A-6: À la recherche des vestiges du passé

Depuis des années, je lis des trucs sur l’autoroute 6, une de ces autoroutes québécoises qui ne seront finalement jamais construites. Les vestiges les plus évidents furent détruits lors de la reconstruction de l’A-15, sur la rive-sud de Montréal. Les fondations des portails de signalisation étaient en place pour un échangeur en T, et les deux chaussées de l’A-15 s’éloignaient l’une de l’autre pour faire place à l’échangeur, le tout au niveau du kilomètre 49, environ. Aujourd’hui, plus rien de cela n’existe. Les dernières preuves d’une possible autoroute dans ce secteur sont visibles sur le boulevard Taschereau. Je les ai prises en photos à l’automne de 2006.

Vu du boulevard Taschereau, un garde-fou métallique protège ce qui serait le point d’accès des bretelles d’entrée et de sortie de l’A-6 ouest, dont on voit de déboisement.

On voit bien le déboisement, ainsi que la ligne du fossé de droite, où la végétation est différente.

Vue de plus près, la bordure de béton du boulevard Taschereau, qui tourne vers l’endroit où se situerait la bretelle d’entrée de l’A-6 ouest. Au loin, les bretelles de l’A-6 est, dont le site est utilisé par l’Agence métropolitaine de transport (AMT), qui en a fait un stationnement incitatif.

En scrutant les images fournies par le logiciel Google Earth, on se rend bien compte que des travaux furent effectués pour construire une autoroute à cet endroit. Du déboisement, un peu de terrassement, mais aussi le redressement de plusieurs courbes, sur la petite rivière Saint-Jacques, témoignent de l’ambition du gouvernement de l’époque de faire passer une autoroute à cet endroit.

Sur cette image de Google Earth, on voit très bien, en A, le vaste terrain dégagé, ainsi que les courbes de l’échangeur, qui subsistent, malgré les travaux de reconstruction de l’A-15. En B, le stationnement incitatif de l’AMT, réalisé à même les bretelles de l’A-6 est. En C, le déboisement des bretelles de l’A-6 ouest. En D, la rivière Saint-Jacques, dont deux courbes furent redressées, et une autre qui ne l’avait pas encore été, au moment de l’arrêt des travaux.

Par contre, si la rive-sud de Montréal est visible en haute définition, sur Google Earth, beaucoup de secteurs ne sont qu’en définition normale, à mesure que l’on s’éloigne du grand Montréal, ce qui m’a amené à laisser tomber la recherche d’autres vestiges. Mais suite à la lecture d’indices ajoutés sur le site Wikipédia, sur la page de l’autoroute 6, ma curiosité s’est rallumée. Je me suis mis à la recherche de nouvelles preuves, et j’en ai effectivement trouvé d’autres… à Farnham!

Voici l’image qui s’offre à nous lorsque l’on roule sur la route 104, en direction ouest, à quelques dizaines de mètres du chemin de fer. Une large chaussée vient se raccorder à la route.

Cette fois, vue du centre. L’accès à cette chaussée est fermé par des blocs de béton et des résidus de toutes sortes.

Le club de motoneige local, qui utilise l’emprise pour ses sentiers, a installé une cabane, qui fait office de relais à une intersection, puisqu’un autre sentier longe la route 104, à cet endroit.

Ici, on voit bien le gravier qui recouvre le terrassement. C’est donc dire que ce tronçon était passablement avancé.

Au nord de la chaussée, qui fait environ un kilomètre et demi de longueur, une clôture longe la ligne des arbres, à une distance normale pour une chaussée d’autoroute,…

…alors qu’au sud de celle-ci, la distance entre la chaussée et la clôture, qui est située le long de la ligne des petits arbres, laisse suffisamment d’espace pour construire une deuxième chaussée. Contrairement à ce que je croyais au départ, la piste cyclable n’utilise pas la chaussée de l’A-6, mais longe plutôt le sud de l’emprise totale de celle-ci. Elle se retrouve donc derrière les arbres!

Un reste d’asphalte, probablement suite au pavage de la piste cyclable, de l’autre côté de la route 104, m’a servi de stationnement pendant que je prenais des photos.

