Réforme du processus électoral: Pourquoi chaque citoyen n’aurait-il pas son propre député, tant qu’à y être?

Un article du Journal de Montréal, signé Jean-Michel Nahas, m’a bien fait sourire, ce matin.  Sous le titre « Réforme du processus électoral: Une nouvelle case à cocher?« , le journaliste rapporte que les représentants de trois organismes de militants pour la démocratie (dont, curieusement, seulement deux sont nommés dans le texte) ont mis plus d’une heure et demie à tenter de clarifier les bases de leur réforme aux représentants des médias.  Imaginez à la population, maintenant!  Leur concept proposerait un double vote, dont « Le premier vote va à la personne de votre choix et le second au parti de votre choix« , selon Louise Paquet, du Collectif féminisme et démocratie.  Le permier vote irait directement au candidat, dans chacune des 77 circonscriptions que compterait leur version de la carte électorale, alors que le deuxième vote serait comptabilisé à travers le Québec, pour élire 50 autres députés, par le biais d’une répartition.  Tant qu’à y être, pourquoi les québécois ne devraient-ils pas avoir chacun son propre député?  Connerie pour connerie, vous savez,…

Le but avoué de ces groupes de pression est, bien entendu, de faire élire des représentants dont personne ne veut, sauf eux.  Ils n’ont pas compris que leur solution ne fera rien d’autre que de diminuer encore le taux de participation aux élections.  Déjà que la formule actuelle, archi-simple, laisse plus de 30% des citoyens inscrits sur la liste électorale totalement indifférents, au point de ne pas sortir de chez eux pour aller voter, imaginez maintenant un système où vous pouvez voter pour deux formation différentes.  Ce serait à coup sûr la fin des gouvernements majoritaires au Québec.  De plus, dans leur stratégie, ils oublient que les supporteurs des « vieux partis » voteront aussi deux fois, ce qui ne changera pas grand chose aux résultats, en bout de ligne, sauf en ce qui a trait au budget du Directeur général des élections du Québec (DGEQ), qui lui, risque de grimper en flèche, compte tenu du doublement du processus.  Ceux qui ont déjà travaillé dans un bureau électoral (dont votre humble serviteur) en savent quelque chose; le personnel électoral est, en très grande majorité, des gens qui font cela pour passer le temps.  Il y en a toujours quelques-uns qui sont « pas vites sur la switch ».  Imaginez les soirées interminables de double-comptage des bulletins de vote.

Pourtant, le parti québécois, qui est arrivé à la fin des années 1960, a réussi à prendre le pouvoir en 1976, avec le système actuel.  L’action démocratique est passée bien près de former le gouvernement, lors de la dernière élection générale, et ce moins de 25 ans après sa fondation.  À mes yeux, le problème ne se situe pas dans le système de scrutin, mais plutôt dans le sérieux des programmes des tiers-partis.  Québec suicidaire,… euhhh, je veux dire Québec solidaire, et le parti vert, n’ont qu’à se donner un programme complet, suffisamment sérieux, et les gens leur feront confiance.  Si c’est ce qu’ils désirent, bien entendu.  Ce n’est pas en transformant le bulletin de vote en rapport d’impôt que les électeurs seront davantage tentés d’aller voter, mais en leur donnant un sentiment d’appartenance envers la chose politique, le sentiment qu’ils peuvent changer quelque chose.

Bref, c’est en simplifiant les choses, pas en les compliquant, que les électeurs se sentiront davantage impliqués.

L’image professionnelle de Virginie Roy

Il y a des jours où l’on cherche désespérément un sujet pour écrire un texte, question de garder l’intérêt de ses lecteurs, et que l’on ne trouve rien qui vaille.  Sur ce point, je dois avouer que je suis béni des dieux.  J’ai l’insigne honneur de profiter d’une source d’inspiration aussi incroyable qu’abondante, et j’ai nommé la chroniqueuse du site Canoë, Virginie Roy.

Dans sa dernière chronique, intitulée « L’image verte de McDonald« , elle se réfère à un autre blogueur, Jean-Sébastien Trudel, qu’elle présente comme un spécialiste en développement durable, pour jeter du fiel sur les restaurants McDonald du Canada, et sur la forme que prend leur appui à l’événement mondial « Une heure pour la Terre », qui aura lieu samedi prochain.  Cet événement consiste, pour les participants, à éteindre leurs lumières pendant une heure, dans le but de sensibiliser la population aux changements climatiques, en plus d’assurer, dit-elle, une économie d’énergie de plus de 10,000 kilowatts/heure, soit l’équivalent d’un an de consommation en électricité d’une famille canadienne moyenne.

