Certains m’accuseront de paresse, et j’avoue qu’ils n’auront pas tout à fait tort. Ce texte de Virgine Roy, intitulé « La tête dans le sable bitumineux », et que je m’apprête à examiner, date du 4 mars, ce qui donne plus d’une semaine. Par contre, je dois spécifier que ma spécialité n’a jamais été le scoop, alors voilà. Après tout ce temps, je prends quelques minutes pour lire le papier de madame, et voici ce que j’en pense.
Celle-ci se base sur le reportage de 24 pages, effectué par le magazine National Geographic, et qui montre les effets néfastes sur l’environnement de l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta, pour traiter de la réputation internationale du Canada, en matière d’environnement. Elle part de cet exemple, et remonte dans le temps, parlant d’autres affaires qui ont ébranlé, selon elle, la réputation du Canada à travers le monde. Faisons le tour de ce qu’elle rapporte.
Bien sûr, un simple coup d’oeil sur la région exploitée par les pétrolières, juste au nord de Fort McMurray, via le logiciel Google Earth, nous montre que l’état des lieux de l’exploitation n’a vraiment pas grand chose d’une nature luxuriante, et la couleur des eaux de l’Athabaska, à cet endroit, donne presque à croire que la rivière l’Assomption, à la hauteur de Repentigny, est remplie d’eau de source. Mais il faut comprendre une chose, par contre; si l’exploitation des sables bitumineux a connu une telle activité, ces dernières années, c’est parce que quelqu’un voulait se porter acquéreur du pétrole que l’on en extrait. On ne bouleverserait pas le paysage que pour le seul plaisir de le faire. Déjà qu’avec la baisse du prix du pétrole, qui oscille présentement autour des 40$ le baril, les travaux sont fortement ralentis, et les nouveaux projets sont en mode pause, parce que la rentabilité, qui était exaltante, avec un baril de pétrole dépassant les 140$, n’est plus ce qu’elle était. C’est drôle, quand même, que National Geographic n’ait pas publié ce reportage pendant que le pétrole se vendait au-dessus de 140$ le baril. C’était pourtant le même paysage, la même désolation que maintenant. Bizarre. Loin de moi l’idée, toutefois, de rejeter quoi que ce soit sur le dos de madame Roy; ce n’est tout de même pas elle qui dirige National Geographic. Enfin, pas que je sache.
La belle Virginie passe ensuite à un autre événement haut en couleurs, à savoir les premières attaques de Brigitte Bardot, dans les années 1980, contre ce qu’elle appelait « le massacre des bébés phoques ». Si sa contribution au débat a amené l’interdiction de la chasse aux phoques de moins de 12 jours (ceux que l’on appelle les « blanchons »), il n’en demeure pas moins qu’une recrudescence des populations de phoques, de par une baisse de la chasse, menace la survie de la morue, poisson dont le phoque est le principal prédateur. À l’autre bout du spectre, les défenseurs des animaux déclaraient, au cours de la même période, que des manteaux de fourrure synthétique, ça ne fait de mal à personne. Or, il appert que la fourrure synthétique requiert l’utilisation de produits chimiques, et de… pétrole! Au point que désormais, c’est l’industrie de la fourrure, qui déclare que la fourrure naturelle, c’est écologique! En bout de ligne, elle est bien gentille, Brigitte Bardot, mais elle devrait peut-être se mêler davantage de ses affaires. Encore une fois, la chroniqueuse ne fait que rapporter les choses, et je n’ai rien à lui reprocher.
Virginie Roy continue sur sa lancée, en parlant de la publicité faite, à New York, dans les années 1990, par les Cris et les Inuits, pour protester contre la construction du projet hydroélectrique Grande-Baleine, dans le nord québécois. Ce projet, connu comme étant la phase 2 de celui de la Baie James, fut finalement tabletté, en 1994, selon madame Roy, qui attribue l’arrêt du projet au retrait de l’état de New York d’un contrat de vente d’électricité de plusieurs milliards de dollars. Sauf que la fin du projet Grande-Baleine a amené d’autres projets de remplacement, et les délais aidant, le Québec a dû, à fort prix, acheter de l’électricité de nos voisins du Sud, dernièrement, afin de combler nos carences, parce que la marge, entre notre capacité de production, et notre consommation, est trop mince. En fait, si l’on continue sur la même lancée, on risque de faire comme l’état de Californie a dû faire, il y a quelques années, et procéder à du « délestage », c’est à dire priver volontairement d’électricité des secteurs entiers du Québec, afin de ne pas interrompre l’alimentation de certains clients privilégiés. Mais quand il est question d’augmenter les tarifs, ou encore de privatiser Hydro-Québec, ne serait-ce que partiellement, on constate immédiatement une levée de boucliers, parce que « ça nous appartient », dit-on.
