Virginie Roy, et la réputation du Canada

Certains m’accuseront de paresse, et j’avoue qu’ils n’auront pas tout à fait tort.  Ce texte de Virgine Roy, intitulé « La tête dans le sable bitumineux », et que je m’apprête à examiner, date du 4 mars, ce qui donne plus d’une semaine.  Par contre, je dois spécifier que ma spécialité n’a jamais été le scoop, alors voilà.  Après tout ce temps, je prends quelques minutes pour lire le papier de madame, et voici ce que j’en pense.

Celle-ci se base sur le reportage de 24 pages, effectué par le magazine National Geographic, et qui montre les effets néfastes sur l’environnement de l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta, pour traiter de la réputation internationale du Canada, en matière d’environnement.  Elle part de cet exemple, et remonte dans le temps, parlant d’autres affaires qui ont ébranlé, selon elle, la réputation du Canada à travers le monde.  Faisons le tour de ce qu’elle rapporte.

Bien sûr, un simple coup d’oeil sur la région exploitée par les pétrolières, juste au nord de Fort McMurray, via le logiciel Google Earth, nous montre que l’état des lieux de l’exploitation n’a vraiment pas grand chose d’une nature luxuriante, et la couleur des eaux de l’Athabaska, à cet endroit, donne presque à croire que la rivière l’Assomption, à la hauteur de Repentigny, est remplie d’eau de source.  Mais il faut comprendre une chose, par contre; si l’exploitation des sables bitumineux a connu une telle activité, ces dernières années, c’est parce que quelqu’un voulait se porter acquéreur du pétrole que l’on en extrait.  On ne bouleverserait pas le paysage que pour le seul plaisir de le faire.  Déjà qu’avec la baisse du prix du pétrole, qui oscille présentement autour des 40$ le baril, les travaux sont fortement ralentis, et les nouveaux projets sont en mode pause, parce que la rentabilité, qui était exaltante, avec un baril de pétrole dépassant les 140$, n’est plus ce qu’elle était.  C’est drôle, quand même, que National Geographic n’ait pas publié ce reportage pendant que le pétrole se vendait au-dessus de 140$ le baril.  C’était pourtant le même paysage, la même désolation que maintenant.  Bizarre.  Loin de moi l’idée, toutefois, de rejeter quoi que ce soit sur le dos de madame Roy; ce n’est tout de même pas elle qui dirige National Geographic.  Enfin, pas que je sache.

La belle Virginie passe ensuite à un autre événement haut en couleurs, à savoir les premières attaques de Brigitte Bardot, dans les années 1980, contre ce qu’elle appelait « le massacre des bébés phoques ».  Si sa contribution au débat a amené l’interdiction de la chasse aux phoques de moins de 12 jours (ceux que l’on appelle les « blanchons »), il n’en demeure pas moins qu’une recrudescence des populations de phoques, de par une baisse de la chasse, menace la survie de la morue, poisson dont le phoque est le principal prédateur.  À l’autre bout du spectre, les défenseurs des animaux déclaraient, au cours de la même période, que des manteaux de fourrure synthétique, ça ne fait de mal à personne.  Or, il appert que la fourrure synthétique requiert l’utilisation de produits chimiques, et de… pétrole!  Au point que désormais, c’est l’industrie de la fourrure, qui déclare que la fourrure naturelle, c’est écologique!  En bout de ligne, elle est bien gentille, Brigitte Bardot, mais elle devrait peut-être se mêler davantage de ses affaires.  Encore une fois, la chroniqueuse ne fait que rapporter les choses, et je n’ai rien à lui reprocher.

