Bourse des chefs: Un premier rapport

Nous en sommes au jour J moins 36, et voici un premier rapport sur la bourse des chefs.  Voici comment je vais procéder.

Je vais commencer par nommer le chef, puis le changement, et finalement la raison pour laquelle sa « valeur » est ajustée.  Dans la très grande majorité des cas, la variation sera de 5 points, en plus ou en moins, mais il est possible que des exceptions surviennent, par exemple si un coup, bon ou mauvais, reste dans l’actualité pendant plusieurs jours.

Alors voici le premier rapport.

  • Stephen Harper: Moins 5, pour avoir déclenché des élections avant la fin de son mandat, ce qui contrevient à sa propre loi sur les élections à date fixe.  Ses arguments, selon lesquels le gouvernement était « dysfonctionnel », ne soulèvent pas de passion, et très peu de gens y croient.
  • Stéphane Dion: Moins 5, pour l’avion qu’il a réservé chez Air Inuit, un vieux Boeing 737 qui a 30 ans d’âge, et qui est très polluant, ce qui contrevient à son propre « plan vert ».  De plus, stratégiquement parlant, ce fut un très mauvais « timing », puisque l’avion ne sera pas disponible avant… mercredi!
  • Gilles Duceppe: Moins 5, pour avoir permis à ses équipes de bénévoles d’installer des pancartes dès vendredi soir, alors que les élections n’ont été appelées que dimanche matin.  Je ne sais pas si cela contrevient, ou non, à la loi électorale, mais une telle façon de faire est pour le moins douteuse.

Alors voici le classement d’aujourd’hui, à la suite des premiers changements:

  • Jack Layton, Nouveau Parti Démocratique (NPD)… 100
  • Elizabeth May, Parti Vert du Canada (PVC)… 100
  • Stéphane Dion, Parti Libéral du Canada (PLC)… 95
  • Gilles Duceppe, Bloc Québécois (BQ)…95
  • Stephen Harper, Parti Conservateur du Canada (PCC)…95

Je vais changer le classement, dans la colonne de droite, en conséquence.

Élections fédérales: Que diriez-vous d’une Bourse des chefs?

Voila, je lance l’idée, comme ça.

Bon, les élections devraient être annoncées ce dimanche matin, après le déjeuner-causerie entre le premier ministre, Stephen Harper, et la gouverneure générale, Michaëlle Jean.  À partir de là, la campagne sera officiellement lancée.

On pourrait déterminer la « valeur » des chefs de partis politiques en fonction de leurs bons coups, et de leurs coups bas, ainsi que des dérapages de leurs candidats, et bien sûr de l’habileté des chefs à corriger le tir de ceux-ci.  On accorde une même note de 100 points à chacun des chefs politiques, et on pourrait ajuster leur cote en ajoutant, ou en retirant, des points, au fur et à mesure des jours de campagne qui passent.  Le classement serait affiché, et mis à jour quotidiennement, dans une des marges latérales, de façon à ce qu’on puisse le voir constamment, d’ici la fin de la campagne.

Mettons le classement de départ, en ordre alphabétique de leur nom de famille, puis le classement varierait par la suite en fonction de leur « valeur ».  Cela donnerait ceci:

  • Stéphane Dion, Parti Libéral du Canada (PLC)… 100
  • Gilles Duceppe, Bloc Québécois (BQ)… 100
  • Stephen Harper, Parti Conservateur du Canada (PCC)… 100
  • Jack Layton, Nouveau Parti Démocratique (NPD)… 100
  • Elizabeth May, Parti Vert du Canada (PVC)… 100

J’essaierai de mettre à jour le tableau le matin, avant de quitter pour mon job, avec les trucs qui auront influencé la « valeur » des chefs le jour précédent.  Je compte sur vous pour me donner vos impressions de la campagne, ainsi que pour mettre en évidence des « petites nouvelles » qui se passent dans votre patelin, mais qui ne figurent pas nécessairement dans les grands médias.

J’espère que l’on fera un travail équitable, et non-partisan.  Par exemple, on n’enlèvera pas des points à un chef parce qu’on aime pas son parti.  On devra s’en tenir aux faits et gestes des chefs, et de leurs suites respectives.

Et si je vois que ça ne marche pas, je laisse tout tomber!

Dora Cadman: Elle veut quoi, au juste?

La Presse canadienne publie un article (un autre!) sur ce qui est désormais convenu d’appeler « l’affaire Chuck Cadman ».  Cette fois, c’est le ministre de la défense, Peter MacKay, qui prétend ne rien savoir de toute cette affaire.  Celui-ci était leader du caucus conservateur au moment des événements.

Et les voici, ces événements.