À l’intersection de la route, des feux de circulation ont été installés, et seront probablement mis en service dans quelques semaines, pour aider le passages des cyclistes. À gauche, la piste cyclable est asphaltée, et entre dans un bosquet.

Cette photo fut prise à environ 400 mètres des feux de circulation de la photo précédente. Ici, la piste cyclable sort du bosquet, au niveau du boulevard de Normandie. Le fossé, à droite du terrain dégagé, qui longe la ligne arrière des terrains résidentiels de la rue Saint-Grégoire, suit une légère courbe vers la droite, et ce malgré que la rue elle-même soit droite comme une flèche. Ceci, à première vue, laisserait croire que ce terrain pourrait être la suite de l’emprise de l’A-6, puisque la barrière que l’on voit, de l’autre côté du boulevard, est directement en face de la piste cyclable qui, rappelons-le, longe le côté sud de l’emprise, qui se termine 400 mètres plus à l’ouest. Par contre, même si le terrain semble suffisamment large, à cet endroit, pour contenir l’emprise totale de l’A-6, il aurait été totalement illogique de faire passer une autoroute à cet endroit, puisque de l’autre côté, le chemin de fer fait aussi une courbe vers la droite, plus prononcée que celle du fossé, ce qui rétrécit la largeur du terrain à presque rien, et le tout mène en plein coeur du vieux village, à un endroit où il y a plusieurs aiguillages ferroviaires. Dans les faits, ce terrain est utilisé par la ville de Farnham, et au bout de celui-ci, non loin de la rue Jacques-Cartier, se trouve le garage municipal.

Retournons complètement à l’autre bout de la chaussée, au chemin Lebeau. Nous voyons bien le nom de l’utilisateur de l’emprise, en été, ainsi que l’utilisation qu’il en fait. La chaussée sert de piste d’atterrissage pour les adeptes du parachutisme de Nouvel Air. À noter que le terrassement est aussi raccordé au chemin Lebeau.

De l’autre côté du chemin Lebeau, plus rien! Il n’y a que la piste cyclable, que l’on voit, à gauche, et qui s’enfonce dans les terres, le long de la ligne des arbres, sur une ancienne emprise de chemin de fer.

Je vais investiguer bientôt sur une autre trace, que j’ai vu avec le logiciel Google Earth, à peu près dans le même corridor que ce bout de chaussée. Avec le temps, comme vous pouvez le constater, je suis devenu de plus en plus curieux en ce qui concerne les vestiges de l’autoroute 6.

Par contre, j’ai d’autres photos de la route 104, que je mettrai bientôt dans un autre billet. Des photos qui, pour différentes raisons, selon les endroits, permettraient de tirer des conclusions bizarres.

A-40: Épisode 1 – Le côté sombre de l’autoroute Métropolitaine

Tous les utilisateurs de l’autoroute Métropolitaine (A-40), à Montréal, la prennent pour acquis depuis près de 50 ans. La seconde autoroute québécoise construite, après l’autoroute des Laurentides, supporte, bon an mal an, un nombre impressionnant de véhicules, ce qui la classe parmi les routes les plus sollicitées en Amérique du Nord. Nous la voyons tous du dessus, mais le 15 mars dernier, alors qu’il tombait une neige mouillée, je suis allé la voir d’en-dessous. Voici ce que j’en ai vu.

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Ici, à l’angle du boulevard Métropolitain, direction ouest, et du boulevard Provencher, à Saint-Léonard, tout près de l’endroit où les voies de service de l’autoroute deviennent le boulevard Crémazie. L’effritement du béton sur le pilier est évident, quoique j’aie eu à l’encercler, sur la photo.

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Cette fois, il est on ne peut plus évident. Certaines parties des terrains situés sous les sections surélevées de l’autoroute sont louées à des entreprises. La première, allant du début de la première section surélevée, un peu à l’est du boulevard Provencher, jusqu’au boulevard Pie-IX, est louée par John Scotti Automobiles, et est constamment surveillée par des chiens de garde.

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Ici, près du boulevard Pie-IX, une partie d’un rapiéçage récent n’a visiblement pas tenu le coup.

