Ottawa: L’opposition veut flatter les canadiens dans le sens du poil!

J’aime bien prendre un texte, principalement lorsqu’il s’agit de paroles citées, ou encore d’une lettre ouverte, et la décortiquer, afin d’en saisir tous les aspects.  Aussi, comme les ténors de l’opposition, à Ottawa, ont décidé de publier une lettre ouverte, adressée aux canadiens, pour expliquer leur coup d’état, et ainsi tenter de flatter la population « dans le sens du poil », je prendrai le texte de la lettre, dans sa version publiée dans un article de la Presse Canadienne, et diffusée sur le site web Canoë, texte que je mettrai ici en bleu, et je l’analyserai, passage par passage.

Allons-y.

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Chers concitoyennes et concitoyens,

Le Canada fait face à une crise économique mondiale. Depuis les récentes élections fédérales, il est devenu clair que le gouvernement dirigé par Stephen Harper n’a aucun plan, aucune compétence ni aucune volonté pour répondre de manière efficace à cette crise.

Il faudrait dire la vérité, à savoir que le gouvernement conservateur n’a aucun plan qui corresponde à la pensée keynésienne, qui anime les chefs des trois autres partis présents à la Chambre des communes.  Cela n’a rien à voir avec les compétences, ou la volonté, du gouvernement élu.  Ainsi, cette déclaration laisse entendre que la seule façon de se sortir de la crise est celle préconisée par l’opposition, ce qui est loin d’être vrai.

C’est pourquoi la majorité du Parlement a perdu confiance envers le gouvernement Harper et estime que la formation d’un nouveau gouvernement qui réagira efficacement, prudemment, rapidement et adéquatement à cette crise économique est nécessaire.

Encore une fois, cette phrase est vue selon les paramètres de l’opposition, qui considère qu’ils sont les seuls à savoir quoi faire, face à cette crise, alors que les méthodes qu’ils entendent utiliser se sont avérées exactement celles qui ont coulé l’économie des USA.  Quant à la formation d’un nouveau gouvernement, l’opposition devrait avoir suffisamment de respect de la démocratie pour laisser le peuple choisir.

Le contraste entre l’inaction du gouvernement Harper et les mesures communes prises par toutes les autres démocraties occidentales est frappant. Nous ne pouvons accepter cela.

Qui dit que les autres démocraties faisaient face aux mêmes défis que le Canada, dans cette crise?  Les pays les plus interventionnistes furent justement ceux qui furent le plus secoués, économiquement, par la crise, à savoir les USA, qui est à l’origine de la crise, ainsi que certains pays d’Europe, et le Japon, qui furent les principaux bailleurs de fonds du gouvernement américain.  D’ailleurs, rien ne dit que leurs décisions furent les meilleures, dans les circonstances.  Le Canada n’a pas à affronter la crise du même angle que ces pays, et de ce fait, la solution n’a pas à être la même.  Loin de là.  Par contre, ce que l’opposition ne pouvait accepter, c’est la fin des subventions aux partis politiques, qui, il faut bien l’avouer, fut une erreur stratégique des conservateurs.

Une majorité de Canadiens et de Québécois ont voté pour nos partis le 14 octobre 2008. Nos députés fédéraux composent 55 pourcent de la Chambre des communes.

Si l’opposition croit avoir la légitimité de former un gouvernement, à la lumière de cette lecture des résultats des dernières élections générales, pourquoi n’a-t-elle pas demandé à la gouverneure générale de former le gouvernement dès que les résultats de l’élection furent connus?  Ceci n’est qu’un argument fallacieux pour tenter de faire avaler la pilule aux peuple canadien, pilule qui risque d’être perçue, et ce particulièrement par les habitants de l’ouest du pays, comme une déclaration de dictature.

À la lumière de la situation critique à laquelle sont confrontés nos concitoyens, et du manque de volonté du gouvernement Harper à réagir à cette crise, et à son incapacité à le faire, nous sommes déterminés à soutenir un nouveau gouvernement qui veillera aux intérêts de la population.

Avec le plan de 30 milliards$ que la coalition entend mettre en marche, les citoyens canadiens risquent de voir leur situation devenir plus critique que jamais, leur situation pouvant rivaliser avec celle de nos voisins du Sud, et ce sans avoir été confrontés aux mêmes turbulences qui ont provoqué cette crise.  Quant à l’incapacité du gouvernement Harper, c’est l’opposition elle-même qui l’a créé de toute pièce, en faisant la promotion du renversement de ce gouvernement, qui préconisait une approche différente, approche qui a reçu l’appui des pays membres de l’APEC, lors de leur dernier sommet, tenu à Lima, au Pérou, les 22 et 23 novembre derniers.  De plus, je constate à nouveau que les partis de l’opposition croient être les seuls dépositaires des intérêts de la population

Aujourd’hui, nous informons respectueusement la gouverneure générale qu’elle devrait, à la première occasion, demander au chef de l’opposition officielle de former un nouveau gouvernement qui sera appuyé par nos trois partis, comme le confirment les accords ci-joints.

