Assurance-emploi: Il y a un prix à payer pour jouer les héros

Hier soir, je suis tombé, au hasard de Google Actualités, sur un article de Guillaume Bourgault-Côté, du quotidien Le Devoir, concernant le congédiement de Sylvie Therrien, cette dame de Vancouver qui a dénoncé ce qu’elle appelait des quotas dans la recherche de fraudeurs de l’Assurance-emploi (AE).  J’avoue avoir lu les commentaires des lecteurs en diagonale, mais la presque totalité de ceux-ci condamnaient le “méchant” gouvernement de Stephen Harper, et portaient madame Therrien aux nues, faisant d’elle une véritable héroïne.  Mais il y a un hic; tous les héros ont un prix à payer, et ce prix est l’exclusion.  Je m’explique.

Madame Therrien travaillait dans une entreprise, définitivement publique, mais entreprise quand même, dont le produit est un revenu temporaire permettant de ne pas perdre tous ses moyens lorsque l’on se retrouve entre deux emplois.  Or, il y a des conditions à respecter, et certains prestataires profitent indûment de ce produit, au détriment d’autres personnes, qui y ont droit.  Les dirigeants de l’entreprise ont donc pris des mesures dans le but de faire cesser les fraudes – car il s’agit bien de cas de fraude.  Les agents de recouvrement ont une panoplie de paramètres, dans le but de les aider à effectuer leur travail, et ils doivent les appliquer dans les cas où ils ont des doutes.  Si les agents appliquent ces paramètres aux gens honnêtes, ceux-ci réagiront, et seront bien sûr en droit de le faire.  Comme il arrive également, dans des enquêtes policières, que certaines personnes soient suspectées, mais qu’au final, elles ne soient accusées de rien.

Mais voilà!  On voudrait que la police arrête tous les coupables, sans jamais interroger des innocents.  Du même souffle, on voudrait que tous les fraudeurs de l’AE soient démasqués, mais sans jamais déranger quiconque en reçoit honnêtement.  Et c’est là que les troubles commencent.  Parce que lorsque l’on enquête sur des gens honnêtes – ou qui semblent l’être, on risque de prendre leur histoire au sérieux, au point de tomber rapidement dans la pitié, dans l’apitoiement sur leur sort, enfin, appelez cela comme vous le voulez, mais on prend la part de ceux que l’on doit enquêter, alors que les fraudeurs se trouvent parmi eux.  Bref, on achète leur histoire.  Jusqu’au point où on oublie sa mission première; on se retourne alors contre l’entreprise qui nous emploie, l’accusant de tous les maux.

Croyez-vous que les policiers n’entendent pas des histoires de pauvres gens qui n’ont rien à manger, lorsqu’ils arrêtent un voleur?

Les seuls cas où les soupçons, l’enquête complète, et l’arrestation du ou des coupables – sans erreur sur la personne – se produisent en-dedans de trois heures, se voient… au cinéma!  Dans la vraie vie, les fraudeurs auront toujours de bonnes excuses, de bonnes raisons, pour avoir “juste un tout petit peu” dépassé les normes du système, tout comme la personne qui roulait à tombeau ouvert à travers les rues de la ville avait aussi une bonne raison pour ne pas se faire intercepter, ou pour ne pas recevoir de constat d’infraction.

Si on achète leur histoire, c’est clair que l’on arrêtera personne!

Le rôle de l’agent de recouvrement est de distinguer le fraudeur de l’honnête chômeur, et afin d’illustrer l’importance des sommes perdues à cause de la fraude, on divise les pertes par le nombre d’agents.  On y ajoute ensuite toutes sortes de calculs, et de probabilités statistiques, de façon à arriver à un nombre, qui devient l’objectif à atteindre.  De là à interpréter ce nombre comme un quota, il n’y a qu’un pas, que madame Therrien a probablement franchi.

