Parmi tous les gens que l’on rencontre sur Twitter (@levraiRichard3), certains vont attirer votre attention plus que d’autres. C’est le cas de Marie Plourde (@MariePlourde), vedette de la radio et de la télé que nous connaissons bien; elle parvient à accrocher mon attention, et plus souvent qu’elle le croit. Ce mercredi, elle a mis un lien vers un texte, publié sur le site web du quotidien La Tribune, de Sherbrooke, signé Véronique Grenier, et intitulé “Fait en Chine… par kekun”. Elle y raconte le malaise intérieur qu’elle vit lorsqu’elle achète certains trucs, que ce soit les pistolets à eau à 1,50$ du “magasin-où-toute-il-est-à-un-dollar” avec lesquels son fils “trippe sa vie”, ou du sac à main pour lequel, lorsqu’elle l’achète, elle dit “j’entends une petite musique d’ascenseur et je vois des fleu-fleurs ervoler”. Évidemment, ce malaise tient au fait que les pauvres travailleurs de Chine, du Bangladesh, ou d’autres pays semblables, économiquement, ont des conditions beaucoup moindre que les nôtres. Je vais tâcher d’expliquer à cette gentille jeune dame, ainsi qu’à tous ceux et celles que cela pourrait intéresser, pourquoi elle devrait se sentir beaucoup moins mal-à-l’aise, d’une part, et d’autre part se convaincre qu’elle fait effectivement une bonne chose.
D’abord, il faut comprendre que partout, dans le monde, les gens évoluent à un certain rythme, et ce rythme n’est pas dicté par les bien-pensants de ce monde, mais par les gens eux-mêmes.
On peut, évidemment, déplorer les conditions de travail des gens dans certains pays en voie de développement, du fait que là-bas, les gens gagnent des salaires dérisoires, des enfants travaillent, etc. Il faut seulement se rappeler que dans ces pays, l’évolution n’est pas au même point qu’ici. Il y a 200 ans, au Québec aussi, les enfants, dès qu’ils le pouvaient, travaillaient pour aider la famille; le père, quand il ne défrichait pas une terre, quittait souvent pour “les chantiers”, et la mère se souciait d’élever de son mieux les 10, 12, voire 15 enfants, parfois plus. Quand les américains ont ouvert les premières usines chez-nous, si l’on se fie aux paramètres d’aujourd’hui, ceux-ci nous exploitaient; nous étions du “cheap labor”, de la main-d’oeuvre à bas prix. Puis nous sommes passés d’employés à employeurs; nous avons construit nos propres usines, et embauché nos voisins. Maintenant que nous sommes un peuple plus avancé, nous déportons la fabrication vers des endroits où l’évolution est, encore aujourd’hui, à des étapes qui, pour nous, sont carrément dépassées.
Et vous savez quoi? L’évolution, ça marche!
Du haut de mes 50 ans, j’ai le modeste avantage d’avoir vu passer beaucoup d’eau sous les ponts. Quand j’étais petit, les trucs de moindre importance étaient “Made in Japan”. Puis avec le temps, ce fut “Made in Taiwan”, et maintenant, c’est “Made in China”, et “Made in India”, alors que nous voyons de plus en plus de “Made in Bengladesh” sur les vêtements et chaussures. Le Japon de mon enfance fabriquait des babioles sans valeur, et des voitures qui n’étaient rien de plus que des boîtes de conserve sur roues; maintenant, cela fait au moins deux décennies que les voitures japonaises se comparent avantageusement aux meilleures dans le monde. Taiwan, en moins de 40 ans, est devenue la Mecque de l’informatique! Et nous avons tous connaissance de la croissance fulgurante de la Chine et de l’Inde, et des biens de plus en plus évolués qui proviennent de ces pays. La Corée du Sud était un pays trop pauvre pour nous vendre des trucs, il y a un demi-siècle, mais maintenant, les voitures issues de ce pays rivalisent avec les meilleures japonaises; certaines d’entre-elles portent même les marques bien américaines de Chevrolet,… et de Buick!
Les pays pauvres d’aujourd’hui seront les pays riches de demain, à condition qu’on leur laisse le temps d’évoluer!
Je n’ai pas connu cette époque, mais mes frères et soeurs plus âgés se souviennent du temps où l’on pouvait “acheter des petits chinois”, à l’école, un peu comme l’organisme Vision mondiale parraine des enfants, dans les pays pauvres. Maintenant, ce sont les chinois qui peuvent nous acheter! Plusieurs grandes dettes des gouvernements de ce monde sont dues à la Chine!
Par contre, si l’on intervient à un mauvais moment dans ce processus d’évolution, nous ne faisons que le retarder! Prenons cet exemple d’une usine, il y a quelques années, c’était au Bengladesh, je crois, qui fournissait des produits à Walmart. Des bien-pensants ont fait des pressions sur la multinationale américaine, pour qu’elle cesse d’exploiter des enfants, et dans le cas de ladite usine, des jeunes filles. Walmart a fini par rompre ce contrat d’approvisionnement, ce qui entraîna la fermeture de l’usine. Résultat; les jeunes filles qui y travaillaient se retrouvèrent sans emploi, et si quelques-unes réussirent à se placer chez des artisans locaux, à des salaires beaucoup moindres que ceux gagnés à l’usine, la plupart se retrouvèrent sans autre choix que de se prostituer pour rapporter de l’argent à la maison! Belle évolution, n’est-ce pas?
C’est clair que si l’on examine ce qui se fait ailleurs avec les paramètres de ce qui se fait chez nous, certaines situations nous apparaîtront carrément odieuses. Mais il faut garder à l’esprit que l’évolution des peuples, dans le monde, se fera d’elle-même, à mesure que ces peuples passeront d’une étape à une autre, toujours en s’améliorant, comme nous l’avons fait ici-même, depuis plus de 200 ans. Avec les technologies de l’information que nous connaissons maintenant, cette évolution des peuples ne va que s’accélérer. Nous le voyons avec la Chine, et l’Inde, qui avancent beaucoup plus rapidement que nous ne l’avons fait, dans le temps. Bref, nous nous rapprochons du jour où tous les pays du monde pourront se parler, d’égal à égal, et où le mot “exploitation” sera remplacé, dans tout son sens, par le mot “échange”.