Maskinongé: J’ai – encore – joué dans l’eau!

J’avoue, ce fut plus fort que moi. J’y suis retourné!

Mardi dernier (29 avril), j’ai terminé ma journée de travail à 11h00. Et l’envie m’a repris de retourner voir la situation, à Maskinongé. J’ai bien sûr apporté mon appareil-photo, afin de vous en faire profiter. Cette fois, j’ai également pris quelques poses dans la municipalité voisine de Saint-Barthélémy.

Nous sommes sur le rang du Fleuve, à Saint-Barthélémy. À gauche, c’est le chenal du Nord du lac Saint-Pierre, dans les îles de Sorel. Et le panneau signale la possible présence, sur la chaussée, de… canards.

Depuis un pont temporaire, on peut voir l’extrémité ouest du rang du Fleuve. Je voulais tenter ma chance d’aller plus loin, avec ma bagnole, mais le tronc d’arbre, en travers de la route, m’a fait changer d’idée.

Ici, on voit bien ce que l’on appelle localement « la marée ». C’est composé de tout ce que l’eau peut transporter; paille des champs, petites branches, ou encore le tronc d’arbre de l’autre photo, tout cela est transporté par l’eau, et demeure échoué sur place quand l’eau se retire. De là l’expression « la mer de Mai vient chercher sa marée », sur le phénomène des mers de Mai, que je vous expliquais lors de ma première visite.

Nous sommes au quai de tourisme de Saint-Barthélémy. Cet endroit permet aux plaisanciers de mettre leur bateau à l’eau gratuitement. Sauf que pour l’instant, c’est le quai qui est à l’eau.

Toujours sur le rang du Fleuve, en roulant vers l’est, des panneaux temporaires indiquent le « danger » que peut constituer la présence d’eau sur la chaussée.

Celui-là ne laisse planer aucun doute.

Nous y voilà. Nous venons de quitter Saint-Barthélémy, et le chemin devient la route du Nord, du côté de Maskinongé. Lors de ma première visite, il n’y avait de l’eau que sur le tablier du pont. Juste après le pont, à droite, commence le chemin de la Langue-de-Terre. Je suis désolé, mais ma bagnole est trop basse pour me lancer là-dedans. Donc, retour vers Saint-Barthélémy.

Au lieu de prendre l’autoroute 40, pour atteindre Maskinongé, j’ai plutôt pris la voie de service sud, pour me rendre à l’observatoire des oiseaux migrateurs, que voici. Cet endroit est fréquenté par les amateurs de nature, qui viennent y regarder la migration printanière des canards, des bernaches et des oies. Lors de mon passage, malgré que l’eau soit toujours au rendez-vous, les migrateurs ont pratiquement tous déjà quitté vers le nord, attirés par les températures chaudes des semaines précédentes.

Ça, le reste de l’année, c’est une terre agricole. Mais avouez qu’à cause de la crue printanière, elle cache bien son jeu.

La grange, au loin, nous laisse un meilleur indice, cette fois.

Les terres, des deux côtés de l’autoroute 40, mais principalement au sud de celle-ci, ont été aménagées de façon à retenir l’eau des crues, afin de faciliter la migration des oiseaux. Une fois la migration terminée, et le niveau des eaux de la région revenu vers la normale, un système de pompes assèche les terres au niveau nécessaire pour l’agriculture.

Cette photo fut prise à l’extrémité est de l’observatoire, mais en regardant vers le nord-ouest. Le camion-remorque passe sur l’autoroute 40, vers l’est.

Bon, cette fois, c’est la voie de service qui est barrée! Voyons voir de plus près.

Je vois, dit l’aveugle! C’est le ponceau qui est défoncé. Sûrement un dégât de la crue, à moins que ce soit un problème latent qui vient tout juste de se montrer au grand jour. Cette photo permet de voir la composition de la route; une dizaine de centimètres de gravier, et du sable. C’est tout. Et ç’a tenu le coup pendant plus de 30 ans!

