ferme le gym auquel vous êtes abonné, ou si l’on vous prive des services pour lesquels vous avez payé, vous avez le droit d’être remboursé.  Imaginons que, suite au événements du printemps, les étudiants qui ont dû quitter de force leurs salles de classe aient tous demandé le remboursement des frais déjà versés pour leur année scolaire.  Les universités, et les CÉGEPs, auraient été dans un beau pétrin!  À leur tour, ces institutions auraient poursuivi les manifestants – ceux qui ont vidé les salles de classe – et leurs associations, pour compenser les sommes versées aux étudiants poursuivants.  Voyez-vous le bordel, d’ici?

L’autre problème, avec l’idée d’accorder le droit de grève aux étudiants, c’est que les vrais étudiants, ceux qui veulent réussir leur formation dans les délais prévus, ne voulant pas risquer de se faire sortir de leurs cours, malgré eux, seront fortement tentés de s’inscrire dans des universités situées à l’extérieur du Québec, tout en faisant les efforts nécessaires pour compenser les défis supplémentaires que cela comportera, et ce, avec l’aide de leurs parents, ou non; frais de scolarité, et coût de logement plus élevés, entre autres.

Bref, encore une fois, pour faire plaisir à certains membres d’une minorité, le gouvernement s’engage sur la voie de la marginalisation, aux frais de tous les contribuables.

¹ Dans les faits, le gouvernement verse actuellement, en moyenne, 88% de la somme à l’institution d’enseignement, et l’étudiant, les 12% restants.

Le sénateur Boisvenu: Que dire de plus?

À lire les commentaires, principalement sur Twitter, concernant la déclaration du sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, à savoir l’histoire de la corde, dans chaque cellule de condamné à un crime grave, et que j’ajoute ces commentaires à tous ceux que je lis lorsqu’il est question de types comme Guy Turcotte, ou comme Paul Laplante, qui fut accusé d’avoir tué sa conjointe, Diane Grégoire, je me rends compte à quel point le peuple québécois, pris dans son ensemble, semble souffrir de bipolarité.  Je m’explique.

D’abord, il me semble que le fait d’être sénateur ne soit pas une raison valable pour empêcher une personne d’exprimer une opinion.  Aussi, ceux et celles qui sont à l’origine de pétitions, ou d’autres moyens de pression, pour virer Pierre-Hugues Boisvenu du Sénat, devraient y penser à deux fois, avant d’entreprendre une telle croisade.  D’une part, une telle pétition revient à priver un individu de son droit à la libre expression.  Car il faut bien préciser, ici, que le sénateur n’a pas déposé un projet de loi; il a exprimé un commentaire, point!  Que l’on soit chef d’entreprise, sénateur, ou assisté social, la liberté d’expression existe pour tous, et quiconque l’empêche se voit rapidement pointé du doigt.  Vous n’êtes pas d’accord avec les propos de Boisvenu?  Soit, mais ce n’est pas une raison de le priver de son job.  D’autre part, personne n’est tenu à quitter son emploi à la suite d’une pétition, pas plus un sénateur qu’un premier ministre.  Le mandat de Boisvenu va se terminer, un jour, et en fonction des lois en vigueur, à ce moment-là, il pourra continuer, pour un nouveau mandat, ou retourner chez lui.

Ensuite, si l’on condamne facilement un sénateur, à la suite d’une déclaration, et que celle-ci soit malhabile ou non n’y change rien, dites-moi, qui voudra devenir sénateur?  Déjà que l’on se plaint de la piètre qualité de nos élus!  C’est Joseph Facal, qui avait fait une comparaison entre un élu et un chef d’entreprise, comparaison qui illustrait à merveille la raison pour laquelle les meilleurs ne vont pas en politique.  Si l’on s’en prend à un sénateur, dès que celui-ci fait une déclaration le moindrement controversée, plus personne ne voudra aller au Sénat non plus!