Mais voilà le hic.  C’est que, fidèle à ses habitudes, madame Roy, qui aurait pu prendre le temps de peaufiner ses recherches, et d’écrire un texte intéressant pour souligner de belle façon un tel événement, a tout simplement pris un quelconque communiqué de presse, et déblatéré n’importe quoi, s’enlevant ainsi à elle-même toute forme de crédibilité.  Elle se sert d’abord du blogue de monsieur Trudel pour reproduire la comparaison que celui-ci a fait entre le ski et le développement durable.  Puis elle tente de justifier ladite comparaison entre la participation des restaurants McDonald du Canada à l’événement Une heure pour la Terre, tentant de faire passer l’entreprise pour un « flasheux », qui profiterait de l’événement pour se mettre en évidence, par rapport à un « vrai skieur » qui, selon sa propre application de la comparaison, devrait tout fermer pendant une heure, afin de respecter l’essence même de l’événement.

Évidemment, dans sa tentative, madame Roy se casse joyeusement la gueule, comme le ferait le « flasheux » de son exemple, au moment de se prendre sa première bosse.  Et voici pourquoi.

Dans son article, elle mentionne que l’événement Une heure pour la Terre assurerait « une économie d’énergie de plus de 10,000 kWh d’électricité, soit l’équivalent d’un an de consommation en électricité d’une famille canadienne moyenne« .  En fait, ce chiffre varie selon l’endroit où l’on se trouve en Amérique du Nord.  Selon des chiffres qui remontent à l’an 2000, la consommation d’électricité per capita (c’est à dire par personne, et non pas pour une famille, madame Roy) est de 18,030 kWh au Canada, incluant le Québec, comparativement à 14,684 kWh chez nos voisins du Sud.  On viendra me dire que les besoins en électricité des canadiens sont supérieurs à ceux des américains, compte tenu de notre climat nordique, etc.  Bon, je veux bien le croire.  Pourrait-on, dans ce cas, m’expliquer pourquoi la consommation per capita au Québec seulement est de… 30,687 kWh d’électricité?  Il ne fait pourtant pas moins froid à Edmonton qu’à Montréal, que je sache.  La consommation québécoise d’électricité per capita est de plus du double de celle des américains, et dépasse de 70% la moyenne canadienne.  Qui sommes-nous donc pour essayer de donner des leçons d’économie d’énergie aux autres?  De quel droit les québécois, dont Virginie Roy, pourraient-ils faire la morale aux restaurants McDonald du Canada en ce qui concerne leur consommation d’énergie?

Ajoutez à cela que l’électricité, au Québec, est produite à partir de l’énergie hydraulique, et non d’énergie combustible, et que l’électricité qui sera économisée, si les québécois éteignent leurs lumières pendant une heure, ne pourra qu’être vendue par Hydro-Québec aux autres marchés de consommation.  Si nous produisions notre électricité à partir de centrales au gaz naturel, par exemple, nous économiserions l’équivalent d’une heure de production d’électricité en gaz, ce qui représente une quantité d’énergie qui est loin d’être négligeable.  Mais ce n’est pas le cas, dans notre société distincte.  L’électricité, contrairement à du pétrole, ou du gaz naturel, ça ne s’entrepose pas.  Si on ne le consomme pas au moment de sa production, ça disparaît!

Bref, à la lecture de quelques statistiques, recueillies sur le net en moins de dix minutes, nous sommes en mesure de constater que, sans le vouloir, Virginie Roy s’est donné le rôle de la « flasheuse », dans le monde des scribes de la blogosphère.  Je lui recommande donc, pour reprendre, avec adaptation, bien entendu, la citation qu’elle tire du blogue de Jean-Sébastien Trudel, de prendre des leçons de journalisme (formation), de pratiquer régulièrement (plan d’action), de suivre les conseils d’un reporter d’expérience (amélioration continue), puis, si un jour elle finit par acquérir quelconque compétence, de développer de nouvelles façons de faire (recherche et développement).  En attendant, elle devrait se considérer chanceuse de recevoir une rétribution de la part du site Canoë.

