Nouveau vote de confiance à Ottawa: Business as usual…

La Presse canadienne nous rapporte, sous la plume de Karine Fortin, que le gouvernement minoritaire de Stephen Harper devra faire face à un énième vote de confiance, la semaine prochaine.  La motion, déposée aujourd’hui par le député néodémocrate Tony Martin, représentant de la circonscription de Sault Ste-Marie (Ontario), reproche aux conservateurs leur « programme économique déséquilibré », qui aurait rendu les travailleurs plus vulnérables, et contribué à creuser davantage l’écart entre les riches et les pauvres.  L’article dit également que le bloc québécois devrait appuyer la motion du NPD, laissant aux libéraux de Stéphane Dion la responsabilité de défaire – ou de soutenir – le gouvernement conservateur.

Ceci veut donc dire, à mes yeux, que lundi prochain, le 12 mai, sera une journée comme tant d’autres, à Ottawa.  Le vote aura bien lieu ce jour-là, mais il est à peu près impossible que les députés libéraux fassent tomber le gouvernement.  Le parti est « cassé », sa popularité est encore basse, et des membres du parti affirment même, en coulisses, que l’idée d’un scrutin au printemps a été définitivement écartée.  Il semble que les libéraux préfèrent regarnir leurs coffres et se rapprocher des canadiens pendant l’été, afin de se lancer en campagne électorale à l’automne.  Espérons pour eux que Stéphane Dion parviendra à faire monter quelque peu sa propre cote de popularité, car sinon, les prochains mois de préparation de la machine libérale ne leur seront d’aucune utilité, puisqu’ils perdront la face à nouveau devant des conservateurs, qui pour l’instant, gardent suffisamment d’appuis malgré tous les « scandales » dont on les accuse.

En résumé, ce sera « business as usual » à Ottawa, lundi prochain.

Réforme du processus électoral: Pourquoi chaque citoyen n’aurait-il pas son propre député, tant qu’à y être?

Un article du Journal de Montréal, signé Jean-Michel Nahas, m’a bien fait sourire, ce matin.  Sous le titre « Réforme du processus électoral: Une nouvelle case à cocher?« , le journaliste rapporte que les représentants de trois organismes de militants pour la démocratie (dont, curieusement, seulement deux sont nommés dans le texte) ont mis plus d’une heure et demie à tenter de clarifier les bases de leur réforme aux représentants des médias.  Imaginez à la population, maintenant!  Leur concept proposerait un double vote, dont « Le premier vote va à la personne de votre choix et le second au parti de votre choix« , selon Louise Paquet, du Collectif féminisme et démocratie.  Le permier vote irait directement au candidat, dans chacune des 77 circonscriptions que compterait leur version de la carte électorale, alors que le deuxième vote serait comptabilisé à travers le Québec, pour élire 50 autres députés, par le biais d’une répartition.  Tant qu’à y être, pourquoi les québécois ne devraient-ils pas avoir chacun son propre député?  Connerie pour connerie, vous savez,…

Le but avoué de ces groupes de pression est, bien entendu, de faire élire des représentants dont personne ne veut, sauf eux.  Ils n’ont pas compris que leur solution ne fera rien d’autre que de diminuer encore le taux de participation aux élections.  Déjà que la formule actuelle, archi-simple, laisse plus de 30% des citoyens inscrits sur la liste électorale totalement indifférents, au point de ne pas sortir de chez eux pour aller voter, imaginez maintenant un système où vous pouvez voter pour deux formation différentes.  Ce serait à coup sûr la fin des gouvernements majoritaires au Québec.  De plus, dans leur stratégie, ils oublient que les supporteurs des « vieux partis » voteront aussi deux fois, ce qui ne changera pas grand chose aux résultats, en bout de ligne, sauf en ce qui a trait au budget du Directeur général des élections du Québec (DGEQ), qui lui, risque de grimper en flèche, compte tenu du doublement du processus.  Ceux qui ont déjà travaillé dans un bureau électoral (dont votre humble serviteur) en savent quelque chose; le personnel électoral est, en très grande majorité, des gens qui font cela pour passer le temps.  Il y en a toujours quelques-uns qui sont « pas vites sur la switch ».  Imaginez les soirées interminables de double-comptage des bulletins de vote.