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L’effritement du béton des piliers de soutènement de la Métropolitaine est très fréquent.

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Encerclé en jaune, sur cette image, quelque chose semble sortir de ce joint. Est-ce du bois, ou du carton? À moins que ce ne soit autre chose. À première vue, cela peut sembler inquiétant.

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Un autre joint, ici. Cette fois, c’est le béton qui est effrité, au niveau du joint.

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C’est le plafond, ici, qui montre des signes de faiblesse. En passant, je précise que je me déplace d’est en ouest, pour prendre les photos, et que je suis entré sous la structure juste à l’ouest du boulevard Pie-IX.

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Sur cette pose, le béton du plafond a réagi bizarrement à l’usure du temps, comme si la structure de l’autoroute s’était affalée sur le pilier.

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Une autre tige d’armature à nu, cette fois au point de rencontre d’un pilier et du plafond.

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Un bout de grillage, comme on en voit de plus en plus sous les structures, à travers le Québec, dont le but est d’empêcher des fragments de béton de se retrouver dans votre pare-brise. Nous sommes au-dessus de la 22e Avenue.

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Cet effritement du béton, qui dévoile lui aussi des tiges d’armature, a été marqué deux fois pour réparation. On voit des jets de peinture orange, et bleue.

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Cette vue en profondeur montre bien que les pires dommages au recouvrement du plafond se retrouvent toujours au centre, là où sont situées les prises d’égoût pluvial.

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L’effritement du béton dévoile les tiges d’armature de deux piliers doubles. Ces piliers doubles se situent au niveau des joints de dilatation, tout le long de la structure.

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Ici, nous voyons l’effritement du béton à l’intérieur du joint d’un pilier double.

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Encore des tiges d’armature à nu.

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Cette vue nous montre bien l’état des lieux, sous la Métropolitaine. Les rapiéçages, les bouts de grillages, et même les fuites d’eau s’y succèdent, le tout au beau milieu des boîtes et des conduits électriques.

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Une autre illustration de l’état de délabrement de l’autoroute 40, à Montréal.

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L’effritement du béton, cette fois sur la bretelle menant du boulevard Crémazie vers la Métropolitaine, en direction ouest. Le tout se trouve au-dessus de la 19e Avenue.

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Sur le panneau, installé par la Société Parc-Auto du Québec (SPAQ), un organisme gouvernemental devenu privé en 1992, qui gère plus de 39,000 places de stationnement, dont ceux situés sous la Métropolitaine, on peut lire « Pour abonnement mensuel, appelez au (514) 288-6525 ». Compte tenu de l’état de ce pilier double, par contre, j’avoue que j’y penserais à deux fois avant de mettre mon véhicule sous l’autoroute.

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Gros plan du pilier où se trouve le panneau de la photo précédente, à la hauteur de la 19e Avenue.

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Autre vue du plafond, où les dommages sont évidents. À noter, la boîte de jonction électrique, qui n’a plus de couvercle, qui voisine la longue fissure, toute humide, au centre du plafond.

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Nous voyons ici le point de raccord de la bretelle d’entrée, du boulevard Crémazie vers l’A-40 ouest, d’où provient un important écoulement d’eau, encerclé en jaune, et la formation de glace au sol, cette fois encerclée en noir. Évidemment, le béton du pilier est effrité. Le tout, au-dessus de l’avenue Léonard-de-Vinci.

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Cette poutre est supposée maintenir l’autoroute, au niveau de l’avenue Léonard-de-Vinci. Devrait-on lui faire confiance encore longtemps?

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Autre bout de grillage, cette fois au-dessus de la 16e Avenue.

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Un autre pilier montrant des tiges d’armature à nu, à la hauteur du kilomètre 75,6 de l’autoroute Métropolitaine. Les voitures que l’on voit sont sur la 15e Avenue.

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Encerclés ici, des stalactites (je sais, nous ne sommes pas dans une caverne, mais bon, vous comprenez ce que je veux dire) de couleurs bizarres.

