Élections provinciales: À quand un véritable choix?

Après une semaine de campagne électorale, à quoi a-t-on eu droit, de la part des principaux candidats?

Des vidéos « pas gentilles », à l’ADQ, des « tapes sur la gueule », entre péquistes, un chef libéral qui ne veut pas « s’asseoir à une table », mais surtout, du « tapage sur la tête » entre adversaires.  Le pire, dans toute cette affaire, c’est que les trois principaux protagonistes ont la même façon d’administrer, la même façon de gouverner, à savoir la pensée keynésienne.

Certains doivent se demander « qu’est-ce que ça mange en hiver, ça », la pensée keynésienne.  Je vais tenter de décortiquer.

La pensée keynésienne vient de John Maynard Keynes, économiste britannique qui vécut de 1883 à 1946.  Sa pensée est complexe, selon ce qu’en dit l’encyclopédie en ligne Wikipédia, mais le plus clair se résume à une intervention marquée de l’état dans l’économie, afin de tenter d’atteindre le plein emploi.  Plusieurs pays ont tenté la pensée keynésienne, et la très grande majorité d’entre-eux ont abandonné cette philosophie.  L’application de la pensée keynésienne débouche, dans la plupart des cas, à la même constatation; si les résultats, à court terme, sont intéressants, ceux à moyen, et à long terme, deviennent catastrophiques.

En voici un exemple frappant.

Suite aux événements du 11 septembre 2001, la population des USA est prise de panique.  Le président, George W. Bush, déclare alors que dans le but de démontrer aux terroristes que les USA n’ont pas peur, le peuple doit faire comme si de rien n’était, qu’il doit dépenser, qu’il doit faire rouler l’économie.  Or, l’économie américaine, pour se remettre en marche, verra le gouvernement faire une première intervention, soit la création de la Federal National Mortgage Association (FNMA), communément appelée Fannie Mae, qui fait des prêts, et des garanties de prêts hypothécaires, ainsi que de la Federal Home Loan Mortgage Corporation (FHLMC), surnommée Freddie Mac, qui achète des hypothèques et les revend sur les marchés internationaux.  Ces deux sociétés, créées par le gouvernement, permettent à des banques d’accorder des prêts hypothécaires à des emprunteurs insolvables, qui auraient normalement été refusés par les banques.

Devant le succès de ces initiatives, le gouvernement fait une autre intervention; il permet aux banques d’avoir un taux d’argent « en mains » plus bas, leur permettant d’accorder davantage de crédit.  Ce taux détermine la quantité d’argent que la banque doit détenir, soit par des dépôts dans des comptes courants, des placements, etc., avant d’accorder du crédit.  Normalement, ce taux se situe entre 50 et 60 pour cent, c’est à dire que pour chaque dollar de crédit accordé, la banque doit avoir de 50 à 60 cents « en mains ».  Le gouvernement américain permet un taux de seulement 8%.  Autrement dit, pour chaque dollar prêté, la banque n’a qu’à détenir 8 cents, ce qui est très dangereux.

Afin d’amener des emprunteurs potentiels à signer, les banques y vont d’un brillant subterfuge; dans les marchés où les municipalités ont adopté des « smart growth policies », ou des réglements de développement durable, les maisons, de moins en moins disponibles, à cause des possibilités très limitées de développement, prennent environ 10% de valeur par année.  On dit aux emprunteurs, d’une part, que ce mouvement de prise de valeur ne s’arrêtera pas, puisque l’économie va bien, et d’autre part, que si leur hypothèque leur pèse trop, ils pourront revendre la maison avec profit, grâce à la prise de valeur annuelle, et recommencer avec une maison plus modeste.

En 2006, l’économie commence à donner des signes d’essoufflement, et les prises de valeurs cessent.  Certains emprunteurs, qui demeurent insolvables, cessent de verser leur hypothèque, et se font saisir leur maison.  Celles-ci sont aussitôt remises en vente, ce qui propulse l’offre (soit le nombre de maisons disponibles) au-dessus de la demande (soit le nombre d’acheteurs).  Résultat; la valeur des maisons plonge, et entraîne beaucoup d’emprunteurs dans une panique, puisque ceux-ci se retrouvent avec une hypothèque plus élevée que la valeur de leur maison.  Les Fannie Mae et Freddie Mac en ont donc plein les bras, et en viennent à demander l’aide du gouvernement.  Les banques, qui ont embarqué dans ce marché hypothécaire risqué, se retrouvent en situation précaire, et demandent aussi de l’aide.