A-40: Épisode 1 – Le côté sombre de l’autoroute Métropolitaine

Tous les utilisateurs de l’autoroute Métropolitaine (A-40), à Montréal, la prennent pour acquis depuis près de 50 ans. La seconde autoroute québécoise construite, après l’autoroute des Laurentides, supporte, bon an mal an, un nombre impressionnant de véhicules, ce qui la classe parmi les routes les plus sollicitées en Amérique du Nord. Nous la voyons tous du dessus, mais le 15 mars dernier, alors qu’il tombait une neige mouillée, je suis allé la voir d’en-dessous. Voici ce que j’en ai vu.

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Ici, à l’angle du boulevard Métropolitain, direction ouest, et du boulevard Provencher, à Saint-Léonard, tout près de l’endroit où les voies de service de l’autoroute deviennent le boulevard Crémazie. L’effritement du béton sur le pilier est évident, quoique j’aie eu à l’encercler, sur la photo.

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Cette fois, il est on ne peut plus évident. Certaines parties des terrains situés sous les sections surélevées de l’autoroute sont louées à des entreprises. La première, allant du début de la première section surélevée, un peu à l’est du boulevard Provencher, jusqu’au boulevard Pie-IX, est louée par John Scotti Automobiles, et est constamment surveillée par des chiens de garde.

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Ici, près du boulevard Pie-IX, une partie d’un rapiéçage récent n’a visiblement pas tenu le coup.

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L’effritement du béton des piliers de soutènement de la Métropolitaine est très fréquent.

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Encerclé en jaune, sur cette image, quelque chose semble sortir de ce joint. Est-ce du bois, ou du carton? À moins que ce ne soit autre chose. À première vue, cela peut sembler inquiétant.

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Un autre joint, ici. Cette fois, c’est le béton qui est effrité, au niveau du joint.

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C’est le plafond, ici, qui montre des signes de faiblesse. En passant, je précise que je me déplace d’est en ouest, pour prendre les photos, et que je suis entré sous la structure juste à l’ouest du boulevard Pie-IX.

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Sur cette pose, le béton du plafond a réagi bizarrement à l’usure du temps, comme si la structure de l’autoroute s’était affalée sur le pilier.

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Une autre tige d’armature à nu, cette fois au point de rencontre d’un pilier et du plafond.

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Un bout de grillage, comme on en voit de plus en plus sous les structures, à travers le Québec, dont le but est d’empêcher des fragments de béton de se retrouver dans votre pare-brise. Nous sommes au-dessus de la 22e Avenue.

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Cet effritement du béton, qui dévoile lui aussi des tiges d’armature, a été marqué deux fois pour réparation. On voit des jets de peinture orange, et bleue.

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Cette vue en profondeur montre bien que les pires dommages au recouvrement du plafond se retrouvent toujours au centre, là où sont situées les prises d’égoût pluvial.

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L’effritement du béton dévoile les tiges d’armature de deux piliers doubles. Ces piliers doubles se situent au niveau des joints de dilatation, tout le long de la structure.

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Ici, nous voyons l’effritement du béton à l’intérieur du joint d’un pilier double.

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Encore des tiges d’armature à nu.

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Cette vue nous montre bien l’état des lieux, sous la Métropolitaine. Les rapiéçages, les bouts de grillages, et même les fuites d’eau s’y succèdent, le tout au beau milieu des boîtes et des conduits électriques.

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Une autre illustration de l’état de délabrement de l’autoroute 40, à Montréal.

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L’effritement du béton, cette fois sur la bretelle menant du boulevard Crémazie vers la Métropolitaine, en direction ouest. Le tout se trouve au-dessus de la 19e Avenue.

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Sur le panneau, installé par la Société Parc-Auto du Québec (SPAQ), un organisme gouvernemental devenu privé en 1992, qui gère plus de 39,000 places de stationnement, dont ceux situés sous la Métropolitaine, on peut lire « Pour abonnement mensuel, appelez au (514) 288-6525 ». Compte tenu de l’état de ce pilier double, par contre, j’avoue que j’y penserais à deux fois avant de mettre mon véhicule sous l’autoroute.

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Gros plan du pilier où se trouve le panneau de la photo précédente, à la hauteur de la 19e Avenue.

