Industrie du sondage: Léger Marketing perd de la crédibilité

Depuis quelques temps déjà, Jean-Marc Léger, de la firme Léger Marketing, signe une chronique hebdomadaire, dans le Journal de Montréal, dans laquelle il aborde un sujet, s’appuyant sur un sondage, que sa firme a spécialement fait, plus souvent qu’autrement, pour illustrer sa chronique.  Mais dans sa chronique d’aujourd’hui, Jean-Marc Léger se laisse aller solide.  Entre les 16 et 19 juin derniers, il a fait réaliser un sondage, auprès de 1001 québécois, dans lequel il demandait deux questions, à savoir « Célébrez-vous la Fête nationale du Québec, le 24 juin? », puis « Célébrez-vous la fête du Canada, le 1er juillet? »  Mais les seuls résultats qu’il publie sont le nombre de personnes qui ont répondu « Oui » à l’une ou l’autre de ces deux questions.  Regardons d’abord les données du sondage, publiées dans la chronique.

À la première question, 48% des personnes interrogées ont répondu que oui, elles allaient célébrer la fête nationale des québécois.  Sur la base de la langue, ce fut 56% des francophones, et 18% des non-francophones, qui ont répondu positivement à la question.  Si l’on regarde les résultats du sondage à la deuxième question, ce sont 32% des québécois, en général, qui célébreront la fête du Canada, soit 24% des francophones et 59% des non-francophones.

Ce qui m’a jeté par terre, c’est plutôt le texte de la chronique de Léger lui-même, que les résultats du sondage.  Devant de tels chiffres, je suis tenté de dire que le sondage révèle, comme si nous ne le savions pas déjà, que le Québec vit les deux grandes solitudes, les francophones d’un côté, les non-francophones de l’autre.  Les « nous » d’un bord, les « eux » de l’autre.  Léger, lui, s’enflamme beaucoup plus que cela, au point de dire que les racines péquistes de son paternel, ministre sous René Lévesque, ont sorti trop fort pour parler d’objectivité.  Voyez par vous-même; « Mais il y a un hic (et pas un hic de bière). Malgré l’ouverture faite par les francophones aux autres groupes ethniques, peu d’entre eux viennent fêter avec nous. »  Nous avons tous été témoins de ladite ouverture faite par les francophones, avec l’affaire des deux groupes anglophones, qui devaient se produire dans un parc de quartier Rosemont, dans le cadre de « L’autre Saint-Jean », affaire qui battait justement son plein pendant la réalisation du sondage; avec une telle façon de voir la participation de groupes anglophones dans un spectacle de la fête nationale, Jean-Marc Léger n’a pas la même définition que moi du mot « ouverture ».  De telles rebuffades inciteront sûrement les non-francophones, en particulier les anglophones, à rester chez-eux.  D’ailleurs, juste à la lecture de cette phrase, tirée du texte de Léger, on constate fortement la présence du « nous, et du « eux », le sondeur devenant ainsi juge et partie, ce qui n’est pas acceptable, dans la réalisation d’un sondage, partant du principe que pour être vraiment représentatif, un sondage se doit d’être objectif, autant dans ses questions que dans l’interprétation que l’on en fait.  En passant, le fameux spectacle de Rosemont, qui mettait en vedette « Lake of Stew », et « Bloodshot Bill », s’est bien déroulé, certains manifestants dansant même sous les riffs de ce dernier.

Dans sa chronique, Jean-Marc Léger en rajoute; « Alors, qu’on arrête de nous traiter de racistes ou de fascistes. Ce ne sont pas les francophones qui ne sont pas ouverts aux autres cultures, mais bien plus les autres cultures qui ne s’ouvrent pas à la culture francophone. »  À la lecture de ce passage, il est évident que le texte de Léger était déjà écrit avant d’obtenir les résultats de son sondage.  Le monsieur, manifestement, n’aime pas se faire dire que les francophones sont encore refermés sur eux-mêmes, ce qui laisse croire qu’il était probablement opposé à la prestation des groupes anglophones à Rosemont.  L’ouverture, entre les deux solitudes, pourrait s’amplifier beaucoup plus rapidement, si ce n’était de ces « purs et durs », comme Léger lui-même semble l’être, même s’il ne l’affirme pas directement, qui parviennent toujours à s’accaparer une place de choix dans les médias.  Le problème, à mes yeux, c’est qu’une bonne part des francophones n’acceptent rien de moins, des autres, que ce que Lord Durham voulait faire avec nous.  Autrement dit, si les québécois avaient, selon eux, le droit de continuer à vivre en français sous l’occupation britannique, il faudrait peut-être laisser les autres communautés, à commencer par les anglophones, vivre dans la langue qu’ils veulent bien utiliser.

