Route 158, dans Lanaudière: Jusqu’à quand comptera-t-on les morts?

L’hebdomadaire L’Action, de Joliette, a publié un article, signé Geneviève Blais, à propos d’un accident mortel survenu ce mardi 8 septembre, en plein jour, sur la route 158, et impliquant deux véhicules.  La conductrice de la voiture a perdu la vie; il est facile de constater, en regardant les photos de l’article, qu’elle n’a eu aucune chance de s’en tirer.  L’accident, selon le peu de renseignements disponibles au moment de mettre l’article en ligne, aurait été causé par, devinez quoi, une manoeuvre de dépassement ratée.  La journaliste dit que l’impact a eu lieu à environ 800 mètres du rang des Continuations, à Saint-Jacques-de-Montcalm, mais si je me fie à la photo, je dirais plutôt qu’il s’est produit juste à la sortie de la grande courbe de Saint-Jacques.  Il faut savoir qu’il y a deux grandes courbes, sur la route 158, l’autre étant à la hauteur de Crabtree.

Il est facile de comprendre que le principal problème de la route 158, entre Saint-Esprit et Joliette, est exactement le même que celui de l’A-50, entre Lachute et l’aéroport de Mirabel; trop peu de zones où l’on peut dépasser de façon sécuritaire, et trop de circulation pour une route à deux voies, sur une seule chaussée.  Résultat; les conducteurs s’impatientent derrière un véhicule plus lent que les autres, et en désespoir de cause, tentent des manoeuvres de dépassement dangereuses.  C’est le même constat que celui qui fut fait sur l’A-55, entre l’A-20 et Sherbrooke, et dont on a terminé le doublage en 2006.  Sauf qu’entre Saint-Esprit et Joliette, l’A-50 a déjà existé!  La route fut rebadgée, au début des années 1980, sous le nom de route 158, mais dans les faits, il s’agit bel et bien de l’autoroute 50.  Même que le MTQ possédait les terrains, le long d’une grande partie de la route actuelle, et pouvaient servir à son doublement, mais le MTQ les a vendus!  Il est donc clair que le ministère devra racheter ces terrains, à grand coût, afin de doubler un jour la route 158, et la rebadger A-50.

La question qui tue est la suivante; le MTQ aura-t-il le courage de le faire?

On n’a de cesse de compter les morts, et ce à longueur d’année, sur l’A-50, entre Lachute, et l’aéroport de Mirabel, on doit s’armer de patience pour traverser le noyau urbain de Saint-Lin–Laurentides, et on compte aussi les morts (deux en sept jours, à Saint-Jacques-de-Montcalm) sur la route 158, entre Saint-Esprit et Joliette.  Devant ce constat, il est temps que le MTQ se décide de passer aux choses sérieuses, dans ce dossier.  Il y a là matière à faire un grand projet mobilisateur pour tout le nord de Montréal, et ce autant dans les Laurentides que dans Lanaudière.   Et ce projet, le voici:

Carte de base © MapMedia Corp.

Carte de base © MapMedia Corp.

Il consiste en trois projets distincts qui, une fois réunis, pourraient devenir un projet aussi important, quoique probablement moins onéreux, que celui de l’A-30, sur la rive-sud de Montréal.  D’ouest en est, le premier projet consiste en l’aménagement de la seconde chaussée de l’A-50, entre la sortie 260, à Lachute, et l’aéroport de Mirabel.  Le second projet est la construction de l’A-50, à quatre voies sur deux chaussées distinctes, entre l’A-15, à Mirabel, et l’A-25, à Saint-Esprit, permettant entre autres de contourner le noyau urbain de la municipalité de Saint-Lin–Laurentides.  À la fin actuelle de l’A-25, à Saint-Esprit, un échangeur tout neuf permettra de relier le deuxième projet et le troisième, soit la construction de la seconde chaussée de l’actuelle route 158, afin de la renommer A-50 jusqu’à Joliette.  Bien entendu, les trois projets comprendront toutes les mises aux normes nécessaires des tronçons actuels, ainsi que les ponts d’étagement et les échangeurs aux endroits jugés opportuns.  On peut voir, sur la carte, à gauche, produite à partir de l’Atlas routier du Québec, édition 2005, les lignes principales de ce grand projet mobilisateur.  Vous n’avez qu’à cliquer dessus pour l’examiner plus en détails.