Que fait le gouvernement de George W. Bush?  Une autre intervention!  Cette fois sous la forme de divers plans d’aide, dont la somme dépassera un billion de dollars.  Un million de millions!  De quoi mettre l’économie des USA sur la touche pendant de nombreuses années.

Ceci n’est qu’un exemple d’interventionnisme de l’État.

Or, les trois partis principaux, qui se font la lutte, au Québec, et qui nous demande de voter pour eux, le 8 décembre prochain, ne jurent, tous les trois, que par la pensée keynésienne.  Sous des images très différentes, les libéraux, les adéquistes et les péquistes ont, finalement, le même plan, la même pensée économique.  Donc, on nous donne le choix entre « une piastre », « quatre trente-sous », ou « deux rouleaux de cennes noires ».  Bref, du pareil au même.

Quand aura-t-on, au Québec, au point de vue de l’économie, un véritable choix politique?

Il semble que ce ne soit pas pour cette élection-ci.

A-50: De Lachute à Grenville-sur-la-Rouge, c’est fait!

Depuis le temps qu’on en parle, voilà une chose accomplie.  Le tronçon de l’A-50, qui relie la route 148, à l’ouest de Lachute, et le chemin Scotch, à Grenville-sur-la-Rouge, est ouvert à la circulation depuis le 31 octobre dernier, jour de l’Halloween.  Serait-ce pour conjurer le mauvais sort, qu’on a ouvert ce tronçon d’autoroute en ce jour?  Seul l’avenir nous le dira.

Pour l’instant, jetons plutôt un oeil sur ces images.

Je ne sais pas pour vous, mais à mes yeux, ceci représente un panneau publicitaire.  Il vient nous dire que ce que l’on va voir, sur les prochains kilomètres, a été payé… avec vos impôts.


On voit que le texte du panneau de la sortie 254 a changé.  Le mot « Gatineau » a été remplacé par « Rue Principale », tout simplement parce que pour aller à Gatineau, il ne faut pas sortir; désormais, il faut continuer tout droit.  La présence des cônes orange montre que l’ouverture de la nouvelle autoroute est toute récente.

L’endroit où les deux chaussées se réunissent en une seule (appelons cela « 2-dans-1 »), situé juste avant la sortie de la montée Labranche, à Brownsburg-Chatham.

La sortie 252, juste devant.  Ce n’est pas une illusion d’optique; on doit monter une partie du promontoire du viaduc pour prendre la sortie, puis redescendre au niveau de la montée Labranche.  Un détail probablement dû à la proximité du 2-dans-1, et qui sera sûrement corrigé lors de la construction de la deuxième chaussée, qui sera produite avant longtemps.  Enfin, espérons-le.

On peut voir, ici, que la chaussée de la bretelle, à la sortie 252, ne fut pas tout à fait balayée, avant d’appliquer la peinture jaune du lignage.  La petite touffe d’herbe est maintenant vraiment jaune.

Normalement, lorsque l’on fait des lignes, on projette des granules de verre sur la peinture, ce qui la rend réfléchissante.  Mais ici, les granules ont été lancés à côté de la ligne.  Serait-ce parce qu’il ventait vraiment beaucoup, lors de l’application?

Nous sommes déjà près de la fin.  L’A-50 se terminera, pour quelques mois, à la sortie 239, soit à l’endroit où l’autoroute croise le chemin Scotch, à Grenville-sur-la-Rouge.  Si l’on regarde le panneau de plus près,…

…on voit très bien un rapiéçage.  Vous allez me dire « Pourquoi on rapièce un panneau tout neuf? »  Je crois que parce que ce qui est écrit sous le rapiéçage prévaudra lorsque l’A-50 sera prolongée à nouveau, ce qui devrait se produire aussi tôt que l’an prochain.  On a donc probablement préféré faire un rapiéçage, sur lequel on peut lire « Gatineau », et seulement « Grenville », au lieu de « Grenville-sur-la-Rouge », nom officiel de la municipalité, plutôt que d’installer un panneau qu’il faudra remplacer dans un an.  Ce rapiéçage sera retiré lors de l’ouverture d’une prochaine section de l’autoroute, qui avance bien, soit dit en passant.

