A-30: Le tronçon oublié

L’actualité parle souvent du chantier de l’autoroute 30, sur la rive-sud de Montréal, dont on attend la construction depuis plus de 30 ans. Avec l’échangeur A-15/A-30 « dans le champ » qui devrait être complété cette année (du moins je l’espère), l’autre échangeur « quasi-Mohawk » dont les soumissions à l’appel d’offres s’ouvriront cette semaine, et la sélection du partenaire privé de la section Châteauguay/Vaudreuil-Dorion quelque part au cours de la présente année, il devrait enfin se passer quelque chose d’autre que du bla bla ministériel et des conférences de presse. Par contre, il existe un autre tronçon de l’A-30, un tronçon dont pratiquement personne ne parle. Personne, sauf dans la région du Centre-du-Québec, et un peu en Mauricie. Un tronçon qui, même s’il fait dans les 20 kilomètres, est ignoré de presque tout le monde, à part les locaux, ceux qui vivent tout près. Voici donc « le tronçon oublié » de l’A-30, celui qui va de Bécancour à… Bécancour.

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Voici l’extrémité ouest du tronçon oublié, qui débouche sur la route 132, dans le secteur Saint-Grégoire de la ville de Bécancour.

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La même bretelle, cette fois vue du viaduc de la route 132. C’est derrière ce bout de forêt que devrait passer la suite de l’A-30, qui relierait la ville de Nicolet au réseau autoroutier. Les gens de Nicolet se sont fatigués de la demander, à force, puisqu’ils le font depuis environ 40 ans.

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Vue de l’A-30 depuis le même viaduc, cette fois vers l’est. On y voit les collecteurs existants, ainsi que tout l’espace requis pour les voies rapides centrales. Le viaduc que l’on voit est celui de l’A-55, au coeur de l’échangeur A-30/A-55. On y voit aussi, à gauche, le poteau du panneau d’identification du viaduc (vous savez, les petits panneaux à trois couleurs sur lesquels il y a plein de chiffres que l’on croit inutiles, mais qui permettent aux fonctionnaires de ne pas se perdre), comme quoi je suis bien au centre du viaduc, et tout en bas, mon ombre de photographe pourri.

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Ici, on voit l’A-30, direction est. Après l’échangeur de l’A-55, l’A-30 devient une super-2, sur laquelle la limite de vitesse est fixée à 100 km/h, sans minimum.

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Sur l’A-30 en super-2, que des jonctions (JCT), ou des intersections à niveau. Aucun échangeur. Le seul viaduc qui passe au-dessus d’une autre route est situé au-dessus de la rue principale du village de Bécancour, soit l’avenue Nicolas-Perrot, et on entre dans le village, depuis l’A-30, via une intersection à niveau, quelques centaines de mètres plus loin.

Il faut comprendre ici que la ville de Bécancour est une invention du gouvernement de Jean Lesage(1), alors qu’afin de favoriser la création de SIDBEC, au milieu des années 1960, il a fusionné le village de Bécancour avec une dizaine d’autres petites municipalités environnantes, pour créer une ville au territoire énorme, mais avec une population totale d’environ 10,000 personnes. Un peu comme Mirabel, lors de la construction de l’aéroport international. D’ailleurs, plusieurs grandes entreprises du Parc industriel et portuaire de Bécancour (PIPB), comme Norsk Hydro(2), ont récemment fermé leurs portes, faisant de ce parc industriel un genre d’éléphant blanc, un peu comme l’aéroport de Mirabel.

(1) Lors de la publication originale, j’avais prétendu que la ville de Bécancour fut une création du gouvernement péquiste de René Lévesque, dans le but de favoriser la création du PIPB, alors que celui-ci, dans les faits, fut un genre de « prix de consolation », puisque SIDBEC n’a finalement jamais été créée à Bécancour, le gouvernement préférant acheter les installations existantes de la compagnie Dosco, à Contrecoeur. Tous les détails dans les commentaires 5 et 6, à la fin du billet. Merci à Carl pour les précisions.

(2) Lors de la publication initiale, j’avais nommé l’Aluminerie de Bécancour comme entreprise fermée, mais selon un lecteur, cette compagnie est toujours en opération. Tous les détails dans les commentaires 2 et 3, à la fin du billet. Merci à lawrock pour l’information.

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Imaginez; une traverse de quad sur une autoroute. Évidemment, il s’agit ici de l’intersection de l’avenue des Jasmins, qui mène au secteur Sainte-Angèle-de-Laval de la ville de Bécancour.

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À l’est de la rivière Bécancour, toutes les intersections, sauf celle de la route privée d’Hydro-Québec qui mène à la centrale nucléaire Gentilly 2, sont munies de voies séparées et de feux de circulation.