S’il le faut, je suis bien prêt à faire ma part, à la hauteur de mes moyens, bien sûr, afin de pousser la ministre Julie Boulet dans le cul, afin qu’elle passe à l’action dans ce projet.  Elle va sûrement répondre que le MTQ met déjà 3,7 milliards$, pour la période budgétaire 2009-10, et qu’il faut prendre le temps de bien peser les projets, afin de les réaliser en ordre de priorités.  Évidemment, si son gouvernement, et les autres avant le sien, avaient réalisé les travaux d’entretien du réseau routier aux moments requis, au lieu de les pelleter par en-avant, elle aurait moins de soucis aujourd’hui.  D’ailleurs, ce projet pourrait bien se réaliser en fonction de divers programmes de relance économique, que les gouvernements vont lancer de toute façon.

Ce projet permettra certainement, à défaut d’éviter toute mortalité sur les routes de ces régions, d’abaisser sensiblement le nombre de décès, et d’augmenter d’autant la sécurité routière.

Avez-vous fait vos changements d’adresse comme il le faut?

Bon, vous allez me dire que cela fait plus de deux mois que vous avez déménagé (pour ceux qui l’ont fait), et que tout est terminé depuis longtemps.  Eh bien vaut mieux le rappeler plus souvent que moins, parce que certaines personnes ont tendance à négliger certains détails.  (Qu’est-ce que vous avez à me regarder, tout à coup?)

Par ces propos, je veux vous amener à un article de Frédéric Denoncourt, publié dans Le Soleil, à Québec, et qui raconte l’histoire d’une dame de 92 ans, Alma Rousseau qui, suite à une hospitalisation, fut reconduite à la mauvaise adresse.  La fille de madame Rousseau, Céline Huot, fulminait au téléphone, selon les dires du journaliste.  Je vous raconte rapidement les faits.  Vers 16h45, dimanche dernier (le 6), madame Rousseau souffre de problèmes intestinaux, et de nausées, et doit être conduite au Centre hospitalier de l’Université Laval (CHUL), à Québec.  Lors de son admission, la dame présente sa carte du CHUL, sur laquelle figure son ancienne adresse, dans une résidence pour personnes âgées autonomes.  Or, depuis quelques mois (l’article ne le précise pas), elle réside plutôt dans un centre hospitalier de soins de longue durée (CHSLD), où sont traitées des personnes en perte d’autonomie.  Selon madame Huot, sa mère a acquiescé, lorsque on lui a demandé si l’adresse, sur sa carte, était la bonne.  « Elle est confuse, et a des pertes de mémoire », de dire madame Huot, à propos de sa mère.  Je vous mets le paragraphe suivant, de l’article, en entier, sans y toucher; il reprendrait les paroles de madame Huot.  Le voici:

« Mon fils est allé rendre visite à ma mère et s’est aperçu de l’erreur en voyant le numéro de téléphone figurant sur son bracelet. Il a donné au médecin un papier sur lequel se trouvait la nouvelle adresse de ma mère au CHSLD. Mais celui-ci n’a pas fait le suivi auprès des infirmières. C’est terrible! C’est de la grosse négligence. »

Je vous laisse lire la suite de l’article, parce que mon intervention, ici, se base sur ce seul paragraphe.

