Aéroport Mirabel: Analyse d’une mauvaise décision

Il y a de cela plus de 3 ans, j’écrivais un billet sur l’aéroport de MIrabel (officiellement Montréal-Mirabel), qui tombait (et continue de tomber) en décrépitude.  Depuis quelques mois, beaucoup de visiteurs ont afflué vers cette page, alors qu’un article (d’abord, puis plusieurs ensuite) traitant de l’opposition à la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Nantes, en France, comprenait un lien vers mon billet sur Mirabel, montrant ainsi un exemple de méga-structure inutilisée.  Il faut d’abord comprendre pourquoi Mirabel a été abandonné, et ce afin d’éviter à la région de Nantes de subir les mêmes décisions que celles prises par les autorités responsables des aéroports du grand Montréal.

Il faut d’abord spécifier que la gestion, l’exploitation, et le développement des installations des principaux aéroports montréalais, de responsabilité fédérale, a été confiée à une société à but non-lucratif, créée en 1992, Aéroports de Montréal (ADM), dans le cadre d’un bail foncier de 60 ans, et ce dans la foulée d’un transfert de responsabilités, suite à un changement de mandat de Transports Canada.  Ainsi, depuis la création d’ADM, c’est cet organisme qui a la charge des deux principaux aéroports de Montréal, soit Pierre-Elliott-Trudeau (PET, anciennement Montréal-Dorval) et MIrabel.  Aussi, après des années de tergiversations, d’abord auprès de Transports Canada, puis d’ADM ensuite, cette dernière a finalement choisi, en 1997, de concentrer tout le trafic passager sur PET, ne laissant à Mirabel que le fret, et certaines installations industrielles.  L’application de cette décision s’est étendue sur plusieurs années, puisque le dernier vol de passagers à décoller de Mirabel fut le vol TS-710 d’Air Transat, vers Paris, le 31 octobre 2004.

Et ces années de tergiversations, elles auront profité à qui?  À Toronto!  L’aéroport Toronto-Pearson fonctionne maintenant avec deux terminaux, alors que le petit aéroport Billy Bishop (autrefois Toronto City Center Airport), en-face du centre-ville, aéroport déficitaire depuis sa construction, dans les années 1930, est devenu rentable en 2010, et roule à pleine capacité; presque exclusivement opéré par Porter Airlines, celui-ci était, en 2011, le 9e aéroport au Canada, et le 3e en Ontario, en termes de trafic passagers, et le 14e au Canada au niveau du nombre de mouvements d’appareils.

Depuis la fermeture du trafic passagers, en 2004, hormis les activités de fret, le site de l’aéroport de MIrabel regroupe quand même plusieurs activités.  Une base d’entretien d’aéronefs, où l’on s’occupe entre autres des F-18 américains, qui sont arrêtés par un fil de fer, en travers de la piste, comme sur un porte-avions.  L’usine Bell Helicopter, située tout près, vient y tester ses machines, entre autres avec des manoeuvres à reculons.  La firme Hélibellule y a aménagé une aérogare pour hélicoptères, évaluée à 5 millions de dollars  L’organisation iCar opère, directement sur le tarmac, une piste de karting, ainsi qu’une autre, plus grande, qui sert tantôt de site de présentation à la presse de nouveaux véhicules, tantôt de piste d’essais, où l’on pratique des manoeuvres d’urgence avec un peu de tout, même des ambulances.  L’avionneur Bombardier, qui pratique aussi des manoeuvres d’urgence, cette fois avec les avions qui sortent de sa chaîne de montage.  Le tout sans tour de contrôle, puisque tout le trafic est planifié depuis PET!

Donc, à part les pistes, et quelques installations industrielles, le site de Mirabel ressemble à une ville-fantôme; de nombreux bâtiments du parc industriel sont toujours à louer, et l’aérogare est totalement désert.  Depuis mon billet de septembre 2009, ADM a revampé l’édifice administratif, et tente désespérément d’en louer les espaces à bureaux.