De telles façons de faire font partie de la mécanique interne d’un travail, ou d’une tâche à accomplir.  Or, comme toutes les entreprises, qui protègent leurs façons de faire, afin de ne pas les dévoiler à la concurrence, l’AE a le droit de garder ses méthodes secrètes, si elle veut mener à bien son travail de récupération des sommes versées indûment, et d’interception des fraudeurs.  Si on révèle au grand public les façons de faire de l’AE, la fraude n’en deviendra que plus facile!  Et c’est là que madame Therrien a erré; croyant bien faire, en dénonçant une administration qui y allait trop fort, selon ses paramètres à elle, Sylvie Therrien a rendu public, par l’entremise du quotidien Le Devoir, le document de référence pour le travail qu’elle avait à effectuer.  Imaginez; c’est comme si un commis de la banque de la ville, constatant que les gens ont peu de liquidités, annonçait à tout le monde la combinaison du coffre-fort!  Si l’ensemble des citoyens n’ira pas jusqu’à tenter d’y retirer des sommes, ne croyez-vous pas que des voleurs vont prendre la chance d’en profiter?

Tout cela pour dire que si la situation de madame Therrien est tout à fait déplorable, celle-ci demeure tout de même l’artisane de son propre malheur.  Et maintenant, elle devra traîner la réputation de l’employée qui n’est pas capable de garder un secret.  Le problème, c’est qu’il s’agit de l’un des principaux critères d’embauche, et ce dans tous les types d’entreprises, depuis la simple franchise PFK jusqu’à la grande multinationale pharmaceutique.  Dans plusieurs entreprises, on fait signer, pendant la toute première entrevue menant à une éventuelle embauche, une déclaration de confidentialité dans laquelle il est mentionné que la divulgation d’un secret interne amènera la cessation immédiate du lien d’emploi.  D’autres vont beaucoup plus loin; on peut vous poursuivre si vous travaillez dans une entreprise concurrente pendant un certain délai suivant votre démission!  En fait, un secret d’entreprise est plus important que n’importe quel lien d’emploi.  Dans le public comme dans le privé.

En clair, comme disait l’autre, “toute vérité n’est pas bonne à dire”!

Madame Therrien l’a appris à la dure, mais j’espère qu’elle d’abord, et que tout le monde aussi, aura appris la leçon.  Aujourd’hui, la dame est condamnée par le marché du travail; elle voudrait faire le trottoir qu’elle n’y arriverait pas, ses clients potentiels ayant peur d’être dénoncés!  Bon, d’accord, j’exagère, pour faire image, mais vous voyez ce que je veux dire; quand on ne supporte pas la violence, on ne s’engage pas dans l’armée!  Même chose ici; si l’on n’a pas la force de caractère pour aller au-delà des belles histoires de pauvreté des fraudeurs, on ne va pas travailler comme agent de recouvrement de l’AE.

Comme je le disais au début, les héros ont un prix à payer.  Superman ne vit pas dans un chic appartement de New York.  Batman ne prend pas le petit-déjeuner au coeur de Gotham City.  Et désormais, Sylvie Therrien ne goûtera plus aux bénéfices du marché de l’emploi.  À moins que Le Devoir, qui a largement profité du scoop, ne lui offre un poste de correspondante à Vancouver, bien sûr.

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Postes Canada: La fin du service rural?

Dany Doucet, du Journal de Montréal, écrivait un article, dimanche dernier, dans lequel il laissait deviner que le service rural de Postes Canada allait bientôt tirer à sa fin.  Dans son papier, repris par le site Canoë, il mentionnait que l’organisme avait édicté de nouvelles normes, et que celles-ci feraient en sorte que des boîtes aux lettres, pourtant utilisées avec succès depuis parfois des décennies, seraient déclarées dangereuses, et devraient faire l’objet de modifications importantes, et/ou de déplacement, sous peine de ne plus recevoir le courrier.  Le cas échéant, le propriétaire de ladite boîte n’aurait d’autre choix que d’aller cueillir son courrier au bureau de poste auquel il est rattaché.

