Échangeur Turcot: Préparez-vous au pire!

Depuis quelques semaines, on entendait moins parler du projet de reconstruction du complexe Turcot.  Mais maintenant, préparez-vous à en voir – et à en lire – des vertes et des pas mûres!  Le projet, revu et corrigé par le MTQ, qui soit dit en passant, paiera la facture à 100%, doit être dévoilé au public mardi, alors que les membres du conseil exécutif, et les chefs des partis d’opposition, de la ville de Montréal, ont eu droit à une avant-première, cet après-midi.

De ce que l’on en sait (vous avez accès à pas moins d’une vingtaine d’articles, en cliquant ici), le nombre de structures en hauteur passerait de presque rien à 40%, réduisant substantiellement le nombre de celles préalablement prévues en remblais, et le nombre d’expropriations, qui se situait d’abord à 160 unités de logement, serait également réduit.  Par contre, sans même en savoir davantage, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a décidé de ne pas être solidaire du conseil exécutif de la ville de Montréal.  Il avait même menacé de quitter cette instance, si la nouvelle mouture du projet ne lui convenait pas.  Devant la situation, le maire, Gérald Tremblay, a décidé de prendre les devants, et de montrer la porte du conseil exécutif à Bergeron.  Celui-ci, en conférence de presse, aujourd’hui, promettait une bataille de tous les instants, maintenant qu’il a retrouvé, disait-il, son droit de parole.

Mon point de vue, là-dessus, est qu’il faudrait d’abord, avant d’avancer quoi que ce soit, prendre connaissance du projet en tant que tel, ce que les élus ont fait aujourd’hui même.  Je m’attends donc à du déchirage de chemise de la part de Richard Bergeron, disant qu’il avait bien raison de vouloir démissionner.  Ensuite, une fois cette étape franchie, ainsi que celle du dévoilement public, mardi prochain, il faudra procéder rapidement.  Parce que, voyez-vous, l’échangeur Turcot, pour le bénéfice de l’information de ceux qui n’y sont jamais passé, est en train de tomber en ruines.  Et le mot est faible!  Pour assurer l’unique surveillance de l’infrastructure, question de pouvoir déceler la moindre défectuosité susceptible de causer des dangers, autant à ceux qui roulent dessus qu’à ceux qui vivent en-dessous, il en coûte annuellement, au MTQ, la modique somme de 10 millions$, que se partagent pas moins de trois firmes de génie-conseil.  Et ce montant ne comprend pas la réparation du moindre nid-de-poule!

Quant à ceux qui sont curieux, allez prendre une marche dans les rues qui bordent l’échangeur, de façon à le voir d’en-dessous.  Lorsque vous aurez tout vu, vous viendrez me dire si vous avez confiance que l’échangeur actuel va durer jusqu’en 2017, ou 2018, moment prévu où les nouvelles infrastructures seront complétées.  Et ça, bien sûr, c’est à condition que tout tourne rondement, sur le chantier.  Pour ma part, quoique je roule encore sur les bretelles de l’échangeur quand il le faut, même en camion, j’ai l’impression qu’une section de l’échangeur va s’effondrer au sol bien avant que les travaux soient complétés, et le nouvel échangeur ouvert au public.  C’est que, voyez-vous, je crois que j’aurai le temps de mourir de vieillesse avant que le nouvel échangeur Turcot soit complété.

Pub de la FFQ: Femme,… ta gueule!

Mon titre en fera sourciller plus d’un, mais surtout plus d’une.  Je m’explique.

Le sujet que j’aborde ici me ramène, dans mes souvenirs, en 1975, lors de la célèbre Année de la femme, alors que j’avais… 12 ans.  Beaucoup de femmes arboraient un t-shirt, sur lequel on voyait la silhouette d’un homme, à genoux devant celle d’une femme, et sur lequel on pouvait lire “L’année… de la femme!”  Évidemment, les hommes de ce temps-là ne sont pas restés stoïques très longtemps; à cette époque, on pouvait encore dire ce que l’on pense sans faire face à une poursuite en justice.  D’autres t-shirts sont sortis, sur lesquels on voyait les silhouettes du premier vêtement, mais dans des positions inversées; c’était la femme, qui était à genoux devant l’homme, et on pouvait lire “Femme… ta gueule!”