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Voici une affiche qui en dit long sur l’état de décrépitude de l’autoroute Métropolitaine. En fait, quelqu’un pourrait me dire c’est quoi, du « lait de béton »? On peut traire les autoroutes surélevées, maintenant?

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Au fond de cette fissure, il semble que ce soit un morceau de bois, qui a probablement dû servir de forme à un rapiéçage de béton de la surface.

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Cette fois, c’est le raccordement de la bretelle de sortie de l’A-40 ouest vers le boulevard Saint-Michel. L’écoulement d’eau y est moins important, quoique présent, comme le montre le stalactite, mais les dommages au béton sont plutôt impressionnants.

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D’autres dommages au béton de la bretelle de la sortie Saint-Michel, venant de l’A-40 ouest. C’est au-dessus de l’avenue Musset.

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D’autres tiges d’armature à nu, malgré les rapiéçages. Toujours au même endroit.

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Ici, les clients du Cherry Pub ne sont pas trop nerveux. Il s’agit du point de raccordement au sol de la bretelle du boulevard Saint-Michel vers la Métropolitaine, en direction est.

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Encore du béton effrité, et des tiges d’armature à nu, cette fois accompagnés d’une fissure qui fait presque toute la hauteur du pilier.

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Un autre joint de dilatation dont le béton s’est effrité.

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Une section inutilisée, sous la Métropolitaine, au milieu du « rond-point » du boulevard Saint-Michel. Malgré que les piliers semblent moins effrités, le centre de la structure surélevée souffre des mêmes dommages que ce que l’on vu jusqu’à maintenant.

Ces photos ne couvrent que la section la plus à l’est de la structure surélevée de l’autoroute Métropolitaine, et ce sur moins d’un kilomètre et demi. Il y a donc suffisamment de matière à photos pour les semaines à venir. D’ailleurs, compte tenu bien sûr de mon emploi du temps, et des caprices de Dame Nature, je tenterai de prendre d’autres poses de la vieillissante autoroute Métropolitaine. Le but de ces photos n’est pas de faire peur aux gens, mais plutôt de faire réagir les autorités aux problèmes causés par le manque d’entretien flagrant de cette voie rapide surélevée. Malgré les dommages qui semblent importants, la structure devrait pouvoir tenir le coup pour quelques années encore.

Dans les faits, le plan de match du MTQ, en 2000, lors de la présentation de la maquette du projet de la rue Notre-Dame, à l’époque du ministre péquiste Guy Chevrette, était de terminer la nouvelle voie rapide pour 2005, afin qu’elle puisse servir d’alternative lors de la reconstruction de la Métropolitaine, qui devait commencer vers 2006. Nous savons tous que les plans ont considérablement changé depuis. Nous sommes en 2008, et l’alternative à la Métropolitaine a fait l’objet d’une cinquième annonce en six ans, l’été dernier. En fait, rien d’autre que du verbiage n’a été fait dans tout ce dossier. Ce n’est donc pas demain la veille du jour où l’on verra une rénovation complète de l’autoroute Métropolitaine.

Déneigement des toitures: Mais d’où vient cette panique?

Depuis le désastre causé par l’effondrement de la toiture de l’entrepôt de l’entreprise Gourmet du Village, à Morin Heights, la semaine dernière, dont on peut voir des photos en cliquant ici, la panique semble être devenue le mot d’ordre partout en province, y compris, bien sûr, à Montréal.  La Commission scolaire de Montréal (CSDM) a fait évacuer ses écoles en catastrophe vendredi dernier (14 mars), sur le coup de 11h30, par mesure préventive, lisait-on dans un communiqué.  On entend également parler de toits qui s’effondrent un peu partout.  Bref, on vit un genre de psychose au sujet du déneigement des toitures.

La question que je me pose est la suivante:  Est-ce que je suis le seul, au Québec, à avoir déjà déneigé une toiture?

