Justice envers les autochtones: Deux poids, deux mesures!

Plusieurs se sont indignés quand un autochtone, Davin Johnny, a été libéré suite au grabuge qui a suivi la victoire du Canadien, contre les Bruins de Boston, en première ronde des séries éliminatoires, il y a déjà plus d’un mois.  D’aucuns ont invoqué le fait que les autochtones ne pouvaient avoir une justice différente de celle des autres.  Ce constat – mais pas nécessairement cette cause – fait pourtant jurisprudence.  À preuve, Marie-Christine Méquish, une autochtone de 48 ans, au casier judiciaire plutôt bien garni, s’est vue imposer une peine de 10 ans de pénitencier pour avoir égorgé François Couteau, un compatriote, le 14 mai 2006, avec un tesson de bouteille.  Le juge Wilbrod Claude Décarie a estimé que l’alcoolisme, et les origines autochtones de l’accusée, sont des facteurs atténuants dans cette affaire.

Ce que je ne parviens pas à m’expliquer, c’est que d’une main, on réclame des jugements plus sévères pour des cas d’alcoolisme vécus au volant d’un véhicule, et particulièrement lors d’accidents causant la mort, ce qui, en soi, ne me cause pas de problème, pendant que, de l’autre main, on allège la peine de pénitencier d’autres personnes, accusées de crimes différents, mais dont les conséquences sont semblables, à cause du même alcoolisme.

Autrement dit, si Marie-Christine Méquish avait tué François Couteau au volant d’une voiture, au lieu de l’égorger, la peine aurait-elle été la même?  Un « buveur occasionnel », qui tue quelqu’un, suite à un accident de voiture lors duquel il affichait un taux d’alcool supérieur à la limite permise, aura-t-il une peine plus sévère qu’un conducteur qui est un alcoolique reconnu?  Si l’on condamne presque automatiquement, dans l’opinion publique, un conducteur coupable de conduite avec les facultés affaiblies, pourquoi devrait-on donner une chance à une autre personne, en vertu du même alcoolisme, suite à la commission d’autres sortes de crimes?

À moins que ce soient les origines autochtones, qui viennent tout changer, ici.  Par exemple, une blanche, aînée d’une famille de huit enfants, tous de la même mère, mais de huit pères différents, où l’alcool a toujours été présent, qui quitte le domicile familial à l’âge de 15 ans, et qui donne naissance à cinq enfants en l’espace de six ans, aurait-elle droit à la même réduction de peine que Marie-Christine Méquish?  Parce que selon l’article, c’est ce que Marie-Christine a vécu.  Si c’est le cas, les « orphelins de Duplessis » pourraient aussi commettre des crimes violents, et obtiendraient des réductions de peine, à cause de leur passé de misère?  Que dire des jeunes abandonnés, des victimes d’agressions sexuelles, des enfants battus, des noirs, des asiatiques, des gais et lesbiennes, des musulmans, des bouddhistes, des raéliens, et de tous ceux que l’on qualifie de « autres » dans les statistiques?  Si l’on continue à ce rythme, chaque indivdu aura une bonne raison de se voir condamné pour moins longtemps que la justice ne le voudrait.

Je ne dis pas ici que ce qu’a vécu Marie-Christine Méquish est « de la petite bière ».  Mais le fait de dire que l’alcoolisme, et les origines autochtones, viennent réduire une peine de pénitencier pour quiconque plaide coupable d’un crime, aussi crapuleux puisse-t-il être, revient selon moi à simplifier un peu trop les choses.  Il aurait plutôt fallu revoir les circonstances du crime en lui-même (mobile du crime, circonstances particulières à l’événement en soi, etc.), plutôt que de simplement dire que l’accusée – comme la victime, au demeurant – est autochtone, et alcoolique.

L’article, signé Christiane Desjardins, et publié sur le site Cyberpresse.ca, se termine en disant que le juge a recommandé à Marie-Christine Méquish de se prendre en mains pour guérir son alcoolisme.  Entre vous et moi, si elle est revenue 40 fois devant la cour, pour divers délits, toujours selon l’article, depuis qu’elle s’est établie à Montréal, en 1984, est-ce que Wilbrod Claude Décarie est le premier juge qui lui fait cette recommandation?  Elle devra en égorger combien d’autres, avant que l’on ne fasse quelque chose?

Musique francophone au Centre Bell: Les ayatollahs de la langue s’énervent encore!

