Contrôle routier: Prudence requise, monsieur le ministre

En ce vendredi soir de vacances (ben oui, j’ai ça, moi aussi, pour la première fois depuis 5 ans), je suis tombé sur un article de Patrick Bellerose, du Journal de Montréal, qui mentionne que le nouveau ministre des transports, Jonatan Julien, entend proposer des solutions au sujet de l’imbroglio concernant le contrôle du transport routier, au Québec, mais l’une d’elles a déjà été refusée par le syndicat des contrôleurs routiers (CR).

Il faut savoir que, hormis les renouvellements fréquents de convention collective, le syndicat des CR, soit la Fraternité des constables du contrôle routier du Québec, a entrepris un combat de longue haleine, contre le gouvernement du Québec, pour obtenir le port d’armes à feu dans l’exercice de leur travail. Jusqu’à maintenant, les CR peuvent compter sur du poivre de Cayenne, et un bâton télescopique, pour se défendre. Le syndicat des CR avait donc soumis la situation au Tribunal administratif du travail (TAT), qui a admis, comme le rapportait, le 18 mars dernier, la publication de leur centrale syndicale, que le travail des CR était trop dangereux dans la situation actuelle, et a fait cesser le travail de patrouille des CR jusqu’à ce que la situation soit réglée.

L’affaire était plus ou moins restée lettre morte, de la part du gouvernement; je ne me souviens pas d’avoir vu passer, dans les médias, une déclaration de la ministre des transports de l’époque, Geneviève Guilbault, qui en avait probablement plein les bras avec le scandale SAAQclic. Les CR, pour leur part, déclaraient à qui voulait l’entendre, par la voix de leur syndicat, que la situation ainsi créée causait un important préjudice pour les usagers de la route; les conducteurs de camions lourds pouvaient manœuvrer à leur guise, alors que les CR avaient, pour ainsi dire, les mains liées.

Parmi les options soulevées par le ministre Julien, il y a le Taser, et l’arme à feu conventionnelle. Or, l’entrevue avec le journaliste Bellerose était à peine terminée que le syndicat des CR faisait savoir que l’option du Taser était rejetée d’emblée.

Jusqu’à maintenant, sauf erreur, je ne me souviens pas d’un cas d’agression où un CR a été blessé, ou tué, dans l’exercice de ses fonctions. Alors quand ils se plaignent des dangers inhérents à leur travail, il faut préciser que leur champ de juridiction se limite à la loi 430, soit la Loi concernant les propriétaires, les exploitants et les conducteurs de véhicules lourds, et seulement à cette loi. Aussi, lorsque l’on lit, dans l’article, que le président de leur syndicat, Jean-Claude Daigneault, mentionne que “ce n’est pas le Taser qui va régler le problème quand on saisit des mitraillettes”, on doit se demander de quel droit il saisit des mitraillettes, à la base. Cela fait partie du mandat des policiers, pas des CR.

Comprenez-moi bien; je suis conscient que les CR peuvent se retrouver en situation délicate, parfois. Mais ils peuvent compter sur la Sûreté du Québec (SQ) en cas de problèmes dépassant les cadres de la loi 430, comme du matériel illicite à saisir, par exemple. Lorsque je réfléchis à la requête des CR, pour des armes à feu, ce sont surtout les moyens de pression de ceux-ci, lors des renouvellements de convention collective, qui me reviennent en tête. Pensons à cette opération, au printemps de 2022, où les CR ont fait une intervention majeure, à travers tout le Québec, pour vérification mécanique des autobus scolaires au propane, créant une panique autant chez les transporteurs d’écoliers que parmi les enfants eux-mêmes. Radio-Canada rapportait, à l’époque, que cette opération était faite dans le cadre de moyens de pression pour accélérer les négociations avec le gouvernement. La raison de cette intervention? Les pare-chocs desdits autobus au propane étaient verts.

Or, la réglementation québécoise sur les autobus scolaires précise que les pare-chocs des autobus doivent être noirs, à l’exception des autobus 100% électriques, dont les pare-chocs doivent être bleus. À l’origine, les pare-chocs verts servaient à identifier les autobus au propane, de la même façon que les pare-chocs bleus identifient les bus électriques; lors d’un accident, les premiers intervenants pouvaient savoir, par la couleur des pare-chocs, la meilleure façon d’intervenir, parce que les précautions sont différentes selon le type de véhicule (électrique, au propane, au diesel ou à l’essence). La réglementation avait été mise à jour pour les autobus électriques, mais pas pour les bus au propane. Les CR ont profité de cette situation pour procéder à des inspections-éclair, et retirer des centaines de bus des routes, et ce devant des enfants qui étaient littéralement pris en otage.