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Saviez-vous que ce type, Arthur Sicard, est en fait l’inventeur de la souffleuse à neige, telle qu’on la connaît aujourd’hui? Il construisait ses machines dans une usine de Sainte-Thérèse, qui abrite aujourd’hui les installations de PACCAR.

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La seule indication que l’A-30 se termine, vers l’est, est ce simple panneau. Mais comme sept kilomètres, sur les vingt que comptent le tronçon oublié, sont partagés avec la route 132, il n’y a aucune fin physique. L’A-30 devient tout simplement la route 132, et la vitesse permise est réduite à 90 km/h.

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Malgré qu’elle soit construite en super-2, l’A-30, à tout le moins ses quatre derniers kilomètres, sont construits selon le principe des voies de service, qui permet de relier les rues et routes qui longent l’autoroute. C’est ce que l’on voit ici, près de la fin de l’A-30; une route passe le long de la clôture. Cette voie donne sur le chemin des Cendres.

Compte tenu que les gens de Nicolet demandent que l’A-30 se rende chez eux depuis la construction originale de cette section, il y a près de 40 ans, et que personne, ni au MTQ, ni au gouvernement, n’a fait davantage que des promesses non-tenues, il serait surprenant que ce tronçon de l’A-30 soit relié au tracé principal de celle-ci, qui s’arrête à Sorel-Tracy, soit environ 55 kilomètres à l’ouest du bout de forêt que l’on voit sur la seconde photo. Cette section de l’A-30 risque donc de demeurer un tronçon oublié pour de nombreuses années encore.

Rapport Castonguay: Rien de nouveau sous le soleil…

Comme tout le monde, je jette un oeil sur les suites du rapport Castonguay, sur le financement du système de santé. Ce que je trouve curieux, c’est que les réactions ne changent pas, d’un rapport à l’autre; les chefs de centrales syndicales ont déchiré leurs chemises bien avant le dépôt du rapport, en protestant qu’il ne faut pas toucher au « modèle québécois », et les ministres disent que malgré que le rapport soit « porteur », on ne pourra pas donner suite aux principales recommandations.

Nathalie Elgrably a écrit un commentaire plutôt éloquent, mais combien véridique, sur le système de santé; un système qui ne fonctionne pas. Jean-Jacques Samson, chroniqueur au Journal de Québec, parle quant à lui du chirurgien aux mains propres qu’est le ministre de la santé, Philippe Couillard, dans le sens que celui-ci n’aura pas à se mettre la tête sur le billot, en réalisant des réformes profondes qui provoqueraient des mécontents, puisqu’il n’en fera rien. Pour sa part, Jean Cournoyer, ancien ministre du travail et de la fonction publique sous Robert Bourassa, a révélé, lors d’une entrevue au canal ARGENT, qu’à défaut de faire bouger le gouvernement, le rapport Castonguay fera avancer la réflexion sur le financement du système de santé québécois.

Quant aux politiciens, certains se sont manifestés; selon Yves Chartrand, du Journal de Montréal, Monique Jérôme-Forget, comme c’est l’habitude quand elle se sent coincée, s’est présentée devant les journalistes en affichant une pointe d’arrogance, mais on la sentait quand même s’écraser, selon lui. De son côté, Jean Charest a tout simplement appuyé sans réserve son ministre de la santé, en déclarant que le choix du gouvernement était d’alléger le fardeau fiscal des québécois, et non pas de l’alourdir. Et pendant que Joanne Marcotte, l’une des cosignataires du rapport Castonguay, révélait que l’idée d’augmenter la TVQ de 1% était signée Philippe Couillard, on pouvait lire, dans différents médias, que la recommandation d’exiger une cotisation annuelle pour les soins de santé existe déjà un peu partout au Québec, sous la forme de coopératives de santé. D’ailleurs, une clinique d’Aylmer a été transformée en coop de santé avec beaucoup de succès.

Bref, tout cela pour dire que le rapport du groupe de travail présidé par Claude Castonguay ne révèle pas de grandes primeurs, et que les réactions des différents acteurs impliqués n’apporte rien de nouveau sous le soleil. Les syndicats et les fonctionnaires ne veulent pas perdre leurs acquis garantis par le monopole syndicalo-étatique, les politiciens ne veulent pas opérer des changements, de peur de se mettre la tête sur le billot, et les payeurs de taxes et d’impôts, quant à eux, continuent de payer trop pour le très peu qu’ils obtiennent. Pour ma part, la meilleure façon d’obtenir des gains en efficacité, dans le domaine de la santé, est d’y introduire de la concurrence. Parce que tant et aussi longtemps que la santé demeurera un monopole, l’efficacité n’y sera qu’illusoire, parce que les responsables de la gestion des hôpitaux, autant que les représentants du personnel sur le terrain, n’ont pas à se mesurer à quiconque. À partir du moment où la concurrence entre en jeu, tout le monde doit faire en sorte de donner le meilleur de lui-même, mais de façon concertée, sinon le concurrent sera meilleur, et l’hôpital sera menacé de fermeture.