Virginie Roy continue sur sa lancée, en parlant de la publicité faite, à New York, dans les années 1990, par les Cris et les Inuits, pour protester contre la construction du projet hydroélectrique Grande-Baleine, dans le nord québécois.  Ce projet, connu comme étant la phase 2 de celui de la Baie James, fut finalement tabletté, en 1994, selon madame Roy, qui attribue l’arrêt du projet au retrait de l’état de New York d’un contrat de vente d’électricité de plusieurs milliards de dollars.  Sauf que la fin du projet Grande-Baleine a amené d’autres projets de remplacement, et les délais aidant, le Québec a dû, à fort prix, acheter de l’électricité de nos voisins du Sud, dernièrement, afin de combler nos carences, parce que la marge, entre notre capacité de production, et notre consommation, est trop mince.  En fait, si l’on continue sur la même lancée, on risque de faire comme l’état de Californie a dû faire, il y a quelques années, et procéder à du « délestage », c’est à dire priver volontairement d’électricité des secteurs entiers du Québec, afin de ne pas interrompre l’alimentation de certains clients privilégiés.  Mais quand il est question d’augmenter les tarifs, ou encore de privatiser Hydro-Québec, ne serait-ce que partiellement, on constate immédiatement une levée de boucliers, parce que « ça nous appartient », dit-on.

Bref, sur ces points, ce que rapporte Virginie Roy est bien contestable, mais en ce sens que ces événements ont bel et bien causé une mauvaise publicité au Canada, et au Québec, ce n’est pas faux.  Il faut donc lui donner raison, là-dessus.

Ensuite, elle demande pourquoi l’exploitation des sables bitumineux jouit d’un traitement de faveur, par rapport aux autres exploitations, dont certains ont fait ressortir le côté négatif, dans le sens que le gouvernement canadien n’en cesse pas l’exploitation.  Regardons les interventions gouvernementales, face aux publicités négatives rapportées par madame Roy.  D’abord, la chasse aux phoques est toujours permise, même si l’on a interdit la chasse aux blanchons.  On tue les phoques de plus de deux semaines, ce qui n’enlève que peu de valeur à leur fourrure.  On respecte les quotas établis, et le tour est joué.  Même si Sir Paul McCartney lui-même est venu faire un tour aux Îles-de-la-Madeleine, en 2006, pour participer au trafic d’influence, il a suffisamment aimé les canadiens, et les québécois, pour venir donner un concert, sur les plaines d’Abraham, dans le cadre des célébrations du 400e anniversaire de la ville de Québec, et ce au grand dam de certains souverainistes.  Grande-Baleine est peut-être restée dans les cartons d’Hydro-Québec, mais peut-être que cela n’est que partie remise; Jean Charest doit révéler les détails de son plan Nord, pour le développement industriel, minier et touristique du grand nord québécois, et certaines parcelles du projet Grande-Baleine pourraient bien en faire partie.  De plus, d’autres projets hydroélectriques vont de l’avant, malgré les protestations des écologistes, comme entre autres, sur la rivière Romaine.

Finalement, je ne crois pas que les sables bitumineux jouissent d’un traitement de faveur, de la part du gouvernement canadien.  L’exploitation des sables bitumineux est réglementée – pas autant que ne le voudraient les écologistes, mais quand même réglementée.  Les nouveaux projets feront l’objet de contrôles environnementaux plus serrés que les projets actuels.  Ce ne sera jamais suffisant, aux yeux des écolos, mais c’est quand même un pas de la bonne direction.  Mais pour les pétrolières, qui exploitent ces gisements, leur exploitation est rentable, pour l’instant, alors on poursuit le travail sur les chantiers en cours.  Les redevances fournies aux gouvernements, canadien et albertain, furent suffisantes pour permettre à la province de l’Alberta de complètement rembourser sa dette, au fil des ans.  Mais il est certain qu’à partir du moment où la rentabilité du pétrole extrait des sables ne sera plus suffisante, les entreprises pétrolières fermeront les chantiers, et les USA devront s’approvisionner ailleurs.  Autrement dit, dans ce cas, comme dans bien d’autres, tout est question de rentabilité.  Et là-dessus, Virginie Roy peut me croire sur parole.

Crise économique: L’échec des plans de relance se confirme

Cet article de l’AFP, publié dans les pages du Devoir de ce samedi, semble confirmer ce que tous les économistes, analystes et commentateurs penchant vers le libéralisme économique, y compris votre humble serviteur, ont prétendu, au sujet des plans de relance étatiques, à savoir que l’économie des pays du monde industrialisé s’embourbe dans la récession, et que la relance sera d’autant retardée.  L’article mentionne les données de plusieurs pays développés, et la très grande majorité de ceux-ci montrent un PIB en recul, très net, pour certains, dont le Japon.  S’il est évident que l’empire du soleil levant est dans une situation particulière, la plupart des pays dont on parle ont en commun d’avoir adopté des plans de relance étatiques, dans le but de cerner la crise, et de relancer leurs économies respectives.  Et l’article confirme qu’aucun de ces pays n’a vu l’ombre d’une reprise.