Autre vue des dégâts. Mais je dois être honnête, et vous dire que je n’aurais pas pu me rendre à Maskinongé par la voie de service de toute façon. Celle-ci se termine environ un demi-kilomètre plus loin, à la limite municipale de Maskinongé. Donc, encore demi-tour, afin de prendre l’A-40 vers l’est, et sortir à Maskinongé.

Selon les plans originaux, les deux voies de service (nord et sud, ajoutées en rouge sur la carte) de l’A-40 devaient se rendre à Maskinongé, et des courbes ont été aménagées à cet effet (aussi ajoutées en rouge sur la carte), mais elles furent jugées de peu d’utilité, puisque les terres agricoles y sont parallèles à l’autoroute, alors qu’elles sont perpendiculaires à celle-ci, du côté de Saint-Barthélémy.

Carte originale © MapArt (Atlas routier du Québec, édition 2005)

Il faut dire qu’à l’époque de la construction de l’A-40, il y a eu beaucoup de discussions, à savoir de quel côté de la rivière Maskinongé serait construit l’échangeur, chacun tenant à l’avoir de son côté de la rivière. Finalement, l’échangeur fut aménagé du côté est de la rivière, et les gens du côté ouest n’ont eu ni le pont du côté sud de l’autoroute, ni les voies de services leur permettant d’accéder à l’échangeur de Saint-Barthélémy, les deux ajoutés en vert clair sur la carte. Ils durent se contenter du vieux pont, situé du côté nord de l’autoroute, qui fut lui-même l’ancien pont du village de Maskinongé, au cours du XIXe Siècle, et déménagé sur son site actuel en 1927. Nous verrons plus loin des photos de ce pont, maintenant dans un état lamentable.

Ici, nous sommes sur le rang de la Rivière Sud-Est, à Maskinongé, à l’endroit où le pont du côté sud de l’A-40 toucherait terre, s’il avait été construit. On voit le courant dans l’eau qui traverse la chaussée.

En me retournant d’environ 120 degrés, par rapport à la photo précédente, voilà ce que l’on voit. Compte tenu de la dénivellation du terrain, cela crée une petite chute.

Voici un gros plan du « torrent » de la photo précédente.

Ici, la chute est plus prononcée. Cet endroit est un point de chute naturel lorsque survient une crue des eaux, parce que l’eau se déverse dans ce qui était le lit de la « petite rivière » Maskinongé, qui serpente un secteur que l’on appelle « Le domaine ». Le lit de la petite rivière est longé par le chemin de l’Île-aux-Grues, qui se rend vers le fond de la baie de Maskinongé, territoire reconnu – et revendiqué par plusieurs – de chasse à la sauvagine.

Les herbes sauvages retiennent parfois « la marée », que l’on a vu sur les premières photos, ce qui crée un effet de barrage. Par contre, il serait très dangereux de tenter de se rendre vers les maisons; les tourbillons, dans l’eau, de l’autre côté des herbages, illustrent que c’est la rivière Maskinongé, particulièrement profonde et quasi-torrentielle, en cette période de l’année, qui vous attend.

Une autre vue de l’effet de barrage.

Cette fois, c’est le courant de la rivière Maskinongé qui pousse l’eau par dessus la chaussée, créant un effet de chute.

La « chute », vue d’un peu plus près.

Ici, on voit les deux effets à la fois. À gauche, l’effet de barrage, et à droite de la route, la chute de l’eau. Vous l’aurez deviné, la rivière Maskinongé se trouve à gauche, sur la photo.

Nous sommes du côté sud du chemin du Domaine, face au viaduc qui mène au rang de la Rivière Sud-Est, qui lui nous conduit au village de Maskinongé, environ 7 kilomètres plus au nord. Vous ne le croirez peut-être pas, mais il s’agit d’une cabane à sucre.