Et vous voulez donner des “guns” à ces gens-là?

Si vous me demandez mon avis, c’est NON! Over my dead body!

À mes yeux, les CR n’ont pas la jarnigouenne pour travailler avec des armes à feu. Je suis d’avis que les situations dangereuses qu’ils mentionnent, dans leur revendications pour obtenir des armes à feu, dans la plupart des cas, ils se mettent les deux pieds dedans eux-mêmes. C’est triste pour les très nombreux CR qui font un travail professionnel, mais il y a, en leur sein, des “pommes pourries” qui jettent un discrédit sur leur profession. Et malheureusement, tant qu’il y aura ces pommes pourries, je m’oppose au port d’armes à feu par les CR.

À moins que l’on permette aux chauffeurs de camions lourds, parce qu’ils sont exposés, eux aussi, à des criminels qui veulent mettre la main sur leur cargaison, de porter eux-mêmes des armes à feu.

Mais ça, c’est une autre histoire.

Budget Marceau: Bel exercice, mais…

Je vois déjà d’ici de nombreux supporteurs et les militants du parti québécois (PQ) me lancer virtuellement des tomates, parce que j’ose critiquer le premier budget du nouveau ministre des finances, Nicolas Marceau.

D’abord, l’exercice de présenter un budget équilibré représente un tour de force en lui-même, dans la situation économique actuelle, et plusieurs le reconnaissent.  Encore faut-il que les données utilisées pour compléter l’exercice soient valables, et aient un certain lien avec la réalité.  Par exemple, comment le ministre peut-il admettre que le taux de croissance économique sera de seulement 0,9% en 2012, et de 1,5% en 2013, et, en même temps, s’attendre à une hausse des revenus de TVQ de plus de 6%, se basant sur l’augmentation des salaires des travailleurs du secteur privé?  Lorsque l’économie tourne au ralenti, les employeurs du privé, contrairement aux gouvernements, n’augmentent pas, ou très peu, les salaires de leurs employés.  Le ministre Marceau semble l’ignorer.

Ensuite, si l’on peut s’attendre à ce que la hausse de taxes appliquées aux boissons alcooliques soit plus ou moins absorbées par les consommateurs, que dire de celle de 4$ sur la cartouche de 200 cigarettes?  Le passé nous a démontré que chaque hausse de taxe sur les cigarettes favorisaient un peu plus la contrebande, encore omniprésente chez nous, puisque les forces policières n’osent pas pénétrer sur les territoires des réserves autochtones, là où se trouvent les principaux protagonistes du trafic illicite des produits du tabac.

Et je ne m’infiltrerai que très peu dans le domaine des promesses rompues, comme par exemple celle de l’abolition de la taxe-santé.  Les seuls contribuables qui en seront exemptés seront ceux qui gagnent moins de 18,000$ par année, soit l’équivalent d’un emploi à temps plein au salaire minimum.  Nous savons d’ores et déjà que les contribuables gagnant 42,000$ et plus annuellement paieront les 200$ annuels, comme avant, et que les mieux nantis paieront davantage, eux qui seront confrontés, entre autres, à une hausse de leur taux d’imposition de 1,5% dès qu’ils atteindront les 100,000$ par année.  Un bel étouffoir à l’ambition, et à la réussite financière.

Bref, le premier budget Marceau fut un bel exercice de comptabilité (créative?), de par son ambition à atteindre l’équilibre, du moins en théorie.  Reste à voir comment le tout évoluera dans les faits, et seul le temps pourra nous le démontrer.  Parce qu’à la lumière des réactions émises à date, tout porte à croire que ce budget sera adopté, malgré que le gouvernement péquiste soit minoritaire; les péquistes voteront évidemment en faveur de celui-ci, les caquistes et les solidaires voteront tous contre, et les libéraux, pour leur part, utiliseront, semble-t-il, le concept popularisé par Stéphane Dion, du temps où il était chef de l’opposition officielle, à Ottawa, à savoir de s’asseoir sur leurs mains, façon polie de dire qu’ils iront aux toilettes, ou ailleurs, lors du vote sur le budget, question que celui-ci soit adopté par un vote ou deux de majorité.