C’est Ted Bird, de l’émission du matin « Ted, Kim & Kemp in the morning », à CHOM (eh! oui, j’écoute une radio anglophone), qui m’a inspiré ce billet. Il revenait sur l’histoire de Michel Brûlé, cet éditeur qui fait présentement signer une pétition, réclamant qu’un minimum de 65% des chansons jouées au Centre Bell, avant et pendant les matches des Canadiens, soient francophones. Évidemment, la direction du Canadien nie vouloir mettre la musique québécoise au banc des pénalités, pour paraphraser Jean-Louis Fortin, du Journal de Montréal. L’article de monsieur Fortin, sur ce sujet, fut publié dans l’édition du mercredi 7 mai dernier.

Michel Brûlé ne s’identifie pas aux ayatollahs connus de la langue française, ni aux regroupements comme le Mouvement Montréal francophone (MMF), et autres Société Saint-Jean-Baptiste de notre belle société distincte (que dis-je, de notre nation!). Par contre, il va dans le même sens que les artistes de chez-nous, qui demandent au CRTC – et obtiennent – des quotas de diffusion minimum de musique québécoise francophone à la radio. Je me demande pourquoi les auteurs et compositeurs québécois poussent autant les gouvernements à obliger les gens à entendre leurs oeuvres. Serait-ce parce qu’elles ne peuvent pas tenir la comparaison avec ce qui se fait ailleurs? Croyez-vous vraiment que les gens qui paient le gros prix pour aller voir les Canadiens au Centre Bell veulent se faire casser les oreilles par Marie-Mai, Andrée Watters, ou Sylvain Cossette?

L’article dit que Michel Brûlé a recueilli plus de 200 signatures en deux heures, installé au coin de Mont-Royal et de Rivard. L’histoire ne dit pas combien de ces signataires vont régulièrement au Centre Bell, ni si le type est lui-même allé recueillir des signatures directement au temple de nos Glorieux. Autrement dit, c’est facile de demander à des utilisateurs du métro leur opinion sur la réduction de la vitesse sur les autoroutes. Par contre, les résultats du même sondage seraient certainement différents si les répondants sont des utilisateurs de l’A-20.

À mes yeux, cette pétition est tout aussi stupide que l’opération « Press nine », lancée par le MMF et Impératif français, contre les organismes gouvernementaux qui offrent des services dans une autre langue que le français. Que je sache, le Québec fait toujours partie du Canada, et l’anglais est toujours une langue officielle, au Canada. Pour ma part, à partir du moment où les organismes publics offrent des services en français, autant en qualité qu’en quantité, ils peuvent bien offrir des services en anglais à ceux qui appuient sur le 9, en mandarin à ceux qui appuient sur le 8, ou en klingon à ceux qui appuient sur de 44, que je m’en contrebalance.

Et de grâce, ceux qui se rendent au Centre Bell, pendant un match du Canadien, que pour entendre de la musique francophone, faites-moi plaisir; achetez-vous un lecteur de CD, ou de MP3, et achetez les oeuvres de vos québécois chéris. Cela vous coûtera probablement moins cher qu’un seul billet pour un match du CH. Et surtout, n’oubliez pas les écouteurs!

Rapport Castonguay: Rien de nouveau sous le soleil…

Comme tout le monde, je jette un oeil sur les suites du rapport Castonguay, sur le financement du système de santé. Ce que je trouve curieux, c’est que les réactions ne changent pas, d’un rapport à l’autre; les chefs de centrales syndicales ont déchiré leurs chemises bien avant le dépôt du rapport, en protestant qu’il ne faut pas toucher au « modèle québécois », et les ministres disent que malgré que le rapport soit « porteur », on ne pourra pas donner suite aux principales recommandations.

Nathalie Elgrably a écrit un commentaire plutôt éloquent, mais combien véridique, sur le système de santé; un système qui ne fonctionne pas. Jean-Jacques Samson, chroniqueur au Journal de Québec, parle quant à lui du chirurgien aux mains propres qu’est le ministre de la santé, Philippe Couillard, dans le sens que celui-ci n’aura pas à se mettre la tête sur le billot, en réalisant des réformes profondes qui provoqueraient des mécontents, puisqu’il n’en fera rien. Pour sa part, Jean Cournoyer, ancien ministre du travail et de la fonction publique sous Robert Bourassa, a révélé, lors d’une entrevue au canal ARGENT, qu’à défaut de faire bouger le gouvernement, le rapport Castonguay fera avancer la réflexion sur le financement du système de santé québécois.