Bref, sur ces points, ce que rapporte Virginie Roy est bien contestable, mais en ce sens que ces événements ont bel et bien causé une mauvaise publicité au Canada, et au Québec, ce n’est pas faux. Il faut donc lui donner raison, là-dessus.
Ensuite, elle demande pourquoi l’exploitation des sables bitumineux jouit d’un traitement de faveur, par rapport aux autres exploitations, dont certains ont fait ressortir le côté négatif, dans le sens que le gouvernement canadien n’en cesse pas l’exploitation. Regardons les interventions gouvernementales, face aux publicités négatives rapportées par madame Roy. D’abord, la chasse aux phoques est toujours permise, même si l’on a interdit la chasse aux blanchons. On tue les phoques de plus de deux semaines, ce qui n’enlève que peu de valeur à leur fourrure. On respecte les quotas établis, et le tour est joué. Même si Sir Paul McCartney lui-même est venu faire un tour aux Îles-de-la-Madeleine, en 2006, pour participer au trafic d’influence, il a suffisamment aimé les canadiens, et les québécois, pour venir donner un concert, sur les plaines d’Abraham, dans le cadre des célébrations du 400e anniversaire de la ville de Québec, et ce au grand dam de certains souverainistes. Grande-Baleine est peut-être restée dans les cartons d’Hydro-Québec, mais peut-être que cela n’est que partie remise; Jean Charest doit révéler les détails de son plan Nord, pour le développement industriel, minier et touristique du grand nord québécois, et certaines parcelles du projet Grande-Baleine pourraient bien en faire partie. De plus, d’autres projets hydroélectriques vont de l’avant, malgré les protestations des écologistes, comme entre autres, sur la rivière Romaine.
Finalement, je ne crois pas que les sables bitumineux jouissent d’un traitement de faveur, de la part du gouvernement canadien. L’exploitation des sables bitumineux est réglementée – pas autant que ne le voudraient les écologistes, mais quand même réglementée. Les nouveaux projets feront l’objet de contrôles environnementaux plus serrés que les projets actuels. Ce ne sera jamais suffisant, aux yeux des écolos, mais c’est quand même un pas de la bonne direction. Mais pour les pétrolières, qui exploitent ces gisements, leur exploitation est rentable, pour l’instant, alors on poursuit le travail sur les chantiers en cours. Les redevances fournies aux gouvernements, canadien et albertain, furent suffisantes pour permettre à la province de l’Alberta de complètement rembourser sa dette, au fil des ans. Mais il est certain qu’à partir du moment où la rentabilité du pétrole extrait des sables ne sera plus suffisante, les entreprises pétrolières fermeront les chantiers, et les USA devront s’approvisionner ailleurs. Autrement dit, dans ce cas, comme dans bien d’autres, tout est question de rentabilité. Et là-dessus, Virginie Roy peut me croire sur parole.
Heureusement je n’ai aucun idee c’est qui cette Virginie Roy… et je m’en foutre 😉
Les « artistes » essayent souvent de pousser leurs idees politiques mais je pense que, en masse, les gens du monde s’en foutent de leur point de vue…
Fortis et liber 😉
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Les Verts devraient se réjouir de l’exploitation de sables bitumineux, c’est de la décontamination des sols à grande échelle.
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Très bon commentaire très pertinent Richard!
Mme. Roy aurait tout aussi bien pu parler de la pollution de Sudbury suite aux activités de minage et des fonderies de nickel:
http://www.bookrags.com/research/sudbury-ontario-enve-02/air-pollution-enve-01.html
Le lien avec l’environnement? Le nickel est utilisé dans la fabrication des véhicules hybrides comme la prius. les moteurs d’avions et la monnaie canadienne.
Devrons nous en finir avec la monnaie, l’avion et les prius? Comme le dit mon père: Avec les progrès viennent les inconvénients!
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Ça m’étonnerait beaucoup que Virginie Roy te commandite pour ta marche contre le cancer du sein.
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