Je pourrais aussi parler de ce manque flagrant de courage des libéraux, des coupes de 1,5 milliards$ au niveau des infrastructures (les viaducs vont-ils recommencer à tomber?), ou encore de la hausse de 2,1% du budget dédié à la culture, mais ça, c’est une autre histoire.

Michael Jackson: « Gelé comme une balle »?

Ceux qui me connaissent bien, en lisant ceci, doivent se demander « Mais qu’est-ce que fait Richard3 dans les potins artistiques, c’est loin d’être sa ligne ».  Effectivement, j’avoue me sentir en terrain étranger, limite hostile, en osant parler de ce sujet; de un, ça ne s’est pas passé au Québec, de deux, nous sommes aux antipodes de la politique, de trois, c’est un sujet délicat dans le sens qu’aux yeux d’un fan, il s’agit plus d’une question de foi inébranlable que de conviction profonde.  Bref, tout est en place pour que je ne sois pas très à l’aise.  Mais je vais en parler quand même; je prends une chance.

Depuis le décès du roi de la pop, il y a un mois, à peu près tout a été dit; de la vie trop exigeante pour sa santé, et en particulier la préparation pour les 50 spectacles, prévus à l’automne, et célébrant son grand retour, jusqu’à un enlèvement par des extra-terrestres (d’accord, j’exagère), en passant par le crime de jalousie, toutes les raisons imaginables ont été évoquées pour tenter d’expliquer le départ soudain de Michael Jackson.  Mais ce matin, on apprend que selon les policiers, le plus connu des membres des Jackson 5 était toxicomane.  C’est LCN, dans un entrefilet reproduit sur le site Canoë, qui avance cette théorie des policiers chargés de l’enquête sur la mort de Michael Jackson.  Entre autres, les médias ont fait beaucoup de tapage au sujet de son médecin personnel, le docteur Conrad Murray.  Beaucoup de monde était prêt à déclarer celui-ci coupable d’homicide involontaire, sinon de meurtre, quand il a avoué aux enquêteurs qu’il a administré du propofol au chanteur, un puissant anesthésique général, utilisé seulement en intraveineuse, et habituellement sous supervision d’une équipe médicale complète.  La police tente maintenant, selon ce que raconte l’article de LCN, de trouver des « prescriptions à un toxicomane ».

Si l’on prend le temps de revenir sur le plancher des vaches, et que l’on se donne la peine de réfléchir sur la question de l’intoxication des artistes en général, et de ceux du domaine musical en particulier, on se rendra rapidement compte que le cas de Michael Jackson est loin d’être une primeur.  Combien de chanteurs célèbres sont morts d’overdose, que ce soit de drogues illicites, ou de médicaments prescrits.  Ces artistes développent ce que l’on appelle communément le « syndrome de Pinocchio », c’est à dire qu’ils refusent de vieillir.  C’est d’ailleurs le cas de nombreux groupes rock qui sévissaient dans les années 1970-80; ils reforment leur groupe, et partent sur de grandes tournées, comme dans le bon vieux temps (1).  Si certains de ces artistes ont plutôt gardé la forme de façon naturelle, soit par un style de vie sain, et un programme de maintien de la forme physique approprié, beaucoup d’autres veulent garder le rythme de vie trépidant qu’ils maintenaient du temps de leur apogée, et se laissent tenter par des « additifs » pas toujours recommandés.  C’est comme si le propriétaire d’une voiture modifiée, avec un système à l’oxyde nitrique (NoS), qui permet de courtes poussées de très forte puissance, mélangeait ce produit directement à l’essence, pour que la puissance soit constante; tôt ou tard, la mécanique va finir par lâcher, et les dommages seront irréversibles.

C’est ce qui est arrivé, selon moi, à Michael Jackson; il avait un médecin personnel, à qui il donnait ses ordres, et qu’il payait à prix fort.  Souvent, dans ce cas, le médecin met de côté son serment d’Hippocrate, et se soumet, en quelque sorte, aux ordres de celui qui le paie.  Et comme le « patient » n’est plus là pour témoigner, il devient très difficile de savoir si c’est le médecin qui y allait trop fort, dans l’ignorance, par l’artiste, des effets secondaires des « traitements », ou si c’est l’artiste qui était trop exigeant, et ce malgré les nombreuses contre-indications du médecin.  Il y aura là de quoi tenir les enquêteurs occupés pendant plusieurs mois, sinon quelques années, et la presse à potins trouvera de quoi noircir ses pages pendant au moins une génération.

(1) Ne le dites à personne, mais je serai au stade olympique, la semaine prochaine, pour le spectacle de AC/DC.