Et voici le moyen pour se rendre à la cabane.

Voici donc le pont dont nous parlions tantôt, situé du côté nord de l’A-40, et qui fait le lien entre les rangs de la Rivière, Sud-Est et Sud-Ouest. La partie la plus à droite, sur la photo, est une extension qui fut ajoutée en 1927, lors de la reconstruction de l’ancien pont du village, fait de poutres triangulées. Celui-ci est fermé à toute circulation jusqu’à nouvel ordre, et rien qu’à voir la courbe, dans la poutre de soutien du bas, aucune explication supplémentaire n’est nécessaire.

Un zoom de la photo précédente. On voit bien la poutre verticale qui s’est rompue.

Suite à la rupture de la poutre, une inspection complète a été commandée. De là le sablage des raccords d’assemblage des poutres, et les inscriptions sur la structure.

Selon des résidents de l’endroit, des discussions auraient cours entre la municipalité et le MTQ qui, comme on le sait, vient de reprendre à sa charge l’entretien des ponts situés dans les municipalités de moins de 100,000 habitants, afin de déterminer si l’on réparera cette vieille structure plus que centenaire, ou si l’on construira un tout nouveau pont. Alors jetons un nouveau regard – peut-être le dernier – sur l’actuel pont P-04330.

Compte tenu des explications que je donnais dans ce billet, la situation qui prévaut à Maskinongé est plus longue qu’à l’habitude. Normalement, après deux semaines, l’eau se retire presque complètement, et reprend son niveau normal, en attendant les fameuses « mers de Mai ». Par contre, cette année, je ne serais pas surpris que les deux phénomènes se soient chevauchés, ou encore qu’ils soient survenus en même temps; les températures douces de la mi-avril ont certainement aidé les couverts de glace de certains lacs à descendre vers le fond, ce qui pourrait expliquer que la crue de cette année soit aussi soutenue. C’est dans les prochaines semaines que l’on pourra déterminer les causes exactes du prolongement des crues de 2008, selon le temps que mettra le niveau de l’eau à revenir à la normale.

Conduire, c’est agréable: Encore faut-il l’avoir déjà fait!

Lors d’une visite sur le site cyberpresse.ca, je suis tombé sur un texte de Mathieu Perreault, publié mercredi dernier (19 mars), intitulé « Conduire, c’est agréable« .  J’avoue que ce papier donne une toute autre vision de l’automobile, face aux environnementalistes.  D’ailleurs, la dernière citation de Iain Borden, de la faculté d’architecture du University College de Londres, en dit long: « Au fond, la plupart des gens seraient contents de ne conduire que pour le plaisir, pas par obligation, surtout pas dans le trafic. Je pense que les messages trop négatifs les mettent sur la défensive, ils s’accrochent mordicus à leur voiture, même au prix d’embouteillages quotidiens. Et puis, comment voulez-vous qu’une personne qui semble détester conduire soit crédible quand elle donne des conseils aux automobilistes? »

Il est là, le message que je retiens de cet article.  C’est que la très grande majorité des activistes de l’environnement se classent en deux catégories; 1- des jeunes qui vivent encore chez papa/maman, et qui n’ont jamais tenu un volant entre leurs mains, ou 2- des gens d’âge plus mûr, comme Al Gore, qui roulent un gros SUV en culpabilisant tout-un-chacun, et qui résument leur discours à « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».  Je suis convaincu que si l’on donnait la chance, à tous ces activistes, de prendre le volant d’une voiture excitante à conduire, et de faire une ballade de rêve, ils en redemanderaient presque tous!  Bref, en visant les automobilistes « at large », les environnementalistes se tirent dans le pied!

Je cherchais ce texte dans le site, afin de mettre le lien ici, et j’ai vu un autre article du même auteur, publié un mois auparavant, sous le titre « La fin du pétrole, pas de la voiture« .  Il parle cette fois de Iain Carson, journaliste au mensuel The Economist, et co-auteur du livre Zoom, qui élabore sur le fait que le pétrole ne pourra continuer d’augmenter indéfiniment, mais que la voiture est beaucoup trop pratique pour disparaître.