L’article cite un porte-parole de Postes Canada, Michel Larouche, qui évoque des raisons de sécurité, ainsi que des raisons légales, pour justifier les nouvelles normes.  Du même souffle, il nie que la société ne prenne ces mesures par souci d’économie, ou encore ne transfère les risques présumés de ses facteurs ruraux vers la clientèle elle-même.  Par contre, ni le porte-parole, ni le journaliste, ne soulignent un point qui est loin d’être négligeable, dans toute cette affaire, et c’est le suivant; il y a quelques années, lors d’une négociation de convention collective des postiers, les facteurs ruraux, qui étaient jusque là des entrepreneurs indépendants, ayant un contrat à terme avec Postes Canada, et dont le renouvellement était annoncé localement, afin de permettre aux personnes intéressées de déposer une soumission, sont devenus des employés à part entière de Postes Canada, salariés et surtout, syndiqués.

Or, comme les syndicats ne sont jamais ouverts à prendre quelque risque que ce soit, et ont une tendance naturelle à tout mettre sous la responsabilité de l’employeur, celui-ci se retrouve maintenant avec une patate chaude dans la bouche, à savoir, et particulièrement au Québec, les coûts supplémentaires liés à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), qui sont couverts à 100% par l’employeur.  Comme les accidents du travail des facteurs ruraux se produisent sur la route, et qu’il y a rarement des témoins neutres, qui peuvent corroborer les témoignages des accidentés, Postes Canada se retrouve probablement avec beaucoup de petits accidents du travail, qui impliquent, en plus des coûts de remplacement des travailleurs accidentés, les frais exorbitants du remplacement du salaire de travailleur blessé, qui a droit à 90% de son salaire net.

Le grand perdant, dans toute cette affaire, sera bien sûr le client, qui n’a pas droit à la concurrence, et qui doit se contenter du service monopolistique du syndicat des postiers de Postes Canada.  D’ailleurs, si un entrepreneur indépendant voulait reprendre une route postale rurale, comme dans le bon vieux temps, il sera aussitôt dépeint comme un « scab », soit un briseur de grève, en temps de grève, bien sûr, ou encore comme un « voleur de job », le reste du temps.  Bref, Postes Canada, en donnant le statut d’employé à part entière à ses facteurs ruraux, s’est mis le pied dans la bouche, et refile maintenant la facture à ses clients, qui n’ont d’autre choix que d’acquiescer.  Le second grand perdant sera le facteur rural lui-même, puisque le jour où toutes les boîtes aux lettres de sa route seront déclarées dangereuses, il se fera couper son poste, et se retrouvera au chômage.

Je voudrais en profiter pour dire un grand merci aux syndicats, pour cette autre merveilleuse contribution à l’avancée des travailleurs.

Aide sociale: J’aimerais qu’on m’explique quelque chose…

Sarah-Maude Lefebvre, de l’Agence QMI, signe un article, repris par le site Canoë, dans lequel elle avise les bien nantis que la chasse aux « 40 voleurs » les plus riches du Québec est ouverte.  En fait, ce fut son entrée en matière, pour dire à ses lecteurs que quelque 200 personnes se sont rassemblées, aujourd’hui, à Montréal, pour réclamer rien de moins qu’un revenu de citoyenneté inconditionnel.

L’histoire, derrière les « 40 voleurs », c’est que l’Organisation populaire des droits sociaux de la région de Montréal (OPDS-RM) s’est donnée comme objectif de visiter chacun des 40 hommes d’affaires qu’elle a ciblé, afin de leur faire sentir que « Les riches s’en mettent plein les poches alors qu’on vit une période économique très difficile. Selon Statistiques Canada, le seuil de faible revenu était de 21 666$ en 2007. En bas de cela, aucun individu ne peut subvenir convenablement à ses besoins essentiels. Nous voulons que ce montant devienne un revenu de citoyenneté accessible à tous. »  Ces mots sont ceux de Marie-Christine Latte, de l’OPDS-RM.  Le texte de madame Lefebvre mentionne que cette revendication est appuyée par le Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ), qui soutient qu’il serait possible de le faire en pigeant dans l’argent injecté dans les programmes gouvernementaux d’aide à l’emploi.  Autrement dit, le souhait du FCPASQ, c’est que l’on prenne, dans les programmes qui sont supposés servir à aider les gens à retourner sur le marché du travail, tout le fric nécessaire pour les encourager à rester à la maison.  Splendide!