Pour ma part, je crois qu’il faut se rendre à l’évidence, à savoir que les plans keynésiens ne fonctionnent tout simplement pas.  Les ressources accaparées par les gouvernements n’étant plus disponibles aux entreprises, qui sont les seules à pouvoir créer de la richesse, celles-ci doivent ainsi attendre le retour de la disponibilité des ressources, dans le but de relancer leurs opérations.  Le cas des USA est plutôt révélateur; selon des chiffres provisoires, le PIB a reculé de 3,8% au quatrième trimestre, ce qui en fait le pire depuis 1982, et ce malgré tous les plans annoncés depuis septembre dernier, lesquels se calculent désormais en billions de dollars.  Faut-il rappeler que les millions, milliards, et billions de la langue française, se traduisent en anglais par « millions », « billions », et « trillions ».  Autrement dit, ce que l’on appelle un billion, en français, s’écrit, en chiffres, 1,000,000,000,000.  C’est un million… de millions!  J’ai déjà vu, de mes yeux, empilés sur une table, un million de dollars, et je vous jure que c’est impressionnant.  Alors un million de fois cela, selon moi, pourrait difficilement tenir en un seul endroit.  Or, les efforts de relance américains sont désormais de plusieurs billions de dollars, et cela ne suffit manifestement pas pour relancer l’économie.  L’article mentionne que le conseiller économique du président Barack Obama, Lawrence Summers, a reconnu que l’hypothèse officielle d’un retour à la croissance économique au cours de l’année 2009 paraît désormais improbable, et croit même que ce retour ne surviendra qu’au début de 2010.  J’ai bien peur, de mon côté, que cette relance tant espérée ne sera pas encore au rendez-vous lorsque Barack Obama se mettra en campagne pour son second mandat.

Le ministre allemand des finances, Peer Steinbruck, semble vouloir mettre en garde les ministres des finances des pays du G7, qui se réunissaient à Rome, ce week-end, contre un retour au protectionnisme.  Toujours selon l’article, il a déclaré « Je crois que l’Allemagne en particulier à tout intérêt à s’assurer, lors des prochaines rencontres internationales, que le monde ne répète pas les erreurs des années 1930. »  Il a sûrement en mémoire la débâcle économique de l’Allemagne, pendant ces années-là, où le prix d’un pain est passé de 0,30 mark à plus de 7,000,000 de marks, et ce en moins de deux ans.  L’Allemagne avait fait rouler sa planche à billet « à vide », c’est à dire qu’elle avait imprimé beaucoup de billets de banque, mais sans aucune contrepartie en valeurs, autre que celle qu’avait la masse monétaire au début de l’opération.

Une telle façon de faire, pour un gouvernement, s’apparente à faire des chèques sans provisions, pour un individu, ou une entreprise.  Toutefois, comme un billet de banque ne peut pas « rebondir », contrairement à un chèque, la valeur de l’ensemble des billets de banque imprimés, ce que l’on appelle la masse monétaire, prend la valeur de sa contrepartie, ou de sa garantie.  Par exemple, si la masse monétaire d’un pays est, prenons des chiffres simples, de 5 millions$, et que le pays possède des valeurs, ou encore a émis des titres de crédit, pour une valeur de 5 millions$, la masse monétaire a une valeur égale à sa contrepartie. Aussi, si l’on ramène la production des entreprises de ce pays à un seul produit, on dira que ce produit vaut 1 dollar, pour les fins de notre exemple, c’est à dire le rapport entre la valeur de la masse monétaire, et celle de sa contrepartie.  Par contre, si l’on double la masse monétaire, à 10 millions$, et que l’on maintient la valeur de sa contrepartie à 5 millions$, la masse monétaire prendra la valeur de sa contrepartie, ce qui crée un rapport de 2 pour 1.  Notre produit unique vaudra alors 2 dollars, au lieu d’un seul, puisque la masse monétaire a doublé, mais que la valeur de la contrepartie est la même.  Avec cet exemple, je viens de ramener toute la complexité du système monétaire d’un pays à une simple règle de trois.