Il s’agit là d’un autre argument que j’utilise souvent pour plaider en faveur de l’achèvement du réseau routier supérieur dans le grand Montréal, et à travers tout le Québec.  D’intéressantes nouvelles technologies, beaucoup moins polluantes que le pétrole, sont présentement à l’étape du développement, et plus les prix du pétrole vont augmenter, plus la réalisation à grande échelle de ces nouvelles technologies seront imminentes.  Mais en bout de ligne, ces nouveaux véhicules auront besoin de routes, tout comme les véhicules actuels, et c’est pourquoi il faut compléter notre réseau routier, qui demeure une oeuvre inachevée.

Voici une liste, exhaustive et incomplète, des liens routiers à être complétés, dans le grand Montréal, afin d’obtenir un réseau routier fonctionnel et efficace.

Route De À Détails
A-13 nord A-640, Boisbriand A-50, Mirabel Construction de l’autoroute.
A-13 sud A-20, Lachine A-30, Châteauguay Tunnel sous le fleuve, et sous la réserve de Kahnawake.
A-15 sud A-10, Brossard Échangeur Turcot Doublement du pont Champlain, ajout d’une 3e voie sur Bonaventure.
A-15 nord Échangeur Décarie Rue Dudemaine, Montréal Construction d’un lien autoroutier direct entre les deux parties de l’A-15.  La section existante, de la rue Dudemaine à l’A-40, devient l’A-515.
A-19 nord A-40, Montréal Pont Papineau-Leblanc Construction de voies rapides, et d’un tunnel entre de Louvain et Henri-Bourassa.
A-19 nord Boulevard Dagenais, Laval A-640, Bois-des-Filion Compléter l’actuelle route 335 en autoroute, avec échangeurs complets.
A-19 sud A-40, Montréal Pont Jacques-Cartier Construction de voies rapides.
A-20 ouest Pont Galipeault Échangeur A-20/A-30/A-540 Construction de voies rapides, contournement du centre-ville de Dorion.
A-20 est Tunnel Viger Tunnel L.-H.-Lafontaine Compléter le projet Notre-Dame selon la version de l’an 2000, ramener l’A-20 à son tracé original, doublement du tunnel L.-H.-Lafontaine.
A-25 nord Boulevard Henri-Bourassa, Montréal A-440, Laval Nouveau pont, raccordement des deux parties actuelles de l’A-25 (en cours de réalisation).
A-30 ouest Boulevard Jean-Leman, Candiac Échangeur A-20/A-30/A-540 Raccordement des parties existantes de l’A-30 (en cours de réalisation).
A-40 est Montréal Terrebonne Doublement du pont Charles-de Gaulle.
A-440 ouest A-13, Laval A-20, Baie-d’Urfé Construction de l’autoroute.
A-440 est A-25, Laval A-40, Montréal Construction de l’autoroute.
A-640 ouest Route 344, Saint-Joseph-du-Lac A-40, Hudson Construction de l’autoroute.
A-640 est A-40, Charlemagne A-30, Varennes Construction de l’autoroute.
A-730 A-30, Saint-Constant A-15, Candiac Construction de voies rapides sur l’emprise de la route 132.
Route 132 Boulevard de Montarville, Boucherville A-640, Varennes Construction de voies rapides, avec échangeurs complets.

Évidemment, il n’y a pas de date pour la réalisation de ces ouvrages, parce que premièrement, il serait impossible de tout faire en même temps, et deuxièmement, il faudrait y aller par ordre de priorités.  Mais un jour ou l’autre, il faudra bien le faire.

Déneigement des toitures: Mais d’où vient cette panique?