Nous voici donc près de la sortie, avec les balises, au milieu de la chaussée, qui indiquent la voie à suivre, vers le chemin Scotch.

Je suis revenu jusqu’à la montée Hall, afin de profiter du viaduc pour vous montrer le marquage correct d’une route munie d’une bande rugueuse médiane.  On voit ici l’A-50, vers l’est.

Si l’on regarde plus en détail, on voit que les deux voies de circulation sont délimitées entre les bandes rugueuses.  Les lignes jaunes sont tracées de chaque côté de la bande rugueuse médiane.  Ainsi, si l’on roule entre les lignes, et que l’on ne déborde pas, on n’entre pas en contact avec les bandes rugueuses.

Voici maintenant un gros plan de la bande rugueuse médiane.  Vous remarquerez qu’elle est faite de séries de deux trous, puis d’un espace où l’asphalte est intact.  Les bandes rugueuses latérales n’ont pas cet espace intact; tous les trous sont à égale distance, les uns des autres.

Après le passage sous un viaduc, on retrouve des voies de dépassement, comme celle-ci, non loin de la sortie 239, en direction ouest.  Sur ce tronçon, il n’y a jamais de voies de dépassement dans les deux directions à la fois.  Probablement dans le but de ne pas construire une chaussée trop large.

L’intersection de l’A-50 et du chemin Scotch, à Grenville-sur-la-Rouge, vue depuis le chemin Scotch.  Profitons-en ici pour montrer les bévues d’un photographe pourri.  Après avoir pris ce cliché, je me suis dit que je devrais en prendre un autre, en me tournant légèrement vers la gauche, question de voir mieux la bretelle de sortie de la section à compléter,…

…ce que je fis ici.  Mais que voit-on, en avant-plan?  Eh oui, l’antenne radio de ma bagnole!  Franchement, j’ai fait fort!

Nous sommes à l’intersection du chemin Scotch et de la route 148, toujours à Grenville-sur-la-Rouge.  Elle a maintenant fière allure,…

…comme le reste de la route, d’ailleurs.  À tout le moins, la partie qui relie la route 148 à l’A-50, que l’on voit ici, alors que je pointe vers le nord.

Ici, par contre, j’avoue que je ne comprends pas.  Je veux bien croire que l’on a ajouté une voie, pour la traversée de la voie ferrée, qui se trouve à environ 500 mètres derrière moi, mais pourquoi retirer la voie, tout juste avant l’intersection, et la remettre aussitôt?  Cela crée un effet d’entonnoir totalement inutile, d’autant plus que beaucoup d’utilisateurs de cette route se dirigeront vers la droite, pour prendre la route 148.  Une autre décision stupide!  Merci beaucoup à l’in-gné-nieur qui a pensé à celle-là.

J’en profite ici (mais c’est la dernière fois, sinon, on pourrait me prendre pour un profiteur) pour répondre à une question que certains se sont peut-être posée, à savoir pourquoi faire un trou dans les poteaux de bois des glissières de sécurité.  D’abord, vous remarquerez que seulement les premiers poteaux sont en bois.  Les autres, plus loin, sont en acier galvanisé.  Ces poteaux percés se brisent plus facilement, et absorbent ainsi une partie importante de la puissance de l’impact, lors d’une collision, ce qui réduit d’autant la gravité des blessures infligées aux occupants d’un véhicule.

Alors voilà pour le tronçon entre Lachute et Grenville-sur-la-Rouge.  J’ai pris des photos de celui entre Thurso et Ange-Gardien, qui n’est pas encore ouvert, mais qui devrait l’être dans les prochains jours.

Québec solidaire: Enfin, des nouvelles!

Quelle ne fut pas ma surprise, ce matin, de voir, dans les pages d’opinion du Journal de Montréal, plus précisément à la page 29, une lettre ouverte, adressée au PLQ, et au PQ, et signée par les deux porte-parole de Québec suicidaire,… euhhh, je veux dire, de Québec solidaire, à savoir Amir Khadir, et Françoise David.  Il y avait même leur photo!  Depuis le temps que je n’avais eu de leurs nouvelles, à ces deux-là, ils ont littéralement fait ma journée!