L’économie américaine risque d’en souffrir, et ce même si elle émet des titres de crédit pour appuyer l’augmentation de sa masse monétaire.  Pourquoi?  Pour une question de confiance en ces titres.  Tous les canadiens ont entendu parler des PCAA, les papiers commerciaux adossés à des actifs.  Le principe de ces papiers étaient l’achat d’une dette.  Si ladite dette rapporte des intérêts, le fait d’acheter ce papier permet à celui qui le vend de prêter l’argent de la vente à d’autres emprunteurs, en retour d’une partie des intérêts qu’il perçoit.  Par exemple, disons que André emprunte 1000 dollars à Benoît, avec un intérêt annuel de 5%.  Afin de prêter de l’argent à d’autres, Benoît vend donc à Charles un PCAA, l’actif en question étant la dette de André à Benoît.  Ce faisant, Benoît consent à Charles une partie des intérêts que lui verse André, disons 2%, ce qui constitue le profit de Charles, dans cette opération.  Un tel système fonctionne tant que André rembourse son emprunt à Benoît.  À partir du moment où André ne rembourse plus Benoît, celui-ci ne peut plus verser les intérêts à Charles, et si celui-ci veut revendre son PCAA, Benoît ne peut plus le lui racheter, ne pouvant pas le payer, parce qu’il n’a plus de liquidités, puisque André ne rembourse plus.  Le PCAA de Charles perd donc de sa valeur, puisque l’actif auquel il est endossé est également dévalué.  La même chose risque de se produire avec les titres de crédit américains; si les acquéreurs de ces titres tentent de se faire rembourser, et que les USA sont dans l’impossibilité de le faire, tous ces titres risquent de se voir rapidement dévalués, ce qui entraînera le même effet que si les USA roulaient la planche à billet à vide.

Évidemment, mes exemples sont simples.  La réalité est bien des fois plus complexe, mais le résultat demeure le même, à savoir que les interventions massives de l’état dans l’économie, ça ne fonctionne pas.  Mais cette fois, les données le confirment.

Aussi, si cela ne fonctionne pas, que faudra-t-il faire, pour relancer l’économie?  J’y reviendrai.  Promis!

Recyclage: Ça sert à quoi, au juste?

Beaucoup de scribes pro-environnement, de Virginie Roy à Vivian Song, au Québec comme ailleurs, vantent les bienfaits du recyclage depuis des années.  C’est sûr que ce type d’industrie a des avantages, en théorie.  Mais toute la question est là; les avantages ne sont nombreux qu’en théorie.

En pratique, c’est une toute autre histoire.  Surtout lorsque l’on apprend que les matières récupérées, à grands coûts, principalement par les municipalités, vont se retrouver… au dépotoir!

C’est une dépêche du site web de LCN, parue hier, qui m’a mis la puce à l’oreille, et qui confirme ce que je prétends depuis pas mal de temps.  Je prétends que le recyclage est une perte de temps, et d’argent.  Et là, voilà que les matières récupérées, dont le carton, ne trouvent plus preneur, et s’entassent dans des entrepôts, en attendant de retourner aux poubelles.  L’article fait mention de pertes d’emplois, bien sûr, mais il faut d’abord comprendre que l’industrie du recyclage fut bâtie sur, devinez quoi?  Des théories environnementalistes!

Si, par exemple, le prix du bois de pulpe baisse, en raison de la baisse de la demande en papier, il est évident que le prix du carton recyclé, qui sert aussi de base à la fabrication du papier, va baisser à son tour.  À un point tel que celui-ci ne couvrira même pas les frais de la récupération du carton, et de sa mise en ballot.  Selon la dépêche, le prix du carton recyclé est passé, de septembre dernier à ce mois-ci, de 150$ la tonne à… 30$.  Mais il semble que la baisse de la demande en papier ne soit pas la cause de l’effondrement des prix.  On parle plutôt de la qualité de la matière.  La dépêche de LCN précise que les asiatiques, qui appréciaient notre carton recyclé, n’en veulent plus, maintenant, le jugeant de trop mauvaise qualité.