Pourtant, le parti québécois, qui est arrivé à la fin des années 1960, a réussi à prendre le pouvoir en 1976, avec le système actuel.  L’action démocratique est passée bien près de former le gouvernement, lors de la dernière élection générale, et ce moins de 25 ans après sa fondation.  À mes yeux, le problème ne se situe pas dans le système de scrutin, mais plutôt dans le sérieux des programmes des tiers-partis.  Québec suicidaire,… euhhh, je veux dire Québec solidaire, et le parti vert, n’ont qu’à se donner un programme complet, suffisamment sérieux, et les gens leur feront confiance.  Si c’est ce qu’ils désirent, bien entendu.  Ce n’est pas en transformant le bulletin de vote en rapport d’impôt que les électeurs seront davantage tentés d’aller voter, mais en leur donnant un sentiment d’appartenance envers la chose politique, le sentiment qu’ils peuvent changer quelque chose.

Bref, c’est en simplifiant les choses, pas en les compliquant, que les électeurs se sentiront davantage impliqués.

Dora Cadman: Elle veut quoi, au juste?

La Presse canadienne publie un article (un autre!) sur ce qui est désormais convenu d’appeler « l’affaire Chuck Cadman ».  Cette fois, c’est le ministre de la défense, Peter MacKay, qui prétend ne rien savoir de toute cette affaire.  Celui-ci était leader du caucus conservateur au moment des événements.

Et les voici, ces événements.

En mai 2005, les libéraux de Paul Martin étaient au pouvoir, et faisaient face à un vote de confiance dont les résultats promettaient d’être chauds.  Tellement chauds, en fait, que le seul vote de Chuck Cadman, ancien député conservateur, devenu indépendant au printemps de 2004, allait trancher, le reste des députés étant divisés 50/50.  On comptait précieusement sur la présence – et le vote – de Cadman, présence pour le moins incertaine, puisque celui-ci était atteint d’un cancer à un stade très avancé.  Il est d’ailleurs décédé deux mois après le vote.

Voici maintenant les allégations.

Le journaliste Tom Zytaruk a écrit un livre, qui paraîtra le 15 mars, intitulé Like A Rock: The Chuck Cadman Story, dans lequel il prétend que Cadman, deux jours avant le vote, aurait reçu la visite de deux émissaires conservateurs qui lui auraient proposé, en retour d’un vote aux côtés des conservateurs, une police d’assurance-vie d’une valeur d’un million de dollars.  La femme de Cadman, Dora, en plus de dire que c’est bien vrai, en ajoute en disant qu’il était furieux, qu’il avait considéré l’offre comme étant un pot-de-vin.  La fille de Cadman, qui habite Vancouver, corrobore les allégations de sa mère.

Du côté du parti conservateur, le premier ministre Stephen Harper prétend qu’il s’agit d’allégations « fausses et irresponsables ».  Les deux émissaires, pour leur part, disent qu’ils ont proposé à Cadman de réintégrer le caucus conservateur.  Et dans l’article dont je mets le lien au début de ce billet, c’est au tour du ministre Peter MacKay de déclarer qu’il est au courant de rien.  L’auteur du livre à paraître, quant à lui, dit avoir en sa possession des enregistrements, dont un de Stephen Harper, dans lequel il dit qu’il y a bien eu offre financière, et un autre, dans lequel Chuck Cadman lui-même dit que des offres de ce genre sont possibles, et même tout à fait normales en situation de gouvernement minoritaire.

Ce qui m’intrigue, là-dedans, c’est que Dora Cadman a été nommée candidate dans la circonscription de son défunt mari.  Et devinez pour quel parti.  Eh oui, pour les conservateurs!  Et avec toute cette affaire, elle cherche quoi, au juste?  Un rendez-vous galant avec Peter MacKay?  Je peux comprendre que l’auteur du livre voit dans toute cette affaire de la pub gratuite pour son bouquin, mais elle?  En tenant des affirmations de ce genre, et en mettant son propre chef dans l’eau bouillante, elle ne se fera sûrement pas des amis au sein du caucus conservateur.  En fait, elle est en train de s’attribuer elle-même, en cas de victoire, une place de back-bencher que personne ne voudra lui enlever.  Elle ramassera le nombre suffisant de mois pour obtenir une pension à vie, et se retirera dans ses terres.