Depuis le désastre causé par l’effondrement de la toiture de l’entrepôt de l’entreprise Gourmet du Village, à Morin Heights, la semaine dernière, dont on peut voir des photos en cliquant ici, la panique semble être devenue le mot d’ordre partout en province, y compris, bien sûr, à Montréal.  La Commission scolaire de Montréal (CSDM) a fait évacuer ses écoles en catastrophe vendredi dernier (14 mars), sur le coup de 11h30, par mesure préventive, lisait-on dans un communiqué.  On entend également parler de toits qui s’effondrent un peu partout.  Bref, on vit un genre de psychose au sujet du déneigement des toitures.

La question que je me pose est la suivante:  Est-ce que je suis le seul, au Québec, à avoir déjà déneigé une toiture?

On dirait que la situation actuelle en est une de totale exception, à entendre et à lire les médias, mais à ce que je sache, les toitures plates, ainsi que celles dont la pente permet à la neige de s’accumuler, ont toujours eu besoin d’être déneigées, bon an mal an (parce que « bon hiver, mal hiver », ça sonne plutôt mal), au moins une ou deux fois par hiver.  Je me souviens de l’avoir fait annuellement, à l’époque où ma mère possédait encore la maison familiale, et même d’avoir aidé un ami à déneiger le toit d’une usine, dans le but de faire quelques dollars, dans mon adolescence.  À mes yeux, le déneigement d’une toiture fait partie de l’entretien normal d’une propriété, au même titre que la coupe du gazon en été, ou encore le pelletage de l’entrée.  Il n’y a rien de paniquant là-dedans.  Ça peut être chiant, tout au plus, d’avoir à monter sur le toit quand on a autre chose d’inscrit à l’agenda, mais c’est là le seul imprévu de la chose.

Si l’on avait reçu beaucoup de neige en très peu de temps, alors là, je pourrais comprendre l’état de panique actuel.  Mais les bordées de neige se succèdent régulièrement depuis le mois de novembre.  Et ce n’est que maintenant que l’on s’attarde à la toiture?  Il s’agit là d’une négligence impardonnable de la part des propriétaires – et des gestionnaires – de bâtiments, qu’il s’agisse d’individus, d’entreprises privées, ou encore d’institutions publiques.  Qu’on ne vienne pas brailler sur mon épaule en gueulant contre l’hiver qui n’en finit plus, juste à cause qu’il a fallu monter sur la toiture pour la déneiger.  Si vous ne l’avez pas encore fait depuis le début de l’hiver, c’est que vous êtes négligeant, un point, c’est tout!

Quant aux « preneurs de décisions » de la CSDM, je m’abstiendrai d’en parler ici, et ce parce que je tiens à ce que mon blogue véhicule des billets montrant un tant-soit-peu de respect pour autrui, et que si je m’avance sur ce sujet, les couteaux risquent de voler plutôt bas, si vous voyez ce que je veux dire.

« Un peu de vision, bordel! »: Enlevez vos oeillères d’abord, madame Roy!

J’aime bien commenter certains textes de façon directe, c’est à dire de copier un écrit, et d’y répondre directement, à travers le texte original.  Aussi, un article de Virginie Roy, publié mercredi dernier (5 mars) sur le site Canoë, m’a interpellé.  Son titre: Un peu de vision, bordel!

Alors voilà.  Je mets le texte de madame Roy en italique, et en vert (en souhaitant que Canoë ne me fasse pas d’emmerdes), puis j’y réponds avec la fonte et la couleur habituels.  C’est parti.

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Comme le Québec piétine! Voilà qu’il y a vingt ans, on enlevait les postes de péage. Aujourd’hui, l’Institut économique de Montréal, un des organismes les plus influents de l’économie de marché de la province, estime qu’il faut les réintroduire. Le débat semble tellement compliqué et pourtant, il est si simple.