Alors voilà, reste à savoir si la gouverneure générale voudra bien le faire.  À la lumière de ses compétences en la matière, j’ai malheureusement l’impression qu’elle acquiescera à la demande de l’opposition, sans même poser la moindre question sur les intentions précises de celle-ci.

Veuillez agréer l’expression de nos sincères salutations.

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Peut-être que Stephen Harper, et son gouvernement, en incluant des coupures aux subventions aux partis politiques, ainsi que la suspension de droit de grève aux membres de la fonction publique, ont utilisé une très mauvaise stratégie.  Peut-être qu’à la lumière de ces faits, le gouvernement Harper mérite d’être renversé.  Mais prendre une interprétation différente des résultats des dernières élections pour se hisser au pouvoir, sans passer à nouveau par la population, représente, à mes yeux, un coup d’état.

À ceux qui disent que des sondages révèlent qu’une majorité de canadiens préfèrent une coalition, au lieu de retourner en élections, je répondrai par une question, à savoir: Depuis quand les décisions politiques d’un pays doivent-elles être dictées par des sondages d’opinion?  Devant l’opposition, qui reproche au gouvernement Harper de ne pas prendre ses responsabilités, les canadiens doivent démontrer qu’ils sont conséquents de leurs décisions, et ainsi, prendre leurs responsabilités, face à la crise politique actuelle, qu’ils le veuillent ou non.  C’est à eux (à nous!) de décider qui les représente, et qui forme le gouvernement, à Ottawa, et leur refus de le faire risque de créer un dangereux précédent.  Et s’il faut pour cela retourner aux urnes, alors retournons aux urnes!  Faire autrement devient une usurpation du droit de vote des canadiens, et un déni de leur décision du 14 octobre dernier.

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7 réactions sur “Ottawa: L’opposition veut flatter les canadiens dans le sens du poil!

  1. Bonjour Richard3,

    Je sais que vous lisez tous les commentaires que vous recevez, j’espère que vous lirez celui-ci et que j’aurai l’honneur d’être publié sur votre site web. J’aime bien votre excellent site en passant, je suis le projet Autoroute 20 entre Cacouna et Bic avec enthousiasme.

    Certaines personnes partagent votre opinion sur le fait que ce serait un coup d’état. Par contre, des gouvernements de coalition, ça ce voit dans d’autres pays, par exemple en Europe et ça fonctionne.

    Dans notre système politique, on vote pour des députés, et la majorité des députés votent des lois. Cette coalition n’est ni mieux, ni pire, que l’ancienne coalition libéralo-conservatrice de 2006 à 2008. Ce n’était pas une coalition officielle, mais c’était une coalition quand même. Ça prend une majorité absolue pour voter des lois, donc ça prend une coalition pour avoir la majorité dans un gouvernement minoritaire.

    En passant, Richard3, je vais vous en raconter une bonne :

    En 2004, l’honorable Stephen Harper a écrit une lettre à Adrienne Clarkson lorsque les résultats de l’élection ont porté au pouvoir un gouvernement libéral minoritaire dirigé par Paul Martin.

    Cette lettre disait à Mme Clarkson d’envisager toutes les options si le gouvernement tombait dû à un vote de confiance. M. Harper notait que les partis d’oppositions, incluant le sien, détenaient la majorité des sièges du parlement et ils étaient en consultation étroite, donc ils pourraient détenir le pouvoir en formant une coalition si nécessaire au lieu d’aller en élections, pour remplacer Paul Martin.

    Cette lettre était co-signée par Gilles Duceppe et Jack Layton.

    Maintenant, Stephen Harper est de l’autre côté du bâton, donc c’est anti-démocratique ? Êtes-vous aussi fier de votre Stephen Harper ?

    Dormez bien là-dessus !

    Source : thestar.com

    But opposition MPs are accusing the Prime Minister of hypocrisy, charging that Harper is overlooking his own efforts to forge a coalition to replace Paul Martin’s minority Liberal government in 2004.
    
    Harper, then Conservative leader, even joined with NDP Leader Jack Layton and Bloc Québécois Leader Gilles Duceppe to write then-governor general Adrienne Clarkson, urging her to look at "options" if Martin's government fell in the fall of 2004, mere months after it won a minority mandate on June 28.
    
    "We respectfully point out that the opposition parties, who together constitute a majority in the House, have been in close consultation," read the Sept. 9, 2004, letter from the three leaders.
    