En mai 2005, les libéraux de Paul Martin étaient au pouvoir, et faisaient face à un vote de confiance dont les résultats promettaient d’être chauds.  Tellement chauds, en fait, que le seul vote de Chuck Cadman, ancien député conservateur, devenu indépendant au printemps de 2004, allait trancher, le reste des députés étant divisés 50/50.  On comptait précieusement sur la présence – et le vote – de Cadman, présence pour le moins incertaine, puisque celui-ci était atteint d’un cancer à un stade très avancé.  Il est d’ailleurs décédé deux mois après le vote.

Voici maintenant les allégations.

Le journaliste Tom Zytaruk a écrit un livre, qui paraîtra le 15 mars, intitulé Like A Rock: The Chuck Cadman Story, dans lequel il prétend que Cadman, deux jours avant le vote, aurait reçu la visite de deux émissaires conservateurs qui lui auraient proposé, en retour d’un vote aux côtés des conservateurs, une police d’assurance-vie d’une valeur d’un million de dollars.  La femme de Cadman, Dora, en plus de dire que c’est bien vrai, en ajoute en disant qu’il était furieux, qu’il avait considéré l’offre comme étant un pot-de-vin.  La fille de Cadman, qui habite Vancouver, corrobore les allégations de sa mère.

Du côté du parti conservateur, le premier ministre Stephen Harper prétend qu’il s’agit d’allégations « fausses et irresponsables ».  Les deux émissaires, pour leur part, disent qu’ils ont proposé à Cadman de réintégrer le caucus conservateur.  Et dans l’article dont je mets le lien au début de ce billet, c’est au tour du ministre Peter MacKay de déclarer qu’il est au courant de rien.  L’auteur du livre à paraître, quant à lui, dit avoir en sa possession des enregistrements, dont un de Stephen Harper, dans lequel il dit qu’il y a bien eu offre financière, et un autre, dans lequel Chuck Cadman lui-même dit que des offres de ce genre sont possibles, et même tout à fait normales en situation de gouvernement minoritaire.

Ce qui m’intrigue, là-dedans, c’est que Dora Cadman a été nommée candidate dans la circonscription de son défunt mari.  Et devinez pour quel parti.  Eh oui, pour les conservateurs!  Et avec toute cette affaire, elle cherche quoi, au juste?  Un rendez-vous galant avec Peter MacKay?  Je peux comprendre que l’auteur du livre voit dans toute cette affaire de la pub gratuite pour son bouquin, mais elle?  En tenant des affirmations de ce genre, et en mettant son propre chef dans l’eau bouillante, elle ne se fera sûrement pas des amis au sein du caucus conservateur.  En fait, elle est en train de s’attribuer elle-même, en cas de victoire, une place de back-bencher que personne ne voudra lui enlever.  Elle ramassera le nombre suffisant de mois pour obtenir une pension à vie, et se retirera dans ses terres.

En ce qui me concerne, tout cela n’est qu’un jeu de pouvoir.  Dora Cadman a probablement promis à Zytaruk de collaborer à la promotion de son livre, mais n’a pas pensé plus loin que le bout de son nez, puisqu’elle met ainsi le chef de sa propre formation dans la merde.  Pendant ce temps, le chef libéral, Stéphane Dion, déchire sa chemise en jouant les vierges offensées, mais il semble oublier que sa propre formation est tout, sauf propre.  Sur quoi je me base, pour dire cela?  Sur un seul mot: commandites.  Je crois que c’est suffisant.  Et au bout du compte, le principal intéressé ne pourra jamais témoigner de rien, parce qu’il est mort le 9 juillet 2005.

Voilà mon analyse simple et rapide d’un autre épisode d’effets de manches à la Chambre des communes.

Fonctionnaire véreux: Le SPGQ doit défendre ça?

Hier, le Journal de Montréal a publié des articles concernant un fonctionnaire du MTQ, un nommé Pierre Baillargeon.  Le brillant fonctionnaire a fait parler de lui en 2003, alors qu’une enquête avait révélé qu’il s’était permis, lors d’expropriations effectuées à la fin des années 1990, de falsifier l’évaluation de la propriété d’un complice, et ce afin de faire main basse sur plus de 200,000$.  Ben mieux que ça; il demande que le MTQ lui assigne un avocat, par-dessus le marché!

Résumons les faits.  À la fin des années 1990, le MTQ veut reconstruire la route 155 à divers endroits entre Grandes-Piles et La Tuque.  À certains de ces endroits, il faut exproprier des terrains, vacants comme bâtis, pour réaligner la route.  Dans le secteur de Grande-Anse, l’un des expropriés, François Chagnon, obtient beaucoup plus que la valeur de sa propriété.  Dans son évaluation, le fonctionnaire, Pierre Baillargeon, a octroyé la somme de 285,000$ à monsieur Chagnon, alors que sa propriété n’étant évaluée qu’à 59,900$.  Les autres expropriés n’ont obtenu que l’équivalent de l’évaluation de leur propriété, ce qui a mis la puce à l’oreille de Roger Bordeleau, l’un des expropriés, qui a décidé de révéler le pot aux roses.