Il est vrai que le Québec piétine, mais pas dans ce que vous rapportez.  En fait, madame Roy, votre exemple ne représente pas du piétinement, mais plutôt une certaine forme d’évolution.  Celle qui fait qu’une solution abandonnée depuis longtemps, parce qu’obsolète dans sa forme, reprend tout son sens une fois que la mise en application en a été modernisée avec succès.  Un peu comme les motomarines; c’était une idée de Bombardier, qui date du début des années 1970, et qui fut ababdonnée à l’époque parce que impopulaire.  De nos jours, plusieurs manufacturiers fabriquent de telles machines, qui bien sûr ont technologiquement évolué.

Un, nos routes ressemblent à la petite sandwich que je déballe pendant mon heure de lunch : en décomposition. Deux, le secteur du transport est celui qui émet le plus de gaz à effet de serre au Québec. Trois, on n’a ni l’argent pour réparer nos routes, ni l’argent pour investir suffisamment dans les transports en commun pour augmenter sa popularité.

Un, il vous faudrait apprendre à faire des sandwiches qui ne se décomposent pas.  Je blague…  C’est vrai que nos routes sont en décrépitude, et ce en grande partie suite à de la pure et simple négligence.  Deux, peut-être est-ce vrai, mais mégatonne pour mégatonne, quelles ont été les dernières variations?  Et l’industrie, elle ne pollue plus du tout?  À moins qu’elle rejette de tout, sauf des gaz à effet de serre?  J’aimerais bien que vous m’éclairiez, là-dessus.  Trois, il semble que le gouvernement québécois ait réussi à dénicher quelques milliards de dollars pour tenter de sauver les meubles, et ce dans les deux options que vous présentez.  Quoique je ne sais pas encore où il va les prendre.  Peut-être ne nous a-t-on que passé de belles annonces.

Bref, on est dans la merde.  À qui le dites vous!  Pas nécessairement – et pas exclusivement non plus – pour les raisons que vous énumérez ici, mais effectivement, on est dans la merde.

Alors, pendant que Pauline Marois veut sa conversation nationale, je propose plutôt un tête-à-tête avec le comptable du Québec.

Je vous rappelle un peu les faits. L’Institut économique de Montréal croit que la réintroduction des péages est la meilleure solution pour la province. L’étude analyse quatre scénarios plausibles et suppose que l’automobiliste paye 0,05 $ par kilomètre. Le scénario que privilégie l’organisme est le quatrième, soit celui où le péage s’applique à toutes les autoroutes du Québec, ce qui rapporterait la rondelette somme de 1,6 milliard de dollars.

Pour vous donner un exemple, le plan stipule qu’il coûterait 4,80 $ pour traverser les ponts montréalais en heure de pointe et 30 $ pour un aller-retour à Québec.

Cette peur d’une nouvelle taxe a engendré un phénomène instinctif chez le Québécois typique: s’assurer que le gouvernement dépense bien l’argent. Comme les revenus générés par les immatriculations et permis de conduire ne sont finalement pas investis dans nos routes, ou très peu, plusieurs ont estimé important que l’argent généré par les postes de péage soit exclusivement réservé pour la reconstruction des routes. Ce qui veut malheureusement dire: exit l’argent pour les transports en commun.

L’argent des immatriculations et permis de conduire a servi à quoi, au juste?  Je ne le sais pas précisément, moi non plus, mais je sais, par contre, qu’en plus de ces frais payés par tous les détenteurs de véhicules de promenade, et de permis, je dois payer, parce que j’habite le grand Montréal, 30$ de plus que mes frères et soeurs qui habitent en région pour immatriculer ma bagnole, ainsi qu’un cent et demi supplémentaire pour chaque litre d’essence que je mets dedans.  Pourquoi dois-je payer ces « extras », et pas eux?  Parce que je suis obligé – je n’ai même pas le choix – de verser directement ces sommes au transport en commun.  Pouvez-vous me dire, en retour, quelle est la fraction du coût d’un billet d’autobus qui va directement au remplissage des nids-de-poule?  Car après tout, madame Roy, si je paie pour le transport en commun sans même l’utiliser, les autobus utilisent aussi les routes, et de par leur poids et leurs dimensions, ils contribuent davantage que la voiture à la décrépitude du réseau routier, et ce même lorsqu’il n’y a aucun passager à bord.