Une autre citation, puisée à même l’article, celle de Sylvie Lalonde, une manifestante qui se dit « sur le B. S. depuis trop longtemps« , selon ses propres mots.  Elle déclare à la journaliste que « On bâillonne les gagne-petit qui ne peuvent gagner plus de 200$ par mois en dehors de leur chèque. Non seulement ça favorise le travail au noir et ça permet aux entreprises d’éviter les charges sociales, mais en plus ça nous empêche de nous en sortir. »  J’aurais un petit conseil à donner, à madame Lalonde; au lieu d’essayer de limiter ses revenus aux 200$ par mois accordés par le système, afin d’éviter les coupures à son chèque, elle devrait essayer d’aller gagner sa vie dans l’une des nombreuses entreprises qui mettent d’énormes bannières, à l’extérieur de leurs installations, sur lesquelles il est écrit, en grosses lettres, « NOUS EMBAUCHONS ».  Non seulement elle gagnerait beaucoup plus que 200$ par mois, mais elle aurait également la fierté de « gagner son pain », sans compter les possibilités d’avancement, et tout ce qui en découle.  Il faut mentionner, par contre, que pour obtenir cette fierté, il faut se lever, le matin, et mettre de côté les nombreuses télé-séries et autres émissions de télévision diffusées en journée.

J’aimerais que l’on m’explique une chose.  Pourquoi devrait-on donner à un individu 21,666$, sans rien lui demander en retour, alors que le salaire minimum, calculé sur une base annuelle brute (40 heures par semaine, sur 50 semaines travaillées), vient tout juste d’être rehaussé à… 18,000$ par année?  Si, parmi les 350,000 bénéficiaires de l’aide sociale au Québec, tous ceux qui sont aptes au travail allaient se faire embaucher par les entreprises qui affichent « Nous embauchons », nous pourrions presque viser le plein emploi!  Mais bon, ces gens-là, il ne faut pas les discriminer; ils ont des droits.  Et ceux qui travaillent, ils n’en ont pas, des droits, à part celui de se faire escroquer par le gouvernement pour faire vivre les assistés sociaux?  L’aide sociale est supposée être une assistance de dernier recours; or, avec environ 5% de la population « sur le B.S. », je trouve que l’on y accède un peu trop facilement, si vous voulez mon point de vue.

À mes yeux, l’aide sociale devrait être limitée dans le temps, tout en soutenant davantage les mesures d’aide à l’apprentissage d’un métier.  J’ai plutôt l’impression que l’aide sociale est devenue un genre de paradis; bien sûr, le chèque est plutôt bas, mais si l’on y ajoute les soins dentaires et oculaires, les médicaments moins chers, la préséance sur les listes d’attente pour les habitations à loyer modique (HLM), et les autres « droits », certains ont raison de préférer cela à aller travailler.  Évidemment, d’aucuns diront que la pitance est mince, mais avec un « side-line » de quelques heures par semaine, et une bonne dose de simplicité volontaire, on parvient toujours à s’arranger, n’est-ce pas?  Si on mettait un délai à l’aide sociale, genre 5 ans max, je crois sincèrement que les assistés sociaux aptes au travail se grouilleraient le cul, et apprendraient un métier.  Quand il ne restera plus que les « inaptes au travail », sur l’aide sociale, je crois que l’on pourra facilement les prendre en charge.