Et maintenant, je gage que les scribes pro-environnement, dans un élan de « solidarité verte », vont unir leurs voix à celle des entreprises en recyclage, pour demander des subventions aux gouvernements, dans le but de maintenir les emplois, dans le domaine du recyclage, domaine qui, faut-il le mentionner, a été mis en place à grands coups… de subventions!  En deux mots, c’est doublement payé avec vos impôts.

Pétrole: Léo-Paul Lauzon divague encore!

Sur le site web de la chaîne Argent, aujourd’hui, un article, de la Presse canadienne, cite la dernière divagation de l’impayable professeur Léo-Paul Lauzon.  Celui-ci recommande aux gouvernements canadiens de nationaliser l’industrie du pétrole.  Rien de moins!

Lauzon, titulaire de la Chaire d’études socio-économiques de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), ainsi que les chercheurs Martine Lauzon (sa fille) et Marc Hazbani (son gendre?  …non, je blague!) ont constaté, à la lueur de leurs études des chiffres des six plus importantes compagnies pétrolières au monde, que celles-ci « ont dégagé des profits inimaginables dans une économie de marché normale », selon l’article.  Mais le truc qui me fait le plus rire, c’est la conclusion de l’article en question, qui dit que la totalité des pays qui ont suivi la voie de la nationalisation de l’industrie pétrolière l’ont fait avec succès.  Lauzon insiste; il n’y a eu aucun échec!

Avant d’en conclure que notre illuminé professeur a raison, j’aurais bien aimé qu’il parle, aux journalistes de la PC, de l’action en justice, prise par ExxonMobil, contre le gouvernement vénézuélien, qui a spolié 51% des investissements de plusieurs pétrolières, dans son pays.  La multinationale américaine a refusé de se plier aux exigences du gouvernement de Hugo Chavez (qui, comme tout nationalisateur, veut le beurre, l’argent du beure, et le cul de la crémière), et celui-ci a donc expulsé, malgré ses investissements, ExxonMobil du Venezuela.  La pétrolière, en retour, a pris une action, par le biais d’un tribunal international, et procédé au gel d’environ 12 milliards US$ d’actifs vénézuéliens, partout dans le monde, et ce jusqu’au moment de la décision du tribunal.  Pendant qu’on y est, j’aurais aussi aimé que Lauzon nous rassure, au sujet du peuple vénézuélien; aux dernières nouvelles, les gens, là-bas, devaient se procurer leurs victuailles de base (lait, oeufs, viandes, huile de cuisson, et papier de toilette, entre autres) au marché noir!  Mais curieusement, ces données ne sont probablement pas considérées comme un échec, selon Lauzon.

Alors voilà; Léo-Paul Lauzon nous donne un exemple de plus que l’économie de marché est encore la meilleure.  Et voici pourquoi.

D’abord, ces pétrolières, qui ont fait des profits énormes, il faut bien l’avouer, ont aussi remis des dividendes proportionnels à leurs actionnaires.  Or, des actions d’entreprises pétrolières sont disponibles à quiconque désire en acheter.  Il s’agit donc (quoique pas nécessairement abordable, je l’avoue, pour le commun des mortels) d’une richesse quand même accessible, dans ce sens que les sociétés pétrolières en question ne sont pas, sauf erreur, des sociétés fermées, sous le contrôle d’un seul individu, ou d’une seule entité, mais bien des sociétés publiques, dont les actions peuvent être achetées auprès d’un courtier.  Ensuite, Lauzon ne nous dit pas ce qui serait advenu du prix de l’essence à la pompe, si l’industrie pétrolière, au Canada, avait été nationalisée.  Nous paierions probablement l’essence autour de 2$ le litre, et ce même si les cours du pétrole ne sont plus que le tiers, environ, de ce qu’ils étaient il y a moins d’un an.  Pourquoi?  Parce qu’avec une industrie pétrolière nationalisée, le gouvernement exercerait un monopole, et que tous les monopoles pratiquent des politiques de prix surélevés, puisqu’ils n’ont pas de concurrence.  Il n’y a qu’à penser au coût des appels interurbains, qui ont littéralement fondu comme neige au soleil, depuis la fin du monopole de Bell.  Afin de conserver les prix élevés, on présenterait alors toutes sortes d’excuses, comme des investissements dans les infrastructures, par exemple.  Finalement, le prof oublie de mentionner qu’à part Hydro-Québec, la très grande majorité des nationalisations québécoises ont connu un échec retentissant.  On a qu’à penser à Sidbec-Dosco, ou encore à l’aventure du sucre, dans les années de René Lévesque.