Pendant ce temps, à PET, tout ne va pas nécessairement comme prévu.  Le plan d’ADM, étalé sur 25 ou 30 ans, prévoyait des investissements de plus d’un milliard de dollars sur les installations aéroportuaires même, alors que les gouvernements devaient s’occuper de ceux couvrant les infrastructures entourant le site.  La navette ferroviaire, qui devait relier le centre-ville à l’aérogare, se fait toujours attendre.  Les travaux de reconfiguration de l’échangeur A-20/A-520, communément appelé le “rond-point Dorval”, entrepris en 2009, ou 2010, sont gelés depuis plus de deux ans.  Avant tous ces investissements, PET était enclavé parmi des quartiers résidentiels, et le parc industriel de Pointe-Claire; après tous ces milliards, il le sera toujours.  Et le jour où l’espace physique manquera, où l’on se rendra compte qu’il y a des limites à “agrandir par en-dedans”, il faudra tout recommencer, avec de nouveaux milliards, ailleurs.  Mais que restera-t-il de Mirabel, à ce moment-là?

Déjà, les infrastructures inutilisées souffrent d’un manque d’entretien flagrant, façon polie de dire que tout tombe en ruines.  Si l’on se fie au fait que cet aéroport a été construit au même moment, et plus ou moins avec les mêmes matériaux, et les mêmes firmes d’ingénieurs, que les infrastructures routières qui tombent aussi en ruines avant la fin de leur vie utile, tout porte donc à croire que le jour où l’on se tournera vers Mirabel, il faudra tout raser, et reconstruire à neuf.  Si l’on avait décidé, en 1997, de tout concentrer à MIrabel, les voyageurs profiteraient de superbes installations, dont les mises à jour auraient coûté sensiblement le même prix que celles de PET, et qui auraient pu prendre de l’expansion, compte tenu de tout le terrain disponible, et ce malgré que l’usine de Bombardier ait été construite sur les espaces prévus pour cette expansion.

Mais malheureusement, ce n’est pas dans ce sens que les dirigeants d’ADM sont allés, il y a plus de 15 ans.  Et leur décision coûtera cher, et plus particulièrement aux contribuables canadiens.

Donc, que faire, pour le trafic aérien de Nantes?  D’abord, il faut commencer par déterminer combien de temps l’aéroport actuel peut continuer à offrir un service digne de mention.  Dans un second temps, il faut planifier la suite; s’il faut un nouvel aéroport, on doit s’assurer de démanteler l’ancien site aussitôt que le nouveau sera pleinement opérationnel, question d’éviter les retours en arrière qui ont causé, à terme, la mort de Mirabel.

Métro de Montréal: Québec n’a pas encore eu sa leçon?

Selon un article de l’agence QMI, et publié sur le site Canoë, la compagnie espagnole Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles, que l’on connaît davantage par l’acronyme CAF, songerait à poursuivre le gouvernement du Québec, parce que celui-ci annoncera ce mardi, par la voix de son premier ministre, Jean Charest, qu’il a choisi de confier le contrat des voitures de métro de gré à gré au consortium Bombardier-Alstom.  Évidemment, l’annonce aura lieu à l’usine Bombardier de La Pocatière, sise dans la circonscription du regretté Claude Béchard.

Je ne reprendrai pas tous les arguments énumérés dans l’article, et me contenterai de passer à l’essentiel.  Par contre, en lisant cet article, je me demande si la mémoire des élus est aussi courte que celle des électeurs.  Il y a quatre ans et demi, on annonçait que la firme Bombardier se verrait confier le contrat de gré à gré avec la Société de transports de Montréal (STM), pour le renouvellement des voitures du métro.  Alstom a poursuivi, devant la Cour supérieure, forçant la STM à aller en appel d’offres, appel qui fut remporté par – coup de théâtre – le seul soumissionnaire, un consortium composé de Bombardier et Alstom.  Toute cette affaire a apporté son lot de retards; à l’origine, le contrat accordé à Bombardier permettait à la STM de compter sur ses premières rames en… 2010!  Or, l’année 2010 est presque derrière nous, que nous nous confondons encore en tergiversations de toutes sortes.

Je comprends Jean Charest de faire une annonce de ce genre; le député – et ministre – de la place, feu Claude Béchard, devra être remplacé dans les six mois de son départ, et une telle annonce permettra aux libéraux de prendre une option sur la circonscription, lors d’un éventuel scrutin partiel.  Aussi, je trouve que le premier ministre a la mémoire bien courte; n’était-ce pas une annonce du même genre qui a provoqué la poursuite d’Alstom, ainsi qu’un appel d’offres, sur lequel la seule offre reçue – celle du consortium – commandait des coûts non plus de 1,2, mais plutôt de 1,8  milliards de dollars, pour le même nombre de voitures?

