Rapport Castonguay: Rien de nouveau sous le soleil…

Comme tout le monde, je jette un oeil sur les suites du rapport Castonguay, sur le financement du système de santé. Ce que je trouve curieux, c’est que les réactions ne changent pas, d’un rapport à l’autre; les chefs de centrales syndicales ont déchiré leurs chemises bien avant le dépôt du rapport, en protestant qu’il ne faut pas toucher au « modèle québécois », et les ministres disent que malgré que le rapport soit « porteur », on ne pourra pas donner suite aux principales recommandations.

Nathalie Elgrably a écrit un commentaire plutôt éloquent, mais combien véridique, sur le système de santé; un système qui ne fonctionne pas. Jean-Jacques Samson, chroniqueur au Journal de Québec, parle quant à lui du chirurgien aux mains propres qu’est le ministre de la santé, Philippe Couillard, dans le sens que celui-ci n’aura pas à se mettre la tête sur le billot, en réalisant des réformes profondes qui provoqueraient des mécontents, puisqu’il n’en fera rien. Pour sa part, Jean Cournoyer, ancien ministre du travail et de la fonction publique sous Robert Bourassa, a révélé, lors d’une entrevue au canal ARGENT, qu’à défaut de faire bouger le gouvernement, le rapport Castonguay fera avancer la réflexion sur le financement du système de santé québécois.

Quant aux politiciens, certains se sont manifestés; selon Yves Chartrand, du Journal de Montréal, Monique Jérôme-Forget, comme c’est l’habitude quand elle se sent coincée, s’est présentée devant les journalistes en affichant une pointe d’arrogance, mais on la sentait quand même s’écraser, selon lui. De son côté, Jean Charest a tout simplement appuyé sans réserve son ministre de la santé, en déclarant que le choix du gouvernement était d’alléger le fardeau fiscal des québécois, et non pas de l’alourdir. Et pendant que Joanne Marcotte, l’une des cosignataires du rapport Castonguay, révélait que l’idée d’augmenter la TVQ de 1% était signée Philippe Couillard, on pouvait lire, dans différents médias, que la recommandation d’exiger une cotisation annuelle pour les soins de santé existe déjà un peu partout au Québec, sous la forme de coopératives de santé. D’ailleurs, une clinique d’Aylmer a été transformée en coop de santé avec beaucoup de succès.

Bref, tout cela pour dire que le rapport du groupe de travail présidé par Claude Castonguay ne révèle pas de grandes primeurs, et que les réactions des différents acteurs impliqués n’apporte rien de nouveau sous le soleil. Les syndicats et les fonctionnaires ne veulent pas perdre leurs acquis garantis par le monopole syndicalo-étatique, les politiciens ne veulent pas opérer des changements, de peur de se mettre la tête sur le billot, et les payeurs de taxes et d’impôts, quant à eux, continuent de payer trop pour le très peu qu’ils obtiennent. Pour ma part, la meilleure façon d’obtenir des gains en efficacité, dans le domaine de la santé, est d’y introduire de la concurrence. Parce que tant et aussi longtemps que la santé demeurera un monopole, l’efficacité n’y sera qu’illusoire, parce que les responsables de la gestion des hôpitaux, autant que les représentants du personnel sur le terrain, n’ont pas à se mesurer à quiconque. À partir du moment où la concurrence entre en jeu, tout le monde doit faire en sorte de donner le meilleur de lui-même, mais de façon concertée, sinon le concurrent sera meilleur, et l’hôpital sera menacé de fermeture.

Les centrales syndicales prétendent que le seul attrait du secteur privé est l’argent. Le pire, c’est que c’est vrai. Et pour obtenir cet argent précieux, le secteur privé est prêt à faire l’impossible; offrir des soins de qualité, dans un environnement agréable, et même fournir de petites gâteries aux patients, qui rendront leur passage chez eux mémorable, et ce pour des raisons positives. Le secteur public est-il prêt à concurrencer cela?

MISE À JOUR – 23 FÉVRIER 2008, 07h40

La première vice-présidente du groupe de travail sur le financement du système de santé, Joanne Marcotte, fait part de ses impressions et de son point de vue sur la dissidence de l’autre vice-président, Michel Venne, sur le site web du film L’illusion tranquille, dont elle fut la réalisatrice.  Elle y inclut une lettre éditoriale qu’elle a fait parvenir aux grands quotidiens, divers vidéoclips dans lesquels elle exprime ses opinions, ainsi que des liens vers d’autres commentaires parus dans les médias.  C’est par ici.