En ce qui me concerne, tout cela n’est qu’un jeu de pouvoir.  Dora Cadman a probablement promis à Zytaruk de collaborer à la promotion de son livre, mais n’a pas pensé plus loin que le bout de son nez, puisqu’elle met ainsi le chef de sa propre formation dans la merde.  Pendant ce temps, le chef libéral, Stéphane Dion, déchire sa chemise en jouant les vierges offensées, mais il semble oublier que sa propre formation est tout, sauf propre.  Sur quoi je me base, pour dire cela?  Sur un seul mot: commandites.  Je crois que c’est suffisant.  Et au bout du compte, le principal intéressé ne pourra jamais témoigner de rien, parce qu’il est mort le 9 juillet 2005.

Voilà mon analyse simple et rapide d’un autre épisode d’effets de manches à la Chambre des communes.

Élections fédérales: Ne jurons de rien!

Un article de la Presse canadienne, publié ce dimanche, titre « Quand le gouvernement conservateur tombera-t-il?« .  On y fait état de tous les dossiers où les conservateurs ont attisé des réactions vives de l’opposition, que ce soit la cessation du transfert de détenus en Afghanistan, le congédiement de la présidente de la Commission canadienne sur la sécurité nucléaire, Linda Keen, ou encore la situation économique qui subit un ralentissement.  Tous ces dossiers, et probablement bien d’autres, seront débattus à compter de demain, dans le cadre de la reprise de la session parlementaire.  Ceci dit sans compter le budget, qui devrait être déposé d’ici environ un mois.

Je suis de ceux qui croient qu’il ne faut pas partir en peur avec le retour des députés à la Chambre des communes, et qu’il n’est pas garanti que le gouvernement conservateur va tomber ce printemps.  Souvenez-vous du mini-budget de l’automne dernier.  Souvenez-vous aussi du dernier discours du Trône.  Deux occasions en or où l’opposition aurait pu faire tomber le gouvernement.  Deux opportunités offertes sur un plateau d’argent par les conservateurs eux-mêmes aux partis d’opposition pour sortir en élections générales.  Deux occasions lors desquelles les médias étaient convaincus – ainsi que moi-même – que les citoyens canadiens seraient appelés aux urnes.  Mais le temps nous a montré que les libéraux de Stéphane Dion se sont assis sur leurs mains à ces deux occasions, prétextant entre autres que les canadiens ne voulaient pas d’une troisième élection en 4 ans.  Pourquoi une élection serait-elle maintenant justifiable à peine 3 ou 4 mois plus tard?  Les libéraux risqueraient de payer cette valse-hésitation par une autre cuisante défaite.  Après tout, il s’agit qu’un seul des partis d’opposition appuie le gouvernement conservateur pour assurer sa survie.

De toute façon, même si le NPD et le bloc québécois se disent prêts à se lancer dans une campagne électorale, les libéraux sont, quant à eux, loins d’être aussi prêts.  Le chef Stéphane Dion donne toujours l’impression d’avoir volé la victoire à un autre candidat à la chefferie, et ses appuis sont mitigés, quoiqu’en disent les porte-parole officiels du parti.  D’autant plus que les libéraux n’ont sûrement pas l’ambition de perdre d’autres Outremont aux mains de tiers partis.  Bref, Stéphane Dion n’est pas l’homme de la situation, selon beaucoup de canadiens.  Aussi, des élections générales à ce moment-ci risqueraient de ne changer que quelques députés de place, ou de remplacer des démissionnaires par un peu de sang neuf, mais en termes de position des partis, cela reviendrait à changer quatre « trente-sous » pour un dollar.

Aussi, je ne suis vraiment pas convaincu que nous sortirons en élections fédérales ce printemps.