C’est un peu l’idée qui m’est venue en tête quand j’ai pris connaissance de la controverse, au sujet d’une publicité diffusée sur le web, entre autres sur YouTube, par la Fédération des femmes du Québec (FFQ), pub qui attire l’attention sur le fait que les jeunes sont recrutés, par les Forces armées canadiennes (FAC), dans leurs lieux d’études.  Je n’ai pas visionné cette pub, que ce soit dans sa version originale, ou dans sa version modifiée.  On y voit, dit-on, une femme, qui semble mère d’un soldat mort en service, qui en dit long contre la militarisation des jeunes.  Comme la FFQ ne fait jamais les choses à moitié, elle fait dire à la femme que “avoir su qu’en donnant la vie j’allais fournir de la chair à canon, je n’aurais peut-être pas eu d’enfant”.

C’est à ce moment que la mère d’un soldat décédé en mission, en Afghanistan, a décidé de parler.  Céline Lizotte, la mère du caporal Jonathan Couturier, décédé il y a environ un an, s’inscrit en faux, face à cette campagne de la FFQ, et ne se gêne pas pour utiliser toutes les tribunes disponibles pour exiger le retrait complet de la vidéo en question.  Elle estime que le fait que la FFQ modifie la pub, en retirant la phrase controversée, n’est tout simplement pas suffisant.  Elle est soutenue par une autre mère de soldats, Hélène Boisclair, mère de Brian, et de Kevin Dugré, tous deux membres des forces, et qui abonde dans le même sens que madame Lizotte; les soldats canadiens sont bien plus que de la chair à canon!

Selon un article paru dans La Presse, ce vendredi, la FFQ plaide, par la bouche de sa présidente, et porte-parole pour la Marche mondiale des femmes (MMF), Alexa Conradi, que “La partie où on s’excuse, c’est d’avoir blessé des femmes par notre propos sur la chair à canon. Le reste, c’est une réflexion légitime dans un débat public qui est difficile à faire, mais qui mérite d’être fait parce qu’il y a des enjeux majeurs.”  Évidemment, pour la FFQ, il y a des enjeux majeurs dans tout, et n’importe quoi.  Mais il y a une chose que madame Conradi devra essayer de comprendre; si l’armée veut recruter des jeunes, en leur offrant une solide carrière, et en leur payant les études pour ce faire, ce n’est pas dans les CHSLD, qu’elle va recruter, mais bien dans les écoles secondaires, là où se trouvent les jeunes qui font leur choix de carrière.  Autre chose, que madame Conradi devra essayer de comprendre, c’est que les FAC ne forcent personne à joindre ses rangs; les jeunes qui s’y joignent s’y engagent de leur propre chef, et sont bien avisés que l’armée, ce n’est pas une colonie de vacances!  Même que plusieurs jeunes y trouvent la discipline qui leur a manqué, pendant leurs années de jeunesse, parce que leurs parents ne leur a jamais inculqué.

Que la FFQ, et que Alexa Conradi, trouvent déplorable que les FAC recrutent dans les écoles secondaires, c’est leur droit le plus strict.  Qu’elles utilisent YouTube, et le web, pour diffuser des messages, je suis d’accord aussi.  Mais si leur message est controversé au point que ce soient des femmes qui leur disent « Femme… ta gueule! », c’est peut-être parce que leur message n’est pas représentatif de ce que pense l’ensemble des femmes.  Ce qui prouve que la FFQ n’est rien d’autre qu’un groupe de pression, comme les autres, et qu’en tant que groupe de pression, il ne peut pas que se contenter de recevoir de généreuses subventions; il devra assumer les conséquences de son message.

PRÉCISION – 11 octobre 2010, 11h20.