Il est clair que les immigrants seront d’abord portés à fêter le Canada en premier; toute la paperasse qu’ils ont dû remplir pour arriver ici, et éventuellement devenir citoyen de ce pays, portait le mot « Canada ».  Pour eux, le Québec n’est qu’une partie du Canada, comme le Penjab en Inde, ou la Catalogne en Espagne.  De plus, comme beaucoup d’immigrants ont quitté leur pays pour prendre un nouveau départ, dans la vie, ils n’auront pas tendance à s’immiscer trop profondément dans les débats politiques et constitutionnels d’ici, de peur de se retrouver dans des problèmes semblables à ceux qu’ils ont fui.  Mais comme beaucoup d’autres, Jean-Marc Léger ne semble pas le voir de cet oeil.  Cet élément, ajouté aux autres, enlève donc de la crédibilité à sa firme.

Voile islamique dans la fonction publique: Pourquoi pas?

Depuis quelques jours, le débat sur la place du voile islamique dans la fonction publique québécoise fait un retour à l’avant-scène.  D’ailleurs, Joseph Facal, dans son commentaire d’aujourd’hui, publié dans le Journal de Montréal, et repris par le site Canoë, revient sur l’affaire.

D’entrée de jeu, j’avoue que toute cette affaire brasse beaucoup de merde, en tous cas suffisamment pour que ça sente… pas trop bon.  Alors, où est-ce que je me situe, moi, dans tout cela?

Je vais vous dire que, bien assis dans mon camion, les femmes qui oeuvrent dans la fonction publique peuvent bien porter ce qu’elles veulent, que cela ne me fait pas un pli sur « la différence ».  C’est d’ailleurs pour cela que je n’ai rien écrit, jusqu’à maintenant, sur ce sujet.  Mais si une telle pratique risque d’indisposer tant de gens, pourquoi ne pas manifester de façon originale?  Si l’on permet le port du voile islamique, dans le but de respecter la liberté d’habillement des femmes musulmanes, pourquoi ne pas faire enregistrer, auprès du gouvernement, la religion du Dieu-Soleil, et permettre aux femmes qui pratiqueraient cette religion d’aller travailler dans leur costume religieux traditionnel,… le bikini?  Une telle mesure offrirait beaucoup d’avantages; du coup, on réduirait le taux d’absentéisme des fonctionnaires masculins, en plus de garder ces messieurs, dans les files d’attente, des bureaux de fonctionnaires, beaucoup plus calmes, et plus patients.  Les musulmans veulent leur période de prière?  Pas de problème; pendant que les musulmans profiteraient de locaux pour leurs prières, les soleillistes pourraient se voir accorder des pauses-bronzage, dans des endroits spécialement aménagés, sur le toit des immeubles.

Bref, pourquoi se contenter de déchirer sa chemise dans les médias, quand on pourrait l’enlever… religieusement?  Soyez pro-actives, mesdames!

On me souffle à l’oreille que le costume traditionnel des soleillistes ne conviendrait pas à toutes les femmes qui pratiquent cette religion.  Mais ça, c’est un autre problème.

Virginie Roy, et la réputation du Canada

Certains m’accuseront de paresse, et j’avoue qu’ils n’auront pas tout à fait tort.  Ce texte de Virgine Roy, intitulé « La tête dans le sable bitumineux », et que je m’apprête à examiner, date du 4 mars, ce qui donne plus d’une semaine.  Par contre, je dois spécifier que ma spécialité n’a jamais été le scoop, alors voilà.  Après tout ce temps, je prends quelques minutes pour lire le papier de madame, et voici ce que j’en pense.