Le système d’économie de marché, j’en conviens, n’est pas parfait, et, rarement, mais parfois, quand même, laisse place à des injustices.  Mais si on le compare aux autres systèmes qui furent tentés, à travers l’histoire, il demeure, et de loin, le meilleur système économique.  Et dans ce sens, je serais le premier surpris si les gouvernements accordaient la moindre importance au « plan Lauzon ».

Virginie Roy parle de « chars »; comment puis-je résister?

Depuis que j’ai mis fin à mon abonnement au Journal de Montréal, j’ai repris plaisir à lire les textes de Virginie Roy, sur le site web Canoë.  Mais cette fois, elle est vraiment tombée dans mon « size »!  En commentant la perte du Grand Prix de F1 de l’île Notre-Dame, la jolie chroniqueuse a mis le doigt directement sur l’un de mes plus vilains points faibles, et j’ai nommé « les chars »!

D’abord, elle commence par un « Bon débarras » bien senti.  Personnellement, la disparition de l’événement me laisse indifférent, parce que si j’ai effectivement un intérêt très marqué pour « les chars », ma plus forte attraction ne va pas vraiment du côté du cirque de Bernie Ecclestone.  Je suis beaucoup plus attiré par l’autre cirque, celui de NASCAR, plus proche des gens ordinaires, et plus abordable, question billets.

Elle met aussi le côté glamour en évidence, en disant qu’une serveuse du restaurant Cavalli pouvait se faire au-delà de 600$ de pourboires en une seule soirée.  Or, si l’on enlève le week-end de la F1, ainsi que celui de NASCAR, les autres fins de semaines estivales rapportent combien, à la serveuse de chez Cavalli, alors que le circuit Gilles-Villeneuve est fréquenté par… les cyclistes?  Serait-ce à dire que les écolos sont plus « cheap » sur les pourboires?  Bon, d’accord, je ne le dirai pas; je risque de me faire aussitôt accuser d’être de mauvaise foi.

Je veux bien croire que le déplacement du cirque comme tel pollue davantage que les voitures elles-mêmes lors du week-end d’épreuves, mais il faudra que madame Roy se rende bien compte que 700,000 kilos de matériel, ce n’est qu’un grain de sable dans le désert.  Tout voyage, à travers le monde, des clémentines du Maroc aux kiwis de la Nouvelle-Zélande, en passant par les vins européens et toutes les babioles « Made in China ».  Quant aux déplacements des milliers d’amateurs, j’ose espérer que vous vous déplacez, vous aussi, madame Roy, pour assister – ou pour participer directement – à des événements qui vous passionnent, car sinon, vous risquez de trouver la vie bien monotone.

Quant à la consommation, qu’elle soit reliée au GPF1, ou à tout autre événement, c’est elle qui fait vivre les commerçants.  Alors que propose madame Roy, à ce sujet; d’interdire les kiosques, lors de tous les événements à survenir en ville?  Il y a un principe bien simple, en ce qui concerne la consommation, et c’est celui-ci; contrairement aux impôts et taxes, la consommation est volontaire, et les gens achètent ce qu’ils veulent bien acheter.  Personne ne les oblige.  Le jour où personne n’achètera les babioles qu’il mettra en vente, le commerçant fermera boutique.  Autre point; ma conscience ne peut avoir d’effets que sur ma personne; si je m’introspecte dans les habitudes des autres, je viole leurs droits et libertés.  Et ça, ce n’est pas bien, quelle que soit la cause pour laquelle je le fais, et aussi noble soit-elle.  D’ailleurs, les commerçants qui tirent profit du passage du cirque de la F1 n’ont pas fait un sou avec moi, et ce depuis que l’événement est présenté à Montréal!  M’ont-ils menacés de poursuite?  Jamais!  Ils avaient une clientèle, ils en ont profité, et maintenant, ils sont tristes, parce que le GPF1 n’aura plus lieu.  Il vont, tout naturellement, changer leurs habitudes, et profiter des autres événements, nombreux, que la ville leur offrira.  Évidemment, ils se plaindront aux gouvernements, mais ça, c’est une autre histoire.

