MTQ: Les appels d’offres commencent à pleuvoir

Que faire de mieux, quand on se sent paresseux, un dimanche matin, que d’aller faire un tour sur le site du Système électronique d’appel d’offres (SÉAO), point de référence où se retrouvent la très grande majorité des appels d’offres gouvernementaux, dont tous ceux du ministère des transports du Québec (MTQ).  Parmi les projets pour lesquels des appels d’offres sont publiés, en voici trois qui ont retenu mon attention.

Premièrement, l’ouverture des soumissions pour la reconstruction du pont Arthur-Sauvé (route 148), soit le plus à l’ouest des ponts qui relient l’île Jésus à la rive-nord, à la hauteur de Saint-Eustache, et dont j’avais parlé dans un autre billet, se fera le 27 février prochain, à 15h00.  Il s’agit d’un projet évalué entre 30 et 35 millions de dollars, qui consiste en la reconstruction totale du pont, cette fois sur 4 voies, non-divisées, auxquelles s’ajoutera une piste multifonctionnelle, qui sera principalement utilisés par les piétons et les cyclistes.  On sait d’ores et déjà que les travaux nécessiteront la fermeture complète du pont, et provoqueront des cauchemars pour tous les utilisateurs de ce lien.  Les automobilistes pourront toujours aller passer par l’A-13, mais que fera le MTQ pour les cyclistes et les piétons?  Tout reste à voir.

Le projet suivant est une autre réfection, cette fois celle de l’A-13 sud, entre Laval et l’A-40, en passant par le pont Bisson, projet aussi évalué entre 30 et 35 millions$, et pour lequel les soumissions seront également ouvertes le 27 février prochain.  On procédera à la reconstruction complète de la dalle de béton, comme ce fut le cas pour l’A-13 nord quelques années plus tôt.  Autrement dit, le type de Saint-Eustache qui avait l’habitude de prendre le pont Arthur-Sauvé pour aller rejoindre l’A-13 via l’A-440, afin de se rendre à Dorval, devra souffrir deux chantiers majeurs.  Brillant, le MTQ!  Plus ça change, plus c’est pareil!

Le troisième projet ne devrait pas nuire à la circulation, sauf peut-être en raison de la curiosité des automobilistes.  Il s’agit de l’autre échangeur de l’A-30 « dans le champ », soit celui aux limites de Saint-Constant et de la réserve Mohawk de Kahnawake, à environ 800 mètres à l’ouest de l’actuel viaduc de la montée Saint-Régis, à la sortie 90.  Évalués entre 15 et 20 millions$, tous les travaux devraient s’effectuer hors des chaussées actuelles, le raccordement étant prévu plus tard.  En souhaitant évidemment que les travaux seront plus rapides que pour le premier échangeur, celui situé sur l’A-15, au sud du viaduc du CP, qui est en construction depuis trois ans, et qui n’est pas encore complété.  L’ouverture des soumissions aura lieu cette fois le 26 mars prochain.

J’ai remarqué un truc bizarre, sur le site du SÉAO.  Les appels d’offres du MTQ paraîssent deux, voire même trois fois pour le même projet!  Serait-ce parce que plusieurs fonctionnaires sont chargés de procéder à la publication des appels d’offres sur le site, mais ne se consultent pas entre eux?  Si des frais sont chargés au MTQ pour chaque appel d’offres publié, serait-ce que l’on paie deux ou trois fois pour le même travail?  Le cas échéant, il semble que la gestion des tâches fasse encore défaut, dans le ministère de Julie Boulet.

Métro de Montréal: La cour donne raison à Alstom

La Presse canadienne rapporte que la cour a donné raison à la société française Alstom, qui contestait le fait que le gouvernement du Québec ait accordé sans appel d’offres un contrat de 1,2 milliards$ à Bombardier pour le renouvellement des voitures du métro de Montréal.

Encore une fois, il aura fallu un jugement de la cour, et par extension, des centaines de milliers de dollars en frais d’avocats, pour faire entendre raison au gouvernement du Québec, qui se dit pourtant ouvert et transparent dans ses transactions.  Mais ce n’est rien; la STM pourrait en appeler de ce jugement.  Mais ce n’est pas grave, ce sont encore les contribuables qui vont payer.