Celle-ci se base sur le reportage de 24 pages, effectué par le magazine National Geographic, et qui montre les effets néfastes sur l’environnement de l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta, pour traiter de la réputation internationale du Canada, en matière d’environnement.  Elle part de cet exemple, et remonte dans le temps, parlant d’autres affaires qui ont ébranlé, selon elle, la réputation du Canada à travers le monde.  Faisons le tour de ce qu’elle rapporte.

Bien sûr, un simple coup d’oeil sur la région exploitée par les pétrolières, juste au nord de Fort McMurray, via le logiciel Google Earth, nous montre que l’état des lieux de l’exploitation n’a vraiment pas grand chose d’une nature luxuriante, et la couleur des eaux de l’Athabaska, à cet endroit, donne presque à croire que la rivière l’Assomption, à la hauteur de Repentigny, est remplie d’eau de source.  Mais il faut comprendre une chose, par contre; si l’exploitation des sables bitumineux a connu une telle activité, ces dernières années, c’est parce que quelqu’un voulait se porter acquéreur du pétrole que l’on en extrait.  On ne bouleverserait pas le paysage que pour le seul plaisir de le faire.  Déjà qu’avec la baisse du prix du pétrole, qui oscille présentement autour des 40$ le baril, les travaux sont fortement ralentis, et les nouveaux projets sont en mode pause, parce que la rentabilité, qui était exaltante, avec un baril de pétrole dépassant les 140$, n’est plus ce qu’elle était.  C’est drôle, quand même, que National Geographic n’ait pas publié ce reportage pendant que le pétrole se vendait au-dessus de 140$ le baril.  C’était pourtant le même paysage, la même désolation que maintenant.  Bizarre.  Loin de moi l’idée, toutefois, de rejeter quoi que ce soit sur le dos de madame Roy; ce n’est tout de même pas elle qui dirige National Geographic.  Enfin, pas que je sache.

La belle Virginie passe ensuite à un autre événement haut en couleurs, à savoir les premières attaques de Brigitte Bardot, dans les années 1980, contre ce qu’elle appelait « le massacre des bébés phoques ».  Si sa contribution au débat a amené l’interdiction de la chasse aux phoques de moins de 12 jours (ceux que l’on appelle les « blanchons »), il n’en demeure pas moins qu’une recrudescence des populations de phoques, de par une baisse de la chasse, menace la survie de la morue, poisson dont le phoque est le principal prédateur.  À l’autre bout du spectre, les défenseurs des animaux déclaraient, au cours de la même période, que des manteaux de fourrure synthétique, ça ne fait de mal à personne.  Or, il appert que la fourrure synthétique requiert l’utilisation de produits chimiques, et de… pétrole!  Au point que désormais, c’est l’industrie de la fourrure, qui déclare que la fourrure naturelle, c’est écologique!  En bout de ligne, elle est bien gentille, Brigitte Bardot, mais elle devrait peut-être se mêler davantage de ses affaires.  Encore une fois, la chroniqueuse ne fait que rapporter les choses, et je n’ai rien à lui reprocher.

Virginie Roy continue sur sa lancée, en parlant de la publicité faite, à New York, dans les années 1990, par les Cris et les Inuits, pour protester contre la construction du projet hydroélectrique Grande-Baleine, dans le nord québécois.  Ce projet, connu comme étant la phase 2 de celui de la Baie James, fut finalement tabletté, en 1994, selon madame Roy, qui attribue l’arrêt du projet au retrait de l’état de New York d’un contrat de vente d’électricité de plusieurs milliards de dollars.  Sauf que la fin du projet Grande-Baleine a amené d’autres projets de remplacement, et les délais aidant, le Québec a dû, à fort prix, acheter de l’électricité de nos voisins du Sud, dernièrement, afin de combler nos carences, parce que la marge, entre notre capacité de production, et notre consommation, est trop mince.  En fait, si l’on continue sur la même lancée, on risque de faire comme l’état de Californie a dû faire, il y a quelques années, et procéder à du « délestage », c’est à dire priver volontairement d’électricité des secteurs entiers du Québec, afin de ne pas interrompre l’alimentation de certains clients privilégiés.  Mais quand il est question d’augmenter les tarifs, ou encore de privatiser Hydro-Québec, ne serait-ce que partiellement, on constate immédiatement une levée de boucliers, parce que « ça nous appartient », dit-on.