Environnement qui?

Je trouve bien dommage que l’on n’ait pas plus de vision. Par conséquent, cette semaine, presque personne n’a parlé de l’impact environnemental que pourrait avoir une telle initiative. Presque personne n’a soufflé les mots : transports en commun. On a surtout parlé du 1,6 milliard de dollars qui pourrait servir à reconstruire nos fameux rubans d’asphalte. Et pourtant, l’environnement a tout à y voir dans ce projet, car le coût de l’auto ne se limite pas à l’usure des chaussées.

D’abord, si les environnementalistes veulent prouver qu’ils ont, contrairement au « bas-peuple », une vision globale, ils devraient commencer par enlever leurs propres oeillères!  Ensuite, c’est bien vrai que le coût de l’auto ne se limite pas à l’usure des chaussées.  Voyez-vous, le coût de l’auto finance également le transport en commun, dans le grand Montréal, à hauteur de 30%.  Et je ne compte pas toutes les autres ponctions (comme les réparations supplémentaires aux véhicules, et les taxes de vente qui en découlent, dûes au mauvais état des rues et des routes) et taxes supplémentaires (près de 50% du prix de l’essence à la pompe sont des taxes!) qui font tourner l’appareil gouvernemental, celui-là même qui subventionne plein de projets, comme la construction d’une usine de production d’éthanol, à Varennes, au grand plaisir des environnementalistes.  Du moins jusqu’à ce qu’ils se rendent compte par eux-mêmes que, comme je l’ai moi-même dit sur d’autres tribunes, et que des gens beaucoup plus influents que moi ont aussi prévenu, en plus de ne rien sauver du côté de la pollution, le déséquilibre causé dans la production agricole, du fait que beaucoup d’agriculteurs allaient vendre leur maïs à l’usine d’éthanol, plutôt qu’aux acheteurs habituels de l’industrie alimentaire, allait précipiter les prix des céréales vers des sommets inégalés, en plus de provoquer des risques de pénurie pour la production des aliments.  Mais ça, jamais les environnementalistes ne voudront l’endosser.  Alors vous imaginez peut-être, madame Roy, que ceux-ci vont accepter quelque blâme que ce soit si jamais un gouvernement va de l’avant avec leur dernière trouvaille, et que cela tournait mal?

Les écologistes ont tous le même point de vue.  Bien sûr; ils croient tous détenir LA vérité!  S’il y a plus de postes de péage, il y aura nécessairement plus de personnes qui utiliseront les transports en commun. Or, je trouve plutôt injuste de punir les automobilistes en les taxant, tout en ne leur donnant aucune autre porte de sortie. Ainsi, le gouvernement en aura plein les poches et pourtant, rien n’est prévu pour offrir une alternative aux automobilistes qui décideront de délaisser leur voiture. Par conséquent, il coûtera 30 $ pour se rendre à Québec. Un point c’est tout.

Avec une telle opinion, j’ai presque envie de vous qualifier d’adéquiste, madame Roy!  Dans les faits, la réaction de l’ADQ face à la publication de la note économique de l’IEDM fut, à peu de choses près, la même que ce que vous exprimez dans ce paragraphe.  Il faut toutefois préciser que si les revenus de péage vont à l’entretien des routes, il en coûtera peut-être 30$ aux automobilistes pour un aller-retour à Québec, mais si ceux-ci évitent des centaines de dollars de réparations, ce sera une somme bien investie, pas vrai?