On dirait que la situation actuelle en est une de totale exception, à entendre et à lire les médias, mais à ce que je sache, les toitures plates, ainsi que celles dont la pente permet à la neige de s’accumuler, ont toujours eu besoin d’être déneigées, bon an mal an (parce que « bon hiver, mal hiver », ça sonne plutôt mal), au moins une ou deux fois par hiver.  Je me souviens de l’avoir fait annuellement, à l’époque où ma mère possédait encore la maison familiale, et même d’avoir aidé un ami à déneiger le toit d’une usine, dans le but de faire quelques dollars, dans mon adolescence.  À mes yeux, le déneigement d’une toiture fait partie de l’entretien normal d’une propriété, au même titre que la coupe du gazon en été, ou encore le pelletage de l’entrée.  Il n’y a rien de paniquant là-dedans.  Ça peut être chiant, tout au plus, d’avoir à monter sur le toit quand on a autre chose d’inscrit à l’agenda, mais c’est là le seul imprévu de la chose.

Si l’on avait reçu beaucoup de neige en très peu de temps, alors là, je pourrais comprendre l’état de panique actuel.  Mais les bordées de neige se succèdent régulièrement depuis le mois de novembre.  Et ce n’est que maintenant que l’on s’attarde à la toiture?  Il s’agit là d’une négligence impardonnable de la part des propriétaires – et des gestionnaires – de bâtiments, qu’il s’agisse d’individus, d’entreprises privées, ou encore d’institutions publiques.  Qu’on ne vienne pas brailler sur mon épaule en gueulant contre l’hiver qui n’en finit plus, juste à cause qu’il a fallu monter sur la toiture pour la déneiger.  Si vous ne l’avez pas encore fait depuis le début de l’hiver, c’est que vous êtes négligeant, un point, c’est tout!

Quant aux « preneurs de décisions » de la CSDM, je m’abstiendrai d’en parler ici, et ce parce que je tiens à ce que mon blogue véhicule des billets montrant un tant-soit-peu de respect pour autrui, et que si je m’avance sur ce sujet, les couteaux risquent de voler plutôt bas, si vous voyez ce que je veux dire.

Dora Cadman: Elle veut quoi, au juste?

La Presse canadienne publie un article (un autre!) sur ce qui est désormais convenu d’appeler « l’affaire Chuck Cadman ».  Cette fois, c’est le ministre de la défense, Peter MacKay, qui prétend ne rien savoir de toute cette affaire.  Celui-ci était leader du caucus conservateur au moment des événements.

Et les voici, ces événements.

En mai 2005, les libéraux de Paul Martin étaient au pouvoir, et faisaient face à un vote de confiance dont les résultats promettaient d’être chauds.  Tellement chauds, en fait, que le seul vote de Chuck Cadman, ancien député conservateur, devenu indépendant au printemps de 2004, allait trancher, le reste des députés étant divisés 50/50.  On comptait précieusement sur la présence – et le vote – de Cadman, présence pour le moins incertaine, puisque celui-ci était atteint d’un cancer à un stade très avancé.  Il est d’ailleurs décédé deux mois après le vote.

Voici maintenant les allégations.

Le journaliste Tom Zytaruk a écrit un livre, qui paraîtra le 15 mars, intitulé Like A Rock: The Chuck Cadman Story, dans lequel il prétend que Cadman, deux jours avant le vote, aurait reçu la visite de deux émissaires conservateurs qui lui auraient proposé, en retour d’un vote aux côtés des conservateurs, une police d’assurance-vie d’une valeur d’un million de dollars.  La femme de Cadman, Dora, en plus de dire que c’est bien vrai, en ajoute en disant qu’il était furieux, qu’il avait considéré l’offre comme étant un pot-de-vin.  La fille de Cadman, qui habite Vancouver, corrobore les allégations de sa mère.

Du côté du parti conservateur, le premier ministre Stephen Harper prétend qu’il s’agit d’allégations « fausses et irresponsables ».  Les deux émissaires, pour leur part, disent qu’ils ont proposé à Cadman de réintégrer le caucus conservateur.  Et dans l’article dont je mets le lien au début de ce billet, c’est au tour du ministre Peter MacKay de déclarer qu’il est au courant de rien.  L’auteur du livre à paraître, quant à lui, dit avoir en sa possession des enregistrements, dont un de Stephen Harper, dans lequel il dit qu’il y a bien eu offre financière, et un autre, dans lequel Chuck Cadman lui-même dit que des offres de ce genre sont possibles, et même tout à fait normales en situation de gouvernement minoritaire.

