Plusieurs écologistes se sont extasiés devant l’initiative de la ville de Montréal, avec son projet Bixi. En effet, Stationnement Montréal, une agence de la ville, offre désormais un service de location de vélos libre-service, disponibles à l’heure, et ce dans plusieurs secteurs de la ville. Les débuts du service furent marqués de quelques irritants; certains ont vu leur carte de crédit facturée de plusieurs centaines de dollars, suite à une promenade de moins de 15 minutes, supposée être gratuite, alors que d’autres se sont plaints que les vélos Bixi ne dureront pas longtemps, à cause de problèmes de conception, qui met leur solidité en doute. Mais depuis, les choses se sont tassées, et les problèmes sont plutôt rares.
Mais il y a un problème qui persiste. Celui d’une agence publique qui s’immisce dans un domaine normalement privé, à savoir la location de vélos.
Si aucun service de location de vélos n’existait, ou si aucun commerce n’offrait ce service, il n’y aurait aucun problème à ce que la ville offre un service autrement inexistant. Mais il y a des loueurs de vélos, que ce soit au centre-ville, dans le Vieux-port, sur le Plateau, dans le Village, ou ailleurs, et plusieurs d’entre-eux ne la trouvent pas drôle, comme le rapporte cet article signé Julie Charette, de l’agence QMI, et repris par le site Canoë. Deux commerçants, rencontrés par la journaliste, font état de baisses de revenus, causées par la mauvaise température, évidemment, mais aussi par les Bixi. Le manque à gagner, pour les loueurs de vélos, pourrait se situer entre 15 et 20%. Et c’est là que je vois un problème.
Les gouvernements, municipal dans le présent cas, viennent s’introduire dans un marché normalement comblé par les commerçants, à un point tel que je reprocherais à la ville de faire de la concurrence déloyale. Après tout, et ce même si certaines entreprises privées, comme Rio Tinto Alcan, entre autres, ont aussi investi dans le projet Bixi, il n’en demeure pas moins que le projet a été monté avec l’argent des contribuables, ce dont les loueurs de vélos déjà établis n’ont pas pu profiter. De plus, la ville se tire dans le pied, dans un certain sens, puisque si les commerces de location de vélos ferment leurs portes, la ville se verra ainsi privée de revenus de taxes. Finalement, et c’est la partie de la question qui m’irrite le plus, la ville tient une politique de « deux poids, deux mesures », puisque si les loueurs de vélos n’ont d’autre choix que de voir la ville s’immiscer dans leurs affaires, et leurs clients habituels s’agglutiner autour des stations Bixi, elle interdit toujours à quiconque de transporter les gens à bord d’autobus, parce que celle-ci détient le monopole du transport en commun. Il me semble que si la ville ne veut pas que l’on « joue dans ses tales », elle devrait faire de même envers les commerçants déjà établis, et ne pas leur faire une concurrence déloyale.
C’est ce que je reproche aux gouvernements; ils s’introduisent dans des domaines normalement privés, officiellement dans le but d’offrir un service qui n’existe pas, ce qui n’est manifestement pas vrai, mais elle empêche à qui que ce soit de lui faire concurrence dans beaucoup d’autres domaines. Et c’est ainsi que l’argent des contribuables est dépensé; pendant que les automobilistes louvoient entre les nid-de-poule, la ville loue des vélos. C’est de cette façon que les gouvernements s’immiscent dans la vie des gens, avec l’assentiment de ceux-ci. Le problème, c’est que tôt ou tard, la ville aura le nez partout, comme c’est le cas des gouvernements supérieurs en général, et du gouvernement québécois en particulier, et que cela finira par paraître sur le compte de taxes.
Je vous aurai prévenus.