Je vois venir la situation; suite à l’annonce de demain, CAF va déposer une poursuite, sous prétexte qu’elle est exclue de toute possibilité de déposer une offre, pour éventuellement obtenir le contrat.  Les procureurs de la compagnie n’hésiteront probablement pas à utiliser, en jurisprudence, le jugement obtenu par Alstom, en janvier 2008, pour amener le juge à trancher en leur faveur, ce qui risque fort d’arriver.  Viendra ensuite un nouvel appel d’offres, et je gage un vieux « trente-sous », pour la forme, que le seul soumissionnaire sera… un nouveau consortium, Bombardier-Alstom-CAF!  Et regardez bien la note; elle sera de plusieurs milliards!  Et si Québec vote une loi spéciale?  Pourquoi CAF n’irait-elle pas devant l’organisation mondiale du commerce (OMC)?  Après tout, la STM aurait dû faire un appel d’offres international.

Bref, les usagers du métro de Montréal sont mieux de se faire à l’idée; ils monteront encore longtemps dans les vieilles MR-63, qui n’auront pas moins de 50 ans, lorsque l’on commencera à… accorder les contrats, pour les remplacer.

A-30: (1) L’échangeur A-30/A-730

Après des années de tergiversations, de « C’est mieux sur la 132! », et de « Non, ça va détruire notre centre-ville! », comme si le long de la route 132, entre l’A-15 et Kahnawake, ça pouvait ressembler, un tant-soit-peu, à un centre-ville, et de nombreuses promesses électorales, voilà que le MTQ est enfin passé à l’action, dans le dossier de l’A-30, au sud de Montréal, c’est à dire entre l’A-15 à Candiac et la limite du territoire de Kahnawake.  L’échangeur, que l’on appelle A-30/A-730, parce que l’on va appeler A-730 le petit bout d’autoroute qui va subsister, jusqu’à la route 132, est très avancé, et marque la porte d’entrée de ce chantier attendu par tous, bien que les raisons diffèrent pour chacun.

Voici donc des premières images de ce chantier, qui devrait laisser la place à une vraie autoroute, quelque part en 2010, soit dans un peu plus d’un an, si l’on estime que les ouvertures d’autoroutes se font pratiquement toujours en novembre et décembre.

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Sur l’A-30, en direction est, à l’approche du futur échangeur A-30/A-730.

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Devant nous, le choix; à droite, bien que l’approche ne soit pas tout à fait complétée, la bretelle A-30 est/A-730 nord, à gauche, la bretelle A-30 est/A-30 est.

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Derrière la signalisation de chantier (un point fort, chez L. A. Hébert), le premier viaduc, celui de la bretelle A-30 est/A-730 nord.

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Les deux viaducs, ici; d’abord celui de la bretelle A-30 est/A-730 nord, et plus loin, celui de la bretelle A-730 sud/A-30 est.

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Toujours sur la bretelle A-30 est/A-30 est, avec la bretelle A-730 sud/A-30 est, à droite, dans sa descente vers la chaussée de l’A-30 est.

Il est à noter qu’en principe, il n’y aura aucun accès à cette partie de l’A-30, soit entre les échangeurs A-30/A-730 et A-30/A-15.  C’est la condition à laquelle le MTQ devait se conformer afin d’obtenir la bénédiction du BAPE pour la construction de ce tronçon d’autoroute sur des terres agricoles.  Reste à savoir s’il en restera ainsi dans l’avenir, puisqu’un jour ou l’autre, le développement résidentiel se poursuivra, dans ce secteur.

A-50, à Montebello, été 2009: (1) Depuis la future A-50

Dans cette série:

(1) Depuis la future A-50(2) Depuis la route 323

Les travaux vont bon train, au nord de Montebello, là où l’autoroute 50 sera construite, sur quelques mètres seulement, à quatre voies sur deux chaussées.  Le déboisement a commencé l’an dernier, et cette année, on est passé aux choses sérieuses.

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D’abord, le détour, qui sert à éviter le site du passage étagé de la route 323, mesure près d’un kilomètre, et passe par les futures bretelles d’entrée de l’A-50.  Depuis le milieu de ce détour, voici ce que l’on voit, en direction ouest.