Je ne changerai pas le texte original, mais j’ai pu lire que le recrutement des FAC ne se fait pas dans les écoles secondaires comme tel, mais bien dans des « foires aux carrières », destinées aux jeunes qui sont rendus à l’étape de choisir ce qu’ils feront de leur vie.  Je tenais à le préciser.

Affaire Marc Bellemare: Ça lui prend quoi, au juste, la Cour internationale de La Haye?

Autre rebondissement, dans l’affaire Marc Bellemare; Le Devoir de ce samedi rapporte que l’avocat de Québec “craint avoir affaire à une clique”, et relate, en entrevue au journaliste Antoine Robitaille, une série de liens entre les personnes impliquées dans la commission Bastarache, y compris le commissaire lui-même, et le parti libéral de Jean Charest.

On ne peut nier que des avocats, et d’autres professionnels, puissent avoir des liens avec les libéraux, ou encore aient donné au parti.  Mais de là à parler d’une clique, il y a un pas que je suis vraiment pas prêt à franchir.  Des gens peuvent agir de façon impartiale, et ce même s’ils ont contribué financièrement à un parti politique; s’il fallait virer tous les juges qui ont déjà donné à un parti politique, au cours de leur vie, la magistrature serait réduite à peau de chagrin!  Évidemment, pour un parti comme Québec solidaire, il est plus difficile d’obtenir un gros financement populaire quand son membership est principalement composé d’assistés sociaux, de réactionnaires, et autres casseurs (le docteur Amir Khadir étant d’ailleurs lui-même un excellent “frondeur de godasses”).  N’allez pas croire que le parti québécois ne reçoit pas un sou de la part de professionnels, dont des juges et des avocats.

Tout cela pour dire que Marc Bellemare, encore une fois, fait la fine gueule devant une autre tribune, celle-là mise en place spécialement pour qu’il puisse s’exprimer, et enfin lâcher le morceau; après le DGEQ, voilà que la commission Bastarache serait “paquetée”, elle aussi, selon lui.  Que faudra-t-il donc à cet avocat, qui se plaît à faire la une des journaux, et à voir sa face dans la télé, pour qu’il puisse enfin raconter toutes les atrocités qu’il dit connaître, et/ou avoir été témoin, la Cour internationale de La Haye?  À moins qu’il ne juge que celle-ci soit également infestée d’individus proches du gouvernement Charest.  Ou du parti libéral.

Plus cette histoire avance, plus j’ai l’impression que la montagne ne va accoucher que d’une souris.  Plus toute cette affaire ne ressemble, finalement, qu’à une grosse vengeance de Marc Bellemare, envers un premier ministre qui ne lui a pas laissé carte blanche, dans l’accomplissement de son agenda personnel, à l’époque où l’avocat était ministre de la Justice.  Il s’agira donc, encore une fois, de millions de dollars de fonds publics, qui seront gaspillés pour une histoire d’effets de manches.  Mais au Québec, de tels gaspillages sont Business as usual.

MISE À JOUR – 8 juin 2010, 15h20

À la fin de la période d’inscription des personnes, ou des organismes, désirant obtenir le statut d’intervenant ou de participant, à la commission Bastarache, soit ce lundi 7 juin, à 17h00, Marc Bellemare ne s’était toujours pas inscrit.

Attribution de postes, en enseignement: Qu’est-ce que je vous disais…

Depuis que je tiens ce blogue, il m’est arrivé à quelques reprises de vous parler du bordel – et le mot est faible! – de l’attribution des postes, dans le domaine de l’enseignement primaire et secondaire, et que ce bordel y est pour beaucoup, à mes yeux, dans la problématique du décrochage scolaire.  D’aucuns me répondaient que je ne voyais que le côté sombre de la question, et que des cas d’espèces, du genre de ce que je décrivais, n’existent pas, dans la vraie vie.  Juste pour vous contrarier, messieurs dames (ils et elles se reconnaîtront), en voici un.

