Que se passe-t-il avec Virginie Roy?

Je dois vous faire un aveu.  Je suis inquiet.

J’étais sur le site de Canoë, ce matin, et sous le thème « Environnement », je vois les noms de Hubert Reeves, de Daniel Green, et de Virginie Roy, comme à l’accoutumée.  Me sentant un peu vindicatif, voire même un peu « méchant », je décide d’aller voir la liste des articles de madame Roy, question de voir si j’aurai de quoi me mettre sous la dent.  Mais ma surprise fut de taille; le dernier texte de Virginie Roy date… du 11 mars!  Presque un mois, qu’elle n’a rien écrit!  De deux choses l’une; soit qu’elle est sur un grand reportage qui mettra sa carrière en évidence, soit – autre extrême – qu’elle fut victime d’une mise à pied de l’agence QMI, nouveau bébé de l’empire Péladeau.

J’ai beau la critiquer, je souhaite quand même que madame Roy voit sa carrière l’amener vers le haut, et non pas vers le bas.

En attendant, je vais tenter de commenter sa dernière intervention, « Montréal, une ville en lambeaux« .  Dans cet article, madame Roy fait encore une incursion en politique, et n’utilise l’environnement que pour contester une décision du maire de Montréal, Gérald Tremblay.

Elle jette un coup d’oeil aux coupures de 155 millions$, imposées par le maire de Montréal, en mars dernier, coupures qui s’ajoutent, dit-elle, à un programme de coupes budgétaires de 300 M$, que la ville a amorcé en 2006, et qui entraînerait la perte d’environ 1000 emplois, d’ici la fin de l’année.  Je présume que Virginie Roy se sert de ce chiffre pour illustrer l’importance des coupures imposées par le maire Tremblay; dans les faits, les villes, à l’image des autres gouvernements, garantissent la « sécurité d’emploi » à leurs fonctionnaires.  Il serait donc très surprenant que des employés de la ville, et je pense particulièrement aux cols bleus, se fassent singulièrement « slacker ».

Madame Roy, en sous-titrant « Des choix discutables », approfondit ensuite les coupures elle-mêmes, et bien sûr, les 40 M$ d’efforts imposés à la STM.  Elle mentionne que « Les heures de pointe sont devenues carrément infernales et la STM avoue ne plus savoir comment contenir cette explosion inattendue« .  D’abord, il faudrait préciser que la seule chose inattendue, dans ce cas, est à savoir à quel moment cette explosion du nombre d’usagers allait survenir, puisque déjà, en 2008, les représentants de la STM, et ceux de l’Agence métropolitaine de transport (AMT) étaient bien présents, lorsque Québec a lancé sa Politique québécoise du transport collectif, qui visait une hausse de l’offre de service de 16%, pour tenter d’atteindre une augmentation de l’achalandage de 8%.  Cela porte à croire que ce n’était pas aussi inattendu que ce que Virginie Roy prétend.  Elle mentionne également le retrait de neuf projets, dans l’arrondissement Ville-Marie, ainsi que l’effort de 20 M$ demandé à l’ensemble des arrondissements, pour mieux souligner sa propre interrogation, à savoir si la crise économique actuelle n’a pas le dos un peu trop large.  En effet, madame, la crise a le dos large, mais le principal problème, c’est que les citoyens ont les poches vides.  Aussi, il devient de plus en plus insultant, pour eux, de voir les fonctionnaires de la ville se mettre à dix pour boucher quelques nids-de-poule, et utiliser trois camions de surnuméraires pour aller sarcler des fleurs, dans les parcs.

Elle se plaint ensuite du fait que Montréal s’offre une enveloppe de 2,4 M$ sur trois ans, pour faire la promotion de la ville comme centre international de créateurs de mode.  Elle dit:

« Le projet ne représente rien de mauvais en soi, mais quand la Ville annonce des compressions de plus de 150 M$ supplémentaires à un programme de coupes de 300 millions, quelle est la pertinence d’investir dans la mode en pleine crise économique?