Leur lettre se lit comme suit:

Lettre ouverte au PLQ et au PQ

Depuis quelques jours, un maraudage intensif se déroule entre les partis politiques présents à l’Assemblée nationale.  Monsieur Charest est heureux d’accueillir des députés adéquistes sans s’interroger plus longuement sur leurs idées.  Puis, c’est au tour de Pauline Marois de déclarer que les députés adéquistes souverainistes et « partageant un certain nombre de valeurs » (lesquelles?) seraient les bienvenus au Parti québécois.

Il nous paraît pourtant difficile d’oublier des propositions adéquistes telles que: plus de place au privé dans le système de santé, permission donnée aux médecins d’exercer à la fois dans le privé et le public, l’abolition des commissions scolaires, le paiement par les détenus d’une partie de leurs frais de détention, etc.  Et puis, rappelons-nous les pancartes adéquistes, marquées par l’intolérance et la xénophobie, dans les élections partielles de Bourget.

À l’image du PLQ, le PQ est prêt à accueillir des députés de l’ADQ.  Il faudrait peut-être que le PQ clarifie ses positions: social-démocrate ou…?  Il n’est pas étonnant, au vu du maraudage général auquel nous venons d’assister, que tant d’électrices et d’électeurs ne votent même plus tant ils croient que les partis politiques sont tous pareils et interchangeables.

Tous?  Non, il y a Québec solidaire qui est et demeure un parti écologiste, épris de justice sociale et d’égalité et attaché à une véritable démocratie.  Nos idées sont claires et connues.  Bienvenue à celles et ceux qui les partagent!

Françoise David

Amir Khadir

Porte-paroles, Québec solidaire

Essayons maintenant de « lire entre les lignes », si vous me le permettez.

D’abord, du maraudage, il y en a toujours eu, et il y en aura toujours.  Et les meilleures personnes pour juger si le député maraudé a bien fait, ou non, ce sont les électeurs dudit député; s’ils ne sont pas d’accord avec le changement, le député perdra son siège.  Un point, c’est tout.  Ainsi, les deux transfuges adéquistes sont loin d’être réélus, dans leur circonscription respective.  Plusieurs électeurs ne le prendront tout simplement pas, et voteront pour un autre candidat.  Quant à savoir les idées de ces transfuges, du moment qu’ils appuieront leur nouveau parti, lors des votes à l’Assemblée nationale, les entrevues sont de courte durée.

Dans le paragraphe suivant, les porte-parole de QS reprennent leur discours alarmiste et pleurnichard, autant au sujet des points défendus par l’ADQ qu’à celui des fameuses pancartes, dans Bourget.  Il faudrait commencer par expliquer que la personne qui crie à l’intolérance, à cause de quelques pancartes un tant soit peu explicites, est tout aussi intolérante, sinon davantage encore, que les pancartes elles-mêmes pourraient l’être.  Et en ce qui concerne les politiques phares de l’ADQ, elles sont des politiques comme n’importe quelles autres politiques; elles ont de bons côtés, et de moins bons.  Pour ma part, elles se comparent avantageusement à celles de QS, comme le retour obligatoire de La soirée du hockey, à Radio-Canada, les samedis soirs, ou encore le salaire minimum à 10,00$ de l’heure.

La position du PQ est facile à expliquer, pour quiconque a suivi les informations, ces derniers temps.  Elle se résume à un mot; survie.  C’est triste à dire, mais Pauline 1ère risque de se diriger tout droit vers une défaite aussi cinglante, ou même pire encore, que celle qu’a connue André Boisclair, lors du dernier scrutin général.  Devant cette possibilité, elle est prête à prendre n’importe qui, du moment où la personne se déclarera solidaire des décisions du parti.  Par contre, force est de constater que le « score de maraudage » de madame Marois n’est pas très fort.

Quant à savoir si c’est le fait que les partis soient « tous pareils et interchangeables », qui détournent « tant d’électrices et d’électeurs » de l’exercice de leur droit de vote, permettez-moi d’en douter.  Depuis les débuts de la Révolution tranquille, les politiciens ont tout fait pour éloigner la politique des gens ordinaires, et les gens ordinaires de la politique.  Avec des philosophies du genre « les problèmes sont complexes, et il faut des solutions complexes », on a « tassé » les partisans de la base, ceux qui connaissaient les secrets d’une bonne « cabale », afin de faire place aux « érudits », aux universitaires, qui volent au-dessus de la mêlée, et aux diplômés de l’École nationale d’administration publique (ÉNAP).  Résultat: les seuls partisans qui sont restés sont ceux qui posent les pancartes, par grands vents, sans poser de questions, et ce parce que tous les autres se sont sentis chassés.  Aujourd’hui, les électeurs, pour un grand nombre, sont des descendants de ces partisans échaudés, qui ont ressenti du rejet, de la part des érudits, et qui se sont mis à dire que « les politiciens sont tous des crosseurs ».  Excusez le terme, mais c’est ça.