Les centrales syndicales prétendent que le seul attrait du secteur privé est l’argent. Le pire, c’est que c’est vrai. Et pour obtenir cet argent précieux, le secteur privé est prêt à faire l’impossible; offrir des soins de qualité, dans un environnement agréable, et même fournir de petites gâteries aux patients, qui rendront leur passage chez eux mémorable, et ce pour des raisons positives. Le secteur public est-il prêt à concurrencer cela?

MISE À JOUR – 23 FÉVRIER 2008, 07h40

La première vice-présidente du groupe de travail sur le financement du système de santé, Joanne Marcotte, fait part de ses impressions et de son point de vue sur la dissidence de l’autre vice-président, Michel Venne, sur le site web du film L’illusion tranquille, dont elle fut la réalisatrice.  Elle y inclut une lettre éditoriale qu’elle a fait parvenir aux grands quotidiens, divers vidéoclips dans lesquels elle exprime ses opinions, ainsi que des liens vers d’autres commentaires parus dans les médias.  C’est par ici.

Pont de l’île d’Orléans: Il faudra vous y habituer

Un article de Matthieu Boivin, du quotidien Le Soleil, parle des derniers rebondissements dans l’affaire du pont de l’île d’Orléans, dont le tablier, contrairement au reste de la structure, affiche sérieusement ses 73 ans, et nécessite une réfection complète.  Réfection dont les principaux travaux ne débuteront pas avant 2009.

Certains auraient souhaité profiter de ce chantier majeur pour installer une ou des passerelles latérales au pont, afin d’y diriger les piétons et les cyclistes, et ainsi amoindrir les risques d’accident, les deux voies du pont étant plutôt étroites.  D’autres, devant la facture salée de tels travaux, ont pensé à y instaurer un péage.  Il faut d’abord comprendre que l’île d’Orléans est habitée par moins de 7000 personnes, réparties dans six municipalités.  Sur l’unique pont menant à l’île, il circule autour de 9000 véhicules par jour – et non pas par heure – en hiver, et 14,000 en été, pour une moyenne annuelle de 11,700 véhicules par jour.  Quant au volume de cyclistes qui s’y rendent, les plus grosses pointes font état de 300 vélos par jour, ce qui est loin d’être énorme, dans un cas comme dans l’autre.  Aussi, le fait d’investir une petite fortune – 80 millions$ sans compter les passerelles – semble injustifié, surtout devant certains besoins urgents à combler, et l’état de décrépitude du reste du réseau routier.  De là l’idée d’imposer un péage, aux yeux de plusieurs.  Par contre, on sait que lorsqu’il existe un seul lien, le MTQ y maintient la gratuité.  Il y a aussi le fait que l’installation d’un système de péage risque de ne pas être rentable, le système lui-même ne couvrant possiblement pas ses propres frais.

En ce qui a trait aux passerelles, le fait qu’il s’agisse d’un pont suspendu requiert que tout ajout au pont soit étudié en soufflerie, afin de ne pas mettre en péril l’équilibre même du pont.  Aussi, en ne construisant qu’une seule passerelle, le pont se retrouverait plus instable, donc moins sécuritaire en cas de grands vents.  Il faudrait donc en construire deux, soit une de chaque côté du pont, afin que celui-ci demeure stable.  Or, le coût des deux passerelles, à lui seul, pourrait varier de 20 à 35 millions$.  Selon les propos de Jean-Louis Loranger, sous-ministre adjoint au MTQ pour la région de Québec, interrogé par Boivin, il semble que l’idée ne sera pas retenue, même si elle est encore à l’examen.

Constatant cela, je me demande pourquoi ne pas donner un grand coup dès maintenant.  Je veux dire, la région de la Capitale-Nationale aura besoin d’une traversée supplémentaire avant longtemps, et d’aucuns la voient à l’est de la vieille ville de Québec.  De plus, le viaduc de l’échangeur A-40/A-440, situé à moins de deux kilomètres du pont de l’île d’Orléans, est conçu pour supporter la circulation en provenance d’un pont transfluvial.  Alors pourquoi ne pas en profiter pour faire d’une pierre deux coups, et procéder maintenant à la construction d’un nouveau pont autoroutier entre Québec et Lévis, qui passerait par l’île d’Orléans?  On pourrait ainsi économiser sur la réfection du pont suspendu de l’île, et le rénover de façon à en faire un pont davantage touristique, sur lequel les camions seraient interdits, devenant ainsi plus sécuritaire pour piétons et cyclistes.