Le secteur de la mode et du design revendique un coup de pouce depuis belle lurette, mais le contexte économique actuel aurait peut-être dû réveiller certains décideurs. Si la mode n’était pas une priorité d’investissement avant la crise, comment peut-elle le devenir maintenant? Toutes nos réserves s’épuisent et la mode semble être devenue l’incontournable point d’investissement de la saison. C’est à n’y rien comprendre…« 

Comme madame Roy ne semble rien comprendre à la situation, je vais tenter de lui fournir une explication, sur cette décision de la ville.

Partout, ces temps-ci, les gouvernements disent « investir » dans divers domaines, afin de relancer l’économie.  Alors le maire Tremblay a probablement voulu faire son effort, et comme Montréal est l’hôte de plusieurs écoles de création de mode reconnues, il est allé dans cette direction.  Un peu à l’image des gouvernements supérieurs, comme le fédéral, qui investit dans les filiales canadiennes de GM et de Chrysler, afin de sauver ces canards boiteux de la faillite.  Par contre, pour monsieur le maire, il est un peu trop tard, pour tenter de sauver les milliers d’emplois perdus dans l’industrie montréalaise du vêtement, puisque toutes les « shops de guénilles » de la rue Chabanel sont fermées depuis belle lurette, les entreprises préférant la main-d’oeuvre des Caraïbes, beaucoup moins onéreuse.  Gérald Tremblay tente donc de « sauver les meubles », et d’attirer des entrepreneurs, dans le domaine de la création de mode, en investissant, sur trois ans, une somme équivalente à… un et demi pour cent de l’ensemble des nouvelles coupures exigées, cette année seulement, à tous les niveaux de gestion de la ville.  Autrement dit, les 2,4 M$ que la ville entend investir dans ce domaine – souvenons-nous que c’est sur trois ans –  équivaut à ¼ de 1% du budget de la STM, qui se chiffre à 938,038,000 $, et ce pour l’année 2008 seulement.  Vraiment trop gourmande, la création de mode, n’est-ce pas, madame Roy?

Par contre, je suis d’accord avec Virginie Roy, sur un point; c’est vrai que Montréal est en lambeaux.  Toutefois, il ne faudrait pas que la ville ne songe à tout investir que sur la qualité de vie des citoyens – dont je suis – pour assurer un retour à la rentabilité, car ce faisant, Montréal risquerait de confirmer le rôle, souhaité par madame Roy, de « métropole du bien-être ».  S’il est vrai que ce terme sonne bien, il faut préciser que la ville deviendrait effectivement la métropole du bien-être, mais dans un sens bien particulier; celui de métropole du bien-être social.

Chirurgie bariatrique: La RAMQ préfère les transexuels, c’est « plus sexy »!

Dans une série d’articles, publiés jeudi, dans le Journal de Montréal, et signés Éric Yvan Lemay, que l’on peut visionner ici, ici, et , gracieuseté du site web Canoë, on explique que le ministère de la santé de l’Ontario négocierait, avec un éminent chirurgien du Québec, la possibilité d’opérer de nombreux patients obèses, et ce dans une clinique privée de Montréal.  Pendant ce temps, chez nous, plus de 2000 québécois patientent, parfois même jusqu’à sept ans, sur les listes d’attente, pour le même type d’opération; les chirurgies bariatriques.

Dans l’un des articles, le docteur Nicolas Christou indique qu’il partage son temps entre ses deux pratiques, publique, et privée, ce qui contrevient aux règles de la RAMQ. Il est bien conscient des risques, pour sa carrière, mais si la RAMQ lui impose le choix, il avoue d’emblée qu’il deviendra non-participant, se refusant d’abandonner ses patients.  Ses chiffres sont éloquents; en un an, il a effectué plus de 130 chirurgies au privé, contre seulement 48, dans le système public.  Au cours du mois de janvier dernier, il n’a pu obtenir qu’une seule journée d’accès à un bloc opératoire, à l’hôpital Royal Victoria, où il est directeur de la chirurgie bariatrique, pour le Centre universitaire de santé McGill (CUSM).  Pire encore, au cours des dernières années, il a perdu 13 patients du public, qui étaient en attente depuis trop longtemps.