Vous croyez qu’à entendre continuellement, à la maison, cette façon de décrire les politiciens, les jeunes de ce temps-là – les électeurs d’aujourd’hui – se sont intéressés à la chose politique?  Ils ne la regardent qu’à l’occasion, par le biais des médias, eux-même biaisés, et en viennent très rapidement aux mêmes conclusions que leurs parents, et ce même s’ils n’ont, pour la plupart, jamais mis les pieds dans un bureau de campagne électorale.  Ils demeurent indécis jusqu’au dernier moment, puis le jour du vote, toutes les raisons sont bonnes pour ne pas sortir dehors.  On se retrouve ainsi avec des taux de participation sous les 70%.

Quant à la conclusion, il est vrai que les partis ne sont pas « tous pareils et interchangeables ».  Il y a Québec suicidaire (désolé, c’est plus fort que moi), qui est un parti rigolo, pour ne pas dire hilarant, tellement il se prend au sérieux, tout en offrant des politiques tout à fait utopiques.  Si des élections sont déclenchées, mercredi prochain, je leur prédis plus ou moins la même chose qu’au dernier scrutin, à savoir une deuxième place sur le Plateau Mont-Royal, et rien de plus que de la figuration, ailleurs au Québec.

Élections fédérales: On n’est pas sortis de l’auberge!

Êtes-vous allés voter, hier?

À voir les chiffres publiés par Élections Canada, vous n’y êtes sûrement pas tous allés!  Ce scrutin a connu le plus bas taux de participation depuis très longtemps, peut-être même le plus bas de tous les temps, avec seulement 59,1% des électeurs, qui se sont présentés aux urnes.  Pour l’instant, les résultats sont les suivants:

  • Conservateurs: 143 sièges (soit 46,4% des sièges), avec 37,6% du vote exprimé
  • Libéraux: 76 sièges (24,7%), avec 26,2% du vote exprimé
  • Bloc québécois: 50 sièges (16,2%), avec 10,0% du vote exprimé
  • NPD: 37 sièges (12,0%), avec 18,2% du vote exprimé
  • Parti vert: Aucun siège, avec 6,8% du vote exprimé
  • 2 sièges sont allés à des candidats indépendants

Évidemment, le processus n’est pas encore terminé; il y a possibilité de recomptage judiciaire, dans certaines circonscriptions, soit de façon automatique, ou encore à la demande d’un électeur.

Comment traduire tout cela, maintenant?

D’abord, qui a gagné, et qui a perdu?

Chez les conservateurs, c’est une victoire et une défaite, à la fois.  Une victoire parce qu’il ont gagné 19 sièges, par rapport à l’élection de 2006, ce qui renforcera leur présence comme gouvernement.  Et une défaite parce qu’ils ont raté leur objectif de former un gouvernement majoritaire.  Il faut dire que leur campagne s’est faite un peu « sur l’air d’aller », et que leurs ripostes, face aux nombreuses attaques qu’ils subissaient, furent plutôt molles.  Bref, avec un peu plus d’efforts, l’atteinte de la majorité était toujours possible.

Pour le bloc québécois, on peut dire qu’à défaut d’être une victoire, le résultat d’hier représente un certain sursis.  Leur nombre de députés reste pratiquement inchangé, à 50, hier soir, comparativement à 48, lors de la dissolution de la Chambre, et à 51, lors du dernier scrutin général, en 2006.  Nous savons très bien, toutefois, que leurs appuis furent obtenus suite à des exagérations tellement grossières que je suis surpris de voir à quel point les québécois ont pu avoir été aussi crédules.

Dans le camp du NPD, c’est également un résultat mitigé; les gains possibles au Québec ne se sont pas matérialisé, mais leur nombre de députés est en nette progression, passant de 29, à l’élection générale de 2006, à 30, lors de la partielle de 2007, dans Outremont, et à 37, hier soir.  Toutefois, la réélection de Thomas Mulcair, justement dans Outremont, n’a pas été aussi facile que prévu, le tout n’étant toujours pas réglé passé minuit.