Réforme du mode de scrutin: Le ministre semble dire non

Une dépêche de la Presse canadienne indique que le ministre responsable de la réforme des institutions démocratiques, Benoît Pelletier, semble dire que les conditions ne sont pas réunies pour un passage à un mode de scrutin proportionnel, et ce suite à l’échec de telles tentatives de réformes en Ontario et en Colombie-Britannique.

Évidemment, une telle décision risque de mettre Françoise David et Amir Khadir en beau maudit.  Parce que vous l’aurez deviné, les principaux partisans du mode de scrutin proportionnel sont les tiers partis, comme Québec suicidaire… euhhh, Québec solidaire, qui aimerait bien avoir des députés à l’Assemblée nationale, mais qui ne sont pas prêts à faire les efforts, et surtout d’avoir la patience qu’a eu Mario Dumont, avec son Action démocratique.  Il a dû patienter plus de vingt ans avant d’obtenir une députation digne de ce nom, à tout le moins en nombre, parce que la dernière année nous a démontré qu’en termes d’expérience, rien n’est encore gagné.

Si les dirigeants de tiers partis semble enthousiastes devant un mode de scrutin proportionnel, cela ne semble pas être le cas de la population en général.  Les exemples de la Colombie-Britannique et de l’Ontario montrent que la population n’est pas nécessairement en faveur du changement du mode de scrutin.  En Colombie-Britannique, lors du référendum du 17 mai 2005, qui concordait avec les élections générales, là-bas, il fallait atteindre deux objectifs à hauteur de 60%, soit le nombre de votes total en faveur du changement, ainsi que le nombre de circonscriptions qui voterait « oui » au changement à 50% plus un, soit 48 circonscriptions sur un total de 79.  Si les résultats ont démontré que le « oui » l’a emporté dans 77 circonscriptions sur 79, le nombre de votes total n’a atteint que 57,69%.  L’objectif a été raté de peu, mais n’a tout de même pas été atteint.  En Ontario, l’histoire a été bien différente.  Le référendum a eu lieu, comme en Colombie-Britannique, en même temps que les élections générales, soit le 10 octobre 2007, donc il y a à peine 3 mois.  Là-bas, pas de chichis; une question, et le résultat est à 50% plus un.  Et le résultat a été douloureux pour les partisans de la proportionnelle mixte.  L’Ontario a voté pour conserver le mode actuel dans une proportion de 63,1%!  Ainsi donc, la population ne veut pas vraiment de changement dans le système électoral actuel.  Déjà qu’au Québec, nous sommes maintenant aux prises avec deux gouvernements minoritaires, une telle réforme électorale nous obligerait à composer avec des gouvernements minoritaires ad nauseam.

En plus, la prochaine réforme de la carte électorale risque de faire des mécontents dans plusieurs régions du Québec, comme en Gaspésie, en Abitibi et au Saguenay–Lac-Saint-Jean, où le nombre de circonscriptions risque de diminuer.  Car voyez-vous, le Québec a décidé, il y a de cela plusieurs années, que le nombre de députés serait fixé à 125, et que la représentation proportionnelle se ferait en modifiant la carte électorale, afin de diviser la province en 125 circonscriptions à peu près égales, quant à leur nombre d’électeurs.  Par exemple, l’actuelle circonscription de Masson, au nord du grand Montréal, qui comprend une partie des villes de Repentigny et de Terrebonne, ainsi que les villes de Charlemagne et de Mascouche, compte 58,459 électeurs, alors que la circonscription de Matane, dans le Bas-du-fleuve, n’a que 27,919 électeurs.  Il existe aussi des circonscriptions qui sont là pour le simple fait de faire plaisir aux gens de la place.  Prenez la circonscription des Îles-de-la-Madeleine, qui ne comprend que 10,586 électeurs, qui existe parce que les madelinots veuleut avoir leur propre député.  Ou encore la cicronscription de D’Arcy-McGee, à l’ouest de l’autoroute Décarie, qui non-officiellement, mais dans les faits, permet aux Juifs montréalais d’avoir un député juif.

Donc, que ce soit pour le rejet de la proportionnelle mixte, ou encore pour la perte de circonscriptions, il risque d’y avoir beaucoup de mécontents envers le ministre Pelletier.