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Autre vue du plafond, où les dommages sont évidents. À noter, la boîte de jonction électrique, qui n’a plus de couvercle, qui voisine la longue fissure, toute humide, au centre du plafond.

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Nous voyons ici le point de raccord de la bretelle d’entrée, du boulevard Crémazie vers l’A-40 ouest, d’où provient un important écoulement d’eau, encerclé en jaune, et la formation de glace au sol, cette fois encerclée en noir. Évidemment, le béton du pilier est effrité. Le tout, au-dessus de l’avenue Léonard-de-Vinci.

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Cette poutre est supposée maintenir l’autoroute, au niveau de l’avenue Léonard-de-Vinci. Devrait-on lui faire confiance encore longtemps?

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Autre bout de grillage, cette fois au-dessus de la 16e Avenue.

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Un autre pilier montrant des tiges d’armature à nu, à la hauteur du kilomètre 75,6 de l’autoroute Métropolitaine. Les voitures que l’on voit sont sur la 15e Avenue.

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Encerclés ici, des stalactites (je sais, nous ne sommes pas dans une caverne, mais bon, vous comprenez ce que je veux dire) de couleurs bizarres.

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Voici une affiche qui en dit long sur l’état de décrépitude de l’autoroute Métropolitaine. En fait, quelqu’un pourrait me dire c’est quoi, du « lait de béton »? On peut traire les autoroutes surélevées, maintenant?

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Au fond de cette fissure, il semble que ce soit un morceau de bois, qui a probablement dû servir de forme à un rapiéçage de béton de la surface.

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Cette fois, c’est le raccordement de la bretelle de sortie de l’A-40 ouest vers le boulevard Saint-Michel. L’écoulement d’eau y est moins important, quoique présent, comme le montre le stalactite, mais les dommages au béton sont plutôt impressionnants.

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D’autres dommages au béton de la bretelle de la sortie Saint-Michel, venant de l’A-40 ouest. C’est au-dessus de l’avenue Musset.

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D’autres tiges d’armature à nu, malgré les rapiéçages. Toujours au même endroit.

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Ici, les clients du Cherry Pub ne sont pas trop nerveux. Il s’agit du point de raccordement au sol de la bretelle du boulevard Saint-Michel vers la Métropolitaine, en direction est.

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Encore du béton effrité, et des tiges d’armature à nu, cette fois accompagnés d’une fissure qui fait presque toute la hauteur du pilier.

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Un autre joint de dilatation dont le béton s’est effrité.

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Une section inutilisée, sous la Métropolitaine, au milieu du « rond-point » du boulevard Saint-Michel. Malgré que les piliers semblent moins effrités, le centre de la structure surélevée souffre des mêmes dommages que ce que l’on vu jusqu’à maintenant.

Ces photos ne couvrent que la section la plus à l’est de la structure surélevée de l’autoroute Métropolitaine, et ce sur moins d’un kilomètre et demi. Il y a donc suffisamment de matière à photos pour les semaines à venir. D’ailleurs, compte tenu bien sûr de mon emploi du temps, et des caprices de Dame Nature, je tenterai de prendre d’autres poses de la vieillissante autoroute Métropolitaine. Le but de ces photos n’est pas de faire peur aux gens, mais plutôt de faire réagir les autorités aux problèmes causés par le manque d’entretien flagrant de cette voie rapide surélevée. Malgré les dommages qui semblent importants, la structure devrait pouvoir tenir le coup pour quelques années encore.

Dans les faits, le plan de match du MTQ, en 2000, lors de la présentation de la maquette du projet de la rue Notre-Dame, à l’époque du ministre péquiste Guy Chevrette, était de terminer la nouvelle voie rapide pour 2005, afin qu’elle puisse servir d’alternative lors de la reconstruction de la Métropolitaine, qui devait commencer vers 2006. Nous savons tous que les plans ont considérablement changé depuis. Nous sommes en 2008, et l’alternative à la Métropolitaine a fait l’objet d’une cinquième annonce en six ans, l’été dernier. En fait, rien d’autre que du verbiage n’a été fait dans tout ce dossier. Ce n’est donc pas demain la veille du jour où l’on verra une rénovation complète de l’autoroute Métropolitaine.

Camionnage: Ils l’ont voulu, alors qu’ils vivent avec!