Sébastien Ménard nous rapporte, dans le Journal de Montréal de ce matin, ainsi que sur le site web Canoë, la situation d’une classe de maternelle de l’école Philippe-Labarre, dans le quartier Tétreaultville, dans l’est de Montréal.  En 7 mois de classes, les élèves ont vu défiler pas moins de 6 enseignantes.  Il s’agit d’enfants de 5 et 6 ans, qui en sont à leur premier contact avec l’école.  Et à lire les opinions exprimées par les parents de ces enfants, dans cet article complémentaire de Ménard, les enfants ont déjà décroché!  Ils ne veulent plus retourner à l’école.  Franchement, pour eux, ça commence vraiment mal.

Et les raisons, pour expliquer qu’il y ait autant de profs qui passent dans cette classe, ne sont pas incontournables.  Aucun prof n’a subi d’accident, n’a eu de problèmes de santé, ou d’autres contretemps qui l’empêchait de planifier l’emploi du temps de cette classe.  Non, ils n’ont que pris des dispositions que l’on retrouve dans leur convention collective.  Je vais reproduire ici la liste qui figure dans l’un des deux articles de Sébastien Ménard, pour mieux la commenter.  Le texte en brun, et en italique, est de Sébastien Ménard.

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Le jeu de chaises musicales*

Voici à quoi ressemble l’année scolaire dans cette classe de maternelle. Toutes les dates sont approximatives.

(*Les dates sont basées sur les informations fournies par la CSDM, sur les témoignages de parents et sur le calendrier scolaire.)

– Prof 1.  Du 24 août au 4 septembre

Remplace la prof enceinte à qui le groupe avait été confié, pendant que le poste est soumis à un «affichage.» Je veux bien croire qu’une prof a le droit d’être enceinte, mais il me semble qu’elle n’a sûrement pas dû l’apprendre la veille de la rentrée, et que son poste aurait pu être attribué à une autre prof de façon permanente.  Je veux dire, les affichages de poste, ça ne peut pas se faire par internet, pendant les vacances d’été?

– Prof 2.  Du 8 septembre au 8 octobre

Obtient le poste. Doit quitter en raison d’un retrait préventif. Celle-là, par contre, c’est le comble!  Elle ne viendra pas me faire croire qu’elle ne savait pas qu’elle était enceinte, lorsqu’elle a signé sur cet affichage!  Come on!  Un mois, t’sé!

– Prof 3.  Du 9 octobre au 30 octobre

Remplace la deuxième enseignante, pendant que le poste est soumis à un second «affichage». La chaise musicale se poursuit.  Comment expliquer à des enfants qui viennent de passer de la garderie à l’école que l’on peut régler les choses de façon simple, quand une telle farce se déroule sous leurs yeux?

– Prof 4.  Du 2 novembre au 26 février

Remplace l’enseignante qui avait obtenu le poste au terme du second affichage. Celle-ci ne pouvait pas l’occuper tout de suite, étant à la maison en congé de maternité. Bien sûr, on peut signer sur un poste pendant qu’on est à la maison, en congé de maternité, mais curieusement, pas pendant les vacances.  Cette prof, qui ne pouvait pas commencer dès maintenant, elle n’avait pas déjà un poste, avant de quitter, pour sa grossesse, poste qu’elle pourrait réintégrer?  Mais non, ça ne se passe pas comme ça, dans le domaine de l’enseignement primaire et secondaire; tous les postes passent par “l’encan à bétail” du mois d’avril.

– Prof 5.  Du 8 au 10 mars

L’enseignante qui avait obtenu le poste en novembre entre en fonction, mais quitte après trois jours. Ben disons qu’elle a sûrement eu droit à tout un comité d’accueil, compte tenu des circonstances.  Je veux dire, quand on ne peut pas prendre un poste maintenant, on ne signe pas dessus!  C’est pas un job de videur de poubelles, que je sache!

– Prof 6.  Depuis le 15 mars

La CSDM fait appel à une 6e enseignante. Un technicien en éducation spécialisée est appelé en renfort dans la classe. Certains demanderont pourquoi mettre un TES dans la classe, en permanence, avec la nouvelle prof.  C’est simple; c’est parce que les enfants ont besoin d’une personne “stable”, qui sera encore là, le jour où une autre prof viendra combler le poste, probablement après un éventuel troisième affichage, qui ne saurait tarder.  Parce qu’il faut comprendre que pour obtenir le poste, l’enseignante devra signer sur un nouvel affichage.  Et qu’il est tout probable que la prof 6 risque de se faire damer le pion par une autre, qui a plus d’ancienneté qu’elle.