Pollution sonore, maintenant.  Oui, cela les fait avancer plus vite, madame Roy.  Pour être plus « puissant », on doit devoir respirer librement; force est d’admettre que l’on est moins « performant » lorsque l’on est grippé, et que l’on respire difficilement.  C’est la même chose pour un moteur; l’admission d’air, ainsi que l’échappement, doivent offrir le moins de résistance possible.  C’est pourquoi les voitures de course, en général, n’ont pas de silencieux, et sont dotées des tubulures d’admission d’air de grandes dimensions.  La chose est impossible sur les voitures destinées au public, car dans ce cas, personne ne pourrait dormir.  Quant à la « douce musique » des mécaniques, qui vous réveillait, force est de constater qu’après tout, Brossard n’est pas bien loin de l’île Notre-Dame.  Et comme les différentes épreuves du Grand Prix (réchauffements, essais libres, qualifications, etc.) ne commencent rarement avant 8h30 ou 9h00, le matin, c’est que vous dormiez tard, ma chère!  Mais bon, c’est votre droit!  D’ailleurs, ne vous en faites pas, j’ai été jeune, moi aussi!  (Qui a dit « Ça doit faire longtemps »?  Vous, monsieur?  Alors sortez!)  Que feriez-vous, madame Roy, si vous viviez à Trois-Rivières?  Dans cette ville, en août, un week-end de course est organisé directement dans les rues de la ville!  Et mis à part pour quelques exceptions, aucun trifluvien ne voudrait qu’on lui enlève « son » Grand Prix!

Si ma mémoire est bonne, je crois que c’est Jacques Duval, chroniqueur automobile bien connu, et qui fut lui-même coureur dans le passé, qui dernièrement, a appuyé la tenue d’un événement d’endurance pour voitures hybrides, genre « les six heures de Montréal ».  Je dis tout simplement « Pourquoi pas? »  Un tel événement pourrait servir de banc d’essai pour de nouvelles technologies, tout comme l’est la F1, malgré tout ce qu’on peut croire.  Il s’agirait, par contre, de technologies de réduction d’émissions polluantes.  L’événement risque toutefois d’être beaucoup moins glamour qu’un vrai Grand Prix.

Tout cela pour dire que si les politiciens ne s’attardent qu’à ce qu’on voit, mais négligent ce qu’on ne voit pas, Virginie Roy veut s’attarder à ce qu’on ne voit pas, mais néglige ce qu’on voit.  Le Grand Prix du Canada était un événement haut en couleurs, qui attirait des milliers de visiteurs dans notre région, et ce au grand plaisir – lire « au grand profit » – de l’industrie touristique locale.  Et malgré ce qu’elle peut en dire, il y a de très nombreux amateurs qui, tout en faisant des efforts non-négligeables pour être verts tout au long de l’année, étaient prêts à sacrifier un week-end « propre » à des voitures polluantes, et ce pour leur plus grand plaisir.

Car il y a un truc, qu’il faut retenir; tout ce que fait l’homme – je parle ici du genre humain – dérange l’environnement, même une ballade à vélo.  Il n’y aura jamais de « pollution zéro ».  Et la planète, qui a survécu aux dinosaures, aux périodes glaciaires et aux réchauffements passés, survivra aussi au cirque de Bernie Ecclestone.  Alors pourquoi ne pas en profiter pour se faire plaisir, à l’occasion?  Et puisque l’on sait que toute l’activité humaine représente moins de 10% du CO2 produit, sur la planète, le jour où il ne restera plus que la pollution d’un Grand Prix, à gérer, ce ne sera qu’un très léger détail.