Quant à la pertinence de la question, à savoir si “chaque cellule devrait avoir sa corde”, nous savons que cette image était mal choisie, et la première personne à l’avouer fut Pierre-Hugues Boisvenu lui-même.  Comme Jérôme Lussier le mentionnait, sur le site web du journal Voir, dans le deuxième de ses trois commentaires rapides, sur l’affaire, “La proposition de Boisvenu ouvre la porte à une espèce de peine de mort volontaire. Personne n’est condamné à mort, mais l’État n’interviendra pas pour vous empêcher de mettre fin à vos jours si vous êtes condamné à la prison à perpétuité. L’image de la corde est évidemment frappante, mais le résultat serait le même si on donnait aux prisonniers le droit de garder leur ceinture. Il y aurait plusieurs nuances à apporter — notamment sur la distinction entre l’intention de compassion et celle de punition, et le caractère « incitatif » de la proposition du sénateur — mais je pense que les partisans du suicide assisté devraient expliquer en quoi une liberté qu’ils voudraient accorder à certaines personnes « condamnées par la maladie » ne devrait pas aussi être accordée aux gens condamnés à la prison à vie.”  Il y a là, effectivement, matière à réflexion.  Souvenons nous que le gouvernement du Québec a mis en place une commission mobile connue sous le nom de “Mourir dans la dignité”, et qui étudiait, justement, la pertinence de permettre à certaines personnes de mettre fin à leurs jours.  Je crois qu’une telle façon de faire, bien sûr dans le cas de personnes condamnées, et non pas en attente de procès (la nuance est importante, ici), devrait aussi être étudiée.

Car après tout, si l’on se souvient de l’affaire de Paul Laplante, qui fut accusé du meurtre de sa conjointe, Diane Grégoire, plusieurs ont salué sa mort, prétextant qu’on venait de libérer la société d’un “déchet”, et ce avant même de savoir s’il était vraiment coupable de quoi que ce soit, son procès n’étant pas encore commencé, au moment de son suicide.  En fait, était-il coupable que quelque geste que ce soit, ou se savait-il plutôt condamné à l’avance par le public – et les médias – avant même d’être entendu, comme ce fut le cas pour Guy Turcotte?  On ne le saura jamais.

Le problème, avec la sortie de Boisvenu, c’est qu’elle vient mettre la lumière sur un sujet que d’aucuns voudraient laisser camouflé, à savoir si un individu coupable de crime grave devrait pouvoir mourir.  Pour l’heure, on l’envoie dans un pénitencier, pour plus ou moins longtemps, ou à perpétuité, en fonction du crime pour lequel il a été déclaré coupable, et donc, dans une certaine mesure, on l’oublie, et ce depuis que la peine de mort n’est plus prononcée, au Canada.  Or, justement, un sondage Angus-Reid, publié au début de 2010, et que rapporte ici Lysiane Gagnon, de La Presse, conclut que 62% des canadiens – et 69% des québécois – sont en faveur de la peine capitale.  Cela vient donc dire que le sénateur Boisvenu n’est pas si déconnecté de la réalité que d’aucuns le laissent croire; d’ailleurs, cet article de l’agence QMI rapporte qu’entre 500 et 600 courriels ont été envoyés à monsieur Boisvenu, en appui à sa déclaration.  Aussi, les chances que celui-ci soit poursuivi, que ce soit par Jacques McBrearty, de Saguenay, comme le rapporte ici le quotidien de la rue St-Jacques, selon une dépêche de la Presse Canadienne, ou par tout autre individu, risquent d’être symboliques, sans plus, et n’iront pas plus loin que dans les médias.

Bref, tout cela pour dire qu’au Québec, le fait de réfléchir tout haut peut parfois provoquer des tempêtes.

Affaire Turcotte: Quand on donne la place au verdict populaire

Juste une précision, avant de commencer; la page d’ouverture de mon fureteur internet, mise à jour automatiquement, bien sûr, est Google Actualités, qui suit plus de 5000 médias à travers le monde, et qui propose trois articles “à la une”, selon la région où l’on habite, et l’importance de la nouvelle.

Petit coup d’oeil à l’actualité, ce matin, pour voir, tout en haut du Top 3, un article de l’agence QMI, publié sur le site de Canoë, et dont le titre est “Monsieur n’était pas malade, c’était par vengeance”.  Je m’y suis attardé un peu.