Bref, sur ces points, ce que rapporte Virginie Roy est bien contestable, mais en ce sens que ces événements ont bel et bien causé une mauvaise publicité au Canada, et au Québec, ce n’est pas faux.  Il faut donc lui donner raison, là-dessus.

Ensuite, elle demande pourquoi l’exploitation des sables bitumineux jouit d’un traitement de faveur, par rapport aux autres exploitations, dont certains ont fait ressortir le côté négatif, dans le sens que le gouvernement canadien n’en cesse pas l’exploitation.  Regardons les interventions gouvernementales, face aux publicités négatives rapportées par madame Roy.  D’abord, la chasse aux phoques est toujours permise, même si l’on a interdit la chasse aux blanchons.  On tue les phoques de plus de deux semaines, ce qui n’enlève que peu de valeur à leur fourrure.  On respecte les quotas établis, et le tour est joué.  Même si Sir Paul McCartney lui-même est venu faire un tour aux Îles-de-la-Madeleine, en 2006, pour participer au trafic d’influence, il a suffisamment aimé les canadiens, et les québécois, pour venir donner un concert, sur les plaines d’Abraham, dans le cadre des célébrations du 400e anniversaire de la ville de Québec, et ce au grand dam de certains souverainistes.  Grande-Baleine est peut-être restée dans les cartons d’Hydro-Québec, mais peut-être que cela n’est que partie remise; Jean Charest doit révéler les détails de son plan Nord, pour le développement industriel, minier et touristique du grand nord québécois, et certaines parcelles du projet Grande-Baleine pourraient bien en faire partie.  De plus, d’autres projets hydroélectriques vont de l’avant, malgré les protestations des écologistes, comme entre autres, sur la rivière Romaine.

Finalement, je ne crois pas que les sables bitumineux jouissent d’un traitement de faveur, de la part du gouvernement canadien.  L’exploitation des sables bitumineux est réglementée – pas autant que ne le voudraient les écologistes, mais quand même réglementée.  Les nouveaux projets feront l’objet de contrôles environnementaux plus serrés que les projets actuels.  Ce ne sera jamais suffisant, aux yeux des écolos, mais c’est quand même un pas de la bonne direction.  Mais pour les pétrolières, qui exploitent ces gisements, leur exploitation est rentable, pour l’instant, alors on poursuit le travail sur les chantiers en cours.  Les redevances fournies aux gouvernements, canadien et albertain, furent suffisantes pour permettre à la province de l’Alberta de complètement rembourser sa dette, au fil des ans.  Mais il est certain qu’à partir du moment où la rentabilité du pétrole extrait des sables ne sera plus suffisante, les entreprises pétrolières fermeront les chantiers, et les USA devront s’approvisionner ailleurs.  Autrement dit, dans ce cas, comme dans bien d’autres, tout est question de rentabilité.  Et là-dessus, Virginie Roy peut me croire sur parole.

Économie: Elle pense encore comme moi, cette dame!

Je vais vous raconter une anecdote, concernant mes alignements, tant politique que économique.  Elle s’est produite quelque part, à l’automne de 2005.

J’étais dans un restaurant, et comme presque à chaque fois que je vais seul, dans un restaurant, j’en profite pour jeter un oeil dans le journal, et dans 99% des cas, il s’agit du Journal de Montréal.  Pourquoi celui-là?  Probablement parce que c’est le seul quotidien que l’on retrouve, dans la très grande majorité des restos du Montréal métropolitain.  Évidemment, lorsque je peux mettre la main sur le National Post, ou le Globe and Mail, ou au pire, The Gazette, La Presse ou Le Devoir, je ne passe pas à côté de l’occasion pour m’en délecter, mais cette fois-là, c’était le Journal de Montréal.  À la page habituelle des chroniqueurs, je vois un nom qui m’est alors totalement inconnu, et l’on indique qu’il s’agit d’une chronique économique.  Je prends donc le temps de lire.

Les deux bras m’en tombent!