Il s’agit là d’un autre exemple d’aveuglement volontaire du gouvernement actuel, qui suit l’exemple d’autres gouvernements avant lui.  Au lieu de se contenter d’établir un cahier des charges et d’aller en appel d’offres, il a préféré donner le contrat à Bombardier, sans aucune consultation.  Comme si Bombardier était le seul a pouvoir faire le travail.  Les gouvernements qui se sont succédé à Québec ont quand même l’habitude des contrats accordés à leurs amis, surtout quand il s’agit de la STM; les autobus à plancher bas de NovaBus en sont un autre superbe exemple.  Ces espèces de poubelles passent plus de temps dans les garages de la STM que sur la route; même le site de la STM dit que les débuts de ce véhicule furent peu reluisants!  Lisez par vous-mêmes cet extrait.

« Le Novabus, qui fit son entrée dans le courant des années 90, représente un changement majeur par rapport à ses prédécesseurs.   Il s’agit d’un autobus à plancher surbaissé. L’acquisition de ce type de véhicule a été privilégiée d’une part pour faciliter l’accès aux personnes plus agées, groupe en croissance, et d’autre part, afin de rendre un jour le transport en commun ordinaire accessible aux personnes en fauteuil roulant. Ce type d’autobus ne fut pas accueilli en grandes pompes; on lui reprochait bien des défauts. De plus, un épisode malheureux, début 1999, fit que l’on dut retirer tous ces autobus du service pendant deux semaines à cause d’un problème mécanique.  Tout cela est maintenant du passé et des sondages récents auprès des usagers de ces autobus révèlent une augmentation du niveau de satisfaction suite aux récents aménagements effectués dans ces véhicules. »

Une chance que la STM fait des sondages auprès de ses usagers; ça permet à l’organisme de s’orienter pour l’avenir, et de rédiger des textes encourageants sur son site web.

Encore une fois, Québec a profité d’une sombre réglementation qui semble-t-il lui interdisait de faire affaire avec des entreprises situées hors du Québec par acheter ces véhicules fabriqués à Saint-Eustache, alors qu’il existe des autobus à plancher bas qui font le travail de façon formidable ailleurs dans le monde.  Et maintenant, attachez vos tuques avec de la broche; le gouvernement du Québec a investi des millions$ dans le développement d’autobus articulés, qui viennent tout juste d’être lancés par NovaBus, et qui seront fabriqués dans la même usine.  Évidemment, ces autobus pourront admettre jusqu’à 55 passagers, au lieu des 41 qui peuvent prendre place dans un autobus conventionnel, soit une augmentation d’environ 35%, mais son coût d’achat sera probablement plus élevé, quant à lui, et peut-être de plus de 100%.  Et ce sans compter qu’il faudra former les employés d’entretien aux nouvelles technologies utilisées dans ces véhicules.  Des heures et des heures dans les garages en perspective.

Bien entendu, les environnementalistes vont tenter de nous faire croire que de doubler le coût d’achat des véhicules pour transporter chacun 16 passagers de plus demeure une excellente décision environnementale.  Évidemment, ils oublieront de mentionner que le fait de mesurer 62 pieds au lieu de 40 les fera consommer davantage, alors que la STM déclarera à qui veut l’entendre que ces nouveaux véhicules permettront d’augmenter l’offre de service sans embaucher de chauffeurs supplémentaires, avec un seul autobus articulé au lieu de mettre deux véhicules conventionnels – et deux chauffeurs – à la file quand vient le temps d’augmenter temporairement la capacité d’un circuit.  Les chauffeurs coûtent donc si cher que ça?

Pour revenir à Alstom, j’espère seulement que cette société pourra déposer une offre vraiment concurrentielle pour le renouvellement des voitures de métro, et que cette dépense juridique de la STM lui rebondira dans la face en temps et lieux.  Malheureusement, il ne faudra pas compter sur le gouvernement actuel pour ce faire.