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Le détour actuel, un peu plus en détail, qui passe sur la future bretelle d’entrée ouest,…

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…et par la future entrée de l’A-50, cette fois vers l’est.  Pour vous donner une idée du remplissage qu’il a fallu faire,…

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…je me suis reculé, afin de prendre le ponceau de béton, tout en bas.

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Ici, c’est la base du terrassement de la bretelle d’entrée, en direction est.

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Voici la percée de l’A-50, en direction est, toujours depuis le chemin de détour.

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L’ouverture, dans le roc, où sera érigée la bretelle de sortie, en direction ouest.

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Quand on regarde au loin, vers l’est, dans le sens de mettre le zoom de l’appareil-photo au maximum, ou presque, on voit que l’A-50 sera sur une pente descendante.

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Ça ne paraît pas vraiment, sur la photo, mais dans cette tranchée, il y a un petit cap rocheux qui semble avoir résisté au dynamitage.

En théorie, cette partie de l’A-50 devrait être mise en service quelque part en 2012.  Mais avec toutes les tergiversations gouvernementales, on ne peut plus rien avancer.

A-73: La fin actuelle, à Beauceville

Voici le second billet sur l’A-73, qui portera, cette fois, sur sa fin actuelle, à Beauceville.  Vous remarquerez que les photos sont plus petites.  C’est dans le but d’aider ceux qui ont des ordinateurs moins puissants à pouvoir les visionner en entier.  Par contre, en cliquant sur les photos, vous les verrez désormais en plein format.  En espérant que ce changement vous plaise.

Les bretelles d’entrée/de sortie de l’A-73 nord.

La voie de service, vers le nord, à l’intersection des bretelles.

La même route, vers le sud.  C’est dans cette direction que devait se raccorder, un peu plus loin, le rang Saint-Charles.

La fin actuelle de l’A-73, vue de la fin du tronçon construit.

À partir des bretelles de l’A-73 nord, voici une vue progressive,…

…du nord vers le sud, avec les pointes de musoirs, ici,…

…alors que là, on sent déjà la fin,…

…que voici en propre, cette fois dans une vue…

…qui ne fait aucun doute.  C’est de ce promontoire que j’ai pris la photo de la fin actuelle de l’A-73.

L’intersection de la voie de service et des bretelles, vue depuis la bretelle de sortie.

Comme je le disais dans mon dernier billet, je fus quelque peu déçu, de voir que les travaux du tronçon suivant, vers Saint-Georges, n’étaient pas encore commencées.  À ce sujet, j’ai eu un échange de courriels des plus intéressants avec Patrick Lessard, qui est l’auteur du site « non-officiel » dédié au prolongement de l’A-73 (ou autoroute Robert-Cliche) vers Saint-Georges.  Celui-ci m’a transmis de précieuses informations, au sujet de toutes les tergiversations qui entourent la suite des travaux.

Présentement, il y a beaucoup de sable dans l’engrenage, au sujet du tracé choisi par le MTQ, auquel s’oppose une poignée de gens.  Ces personnes auraient demandé des audiences auprès du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), et les auraient obtenues,  Suite à ces audiences, le BAPE a approuvé le projet, sous certaines conditions, puis l’a soumis à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), qui l’a approuvé, à son tour.  Devant l’approbation du projet par le CPTAQ, le groupe en a appelé de cette dernière décision, qui fut par ailleurs maintenue par la Commission.  Le MTQ a commencé à se rendre sur place, puis le groupe a déposé une requête au Tribunal administratif, qui a finalement rendu sa décision en juillet dernier.  Celui-ci renvoie la balle dans le camp de la CPTAQ, afin que celle-ci refasse ses devoirs.  Les détails de ce récit sont disponibles sur le site de Patrick Lessard.

Évidemment, toutes ces requêtes supplémentaires ont étiré les délais, dans cette affaire.  Les crédits ont pourtant été accordés, et n’eut été de tout ce brou-ha-ha, les travaux seraient peut-être déjà en marche.  Patrick me révélait que les probabilités seraient que les travaux commencent prochainement du côté de Saint-Georges, en allant vers Beauceville, à tout le moins jusqu’au secteur où le projet fait litige.

Patrick m’informait également que le gouvernement fédéral, dans le cadre du programme Chantiers Canada, investirait une somme de 75 millions$ pour le doublement de l’actuelle super-2, dont on pouvait voir quelques images dans l’autre billet traitant de l’A-73.