Élections fédérales: J’aurais donc dû…

Je ne sais pas pour vous, mais dans ma vie, il m’arrive parfois des envies de faire des trucs, puis, après un moment, je me dis « Bof, pourquoi me donner ce trouble? », et je cesse ce truc avant qu’il soit terminé.  Cela m’arrive aussi sur ce blogue.  Je m’explique.

Au tout début de la campagne fédérale que nous vivons présentement, il m’a pris l’envie d’écrire un article pour vous dire de vous méfier de Stéphane Dion.  Pour illustrer mon idée, j’allais vous demander « Vous souvenez-vous du congrès à la chefferie du parti libéral, en décembre 2006? »  Puis j’aurais élaboré sur les grandes lignes du congrès, la lutte entre Michael Ignatieff, et Bob Rae, pour la première place, puis la suite, composée de Gerard Kennedy, et de Stéphane Dion.  J’aurais suivi en parlant des « deals », en coulisses, entre Kennedy et Dion, de la remontée de celui-ci, et finalement, de sa victoire, après un quatrième tour de scrutin des délégués.  En deux mots, j’allais vous aviser de faire bien attention à Stéphane Dion, parce que, comme au congrès, où il a su se faufiler silencieusement entre les meneurs, tel une couleuvre, pour remporter la course, il saurait cette fois se faufiler entre les autres chefs de parti, et se retrouver premier ministre du Canada.  Et tout comme au lendemain de sa victoire comme chef des libéraux, la très grande majorité des analystes se demanderont, le 15 octobre au matin, qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que Stéphane Dion se retrouve premier ministre.

Mais finalement, j’ai laissé tomber ce billet.  Pourquoi?  Je ne sais pas trop.  Peut-être que j’avais peur d’avoir l’air fou, d’oser parler du négligé de cette façon.  Peut-être que les commentaires des lecteurs (vos commentaires, en fait) auraient été trop du genre « Ben voyons donc, Richard3, où est-ce que tu t’en vas, avec tes skis?  Stéphane Dion ne passera jamais! »  Bref, je ne peux pas mettre la raison précise pour laquelle j’ai décidé de rebrousser chemin, de ne pas terminer ce billet, et de finalement tout flusher.

C’est suite à cela, donc, que je me vois dans l’obligation de dire une toute petite phrase, que je croyais pourtant bannie de mon vocabulaire depuis longtemps;

J’aurais donc dû!

Avoir écrit ce billet, à ce moment-là, j’aurais pu en écrire un, ces jours-ci, dont le titre aurait été « Je vous l’avais bien dit! »  Parce que force est de constater que Stéphane Dion, et les libéraux, remontent dans les sondages.  Je ne leur donne pas la victoire tout de suite, car il reste encore quelques jours à la campagne, et que quelques jours, en politique, c’est une éternité.  Mais il reste que les sondages montrent bien une tendance à la hausse des libéraux.  Avoir écrit ce fameux billet, à ce moment-là, m’aurait valu, à défaut d’un job d’analyste politique à TVA (après tout, ils avaient bien engagé l’imam Saïd Jaziri comme consultant en matières islamiques), le respect de mes semblables.

Mais le fait de le dire maintenant ne signifie plus rien, parce que je ne suis pas le seul à le constater, et que ce billet ne représente plus qu’une voix parmi tant d’autres.

J’essaierai de ne plus m’y faire prendre, la prochaine fois.

Interventions gouvernementales: Les USA vont contester

Voilà ce qui arrive quand on veut trop intervenir.  Selon la chaîne ARGENT, le gouvernement américain souhaite obtenir une procédure d’arbitrage parce qu’il considère les plans de sauvetage de l’industrie forestière du Québec (2 milliards$) et de l’Ontario (3 G$) comme des subventions indirectes, ce qui enfreindrait l’accord sur le bois d’oeuvre, conclu entre le Canada et les USA en 2006.

En gros, l’industrie forestière a subi plusieurs contrecoups, tous dûs à un manque de vision à long terme.  D’abord, au niveau des pâtes et papier, une syndicalisation trop forte a privé les usines des fonds nécessaires à leur modernisation.  Aussi, un autre joueur est venu déranger le portrait; la Chine exporte du papier pour beaucoup moins cher que le papier canadien.  Comme les salaires sont trop élevés, et que les syndicats ne veulent pas vraiment concéder, les papetières se regroupent, pour tenter de réaliser des économies d’échelle, et n’ont pas d’autre choix que de fermer des usines, comme la Belgo, à Shawinigan, propriété d’AbitibiBowater.  Du côté du bois d’oeuvre, une entente est survenue en 2006 entre le Canada et les USA à ce sujet, mais à ce moment-là, le dollar canadien, qui fluctuait entre 86 et 90 cents US, permettait toujours d’exporter le bois d’oeuvre et de faire des profits intéressants, même s’ils n’étaient pas comparables à ceux du début des années 2000, alors que le dollar canadien se négociait à 62¢ US.  Est ensuite arrivée la poussée du dollar canadien – à moins que ce soit l’effondrement du dollar américain – qui a changé toute la donne.  La situation devenait plus enviable pour nos voisins du Sud, cette fois.

Les gouvernements du Québec et de l’Ontario ont choisi de faire une intervention massive dans le but d’aider les villes aux prises avec les problèmes découlant de cette situation.  Il n’en fallait pas plus pour que les USA se plaignent; après tout, ils ont signé un « deal » avec nous il y a moins de deux ans, et ils s’attendent à ce qu’il soit respecté.  Aussi, ils vont tenter d’examiner le plus soigneusement possible ces interventions gouvernementales afin de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une aide indirecte à l’industrie forestière comme tel.

Finalement, il s’agit encore une fois des conséquences d’une vision à court terme, autant de la part des syndicats que des gouvernements.  Les syndicats n’ont jamais cessé de traire une vache sur le point d’être tarie, alors que les gouvernements, particulièrement celui du Québec en ce qui a trait aux droits de coupe, se sont enfargé trop longtemps dans leurs lacets de bottines.  Maintenant, comme à toutes les fois où un gouvernement intervient, il ne reste plus qu’à ramasser les pots cassés.