Après de multiples efforts pour venir à bout de combler des milliers d’emplois disponibles, voilà que les compagnies de camionnage doivent recruter ailleurs dans le monde pour dénicher de nouveaux chauffeurs.  C’est ce que rapportait le Journal de Montréal, le 4 mars dernier, sous la plume d’Yvon Laprade.  Le problème, c’est que l’industrie du camionnage s’est fermée elle-même la porte à d’éventuels excellents employés, et ce par excès de paresse.  Je m’explique.

Ce n’est pas d’hier que l’industrie du transport par camion lourd est en mode de recrutement.  Plusieurs entreprises de camionnage ont même offert des bonis en argent sonnant pour recruter des chauffeurs.  Sauf que parmi les candidats qui s’y présentaient, plusieurs étaient des passionnés de la route qui avaient, oh! malheur, accumulé des points d’inaptitude à leur permis de conduire.  Et le fait d’avoir à enquêter, auprès de la SAAQ, pour chacun des candidats, afin de vérifier si son dossier de conducteur correspondait bien avec les prétentions de son CV, demandait beaucoup de temps, et de moyens, à ces compagnies.

Elles ont donc confié à leur puissant lobby de s’adresser directement à la SAAQ, afin de réglementer l’accessibilité au permis de conduire des classes 1 (ensemble camion-remorque), 2 (autobus de plus de 24 passagers) et 3 (camion porteur de gros format), dans le but d’empêcher les détenteurs de permis de conduire affichant des points d’inaptitude d’obtenir ces classes de permis.  Une telle façon de faire permettrait aux compagnies de transport d’avoir des candidats présentant soit de l’expérience, soit un permis de conduire sans tache majeure.  La SAAQ a donc adopté un règlement dans ce sens, faisant en sorte que quiconque a plus de 3 points d’inaptitude à son dossier ne puisse obtenir un permis de classe 1, 2 ou 3.  Le règlement va encore plus loin, puisque même le permis d’apprenti-conducteur, pour ces classes, est inaccessible, ce qui veut dire qu’un candidat à l’obtention d’un tel permis, qui a 4 points ou plus à son dossier, ne pourra même pas suivre la formation en attendant que son dossier se libère des points en trop.

Comprenez-moi bien; je ne dis pas que les compagnies de transport se doivent d’engager des conducteurs dangereux.  Par contre, pour des passionnés de la route, qui doivent composer avec un point ici, deux points là, etc., c’est facile d’accumuler plus de 3 points, à la longue.  Parce que le problème, vous en conviendrez, avec les points d’inaptitude, c’est qu’ils ne prouvent pas nécessairement que l’on est un mauvais conducteur, mais plutôt que l’on a pas vu le radar du policier à temps.  Et comme il faut deux ans pour que les points d’inaptitude s’effaçent du dossier d’un conducteur, et que contrairement à un criminel, qui a violé ou tué, il n’y a aucun moyen d’avoir une « remise de peine » pour des points accumulés, cela met parfois un frein à des personnes qui pourraient profiter d’un tel métier pour améliorer leurs conditions de vie.  Il est clair dans mon esprit qu’une telle réglementation permet aux compagnies de transport d’éviter de véritables « dangers publics », mais elle empêche également à ces mêmes compagnies de compter sur des conducteurs qui, même s’ils ont accumulé quelques points, au fil du temps, demeurent des conducteurs consciencieux, qui aiment la route et les déplacements.

Évidemment, cette raison n’est pas la seule cause des difficultés de recrutement de l’industrie du camionnage.  Il y a aussi le fait de devoir quitter la maison pour plusieurs jours, pour des voyages sur de longues distances.  Les nombreuses heures de travail quotidien, ainsi que le fait d’avoir à composer avec les intempéries, et les sautes d’humeur de Dame Nature, sont d’autres raisons qui font que les gens y pensent à deux fois avant de se diriger vers une carrière dans ce domaine.  Mais si les entreprises de transport n’avaient pas demandé une telle réglementation à la SAAQ, elles n’auraient peut-être pas à faire face à une telle pénurie de chauffeurs, et à se payer des missions de recrutement à l’étranger.  D’ailleurs, lorsque la SAAQ a adopté cette réglementation, elle prétendait le faire pour augmenter la sécurité routière; or, les statistiques des dernières années ont prouvé que cette règle n’a rien amélioré de ce côté, bien au contraire!