Je dois préciser, ici, que dans ma jeunesse, j’ai été membre en règle du parti québécois, et du parti progressiste-conservateur (ah, le beau risque!), j’ai été membre élu d’un exécutif syndical, et j’ai aussi eu, pendant plusieurs années, des tendances progressistes.  Mais depuis quelques années, mes alignements politique et économique avaient radicalement changé; en fait, le vent a tourné à partir du moment où je me suis posé une – pour ne pas dire LA – question existentielle, pour quiconque s’intéresse un tant-soit-peu à la chose politique, à savoir « C’est ben beau, tout ça, mais QUI VA PAYER? »

J’en étais où, déjà?  Ah oui, je disais que les bras m’en ont tombé.

Pour la première fois, dans un journal que l’on pourrait qualifier de « populaire », si on le compare à d’autres qui visent une clientèle, comment dire, plus « distinguée », je lisais une chronique dont l’auteure – puisqu’il s’agit d’une femme – avait une pensée qui rejoignait la mienne en tous points.  « Enfin, quelqu’un qui pense comme moi! », me suis-je dit.  J’ai regardé le nom de cette personne.  Il s’agissait de Nathalie Elgrably.

D’une semaine à l’autre, à force de la lire, je me disais qu’il y avait quelque chose de « pas normal ».  C’est vrai, quoi; comment un simple citoyen comme moi pouvait-il se retrouver, politiquement, mais surtout économiquement, dans les écrits d’une véritable économiste?  J’ai voulu en avoir le coeur net; je lui ai envoyé un courriel.  À ma plus grande surprise, elle m’a répondu!  S’en est suivi un échange de courriels, dans lesquels j’exprimais mes commentaires sur ses chroniques, je posais des questions sur divers sujets, et j’obtenais toujours des réponses, aussi élaborées que faciles à comprendre (même pour un type comme moi, à qui l’on a pratiquement « donné » les maths de secondaire 5, ayant terminé l’année scolaire à 48%), ainsi que d’excellentes références, sur lesquelles je base toujours ma pensée économique, aujourd’hui.  Puis, à la suite de la publication, aux éditions Logiques, au printemps de 2006, de son essai intitulé « La face cachée des politiques publiques », j’ai même tenté de la rencontrer, afin de lui faire dédicacer mon exemplaire de l’ouvrage, ce que j’ai réussi, à la faveur d’un débat, dont elle était participante, et auquel j’ai assisté, dans une boîte chic de la rue Saint-Denis, à Montréal.

Je lis encore ses chroniques, qui sont toujours intéressantes. Et si certaines d’entre-elles ne m’atteignent pas particulièrement, de par le sujet traité, d’autres m’intéressent davantage.  Mais celle d’aujourd’hui, intitulée « Lexique économique pour 2009« , m’a autant frappé que la toute première de ses chronique que j’ai lu.  Encore une fois, elle reprend, peut-être pas mot pour mot, mais dans l’essentiel de la pensée maîtresse, mes prédictions au sujet de la situation économique, pour les mois – et les années – à venir.  Et quand elle parle d’un armageddon financier, chez nos voisins du Sud, pour 2009-2010, elle voit exactement la même chose que moi, dans sa boule de cristal.

Faut-il s’en surprendre?  Après tout, ma pensée économique s’est développée à partir de références que Nathalie Elgrably m’a gracieusement fourni.  Gracieusement comme dans gratuit.

Bonne lecture.

Jean-Marie De Koninck: Trop, c’est comme pas assez!

Nous avons tous entendu parler de l’accident, survenu sur la route 137, à Saint-Hyacinthe, dans la nuit de dimanche à lundi, qui impliquait quatre jeunes garçons, dont l’un a perdu la vie.  Ce matin, le Journal de Montréal, sous la plume de David Santerre, publie un article, repris par le site web Canoë, dans lequel le conducteur de la Honda Civic, âgé de 17 ans, aurait confié à un automobiliste, venu prêter main-forte à Rosaire Martin, ancien maire de Saint-Hyacinthe, et présent sur les lieux, avoir pris de l’alcool, un peu plus tôt, dans la soirée.