Quant aux politiciens, certains se sont manifestés; selon Yves Chartrand, du Journal de Montréal, Monique Jérôme-Forget, comme c’est l’habitude quand elle se sent coincée, s’est présentée devant les journalistes en affichant une pointe d’arrogance, mais on la sentait quand même s’écraser, selon lui. De son côté, Jean Charest a tout simplement appuyé sans réserve son ministre de la santé, en déclarant que le choix du gouvernement était d’alléger le fardeau fiscal des québécois, et non pas de l’alourdir. Et pendant que Joanne Marcotte, l’une des cosignataires du rapport Castonguay, révélait que l’idée d’augmenter la TVQ de 1% était signée Philippe Couillard, on pouvait lire, dans différents médias, que la recommandation d’exiger une cotisation annuelle pour les soins de santé existe déjà un peu partout au Québec, sous la forme de coopératives de santé. D’ailleurs, une clinique d’Aylmer a été transformée en coop de santé avec beaucoup de succès.

Bref, tout cela pour dire que le rapport du groupe de travail présidé par Claude Castonguay ne révèle pas de grandes primeurs, et que les réactions des différents acteurs impliqués n’apporte rien de nouveau sous le soleil. Les syndicats et les fonctionnaires ne veulent pas perdre leurs acquis garantis par le monopole syndicalo-étatique, les politiciens ne veulent pas opérer des changements, de peur de se mettre la tête sur le billot, et les payeurs de taxes et d’impôts, quant à eux, continuent de payer trop pour le très peu qu’ils obtiennent. Pour ma part, la meilleure façon d’obtenir des gains en efficacité, dans le domaine de la santé, est d’y introduire de la concurrence. Parce que tant et aussi longtemps que la santé demeurera un monopole, l’efficacité n’y sera qu’illusoire, parce que les responsables de la gestion des hôpitaux, autant que les représentants du personnel sur le terrain, n’ont pas à se mesurer à quiconque. À partir du moment où la concurrence entre en jeu, tout le monde doit faire en sorte de donner le meilleur de lui-même, mais de façon concertée, sinon le concurrent sera meilleur, et l’hôpital sera menacé de fermeture.

Les centrales syndicales prétendent que le seul attrait du secteur privé est l’argent. Le pire, c’est que c’est vrai. Et pour obtenir cet argent précieux, le secteur privé est prêt à faire l’impossible; offrir des soins de qualité, dans un environnement agréable, et même fournir de petites gâteries aux patients, qui rendront leur passage chez eux mémorable, et ce pour des raisons positives. Le secteur public est-il prêt à concurrencer cela?

MISE À JOUR – 23 FÉVRIER 2008, 07h40

La première vice-présidente du groupe de travail sur le financement du système de santé, Joanne Marcotte, fait part de ses impressions et de son point de vue sur la dissidence de l’autre vice-président, Michel Venne, sur le site web du film L’illusion tranquille, dont elle fut la réalisatrice.  Elle y inclut une lettre éditoriale qu’elle a fait parvenir aux grands quotidiens, divers vidéoclips dans lesquels elle exprime ses opinions, ainsi que des liens vers d’autres commentaires parus dans les médias.  C’est par ici.

Rapports de Loto-Québec: Bill Clennett cherche quoi, au juste?

Selon ce que rapporte Mélanie Tremblay, du site Canoë, l’activiste Bill Clennett, de l’Association pour la défense des droits sociaux de Gatineau (vous vous souvenez, celui qui a perdu une dent lors d’un duel contre Jean Chrétien, sur la colline parlementaire, à Ottawa), prétend qu’il y a anguille sous roche dans le fait que Loto-Québec ait dévoilé, hier après-midi, 170 rapports sur des incidents survenus aux casinos du Lac-Leamy et de Montréal, alors que Clennett, flanqué de Alain Dubois, de la coalition Éthique pour une modération du jeu, et du procureur Jean-Carole Boucher, devait les dévoiler en conférence de presse aujourd’hui.

Le problème de Clennett, et de ses acolytes, est qu’ils voulaient faire un gros show en dévoilant des rapports faisant état d’incidents survenus dans les casinos de Loto-Québec, afin de taper sur la tête de la société d’état, et de dire que celle-ci tient ces rapports secrets afin de ne pas ameuter la population.  Or, voilà que Loto-Québec leur a fait un beau pied-de-nez en dévoilant publiquement les 170 rapports hier après-midi, et cela enlève donc beaucoup de punch aux effets de manche prévus par les trois protagonistes.