    "We believe that, should a request for dissolution arise this should give you cause, as constitutional practice has determined, to consult the opposition leaders and consider all of your options before exercising your constitutional authority."
    
    That message is in stark contrast to the one Harper delivered Friday night, when he charged that Liberals don't "have the right to take power without an election."
    

    Merci et continuez votre bon travail,

    Simon

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  2. Bonjour, Simon, et bienvenue dans mon humble blogue.

    Voici une nouvelle preuve que la maxime, qui dit que l’on apprend à chaque jour, est véridique; vous venez de m’apprendre l’existence de la lettre de 2004, signée par les chefs des partis d’opposition, et remise à Adrienne Clarkson. Par contre, force est d’admettre que la situation fut différente; la gouverneure générale de l’époque n’a pas donné suite à ladite lettre, et Paul Martin a gouverné pendant environ 18 mois. Puis, au moment où le gouvernement Martin fut renversé, des élections générales ont été déclenchées, et le peuple a décidé.

    Une telle manoeuvre – la lettre – ne va pas dans le sens du respect de la démocratie, qu’elle soit signée par qui que ce soit. De plus, le dévoilement de l’existence d’une telle lettre, signée par Harper lui-même, lui rebondira sûrement en pleine gueule. Par contre, le fait que la lettre de 2004 soit également signée par Jack Layton et Gilles Duceppe, montrent à quel point ces deux derniers peuvent être opportunistes; nous savons qu’une telle façon de faire serait la seule manière, pour Jack Layton, de s’approprier le pouvoir, même en tant que « second violon », alors que Duceppe, qui avoue ouvertement ne pas vouloir du pouvoir, est prêt à tout pour « mettre le trouble » à Ottawa.

    Quant au système de gouvernance qui a prévalu entre 2006 et 2008, je vous trouve drôlement généreux de lui donner le nom de coalition. Stéphane Dion a passé les 15 derniers mois de cette législature à utiliser toutes sortes de stratagèmes pour éviter de se retrouver en élections, et ce sont quand même les conservateurs qui en ont appelé au peuple. Si le parlement avait le moindrement fonctionné comme une coalition, il est évident que Stephen Harper n’aurait pas déclenché d’élections, et aurait continué à veiller aux affaires sans interruption jusqu’en octobre 2009, date prévue par la loi sur les élections à date fixe.

    Par contre, force est d’admettre que le fait d’inclure, à l’énoncé économique de Jim Flaherty, des mesures – même temporaires – comme la suspension du droit de grève des employés de l’état, des modifications aux règles de paiement de péréquation, mais surtout les coupures aux subventions aux partis politiques, fut une très mauvaise stratégie des conservateurs; ils croyaient probablement que Stéphane Dion, et ses députés, allaient encore rester assis sur leurs mains, parce que les caisses du parti libéral sont vides. Que ce fait origine de Stephen Harper lui-même, ou de quelconque conseiller, il n’en demeure pas moins que ce fut la plus grossière erreur des tories; le gouvernement est trop frais (moins de trois mois), et comme il existe un ou deux précédents, l’opposition allait évidemment sauter sur l’occasion. Comme disait Jacques Pariseau, en parlant de la grande capacité du parti québécois à se retrouver « dans le trouble » au moment où il ne le faut pas, les conservateurs se sont « auto-pelure-de-bananisés », encore une fois. Celle-ci, par contre, leur sera fatale.

    Je vous trouve également généreux lorsque vous dites que « Par contre, des gouvernements de coalition, ça ce voit dans d’autres pays, par exemple en Europe et ça fonctionne. » Quand on prend la définition du mot « fonctionner » au pied de la lettre, il faut admettre que les choses finissent par avancer, dans ces pays. Mais il faut également se rendre compte qu’elles mettent un temps fou à bouger; la moindre mesure législative fait l’objet de tractations de coulisses, sinon de débats fratricides au vu et au su de tout le monde, et il faut mettre plusieurs mois, sinon une année ou deux, afin de régler un truc qui, dans un gouvernement majoritaire, ne prendrait que trois ou quatre semaines, tout au plus; nous avons vu, l’an dernier, en Belgique, suite aux élections fédérales, le cas de la simple formation du gouvernement qui, à lui seul, a pris plus de 9 mois, lequel fut suivi, moins de 4 mois plus tard, de la démission du premier ministre, Yves Leterme, qui replongea aussitôt la Belgique dans l’immobilisme. Le cas d’Israël en est un autre exemple patent; les premiers ministres se retrouvent continuellement sous le feu des projecteurs, plus souvent qu’autrement pour toutes sortes de malversations, dont les dénonciations originent souvent du parlement même, et le terme « élections anticipées » est couramment utilisé. Nous qui, du moins jusqu’à ces dernières années, étions habitués à des gouvernements majoritaires, et qui trouvions que malgré tout, les gouvernements « se traînaient les pieds », imaginez ce que serait la situation si nous étions continuellement gouvernés par des coalitions.