Revenons à la source: pourquoi voulons-nous des postes de péage? Oui, pour reconstruire nos routes, mais c’est surtout pour diminuer le flot des voitures. Si le maire Tremblay a évoqué cette solution, ou si de grands centres urbains l’ont appliquée, c’est très expressément pour gérer la congestion, grâce à des péages variant selon l’heure. C’est aussi pour réduire le nombre d’automobiles qui entrent dans le centre-ville et pour atténuer le trafic dans la ville.

Le but ultime devrait être, finalement, de combattre la pollution atmosphérique. En considérant cette cible, tous les autres objectifs suivraient naturellement.

Quel que soit le but visé par l’un ou l’autre des protagonistes dans ce dossier, à mes yeux, il est hors de question que les sommes recueillies par le biais d’éventuels péages imposés aux automobilistes aillent au transports en commun!  Ceux-ci, en fournissant environ 30% du budget dans le grand Montréal, ainsi qu’une part plus ou moins équivalente dans les autres agglomérations de la province, subventionnent déja largement les services de transport de masse.  Personnellement, je crois qu’il serait grandement temps que les usagers de ces services en paient une plus juste part.  Sans exiger un paiement intégral, les usagers devraient, selon moi, défrayer au moins 50% du coût du service; après tout, ce sont eux qui en profitent directement.

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Et en définitive, compte tenu de la manière dont les fonds publics sont gérés par tous les ordres de gouvernement, je demeure convaincu que la meilleure façon que les revenus de péage aillent directement dans l’entretien de la route sur laquelle ils ont été prélevés est que l’on confie l’entretien des routes à l’entreprise privée, sous la forme de contrats à long terme, accordés suite à des appels d’offres.  Le tout devra toutefois être soumis à une réglementation qui interdirait les monopoles, autant publics que privés.

 

Clôture hors de prix: Merci aux manifestants!

La Presse canadienne publie un court article dans lequel elle rapporte que la clôture installée autour du complexe hôtelier de Montebello l’été dernier, en rapport avec la tenue de la rencontre au sommet entre Stephen Harper, George W. Bush et Felipe Calderon, aurait coûté 875,000$, soit environ quatre fois la valeur marchande d’une telle clôture.

Mais pourquoi les lieux, où se tiennent de telles rencontres, doivent-ils nécessairement se transformer en de véritables forteresses?  La réponse est pourtant très simple; les manifestants ont fait preuve de beaucoup de violence depuis les dernières années, et il devient donc impératif de ne prendre aucune chance quant à la sécurité des participants lors de ces rencontres.  Personnellement, si j’étais responsable des mesures de sécurité, je facturerais les organisations qui ont tenu des manifestations.  C’est vrai; celles-ci ont prouvé qu’on ne peut plus leur faire confiance lors de tels événements; elles évoquent qu’elles sont elles-mêmes infiltrées par des « fauteurs de troubles » pour se disculper de tout le grabuge qui se tient dès qu’une réunion de dirigeants politiques est annoncée.  Si ces organisations n’avaient pas commencé à s’attaquer aux forces de l’ordre en troublant violemment les réunions par le passé, nous n’en serions pas là.

La meilleure façon de faire avancer ses points face aux dirigeants politiques n’a jamais été de les empêcher de tenir leurs réunions, mais bien de se présenter face à eux lors d’élections.  Si le PQ a remporté les élections générales de 1976, ce n’est pas parce que Jacques Lanctôt a servi du pâté chinois à James Richard Cross, ou encore que certains de ses complices ont abattu le ministre Pierre Laporte, en 1970, mais bien parce que René Lévesque a passé des années à convaincre suffisamment de gens pour faire élire un gouvernement majoritaire à Québec.  Aussi, à mes yeux, des manifestations violentes n’auront jamais leur place lors d’événements comme des rencontres au sommet, et devraient systématiquement être réprimées, ainsi que leurs organisateurs traduits en justice.

Alors si vous trouvez que la clôture a coûté trop cher, vous n’avez qu’à dire merci aux manifestants.