Rapports de Loto-Québec: Bill Clennett cherche quoi, au juste?

Selon ce que rapporte Mélanie Tremblay, du site Canoë, l’activiste Bill Clennett, de l’Association pour la défense des droits sociaux de Gatineau (vous vous souvenez, celui qui a perdu une dent lors d’un duel contre Jean Chrétien, sur la colline parlementaire, à Ottawa), prétend qu’il y a anguille sous roche dans le fait que Loto-Québec ait dévoilé, hier après-midi, 170 rapports sur des incidents survenus aux casinos du Lac-Leamy et de Montréal, alors que Clennett, flanqué de Alain Dubois, de la coalition Éthique pour une modération du jeu, et du procureur Jean-Carole Boucher, devait les dévoiler en conférence de presse aujourd’hui.

Le problème de Clennett, et de ses acolytes, est qu’ils voulaient faire un gros show en dévoilant des rapports faisant état d’incidents survenus dans les casinos de Loto-Québec, afin de taper sur la tête de la société d’état, et de dire que celle-ci tient ces rapports secrets afin de ne pas ameuter la population.  Or, voilà que Loto-Québec leur a fait un beau pied-de-nez en dévoilant publiquement les 170 rapports hier après-midi, et cela enlève donc beaucoup de punch aux effets de manche prévus par les trois protagonistes.

Les fameux rapports traitent d’incidents qui seraient survenus sur le site des casinos de Montréal et du Lac-Leamy, ou qui seraient relatifs à des pertes survenues en jouant dans ces casinos.  Les deux cas les plus significatifs sont ceux de deux hommes s’étant suicidés, l’un s’étant jeté dans les eaux de la rivière Rideau, à Ottawa, en 1999, suite à des pertes financières successives au casino du Lac-Leamy, alors que l’autre, reconnu pour avoir des problèmes de jeu, se serait donné la mort dans le stationnement du casino de Montréal, en 2001.  On retrouve, parmi les autres rapports, des cas de tentatives de suicide ainsi que divers cas de problèmes de santé sur le site des deux casinos.

Je me demande, à part faire un show, qu’est-ce que cherche Bill Clennett, au juste, avec ces rapports?  Essayer de réduire l’offre de jeu dans les casinos parce que certains ne peuvent pas composer avec le fait qu’ils ont perdu?  Des dizaines de personnes se suicident, ou tentent de le faire, alors que d’autres commettent des meurtres, le tout suite à des problèmes amoureux; va-t-on interdire les relations de couples pour autant?  Le fait que deux personnes se soient suicidées depuis près de dix ans ne justifient pas, selon moi, l’interdiction, ni même le ralentissement des activités, des divers casinos au Québec.  Quant à l’aide apportée aux joueurs compulsifs, je ferai remarquer à Bill Clennett que Loto-Québec fait davantage pour les aider que n’importe quelle organisation publique en Amérique du Nord.  En fait, il n’aurait qu’à se souvenir de l’époque où les machines vidéo poker étaient entre les mains du crime organisé; combien d’argent mettaient ces organisations pour venir en aide aux gens ayant des problèmes de jeu?  Je pourrais gager un vieux « trente-sous » que Bill Clennett ne disait pas un mot à ce sujet, dans le temps.

Des incidents dans des maisons de jeu, il y en a eu, et il y en aura d’autres.  Il n’existe aucune activité sur Terre qui n’entraîne aucune possibilité d’incident; même si l’on ne bouge pas de chez soi, on risque l’obésité!  Alors il faut cesser de chercher des problèmes là où il n’y en a pas.

Biocarburants: Bel exemple de « ce qu’on ne voit pas »

Un article publié sur le site Canoë, signé par Virginie Roy, fait mention de résultats de recherches menées par des scientifiques américains sur les effets négatifs des biocarburants (éthanol, biodiésel) sur l’environnement.  Leurs conclusions portent sur les effets nets.  Par exemple, le fait de raser une forêt pour utiliser la terre afin de cultiver des céréales requises pour la fabrication de biocarburants fait en sorte que ladite forêt ne peut plus stocker de dioxyde de carbone, ce qui amène une « dette carbone » au lieu d’une amélioration du bilan environnemental.