Évidemment, les pouvoirs publics ont une vision à long terme qui s’arrête au bout du mandat de gouvernement, ce qui est plutôt flou.  Aussi, je ne m’attends qu’à des réponses négatives devant un tel projet.

Québec solidaire: Pauline 1ère serait alarmiste dans son discours

La Presse canadienne nous informe que la formation de gauche Québec solidaire s’inquiète du discours de Pauline 1ère, selon ce qu’aurait soutenu Amir Khadir, lors d’une conférence de presse à Québec.

Que le discours de Pauline 1ère soit inapproprié, compte tenu que les « problèmes de langue » vécus à Montréal n’ont rien à voir avec l’immigration, je suis acheteur.  C’est la suite des propos de Khadir qui me laissent croire que ce parti ne sera jamais crédible.  QS songe à offrir des cours de français « sans durée limitée », et ce autant aux immigrants qu’aux québécois dits « de souche », le tout évidemment financé par l’état.  Je vois d’ici le résultat d’une telle approche; les « flancs mous » qui usent leurs fonds de culottes dans des départements de sciences molles de nos université pourraient continuer à « étudier » la langue, et nous trouveraient de beaux mots à 200$, comme « prolétaire », ou « oligarchie », alors que dans les faits, ils ne demeureraient que des gosses de riches financés par vous et moi.  Ben mieux que ça; les cours seraient offerts sur les heures de travail, et les frais seraient à la charge de l’état et de l’employeur.  Je présume qu’une fois la langue française suffisamment acquise, le « travailleur-étudiant » pourra aussi se « mettre sur la CSST », et en profiter pour poursuivre ses études à l’université, le tout sur le bras de son boss.

Quant au programme économique de cette formation de la go-gauche, Amir Khadir a déclaré qu’un état sous QS n’investirait que dans des projets à « valeur sociale et environnementale », et ce quitte à ce que l’économie batte de l’aile.  Quand on constate ce que le PQ a fait à l’économie québécoise, et que l’on sait que QS est encore pire, on peut déjà passer un coup de fil à son syndic.

Vous comprenez maintenant pourquoi je les surnomme « Québec suicidaire ».

Cols bleus de Montréal: La tutelle, pourquoi pas?

Suite à l’annulation de l’édition 2008 de la Fête des neiges par la Société du parc Jean-Drapeau, la chaîne télévisée ARGENT a parlé à deux personnes aux vues diamétralement opposées; l’ancien ministre du travail libéral Jean Cournoyer, et le président du syndicat des cols bleus de Montréal, Michel Parent.  Alors que Parent se faisait aller la gueule, comme à chaque fois qu’il se montre dans les médias, Cournoyer y est allé d’une idée qu’il a lui-même appliquée à d’autres syndicats, à l’époque où il était ministre, soit de mettre le syndicat des cols bleus en tutelle.  Évidemment, les deux extraits d’entrevue m’ont laissé sur mon appétit.  Mais il n’en demeure pas moins que le syndicat des cols bleus de Montréal pèse pas mal trop lourd au sein de la ville, et ce poids se fait drôlement ressentir sur le compte de taxes des propriétaires montréalais.

Il reste une solution pour remettre le syndicat des cols bleus à sa place, et cette solution est législative.  On pourrait la surnommer « la loi anti-trust du travail ».  Il s’agirait de modifier le code du travail afin qu’à la fin d’une convention collective, un employeur du domaine public puisse faire un appel d’offres, comme il le fait pour n’importe quel contrat, appel d’offres sur lequel le syndicat pourrait appliquer, comme pourrait aussi le faire toute autre entreprise, autant publique que privée.  Le contrat de travail serait accordé au plus bas soumissionnaire.  Les syndicats surpuissants, ou omniprésents, comme celui des cols bleus de Montréal, n’auraient d’autre choix que de concurrencer les autres entreprises soumissionnaires s’ils veulent conserver les emplois de leurs membres.  Avec une telle loi, la concurrence pourrait enfin prendre sa place dans les services municipaux.

Bien sûr, le syndicat des cols bleus, ainsi que plusieurs de ses membres, seront tout à fait contre une telle façon de faire.  Ils sont actuellement protégés par la situation de monopole qu’ils exercent sur la ville de Montréal, et cette situation leur permet de jouer les trouble-fête, même en n’étant pas officiellement en grève, comme c’est le cas pour l’annulation de la Fête des neiges.  C’est ce même monopole syndicalo-étatique qui a permis à la FTQ de faire construire le complexe Louis-Laberge, sur le boulevard Crémazie.  De l’extorsion de fonds pure et simple, au nom de la so-so-so-solidarité.