Au parti vert, on parle surtout de victoire morale.  Le parti d’Elizabeth May n’a toujours pas fait élire un seul de ses candidats, mais son taux de vote a augmenté d’environ 2%, passant à 6,8%, pour ce scrutin.  Si madame May s’était présentée ailleurs que dans cette circonscription où elle devait faire face au ministre sortant Peter MacKay, elle aurait sans doute eu de meilleures chances.

Mais le plus grand perdant, selon moi, est Stéphane Dion.  Avec une députation qui a fondu comme la neige sous un soleil trop fort, et un pourcentage de votes de 26,2%, il s’agit de l’une des pires défaites des libéraux depuis longtemps.  Certains membres influents du parti libéral déclarent même, sous le couvert de l’anonymat, que la course à la chefferie est déjà commencée.  C’est à croire que Stéphane Dion aura bientôt beaucoup de temps pour s’occuper de Kyoto.  Je parle de son chien, évidemment.  Pas du protocole.

La suite des choses

Selon moi, le gouvernement conservateur aura les coudées franches pour au moins un an, peut-être davantage.  Voici pourquoi.

La stratégie évoquée par certains, à savoir de renverser le gouvernement dès le début des travaux de la Chambre des communes, et de proposer, à la gouverneur générale, une coalition libéral/NPD, est tout simplement impossible, et ce pour deux raisons.  D’abord, les libéraux et les néodémocrates, ensemble, ont moins de députés que les conservateurs, ce qui rendrait l’entreprise très périlleuse dès le départ.  D’autant plus qu’il ne faut pas compter sur les députés du bloc pour se joindre à une telle coalition; Gilles Duceppe a avoué lui-même, quelques jours avant le scrutin, qu’il refuserait d’exercer le pouvoir à Ottawa.  Ensuite, il serait tout simplement mortel, pour les libéraux, de faire tomber le gouvernement minoritaire conservateur fraîchement élu, alors qu’ils ont passé plus d’un an à « s’asseoir sur leurs mains » lors des votes d’importance, prétextant que les canadiens ne voulaient pas d’élections.

Il ne faudra pas compter non plus sur le bloc pour jouer les trouble-fête plus qu’il ne le faut.  Ils ont passé l’essentiel de la campagne, qui vient de se terminer, a demander aux québécois de les élire afin que le gouvernement conservateur soit minoritaire, et c’est exactement ce qu’ils ont obtenu.  Par contre, dans leur situation actuelle, les députés bloquistes sont littéralement « assis entre deux chaises »; avec les attaques – souvent exagérées – qu’ils ont proféré envers les conservateurs, pendant la dernière campagne, ces derniers pourraient leur faire payer le gros prix pour leur verbiage, et ainsi les mettre dans leur petite poche.  Les conservateurs n’auraient qu’à menacer de « fermer le robinet » envers le Québec pour prouver aux électeurs que le bloc ne contrôle absolument rien, à Ottawa.  Mais l’équipe de Stephen Harper ne pourrait pas, non plus, jouer ce stratagème très longtemps; déjà que leurs bases sont faibles au Québec, celles-ci risquent de devenir inexistantes, s’ils se prêtent un peu trop à ce petit jeu.  D’ailleurs, je ne crois pas que cela fasse partie des intentions des conservateurs.

Donc, les prochains mois risquent d’être plutôt intéressants.

Et pour augmenter le taux de participation, que faire?

Comme je le disais au début, le taux de participation à cette dernière élection fut très bas, à 59,1%.  Évidemment, la go-gauche sera tentée de ressortir la proportionnelle des « boules à mites », mais je ne crois pas qu’une élection de type proportionnelle, qui coûtera beaucoup plus cher que notre système actuel, fera davantage sortir les gens de chez eux, lors de scrutins.

Nous vivons à l’ère des communications, et les gens sont plus informés que jamais de ce qui se passe, et ce autant dans leur entourage qu’à travers le monde.  Paradoxalement, si l’on recule aux débuts de la confédération, les communications, à part les journaux, et le traditionnel « bouche à oreille », étaient à toute fin pratique inexistantes, et les gens se rendaient aux urnes dans des proportions de beaucoup supérieures à 60%.  Que s’est-il passé, entre les deux?

Je crois plutôt que le problème tient à une coupure entre la politique et les gens « ordinaires ».