Après, on vient nous dire que le privé ne devrait pas avoir sa place en santé.  Foutaise!

N’eut été de sa pratique privée, le Dr Christou n’aurait jamais pu intervenir auprès de tant de patients.  Qui plus est, la RAMQ semble ne se préoccuper que des cas les plus graves, laissant les autres seuls, face à eux-mêmes, alors que l’Ontario fait beaucoup plus, pour ses patients obèses; opérations aux USA, dans des cliniques privées en Ontario, et bientôt,… à Montréal!

Pendant ce temps, au lieu de s’occuper des gens atteints d’obésité morbide, la RAMQ préfère défrayer les frais des chirurgies de changement de sexe.  Il s’agit, bien sûr, d’un autre type de « question de vie ou de mort », mais avouez que celui-là est beaucoup plus sexy, n’est-ce pas?

Fermeture de Miron: Pourquoi ne pas remplir d’autres anciennes carrières?

Dans un petit article, signé Charles Poulin, publié dans le Journal de Montréal de ce samedi, et repris par le site Canoë, on explique que la partie exploitée de la carrière Miron, transformée en dépotoir, il y a 20 ans, venait de recevoir ses derniers déchets à être enfouis.  Le site, qui fait partie du Complexe environnemental Saint-Michel (CESM), devrait maintenant être réaménagé en parc, d’ici 2020.  Toujours selon l’article, ce parc pourrait avoir les mêmes dimensions que celui du Mont-Royal.  À cet effet, il ne recevra désormais que des matériaux d’excavation.

La question que je me pose, c’est le nombre de carrières, dont l’exploitation a cessé, qui pourraient, à leur tour, être transformées en autant de dépotoirs, ce qui aiderait à régler, du moins pour un certain temps, le problème des déchets à enfouir, dans le grand Montréal.  Nous savons que le dépotoir de Lachenaie, entre autres, approche la pleine capacité, et que celle-ci fut légèrement accrue, question de pouvoir continuer à desservir la région, alors que les autorités n’osent pas lui accorder la permission de procéder à une véritable expansion, face à l’opposition des gens de la place, mais surtout celle des groupes environnementalistes organisés.  Nous savons aussi que des normes existent, et sont régulièrement mises à jour, concernant l’enfouissement des déchets.  Les biogaz, résultant de la décomposition des déchets, sont maintenant récupérés.  Dans le cas du site de la compagnie EBI, dans le secteur de Berthierville, ces gaz naturels sont purifiés, et transportés via le pipeline gazier de Trans-Québec et Maritimes (TQM), qui passe à quelques centaines de mètres du site.

Sachant cela, je crois que certaines carrières désaffectées pourraient très bien accepter des déchets, ce qui permettrait, en plus de régler un problème criant de capacité d’enfouissement, de remplir ces énormes trous pratiqués un peu partout.  Ces carrières ont fourni toutes sortes de matériaux, au fil des ans, mais à la fin de leur exploitation, ces sites sont souvent laissés à l’abandon.  Voilà une bonne façon de les réutiliser.

Camionnage: Ils l’ont voulu, alors qu’ils vivent avec!

Après de multiples efforts pour venir à bout de combler des milliers d’emplois disponibles, voilà que les compagnies de camionnage doivent recruter ailleurs dans le monde pour dénicher de nouveaux chauffeurs.  C’est ce que rapportait le Journal de Montréal, le 4 mars dernier, sous la plume d’Yvon Laprade.  Le problème, c’est que l’industrie du camionnage s’est fermée elle-même la porte à d’éventuels excellents employés, et ce par excès de paresse.  Je m’explique.