Depuis le temps que je tente de convaincre les pro-environnement de considérer ce qu’on ne voit pas, en plus de ce qu’on voit, dans le calcul du bilan environnemental d’une opération, voilà des preuves supplémentaires de ce que j’avance depuis déjà longtemps.  Dans les faits, le rapport entre « ce qu’on voit » et « ce qu’on ne voit pas » est loin d’être une primeur.  Ce thème a fait l’objet d’un pamphlet de l’économiste français Frédéric Bastiat, qui rappelons-le, est décédé en 1850.  Évidemment, son pamphlet traitait surtout d’économie, mais le principe de « ce qu’on voit/ce qu’on ne voit pas » peut s’appliquer à vraiment n’importe quel domaine.  Dans le cas qui nous concerne ici, on s’aperçoit que finalement, les initiatives « écolo » sont plus nuisibles à l’environnement que le statu quo.

Aussi, la prochaine fois que vous écouterez – ou regarderez – Al Gore prêcher sur l’environnement, en vous disant que d’investir des milliards$ sur des protocoles foireux comme Kyoto est la meilleure chose à faire, et que ceux qui prétendent le contraire sont dans l’erreur, pensez-y!  Les environnementalistes aussi peuvent être… dans le champ!

Rats et souris dans les hôpitaux: Qu’on y mette des chats, tant qu’à y être!

Après l’histoire des rats à l’Hôtel-Dieu, voici maintenant que Gabrielle Duchaine, du Journal de Montréal, nous parle d’un cas de souris à l’hôpital Sainte-Justine.  Bien mieux que ça; la directrice des communications de cet hôpital, Louise Boisvert, dit que cette situation est récurrente!

Un peu plus, et elle aurait dit que vu que les patients sont des enfants, c’est normal qu’il y ait des souris au lieu des rats, parce que c’est plus petit, et plus « cute »!  Et cette dame Boisvert de ne pas trop s’en faire avec la situation, puisque l’exterminateur passe une fois par mois, et qu’il fait ce qu’il a à faire.  Peut-être que compte tenu de la situation, il devrait passer aux deux semaines, madame?  Avec de telles déclarations, on sait que les renforts de budgets, dans le domaine de la santé, ne sont pas gaspillés dans des contrats d’extermination.  Je crois que si le fait d’avoir des souris un peu partout dans le sous-sol de l’établissement est aussi normal que Louise Boisvert le prétend, elle devrait peut-être contacter la SPCA, afin de pouvoir compter sur quelques chats affamés; ils gagneraient du poids en peu de temps!

En faisant cela, les enfants qui séjournent à Sainte-Justine pourraient raconter des histoires de « minous » à leurs parents, lors des visites.

Histoire de langues: L’autre côté de la médaille

Sur le site Cyberpresse.ca, un article d’Yves Boisvert nous fait part d’une analyse des données de Statistiques Canada sur la langue, à un moment où la classe politique est en mode panique sur ce sujet, suite à l’enquête du Journal de Montréal, au cours de laquelle une journaliste a déniché une quinzaine d’emplois directement en contact avec le public tout en se faisant passer pour une unilingue anglophone.

Oui, c’est vrai, les gens dont la langue maternelle est le français voient leur proportion passer sous la barre des 50% sur l’île de Montréal, et comme le mentionne le journaliste, « Ce ne sont pas les chiffres qui sont secrets, puisque Statistique Canada nous a dressé le portrait linguistique du Québec l’automne dernier, à partir du recensement de 2006. »  À partir de là, qu’est-ce qu’on doit faire?  Arrêter tous les anglophones, et les enfermer à Bordeaux, avec les Hells?  Les déporter au Nunavut, pour leur rappeler ce qu’ils ont fait subir aux acadiens il y a plus de 250 ans?  C’est quoi, cette manie de grimper dans les rideaux aussitôt qu’il est question de la langue française?