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Ça, c’est la connerie qui se produit quand un poste devient vacant, et qu’il faut le combler par le biais de l’ancienneté.  Pour un job dans une “shop de guenilles”, ou dans un abattoir de poulets, pas de problèmes, mais il me semble que pour des besoins spécifiques, comme les élèves de la maternelle, il y aurait lieu de combler les postes d’une manière à donner une stabilité, au sein de la classe.  Un changement de prof, dans une classe de secondaire, pour l’avoir moi-même vécu (il a trépassé suite à une crise cardiaque, le pauvre!), apporte souvent des répercussions négatives, au niveau de la réussite des élèves, alors imaginez six profs, qui passent dans la même classe, au niveau de la maternelle (clientèle qui requiert énormément de stabilité), et ce en sept mois!

Là-dessus, je n’ai qu’un mot à dire: SO-SO-SO-SOLIDARITÉ!

Les enfants peuvent bien aller chier, les droits des profs sont préservés!  Merci à nos grands syndicaleux, vous faites les choses en grand!  À travers tout cela, je demeure foncièrement convaincu qu’aucune de ces six profs n’accepterait une telle situation pour son propre enfant.  Depuis que j’entends la publicité du syndicat des profs, à CHOM (forcément, en anglais), qui dit “Mister Charest, are you listening?” (publicité qui doit sûrement exister aussi en français), je rêve d’avoir les moyens financiers nécessaires pour acheter du temps d’antenne, et répliquer aux syndicaleux, dans les mêmes termes qu’eux-mêmes utilisent pour passer leur message.  Y a-t-il un volontaire, dans la salle?

Santé: Combien faudra-t-il de preuves supplémentaires?

Ce matin, je recherchais des articles sur le décès de Jean-Guy Pitre, ce policier à la retraite, qui était en attente d’une chirurgie cardiaque, et qui est décédé sur la liste d’attente, comme tant d’autres québécois qui subissent le même sort à chaque année.  L’affaire a été rapportée, entre autres, par l’agence QMI, et publiée dans les pages du Journal de Québec.  Mon but était d’écrire un billet sur le sujet, évidemment.  Mais je n’aurai pratiquement pas besoin de le faire, puisque Stéphane Gendron l’a fait, par l’entremise de sa chronique hebdomadaire, publiée dans le Journal de Montréal, et reprise par le site web Canoë.

Gendron s’en prend particulièrement à la réaction du péquiste Bernard Drainville, qu’il qualifie de “déclaration grandiloquente d’un député d’arrière-ban qui a encore des croûtes à manger”.  Remarquez que premièrement, à part ceux qui ont un poste précis, comme le chef ou le leader parlementaire, tous les députés d’opposition sont d’arrière-ban.  Deuxièmement, avec ce que l’on connaît du maire de Huntingdon, avouons qu’il doit sûrement lui-même s’y connaître en déclarations grandiloquentes.  Aussi, contrairement à Stéphane Gendron, je ne m’attarderai pas davantage sur les déclarations du député péquiste, mais sur le problème en tant que tel, à savoir que des patients québécois, et ce en plus grand nombre que ce qu’on nous laisse croire, connaissent le même sort que Jean-Guy Pitre, et meurent sur des listes d’attente.

Jusqu’à un certain point, le ministre en poste – Yves Bolduc – a une certaine part de responsabilité, à mes yeux.  Il devient alors facile de faire comme Bernard Drainville, justement, et se contenter de demander sa démission.  Mais le problème ne se limite pas à la seule tête du ministre; la démission de Bolduc, ni même celle du gouvernement en entier, d’ailleurs, ne ramènera pas Jean-Guy Pitre, et les autres, à la vie.  Parce que l’important, ici, c’est que monsieur Pitre n’est pas le seul à qui c’est arrivé; le gouvernement ne se targuera pas de statistiques à ce sujet, mais des dizaines de patients meurent de complications directes ou indirectes, en attente d’une chirurgie, ou de soins appropriés.  Le problème, c’est qu’il faut faire le ménage, en santé comme ailleurs, dans l’appareil gouvernemental.  Et même si le ministre Bolduc avait une stratégie gagnante, pour y arriver, si le conseil des ministres ne donne pas son aval, il ne se passera rien.