Bref, l’industrie du camionnage s’est tirée dans le pied en faisant adopter « la règle des 3 points » par la SAAQ, et elle doit maintenant vivre avec les conséquences de cette règle.

Dora Cadman: Elle veut quoi, au juste?

La Presse canadienne publie un article (un autre!) sur ce qui est désormais convenu d’appeler « l’affaire Chuck Cadman ».  Cette fois, c’est le ministre de la défense, Peter MacKay, qui prétend ne rien savoir de toute cette affaire.  Celui-ci était leader du caucus conservateur au moment des événements.

Et les voici, ces événements.

En mai 2005, les libéraux de Paul Martin étaient au pouvoir, et faisaient face à un vote de confiance dont les résultats promettaient d’être chauds.  Tellement chauds, en fait, que le seul vote de Chuck Cadman, ancien député conservateur, devenu indépendant au printemps de 2004, allait trancher, le reste des députés étant divisés 50/50.  On comptait précieusement sur la présence – et le vote – de Cadman, présence pour le moins incertaine, puisque celui-ci était atteint d’un cancer à un stade très avancé.  Il est d’ailleurs décédé deux mois après le vote.

Voici maintenant les allégations.

Le journaliste Tom Zytaruk a écrit un livre, qui paraîtra le 15 mars, intitulé Like A Rock: The Chuck Cadman Story, dans lequel il prétend que Cadman, deux jours avant le vote, aurait reçu la visite de deux émissaires conservateurs qui lui auraient proposé, en retour d’un vote aux côtés des conservateurs, une police d’assurance-vie d’une valeur d’un million de dollars.  La femme de Cadman, Dora, en plus de dire que c’est bien vrai, en ajoute en disant qu’il était furieux, qu’il avait considéré l’offre comme étant un pot-de-vin.  La fille de Cadman, qui habite Vancouver, corrobore les allégations de sa mère.

Du côté du parti conservateur, le premier ministre Stephen Harper prétend qu’il s’agit d’allégations « fausses et irresponsables ».  Les deux émissaires, pour leur part, disent qu’ils ont proposé à Cadman de réintégrer le caucus conservateur.  Et dans l’article dont je mets le lien au début de ce billet, c’est au tour du ministre Peter MacKay de déclarer qu’il est au courant de rien.  L’auteur du livre à paraître, quant à lui, dit avoir en sa possession des enregistrements, dont un de Stephen Harper, dans lequel il dit qu’il y a bien eu offre financière, et un autre, dans lequel Chuck Cadman lui-même dit que des offres de ce genre sont possibles, et même tout à fait normales en situation de gouvernement minoritaire.

Ce qui m’intrigue, là-dedans, c’est que Dora Cadman a été nommée candidate dans la circonscription de son défunt mari.  Et devinez pour quel parti.  Eh oui, pour les conservateurs!  Et avec toute cette affaire, elle cherche quoi, au juste?  Un rendez-vous galant avec Peter MacKay?  Je peux comprendre que l’auteur du livre voit dans toute cette affaire de la pub gratuite pour son bouquin, mais elle?  En tenant des affirmations de ce genre, et en mettant son propre chef dans l’eau bouillante, elle ne se fera sûrement pas des amis au sein du caucus conservateur.  En fait, elle est en train de s’attribuer elle-même, en cas de victoire, une place de back-bencher que personne ne voudra lui enlever.  Elle ramassera le nombre suffisant de mois pour obtenir une pension à vie, et se retirera dans ses terres.

En ce qui me concerne, tout cela n’est qu’un jeu de pouvoir.  Dora Cadman a probablement promis à Zytaruk de collaborer à la promotion de son livre, mais n’a pas pensé plus loin que le bout de son nez, puisqu’elle met ainsi le chef de sa propre formation dans la merde.  Pendant ce temps, le chef libéral, Stéphane Dion, déchire sa chemise en jouant les vierges offensées, mais il semble oublier que sa propre formation est tout, sauf propre.  Sur quoi je me base, pour dire cela?  Sur un seul mot: commandites.  Je crois que c’est suffisant.  Et au bout du compte, le principal intéressé ne pourra jamais témoigner de rien, parce qu’il est mort le 9 juillet 2005.

Voilà mon analyse simple et rapide d’un autre épisode d’effets de manches à la Chambre des communes.