Ce qui m’intrigue, là-dedans, c’est que Dora Cadman a été nommée candidate dans la circonscription de son défunt mari.  Et devinez pour quel parti.  Eh oui, pour les conservateurs!  Et avec toute cette affaire, elle cherche quoi, au juste?  Un rendez-vous galant avec Peter MacKay?  Je peux comprendre que l’auteur du livre voit dans toute cette affaire de la pub gratuite pour son bouquin, mais elle?  En tenant des affirmations de ce genre, et en mettant son propre chef dans l’eau bouillante, elle ne se fera sûrement pas des amis au sein du caucus conservateur.  En fait, elle est en train de s’attribuer elle-même, en cas de victoire, une place de back-bencher que personne ne voudra lui enlever.  Elle ramassera le nombre suffisant de mois pour obtenir une pension à vie, et se retirera dans ses terres.

En ce qui me concerne, tout cela n’est qu’un jeu de pouvoir.  Dora Cadman a probablement promis à Zytaruk de collaborer à la promotion de son livre, mais n’a pas pensé plus loin que le bout de son nez, puisqu’elle met ainsi le chef de sa propre formation dans la merde.  Pendant ce temps, le chef libéral, Stéphane Dion, déchire sa chemise en jouant les vierges offensées, mais il semble oublier que sa propre formation est tout, sauf propre.  Sur quoi je me base, pour dire cela?  Sur un seul mot: commandites.  Je crois que c’est suffisant.  Et au bout du compte, le principal intéressé ne pourra jamais témoigner de rien, parce qu’il est mort le 9 juillet 2005.

Voilà mon analyse simple et rapide d’un autre épisode d’effets de manches à la Chambre des communes.

Transports: Un tunnel réclamé entre Québec et Lévis

Parmi le courrier des lecteurs du quotidien Le Soleil, de Québec, une courte demande est signée de la main de Serge Pouliot, et réclame que les gouvernements de tous les paliers se penchent sur la possibilité de construire un tunnel entre Québec et Lévis.  Il appuie sa demande sur le fait que la traversée du fleuve, aux heures de pointe du matin et du soir, est déjà compliquée, et que le développement industriel et commercial de la région de Lévis ne fera qu’envenimer la situation.

Évidemment, monsieur Pouliot doit vivre à chaque jour la situation, et peut donc juger à quel point elle est devenue compliquée, avec le temps.  La question que je me pose, c’est si les gentils fonctionnaires du MTQ ont pris le temps de visualiser la situation actuelle et future de la traversée du fleuve aux heures de pointe.  Ils n’ont sûrement pas fait cet exercice, puisque le MTQ a autorisé la destruction des deux bretelles surélevées de l’autoroute Dufferin-Montmorency (A-440) qui conduisaient vers le cap, ce qui constituait l’entrée d’un éventuel tunnel vers Lévis.  Le jour où il faudra considérer la construction d’une nouvelle traversée du fleuve – et ce jour viendra assez rapidement, on regrettera amèrement cette décision prise pour faire plaisir à Robert Lepage, qui compte transformer le tunnel du cap afin d’en faire un espace de création, selon ce qu’on pouvait voir dans Le Soleil du 30 novembre 2006, et il faudra tout recommencer à partir de rien.

Ce tunnel a quand même 3000 mètres carrés de surface, et comprend deux étages.  Combien ce tunnel a-t-il coûté aux contribuables?  Sera-t-il possible de le récupérer si un éventuel projet de tunnel entre Québec et Lévis refait surface?  On souligne depuis longtemps qu’une nouvelle traversée du fleuve devrait être plus à l’est que les ponts actuels, question d’assurer un équilibre dans la circulation, et ainsi éviter que toute la circulation se retrouve au même endroit, ce qui cause l’actuelle situation d’embouteillage.

Des millions de dollars ont été dépensés pour détruire les bretelles d’accès à ce qui aurait pu devenir le futur tunnel Québec-Lévis, mais ce n’est pas grave; il ne s’agit que de l’argent des contribuables, après tout.