Il s’agissait, en fait, de l’opinion de la grand-mère maternelle des deux enfants qui ont été tués par Guy Turcotte, opinion qui fut recueillie par le très objectif Claude Poirier, dans le cadre de l’émission “Le vrai négociateur”, sur les ondes de LCN.  Parce que, à mes yeux, il ne s’agit de rien de plus que d’une opinion.  Sans vouloir manquer de respect d’aucune façon envers cette dame, sur quoi se base-t-elle pour avancer ses propos?  Était-elle en compagnie de Turcotte, le soir des meurtres?  A-t-elle parlé avec lui, dans les minutes précédant les événements, afin de réellement savoir comment l’ancien cardiologue se sentait, ce soir-là?  Voici un extrait du texte de l’article.

Je connais la vérité, a-t-elle lancé. Monsieur n’était pas malade, c’était par vengeance. Il a menti en cour. Si on peut mentir sur une chose, on peut mentir sur plusieurs choses. Nous, on pense que ce procès-là n’était pas celui de Guy Turcotte, mais celui de ma fille.

D’abord, qui la dame désigne-t-elle, avec ce « nous »?  On peut sous-entendre qu’il s’agit des membres de sa famille, mais encore.  Ensuite, si la dame connaissait la vérité, a-t-elle témoigné, pendant le procès, pour venir en informer la Cour?  Et si non, pourquoi ne l’a-t-elle pas fait?  Serait-ce qu’elle voulait cacher des faits?  Bon, ne soyons pas trop suspicieux, et regardons un autre extrait.

Ce n’est pas le Guy Turcotte que j’ai connu, a ajouté la dame. Qu’il avait eu une enfance difficile, qu’il a été abusé, personne ne le savait.

Parce que je présume que tous les hommes qui ont eu des problèmes, dans leur enfance, vont s’en confesser à leur belle-mère, je suppose?  De plus, la dame a sûrement fait une longue enquête, auprès de tout son entourage, afin d’apprendre si quelqu’un savait quoi que ce soit sur l’enfance de l’ancien cardiologue.

Par contre, et je trouve cela plutôt curieux, j’ai beau lire et relire l’article, la dame ne fait aucune description du Guy Turcotte qu’elle a connu; était-il méchant, était-il vindicatif, était-il menteur?  Et ce avant, ou après les événements?

Dans ce cas-ci, et malgré tout cela, je ne peux pas vraiment en vouloir à la mère d’Isabelle Gaston; elle est probablement encore secouée par la perte de ses deux petits-enfants, et le verdict du 5 juillet dernier n’a rien fait pour arranger les choses.  Il s’agit d’écouter l’entrevue téléphonique de cette dame, réalisée par Claude Poirier, ce matin, pour s’en rendre bien compte.  Par contre, on peut constater à l’oeil nu l’objectivité de la machine de Québécor, ainsi que le professionnalisme de Claude Poirier, pourtant un vétéran du journalisme des faits divers; il a beau se justifier, à la fin de l’entrevue, de ne vouloir prendre position dans cette affaire, il est trop tard, le mal est fait.  Si le message, que Québécor veut envoyer à la population, est qu’elle n’est pas d’accord avec le verdict, rendu de bonne foi par les 11 jurés, et demande, à l’instar du verdict populaire, que Guy Turcotte se retrouve derrière les barreaux, elle n’aurait pas pu mieux faire.

Donc, pour l’information objective, on repassera!

Québécor a décidé, tout simplement, comme c’est d’ailleurs l’habitude de beaucoup de médias, surtout québécois, de donner toute la place au verdict populaire, qui condamne sans procès, à la seule lumière des informations diffusées dans les grands titres.  La maison de Pierre-Karl Péladeau a d’ailleurs d’excellents outils pour encourager une telle pratique, et sait très bien les utiliser.  La boîte vocale téléphonique de Claude Poirier se remplit continuellement de jugements téméraires, que le réseau n’hésite pas à utiliser, afin d’augmenter ses parts de marché.  Et quand un sujet touche l’épiderme sensible des québécois, on n’hésite pas à en ajouter une tasse, comme dans le cas présent.

Il travaille pour qui, donc, le lecteur de nouvelles, qui répétait “Rigueur, rigueur, rigueur”, un soir d’élection provinciale?