Est-ce par souci de transparence, pour l’enquête policière, ou encore dans le but de vendre de la copie, que le JdeM a tenu bon de mettre cet entrefilet dans ses pages?  Je veux bien croire que si le jeune a avoué avoir pris de la bière, ça pourrait aider les policiers, mais à ce que je sache, ceux-ci vont probablement demander eux-mêmes, au conducteur de la voiture, la quantité d’alcool qu’il a consommé, afin de voir si cela concorde avec les tests qu’ils auront sous la main, compte tenu que ceux-ci ont ordonné une prise d’échantillon sanguin.  À moins que ce soit l’ancien maire de Saint-Hyacinthe, qui voulait voir son nom sur les pages du Journal de Montréal.  Bref, on pourrait en discuter longuement.

Le bout qui me fait avoir une poussée d’urticaire, dans cette histoire, c’est que le JdeM soit allé chercher l’avis de Jean-Marie De Koninck, le président de la Table québécoise de la sécurité routière, et fondateur de l’Opération nez rouge, pour qu’il puisse ajouter son fion, et ainsi tenter d’ajouter de la crédibilité à ce court article, qui se termine par ces propos:

« Mais peu importe si le jeune conducteur était en état d’ébriété ou non, un autre phénomène est presque aussi dangereux que l’alcool au volant chez les jeunes, selon le président de la Table québécoise de la sécurité routière et fondateur d’Opération Nez Rouge, Jean-Marie De Koninck.

Selon lui, alcool ou pas, en groupe, les jeunes ont tendance à se «monter la tête et à perdre la tête» au moment de prendre le volant. »

Je me demande s’il s’agit-il là d’une nouvelle tentative de relancer l’éternel débat sur l’âge minimal pour l’obtention d’un permis de conduire.  Soyons clairs là-dessus; je veux bien croire que les jeunes de moins de 25 ans sont impliqués, dans une plus grande proportion que les autres, dans des accidents de la route.  Par contre, retirer le permis de conduire à ces jeunes, pour éviter qu’ils soient impliqués dans des accidents, reviendrait à interdire la télévision, dans le but d’enrayer la violence à la télé; ça ne fera que déplacer le problème!  Quand un individu met la main sur quelque chose qu’il convoite depuis longtemps, c’est tout à fait normal qu’il traverse une étape que l’on pourrait qualifier de « plus excitante » qu’à l’habitude, et ce, qu’il ait 16, 25 ou 40 ans!  Souvenons nous des quatre nouveaux policiers, fraîchement gradués de l’École nationale de police, de Nicolet, qui furent tués dans un accident de la route, à Trois-Rivières, en 1994, alors que le cinquième occupant de la voiture, seul survivant et conducteur de celle-ci, fut condamné à la prison; ces hommes, qui étaient tous en état d’ébriété, étaient-ils trop jeunes pour devenir policiers?  Pourtant, le plus jeune des cinq occupants de la voiture avait 25 ans, à l’époque, et le conducteur, Marc St-Germain, en avait 26!  De plus, pour ceux qui vivent en-dehors des grands centres, et Saint-Hyacinthe en est un excellent exemple, les déplacements, pour le travail, les études, les loisirs, etc., nécessitent l’utilisation d’un véhicule, parce que la desserte en transport en commun est moins efficace que dans des agglomérations comme Montréal ou Québec.  Alors imaginez tous les emplois – souvent ceux que personne d’autre ne veulent occuper – que ces jeunes devraient refuser, parce qu’ils ne peuvent pas se déplacer, afin de faire plaisir à quelques « bien-pensants » qui auraient fait interdire la conduite aux moins de 25 ans.

Jean-Marie De Koninck a fondé l’Opération nez rouge, et là-dessus, je lui dis « Chapeau! »  Ce système d’accompagnement a fait ses preuves, et probablement sauvé de nombreuses vies.  Par contre, à force de trop mettre son nez partout, cet individu remarquable risque de devenir un « fatiguant de service », un autre qui n’aura pas compris qu’à force de trop vouloir, on vient à obtenir le contraire de ce que l’on recherche; il finira par perdre toute forme de crédibilité, et quiconque verra son nom, dans le journal, ou son visage, à la télé, finira par dire « Ah, non, pas encore lui! », et son message, bien que se voulant positif, passera « dans le beurre ».  Bref, Jean-Marie De Koninck devra apprendre, lui aussi, que trop, c’est comme pas assez.