Ce n’est pas d’hier que l’industrie du transport par camion lourd est en mode de recrutement.  Plusieurs entreprises de camionnage ont même offert des bonis en argent sonnant pour recruter des chauffeurs.  Sauf que parmi les candidats qui s’y présentaient, plusieurs étaient des passionnés de la route qui avaient, oh! malheur, accumulé des points d’inaptitude à leur permis de conduire.  Et le fait d’avoir à enquêter, auprès de la SAAQ, pour chacun des candidats, afin de vérifier si son dossier de conducteur correspondait bien avec les prétentions de son CV, demandait beaucoup de temps, et de moyens, à ces compagnies.

Elles ont donc confié à leur puissant lobby de s’adresser directement à la SAAQ, afin de réglementer l’accessibilité au permis de conduire des classes 1 (ensemble camion-remorque), 2 (autobus de plus de 24 passagers) et 3 (camion porteur de gros format), dans le but d’empêcher les détenteurs de permis de conduire affichant des points d’inaptitude d’obtenir ces classes de permis.  Une telle façon de faire permettrait aux compagnies de transport d’avoir des candidats présentant soit de l’expérience, soit un permis de conduire sans tache majeure.  La SAAQ a donc adopté un règlement dans ce sens, faisant en sorte que quiconque a plus de 3 points d’inaptitude à son dossier ne puisse obtenir un permis de classe 1, 2 ou 3.  Le règlement va encore plus loin, puisque même le permis d’apprenti-conducteur, pour ces classes, est inaccessible, ce qui veut dire qu’un candidat à l’obtention d’un tel permis, qui a 4 points ou plus à son dossier, ne pourra même pas suivre la formation en attendant que son dossier se libère des points en trop.

Comprenez-moi bien; je ne dis pas que les compagnies de transport se doivent d’engager des conducteurs dangereux.  Par contre, pour des passionnés de la route, qui doivent composer avec un point ici, deux points là, etc., c’est facile d’accumuler plus de 3 points, à la longue.  Parce que le problème, vous en conviendrez, avec les points d’inaptitude, c’est qu’ils ne prouvent pas nécessairement que l’on est un mauvais conducteur, mais plutôt que l’on a pas vu le radar du policier à temps.  Et comme il faut deux ans pour que les points d’inaptitude s’effaçent du dossier d’un conducteur, et que contrairement à un criminel, qui a violé ou tué, il n’y a aucun moyen d’avoir une « remise de peine » pour des points accumulés, cela met parfois un frein à des personnes qui pourraient profiter d’un tel métier pour améliorer leurs conditions de vie.  Il est clair dans mon esprit qu’une telle réglementation permet aux compagnies de transport d’éviter de véritables « dangers publics », mais elle empêche également à ces mêmes compagnies de compter sur des conducteurs qui, même s’ils ont accumulé quelques points, au fil du temps, demeurent des conducteurs consciencieux, qui aiment la route et les déplacements.

Évidemment, cette raison n’est pas la seule cause des difficultés de recrutement de l’industrie du camionnage.  Il y a aussi le fait de devoir quitter la maison pour plusieurs jours, pour des voyages sur de longues distances.  Les nombreuses heures de travail quotidien, ainsi que le fait d’avoir à composer avec les intempéries, et les sautes d’humeur de Dame Nature, sont d’autres raisons qui font que les gens y pensent à deux fois avant de se diriger vers une carrière dans ce domaine.  Mais si les entreprises de transport n’avaient pas demandé une telle réglementation à la SAAQ, elles n’auraient peut-être pas à faire face à une telle pénurie de chauffeurs, et à se payer des missions de recrutement à l’étranger.  D’ailleurs, lorsque la SAAQ a adopté cette réglementation, elle prétendait le faire pour augmenter la sécurité routière; or, les statistiques des dernières années ont prouvé que cette règle n’a rien amélioré de ce côté, bien au contraire!

Bref, l’industrie du camionnage s’est tirée dans le pied en faisant adopter « la règle des 3 points » par la SAAQ, et elle doit maintenant vivre avec les conséquences de cette règle.