Je veux bien croire que si l’on veut conserver la langue française, il faut lui offrir une certaine protection, ce que fait très bien la loi 101 actuellement.  Car comme l’écrit également Yves Boisvert, « Un enfant arrivé du Brésil à 6 ans, qui fera ses études en français, qui deviendra ingénieur chez SNC-Lavalin ou commis chez Omer De Serres, sera encore un «allophone» dans 50 ans, selon les statistiques. Il sera pourtant, dans la vraie vie, une sorte d’hommage vivant à l’efficacité de la loi 101. »  Et ça, les études sur la langue maternelle n’en parlent manifestement pas.  À moins que cette portion des statistiques soit gardée secrète, dans l’unique but de préserver le « punch » du français qui perd du terrain, ce dont serait tout à fait capables les politiciens qui cherchent à se faire du capital sur le dos de l’immigration ou du fait anglophone au Québec.

La sortie de cette nouvelle percutante fut suffisante pour que Mario Dumont, à qui on a reproché d’avoir un peu « dormi sur la switch » en tant que chef de l’opposition officielle, déchire sa chemise en réclamant la réduction du quota d’immigrants, qui passait dernièrement de 45,000 à 55,000 personnes à accueillir.  Quant à Pauline 1ère, elle s’est enflammée, elle aussi, en faveur d’un renforcement de la loi 101, ce qui a ramené à la mémoire de certaines gens la célèbre affaire des « grosses anglaises de chez Eaton ».  Pour ma part, cela me fait penser à un passage d’une série d’aventures, écrite et diffusée sur internet par un de mes amis, sous forme de fichiers mp3, histoire inspirée du monde médiéval-fantastique.  Dans un épisode, on capture un gobelin, dans un donjon, et on tente de la faire parler, afin d’en apprendre sur le maître du donjon.  Quand l’un des aventuriers demanda au nain s’il connaissait la langue des gobelins, il répondit « Évidemment, ce sont mes pires ennemis! »

Si les anglos sont nos « ennemis », comme le prétendent certains séparatistes convaincus, ceux-ci devraient faire en sorte que tous les québécois connaissent suffisamment la langue de Shakespeare pour pouvoir écouter les bulletins de nouvelles diffusés sur les ondes de la télé et de la radio anglophones, ainsi que pour lire la Gazette, le National Post et le Globe and Mail, afin de débusquer tous les « complots » que les méchants anglais fomentent contre « nous ».  À la place, ils préfèrent garder le « petit peuple » dans l’ignorance de l’anglais, adoptant la même stratégie que les curés de campagne d’une époque révolue, dans le but – bien entendu inavoué publiquement – de contrôler l’information que les gens regarderont « à TQS ou à TVA », comme le disait un universitaire de grande réputation, dernièrement.

En définitive, si les francophones tenaient tant à conserver leur langue, ils auraient dû faire certains efforts, comme celui de faire enseigner le français à leurs enfants par des enseignants reconnus sur la base de leur compétence, et non pas sur celle de leur ancienneté.  On constate aujourd’hui que les nouveaux enseignants, qui pourtant montrent le français aux enfants du primaire et du secondaire, ne savent même pas l’écrire comme il le faut!  Avouez que ça décoiffe!  Et avant tout, les francophones auraient dû en faire davantage, des enfants.  La population québécoise « de souche » connaît l’un des pires taux de natalité des pays industralisés, et on vient à bout de se plaindre qu’on se fait assimiler!  Il faut le faire!  C’est comme ceux qui se plaignent des problèmes dans le réseau de la santé, mais qui du même jet, refusent que le gouvernement effectue des changements dans le fonctionnement de celui-ci.  Cela me rappelle la recette de la poutine; tout le monde sait comment faire une poutine.  Mais si un jour, on veut quelque chose de différent, et que l’on continue à prendre des frites, du fromage en grains et de la sauce brune comme uniques ingrédients, il ne faudra pas s’attendre à manger de la pizza!

Tout cela pour dire qu’aucune loi ne viendra à bout de renforcer l’usage du français dans le grand Montréal, sauf si celle-ci vient charcuter des libertés fondamentales.  La loi 101 l’a fait, lors de son adoption, et depuis, de grands pans de celle-ci furent déclarés inconstitutionnels par les tribunaux.  Il adviendra exactement la même chose de toute loi qui aura pour but de renforcer coûte que coûte l’usage de la langue de Molière.