    Merci beaucoup, Simon, pour votre commentaire, d’ailleurs très pertinent, et n’hésitez pas à revenir à nouveau.

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  3. Bonjour Richard3,
    Il faut noter que le governement Harper se comporte comme un gouvernement majoritaire, ce qui est scandaleux.
    Il faut aussi noter que la majorité des Canadiens ont voté pour un autre parti que celui de M.Harper.Celà veut dire que la majorité des Canadiens ne voulaient pas d’un gouvernement Harper.
    Si il y aura un gouvernement de coalition,c’est un peu ce que la majorité des Canadiens veulent.Ils ne veulent pas d’un gouvernement Harper.

    Bien sûr, je ne suis pas conservateur (comme le dit mon nom) mais mon point de vue ressemble à celà et il sera sûrement décortiquer en détail sur mon nouveau blogue.

    Cordialement,

    Un souvrainiste pensif parmi tant d’autre

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  4. Je ne suis pas prêt à qualifier le comportement des conservateurs de scandaleux. Par contre, ils « jouent avec le feu », même dangereusement, et risquent de « brûler » leurs appuis, s’ils vont trop loin. C’est à eux de savoir quand s’arrêter.

    Comme je suis curieux, j’aimerais vous demander ceci; vous, en tant que souverainiste, vous dites quoi, à ceux qui vous reprocheront de « copiner » avec les libéraux, et de vouloir Stéphane Dion comme premier ministre du Canada?

    Pauline Marois, pour une, et Gilles Duceppe, pour un autre, ont eu fort à faire pour se défendre de cela, aujourd’hui.

    Une chose est sûre, par contre; s’il est vrai que la majorité des canadiens ont voté pour un autre parti que celui de Harper, je demeure convaincu que ceux qui ont voté libéral, par exemple, ou néodémocrate, ne voulaient pas que leur parti couche avec les « séparatistes », et que ceux qui ont voté bloc ne voulaient pas que leur chef couche avec Dion.

    D’ailleurs, dans l’opinion publique, les deux solitudes canadiennes se manifestent fortement; si, d’un côté, Marois et Duceppe ont eu à défendre leur position, face aux souverainistes de la première heure, et aux « purs et durs », du côté du ROC, les gens sont enragés. Ils ne veulent rien savoir de cette coalition, où les libéraux « couchent avec les séparatistes »! Même que certains prétendent que cela risque de remettre en marche le mouvement séparatiste… en Alberta! Du côté de TVA, la question du jour, qui je l’avoue, n’a rien d’un sondage scientifique, demandait aux gens, hier, s’ils étaient d’accord avec une coalition, pour diriger le Canada, et la réponse fut un non à 54%, je crois. Et celle d’aujourd’hui demandait l’opinion des gens sur le fait que Stéphane Dion dirige cette coalition. Les gens ont dit non dans une proportion de 71%.

    Alors avant de déclarer qu’ils ont l’appui de la population, les chefs de l’opposition devraient y repenser à deux fois; la population risque de leur faire savoir, au prochain scrutin (qui, si les conservateurs parviennent à s’accrocher, pourrait bien survenir aussi tôt qu’en mars 2009), qu’il ne faut pas « galvauder » l’expression de leur choix.

    En passant, félicitations pour l’ouverture de votre blogue. Ce n’est pas grave, qu’il y ait qu’un seul article; si j’en ai aujourd’hui plus de 300, j’ai aussi commencé par un seul. 😉 De plus, je me suis permis de mettre le lien vers votre blogue, dans votre dernier commentaire.

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  5. Bonjour,
    Tout d’abord,je ne suis pas d’accord avec la décision de choisir Stéphane Dion. Mais il faut noter qu’il ne sera premier ministre que quelques temps.
    Vous avez raison, en dehors du Québec, les anglais de sont pas d’accrod avec cette coalition.
    Il y a une question dont nous avons pas la réponse: Les Canadiens veulent-t-ils d’une autre élection? Que préfèrent-ils: la coalition ou un autre élection en pleine crise économique?

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  6. Selon ce que j’ai lu dans le Journal de Montréal, ce midi, pendant mon heure de lunch, des manifestations se tiennent, dans le Canada anglais, pour contrer la coalition, et demander de nouvelles élections. De plus, le blogue de la gouverneure générale (eh oui, j’ai appris qu’elle a un blogue!) est envahi de commentaires, dont plusieurs se résument à « n’importe quoi, sauf cette coalition ».

    Bref, je crois qu’il n’y a qu’au Québec que les gens seraient prêts (mais pas tous) à se contenter d’une coalition.

    Voyons voir ce que l’actualité nous dira.

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