Secteur manufacturier: Est-ce la fin d’une époque?

Beaucoup de journalistes, qui couvrent les faits et gestes sur la colline parlementaire fédérale, ne cessent de nous répéter qu’il y a un parfum de campagne électorale dans l’air, et plusieurs chefs, dont Gilles Duceppe, du bloc québécois, exigent que le gouvernement conservateur mette des milliards de dollars pour venir en aide au secteur manufacturier, qui bat de l’aile au pays présentement.  Or, je viens de lire un texte d’André Pratte, de La Presse, intitulé « Un recul inévitable« .

Je constate que les dires de Pratte font beaucoup de sens.  Oui, c’est vrai qu’il se perd des milliers d’emplois dans le secteur manufacturier, en fait 72,000 emplois au Québec en 2 ans, mais ils furent remplacés par des emplois dans le domaine des services, et pas nécessairement des emplois précaires.  Plus de 188,000 emplois ont été créés depuis deux ans, et ce dans les domaines des services professionnels et techniques, du transport et de l’entreposage, ainsi que dans le commerce de gros.  La majorité de ces emplois sont à temps plein, et très bien payés, selon l’article d’André Pratte.

Selon moi, la question de l’emploi est plutôt relative, puisque malgré le nombre d’emplois du secteur manufacturier qui baisse sans cesse depuis cinq ans, le taux de chômage baisse lui aussi, atteignant des creux historiques.  C’est donc dire que ce n’est pas l’emploi comme tel qui est le problème, mais plutôt le secteur manufacturier qui perd des plumes.  Il en est ainsi dans la très grande majorité – pour ne pas dire la totalité – des pays industrialisés.  Et la raison en est bien simple; le monde évolue.  Les pays émergeants ont une main-d’oeuvre qui ne demande qu’à être formée, et malgré qu’ils gagnent peu, ce que l’on considère chez nous comme des salaires de misère représente une richesse inespérée pour eux.  Ces gens-là feront comme nous; ils apprendront ce qu’est le pouvoir d’achat, ils deviendront consommateurs, puis tenteront d’améliorer leur sort quand ils le compareront avec ce qui se passe ailleurs dans le monde.  Comme nous l’avons fait, nous aussi, à une certaine époque.

Le monde est en train de s’équilibrer.  D’une année à l’autre, de plus en plus de gens s’enrichissent.  Évidemment, il reste encore beaucoup – trop – de gens qui doivent se débrouiller avec moins d’un dollar par jour, et des milliers d’enfants meurent encore chaque jour des suites de la malnutrition.  Par contre, sauf en Afrique, tous les continents voient une amélioration du niveau de vie de leurs citoyens, ce qui me permet de croire que l’on est sur la bonne voie.  Il faut toutefois être prudents; il ne suffirait que de quelques pays, qui prendraient la décision de tout chambouler, pour que l’on replonge.  Prenons par exemple le Venezuela.

Ce pays d’Amérique du Sud se débrouillait pas trop mal, et son secteur pétrolier lui permettait les meilleurs espoirs.  Ça allait bien jusqu’à l’arrivée de Hugo Chavez.  Il a pris le pouvoir en promettant une autre vision de l’économie, celle qu’il appela « le socialisme du XXIe Siècle ».  On en voit aujourd’hui les résultats; Nathalie Elgrably-Lévy nous rapportait, dans sa chronique du Journal de Montréal du 14 février dernier, qui traitait justement d’une autre vision de l’économie, que les vénézuéliens manquent de tout.  Le lait, les oeufs, l’huile, la farine, le sucre, le maïs, le poulet, etc., font défaut, là-bas.  Il manque aussi de médicaments, de pièces d’autos, de produits d’hygiène personnelle, et même de papier hygiénique!  À défaut de les trouver sur le marché conventionnel, on doit les chercher sur le marché noir, selon cet autre article de La Presse.  Et avec tout ce qui s’est passé au sujet des champs pétroliers de l’Orénoque ces derniers mois, la production de pétrole a sensiblement diminué.  L’inflation, pour l’année 2007, a atteint pas moins de 22,5%.  Ce n’est pas pour rien que Hugo Chavez a lancé son nouveau bolivar.

La liberté économique fait des merveilles partout – ou presque – dans le monde.  Les preuves s’accumulent pour démontrer que c’est lorsque l’on tente de l’entraver que les problèmes commencent.  Pour le reste, ce n’est qu’une question d’adaptation.  Le secteur manufacturier est en déclin chez nous, comme ailleurs dans les pays industrialisés, mais notre économie compense de façon formidable.  Tout ce que nous devons faire, c’est de s’adapter.

11 idées pour secouer le Québec: Une solide base de discussion

Le site web ARGENT publie un dossier intitulé 11 idées pour secouer le Québec.  Ces idées ont été soumises par une équipe de l’Institut économique de Montréal (IEDM), composée de Paul Daniel Muller, président de l’IEDM, Marcel Boyer, vice-président et économiste en chef, Mathieu Laberge, économiste et Yanick Labrie, chercheur associé à l’IEDM, et ce à la demande du Journal de Montréal qui cherchait des idées pour améliorer la performance économique du Québec.

Personnellement, il y a bien quelques idées, parmi les onze, que je formulerais autrement, ou que je modifierais, mais dans l’ensemble, j’appuie ces 11 idées qui, à défaut d’être en elles-mêmes une formule gagnante, peuvent à tout le moins devenir une solide base de discussion pour l’avenir du Québec.  Car soyons francs; sur le plan économique, le Québec fait dur!

Au moment de la révolution tranquille, le Québec s’était donné des outils pour sortir de la torpeur et tenter de rejoindre le reste du monde moderne, autant sur le plan économique que sur le plan social.  En termes politiques, le Québec a adopté la pensée keynésienne.  Or, la très grande majorité des états qui ont fait leur cette pensée l’ont abandonnée depuis, puisque à long terme, la pensée de John Maynard Keynes ne fonctionne pas.  Ici, on a tenté de l’adapter, de la modifier, tout en prenant soin d’en conserver les bases.  Nous subissons à tous les jours les résultats de ces efforts.  Le Québec est dans le peloton de queue de la grande majorité des classements économiques des 60 états nord-américains (50 états américains, et 10 provinces canadiennes).  Nos infrastructures tombent en ruines, nos malades meurent sur des listes d’attente, nos enseignants ne savent pas écrire, bref, même si l’on se donne l’apparence d’un état riche, le Québec fait dur!

Le dossier soumet onze idées qui, de l’avis du groupe de l’IEDM, risque de provoquer, même de choquer certaines personnes, mais en même temps, de rassurer les québécois qu’il y a moyen de sortir de la morosité dans laquelle se trouve le Québec depuis plusieurs années.  De plus, le site offre même un forum de discussion, où l’on peut réagir aux idées soumises par l’IEDM.  Voilà donc une bonne façon de donner son propre point de vue sur l’avenir économique du Québec à des personnes compétentes, afin de lancer le débat.