La principale stratégie, à mon avis, et ce autant en santé que dans les autres ministères, passe par le dégraissage de l’appareil gouvernemental.  Mettre moins de budget dans le “poussage de crayons”, et davantage sur le plancher, à savoir dans les salles d’op, dans les urgences, dans le suivi à domicile, bref, partout dans le domaine de la santé.  En fait, le gouvernement devrait se rendre compte qu’il ne possède pas l’expertise, en santé, et qu’il devrait laisser la place à de véritables professionnels, pour se contenter de payer la facture.  J’ai déjà expliqué ce processus sur le Blogue, et je vais le faire à nouveau, encore une fois avec l’exemple de l’assurance-auto.

Imaginez que vous avez une voiture, et qu’elle est assurée.  Un jour, vous avez un accident; que faites-vous?  Vous appelez votre assureur, qui prend le cas en mains; il envoie un estimateur, qui évalue les dommages, puis une fois l’estimation complétée, vous permet de faire effectuer les réparations chez un carrossier de votre choix, du moment que la facture ne dépasse pas celle de l’estimation.  Encore là, il demeure possible d’ajuster la facture totale, si le carrossier découvre des dommages qui n’ont pas été compilés par l’estimateur.  Or, les carrossiers n’appartiennent pas aux compagnies d’assurances; ce sont des entreprises indépendantes, quoique parfois regroupées en bannières, et sont en concurrence, les unes contre les autres.  Est-ce que les réparations d’automobiles accidentées sont toutes merdiques?  Non.  Évidemment, certains carrossiers sont meilleurs que d’autres, c’est vrai.  Mais il est toujours possible d’une part de s’informer auprès de proches, qui ont subi le même sort, afin de comparer le travail des uns et des autres, et d’autre part, de poursuivre un carrossier qui aurait bâclé son travail.

Pourquoi ne ferait-on pas de même avec la santé?  Imaginez que vous n’allez pas; que faites-vous?  Comme vous êtes assuré, vous vous rendez à votre clinique, qui prend votre cas en mains; on procède à un examen complet, et selon ce qu’on découvre, on vous permet de recevoir les soins appropriés, dans un hôpital de votre choix.  Et si l’on découvre autre chose en cours de processus, à la lumière d’autres examens, on pourrait ajuster les traitements en conséquence.  Bref, un traitement et un suivi personnalisé de votre cas.  Alors dites-moi,  pourquoi les cliniques d’urgence et les hôpitaux devraient-ils obligatoirement appartenir au gouvernement?  Toutes ces installations pourraient être indépendantes, en concurrence les unes contre les autres, afin de fournir les meilleurs traitements, au meilleur coût possible.  La médecine étant soumise à un code de déontologie, et à des examens de compétences de ses membres, beaucoup plus sévères que le domaine de la carrosserie, les poursuites seraient réduites à un minimum, et les erreurs beaucoup moins nombreuses que dans le système public actuel, où on les balaie sous le tapis, afin de garder la confiance du public, qui n’a pas les moyens de se payer la concurrence, contrairement à Dany Williams, premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, comme le rapporte ici Radio-Canada.  Et imaginez maintenant que tout ce beau monde accepterait la carte-soleil!  Ce serait le meilleur des deux mondes; des soins professionnels, fournis par les meilleurs de la profession, et le gouvernement continue de payer!  On pourrait même mettre l’assurance gouvernementale en concurrence avec les assureurs privés!  Pourquoi pas?

En somme, qu’est-ce que le gouvernement attend pour permettre la concurrence, dans le domaine de la santé?