Une enquête est alors ouverte au MTQ, et met au jour les manigances de Baillargeon, qui a intentionnellement gonflé l’évaluation de Chagnon, au détriment des autres expropriés.  Le MTQ entreprend de congédier Baillargeon, en plus de le poursuivre pour la différence entre la somme versée à Chagnon et la valeur réelle de sa propriété, soit la somme de 229,100$.  Le syndicat représentant Baillargeon, le Syndicat des professionnels et des professionnelles du gouvernement du Québec (SPGQ), se lance dans une guérilla judiciaire dans le but de défendre son membre.

Pendant ce temps, l’escouade des crimes économiques de la Sûreté du Québec (SQ) permet de porter des accusations contre Baillargeon et Chagnon.  Leur procès s’est ouvert le 16 janvier 2007, et s’est conclu le 22 février dernier par la déclaration de culpabilité des deux hommes.  Baillargeon, 61 ans, est condamné à six mois fermes de prison, et a quitté le Palais de justice de Shawinigan avec les menottes aux poignets.  Quant à Chagnon, 81 ans, le juge a cru bon de lui permettre de purger ses 9 mois de prison dans la communauté.

Mais ça, ce n’est rien; Baillargeon a été congédié du MTQ, mais a déposé trois griefs contre son ex-employeur, dont un pour contester son congédiement, et les deux autres pour paiement de temps supplémentaire.  Imaginez-vous que Baillargeon était affecté au bureau du MTQ de Drummondville, et que lors de la fermeture de celui-ci, en 1998, il a dû poursuivre son travail au bureau de Trois-Rivières.  Voilà qu’il réclame son temps de déplacement, de chez-lui, à Drummondville, à son nouveau bureau de Trois-Rivières, comme étant du temps supplémentaire!  Il demande aussi qu’un avocat du MTQ lui soit affecté.  Veut-il le soudoyer, lui aussi?

Après, on se demande pourquoi la population perd confiance en l’appareil gouvernemental.  Même que Sylvie Goupil, du SPGQ, a déclaré que le syndicat devra peut-être réexaminer le dossier à la suite de la condamnation au criminel.  Ça ne lui aurait pas tenté de reconsidérer la défense du membre avant que le SPGQ n’entraîne le gouvernement dans une dépense, en frais légaux, qui sera sûrement supérieure à tout ce que le MTQ ne pourra jamais réclamer en dédommagement dans cette affaire.  Mais non!  So-so-so-solidarité oblige, les contribuables devront oublier les plus de 200,000$ empochés par les deux complices, en plus de débourser tous les frais juridiques que l’affaire aura entraîné.

Je présume que c’est pour cela que le MTQ avait décidé de vendre les terrains non-utilisés de l’emprise de l’A-955?

Clôture hors de prix: Merci aux manifestants!

La Presse canadienne publie un court article dans lequel elle rapporte que la clôture installée autour du complexe hôtelier de Montebello l’été dernier, en rapport avec la tenue de la rencontre au sommet entre Stephen Harper, George W. Bush et Felipe Calderon, aurait coûté 875,000$, soit environ quatre fois la valeur marchande d’une telle clôture.

Mais pourquoi les lieux, où se tiennent de telles rencontres, doivent-ils nécessairement se transformer en de véritables forteresses?  La réponse est pourtant très simple; les manifestants ont fait preuve de beaucoup de violence depuis les dernières années, et il devient donc impératif de ne prendre aucune chance quant à la sécurité des participants lors de ces rencontres.  Personnellement, si j’étais responsable des mesures de sécurité, je facturerais les organisations qui ont tenu des manifestations.  C’est vrai; celles-ci ont prouvé qu’on ne peut plus leur faire confiance lors de tels événements; elles évoquent qu’elles sont elles-mêmes infiltrées par des « fauteurs de troubles » pour se disculper de tout le grabuge qui se tient dès qu’une réunion de dirigeants politiques est annoncée.  Si ces organisations n’avaient pas commencé à s’attaquer aux forces de l’ordre en troublant violemment les réunions par le passé, nous n’en serions pas là.

La meilleure façon de faire avancer ses points face aux dirigeants politiques n’a jamais été de les empêcher de tenir leurs réunions, mais bien de se présenter face à eux lors d’élections.  Si le PQ a remporté les élections générales de 1976, ce n’est pas parce que Jacques Lanctôt a servi du pâté chinois à James Richard Cross, ou encore que certains de ses complices ont abattu le ministre Pierre Laporte, en 1970, mais bien parce que René Lévesque a passé des années à convaincre suffisamment de gens pour faire élire un gouvernement majoritaire à Québec.  Aussi, à mes yeux, des manifestations violentes n’auront jamais leur place lors d’événements comme des rencontres au sommet, et devraient systématiquement être réprimées, ainsi que leurs organisateurs traduits en justice.

Alors si vous trouvez que la clôture a coûté trop cher, vous n’avez qu’à dire merci aux manifestants.