Dans les années 1960, l’avènement de la pensée keynésienne, au Québec, avec la Révolution tranquille de Jean Lesage, a amené les politiciens à se refermer sur eux-même, afin d’avoir un meilleur contrôle de l’appareil gouvernemental.  Les années Trudeau ont apporté cette même tendance à travers tout le Canada.  Pour ce faire, les politiciens ont commencé à répandre l’idée que la société avait « des problèmes complexes, auxquels il fallait trouver des solutions complexes ».  Le peuple, à partir de ce moment, s’est senti mis de côté, un peu comme se sent un enfant quand on lui dit « T’es trop jeune, tu pourrais pas comprendre ».

Au début, on voulait bien faire confiance à ces gens qui comprenaient des choses que le peuple ordinaire ne pouvait pas comprendre, mais au fil des années, et des différents scandales, qui sont survenus, les gens se sont mis à faire de moins en moins confiance aux politiciens.  Et c’est pour cela que le peuple ne sort plus, le jour des élections; le message le plus courant, à travers les gens ordinaires, c’est que « l’un comme l’autre, ce sont tous des bandits ».  Tant et si bien que le taux de confiance envers les politiciens est descendu en-dessous de celui envers les vendeurs de bagnoles d’occasion.

Pour redonner au peuple le goût de faire confiance aux politiciens, il faudrait d’abord redonner le goût aux politiciens d’être avec le peuple.  Il faut remettre les gens au courant des actions des élus, il faut leur montrer que les « problèmes complexes », ne sont pas si complexes que cela, finalement, et que si l’on s’y met tous ensemble, le peuple et les élus, les choses pourront bouger.

Malheureusement, les seules fois que les politiciens osent s’approcher des gens, de nos jours, c’est pour obtenir leur vote.  Et vous croyez que les gens ordinaires vont continuer encore longtemps à « tomber dans ce panneau »?

Stephen Harper: Il me fait penser à une athlète…

Je pensais à la campagne électorale de Stephen Harper, aujourd’hui.

Je tentais de comprendre pourquoi sa campagne a parti sur des chapeaux de roue, et se termine littéralement en queue de poisson.  Il est arrivé quelque chose de semblable en 2006, alors qu’il a parti lentement, repris du poil de la bête, pour s’écraser à la fin.  En fait, il me fait penser à une certaine athlète québécoise…

Vous souvenez-vous de Josée Chouinard?  Elle fut une patineuse artistique du tonnerre, plusieurs fois championne canadienne, et brillait aussi au niveau international.  Mais quand venait le temps de participer aux olympiques, elle était toujours… sur le cul!  Elle terminait au fond du top 10 à chaque fois, alors qu’elle représentait, à chacune des olympiades où elle se présentait, un espoir de médaille.  Elle était superbe partout, sauf aux olympiques!  On a sorti toutes sortes de théories, comme quoi elle craquait sous la pression, mais pourtant, dans tous les autres championnats, elle excellait.

Stephen Harper est un peu semblable; pendant deux ans et demi, il fut un très bon gestionnaire, pour le pays, il a réalisé la majorité de ses engagements, a baissé les taxes et impôts, pour le bénéfice de nombreux citoyens, ainsi que pour plusieurs entreprises, est allé de l’avant avec des lois justes et honnêtes, a préparé, depuis plus d’un an, des plans pour se prémunir des soubresauts que l’économie connaît maintenant, etc.  Mais depuis qu’il a entretenu l’idée de sortir en élections cet automne, il se retrouve « sur le cul » plus souvent qu’à son tour!  Les coupes de 45 millions$ aux arts et en culture n’ont pas été expliqués de façon à ce que tout le monde comprenne, tout comme l’engagement de renforcer la loi sur les jeunes contrevenants.  Bref, il tarde à réagir aux attaques, et ne sait pas s’y prendre pour expliquer son programme de façon à ce qu’on veuille l’acheter.  Il se retrouve donc à la merci de la propagande des autres partis en général, et du bloc, au Québec.

C’est triste.  Il aurait pu devenir un excellent premier ministre, dans un gouvernement majoritaire.  Mais comme il a su se mettre lui-même le pied dans la bouche, il devra tout recommencer, parce que ce n’est pas certain, cette fois, que Stéphane Dion va passer une autre année à demander à ses députés de s’asseoir sur leurs mains.