Les fameux rapports traitent d’incidents qui seraient survenus sur le site des casinos de Montréal et du Lac-Leamy, ou qui seraient relatifs à des pertes survenues en jouant dans ces casinos.  Les deux cas les plus significatifs sont ceux de deux hommes s’étant suicidés, l’un s’étant jeté dans les eaux de la rivière Rideau, à Ottawa, en 1999, suite à des pertes financières successives au casino du Lac-Leamy, alors que l’autre, reconnu pour avoir des problèmes de jeu, se serait donné la mort dans le stationnement du casino de Montréal, en 2001.  On retrouve, parmi les autres rapports, des cas de tentatives de suicide ainsi que divers cas de problèmes de santé sur le site des deux casinos.

Je me demande, à part faire un show, qu’est-ce que cherche Bill Clennett, au juste, avec ces rapports?  Essayer de réduire l’offre de jeu dans les casinos parce que certains ne peuvent pas composer avec le fait qu’ils ont perdu?  Des dizaines de personnes se suicident, ou tentent de le faire, alors que d’autres commettent des meurtres, le tout suite à des problèmes amoureux; va-t-on interdire les relations de couples pour autant?  Le fait que deux personnes se soient suicidées depuis près de dix ans ne justifient pas, selon moi, l’interdiction, ni même le ralentissement des activités, des divers casinos au Québec.  Quant à l’aide apportée aux joueurs compulsifs, je ferai remarquer à Bill Clennett que Loto-Québec fait davantage pour les aider que n’importe quelle organisation publique en Amérique du Nord.  En fait, il n’aurait qu’à se souvenir de l’époque où les machines vidéo poker étaient entre les mains du crime organisé; combien d’argent mettaient ces organisations pour venir en aide aux gens ayant des problèmes de jeu?  Je pourrais gager un vieux « trente-sous » que Bill Clennett ne disait pas un mot à ce sujet, dans le temps.

Des incidents dans des maisons de jeu, il y en a eu, et il y en aura d’autres.  Il n’existe aucune activité sur Terre qui n’entraîne aucune possibilité d’incident; même si l’on ne bouge pas de chez soi, on risque l’obésité!  Alors il faut cesser de chercher des problèmes là où il n’y en a pas.

Transports: Un tunnel réclamé entre Québec et Lévis

Parmi le courrier des lecteurs du quotidien Le Soleil, de Québec, une courte demande est signée de la main de Serge Pouliot, et réclame que les gouvernements de tous les paliers se penchent sur la possibilité de construire un tunnel entre Québec et Lévis.  Il appuie sa demande sur le fait que la traversée du fleuve, aux heures de pointe du matin et du soir, est déjà compliquée, et que le développement industriel et commercial de la région de Lévis ne fera qu’envenimer la situation.

Évidemment, monsieur Pouliot doit vivre à chaque jour la situation, et peut donc juger à quel point elle est devenue compliquée, avec le temps.  La question que je me pose, c’est si les gentils fonctionnaires du MTQ ont pris le temps de visualiser la situation actuelle et future de la traversée du fleuve aux heures de pointe.  Ils n’ont sûrement pas fait cet exercice, puisque le MTQ a autorisé la destruction des deux bretelles surélevées de l’autoroute Dufferin-Montmorency (A-440) qui conduisaient vers le cap, ce qui constituait l’entrée d’un éventuel tunnel vers Lévis.  Le jour où il faudra considérer la construction d’une nouvelle traversée du fleuve – et ce jour viendra assez rapidement, on regrettera amèrement cette décision prise pour faire plaisir à Robert Lepage, qui compte transformer le tunnel du cap afin d’en faire un espace de création, selon ce qu’on pouvait voir dans Le Soleil du 30 novembre 2006, et il faudra tout recommencer à partir de rien.

Ce tunnel a quand même 3000 mètres carrés de surface, et comprend deux étages.  Combien ce tunnel a-t-il coûté aux contribuables?  Sera-t-il possible de le récupérer si un éventuel projet de tunnel entre Québec et Lévis refait surface?  On souligne depuis longtemps qu’une nouvelle traversée du fleuve devrait être plus à l’est que les ponts actuels, question d’assurer un équilibre dans la circulation, et ainsi éviter que toute la circulation se retrouve au même endroit, ce qui cause l’actuelle situation d’embouteillage.

Des millions de dollars ont été dépensés pour détruire les bretelles d’accès à ce qui aurait pu devenir le futur tunnel Québec-Lévis, mais ce n’est pas grave; il ne s’agit que de l’argent des contribuables, après tout.