Je trouve que madame Huot a du front tout le tour de la tête pour oser reprocher au médecin, à qui son fils aurait donné un papier montrant la nouvelle adresse de sa mère, au CHSLD, d’avoir commis « de la grosse négligence ».  Si elle habite dans ce CHSLD « depuis quelques mois », n’y aurait-il pas plutôt « de la grosse négligence » de la part de madame Huot elle-même, du fait de ne pas avoir transmis la nouvelle adresse de sa mère au service concerné du CHUL (je crois que c’est le service des archives), et ce malgré que son déménagement date de plusieurs mois, surtout qu’elle sait très bien que sa mère, qui est confuse, et a des pertes de mémoire, ne fera probablement pas elle-même ce changement d’adresse?  Les médecins n’ont pas à faire de l’administration, ou des changements d’adresse, dans les hôpitaux; leur job est de soigner les gens, pas de faire de la paperasse!  Il y a du personnel administratif, pour faire ce travail.  Le geste du fils de madame Huot est sûrement chargé de très bonnes intentions, mais c’était trop peu, trop tard!  S’il y a quelque chose de terrible, dans cette affaire, c’est bien le comportement négligent de madame Huot, et non pas celui du médecin.

Plus loin, dans l’article, elle continue de déblatérer contre le centre hospitalier universitaire, disant entre autres qu’elle a « un gros problème avec le CHUL, qui n’a pas fait son travail. Je me pose de sérieuses questions sur les procédures d’identification des patients. Certains ne sont pas toujours en mesure de répondre correctement parce qu’ils ont des pertes de mémoire. Ils n’ont pas su identifier son problème de perte de mémoire. Comment est-ce possible que les hôpitaux ne soient pas capables d’identifier des patients qui vivent dans les CHSLD? Il y a un gros bogue là! »  Elle ose demander comment est-ce possible que les hôpitaux ne soient pas capables d’identifier des patients qui vivent dans les CHSLD.  Qu’est-ce que vous souhaitez, madame Huot, qu’on leur mettent un gros code à barres dans le front?  C’est pourtant aussi simple que le nez se trouve au milieu du visage, madame Huot; les hôpitaux identifient les patients qui vivent dans les CHSLD par l’entremise d’une carte d’identité, communément appelée « carte d’hôpital », sur laquelle figure leur adresse, dans un CHSLD, le cas échéant.  Encore faut-il que le changement d’adresse soit effectué en temps et lieu, madame Huot!  Et ça, je regrette, mais ce n’était pas la faute des médecins, ni des infirmières, ni du personnel du CHUL.

La seule et unique faute, là-dedans, elle est de vous-même, madame Huot!

Toutes les conséquences qui ont suivi, et qui vous ont bouleversé, elles ne sont la faute de personne d’autre que vous-même, madame Huot.  Le pire, dans toute cette affaire, maintenant que nous savons tous que votre mère se porte bien, après toute cette aventure, c’est que des lecteurs du Soleil vont encore chier sur la tête des médecins, des infirmières, du personnel cadre, et de la direction du CHUL, et ce sans même y avoir mis les pieds, sans même savoir comment ça se passe, dans cet hôpital, juste à la lecture de vos propos.  Si j’étais un dirigeant du CHUL, j’entreprendrais des démarches légales, qui pourraient bien aboutir à des poursuites en diffamation contre vous, madame Huot.  Mais soyez tranquille; je ne suis qu’un simple blogueur sans-le-sou, et je n’entreprendrai rien contre vous, si ce n’est de vous supplier de cesser de reprocher à tout-un-chacun les conséquences de vos propres négligences, madame.

Il est vrai, et j’en parle assez souvent, que notre système de santé est pourri.  Mais au moins, j’espère que madame Huot, ainsi que toutes les madames Huot qui vivent dans cette société distincte qu’est la nôtre, auront un jour l’humilité de reconnaître leurs erreurs.  Car si notre système est effectivement pourri, des déclarations à l’emporte-pièce, comme celle de madame Huot, ne font rien pour redorer le blason des personnes qui y consacrent leur vie, leur âme, et trop souvent… leur santé.  Combien de personnes, qui travaillaient au CHUL, le 6 septembre dernier, qui ont été mêlées de près ou de loin à cette affaire, ou qui en ont eu connaissance, se sont couchées, ce soir-là, ou les soirs suivants, en se sentant coupables des conséquences vécues par madame Rousseau, et ce sans même qu’elles n’aient commis quoi que ce soit de répréhensible?  Dans ce système pourri, de très nombreuses personnes se donnent, sans compter, pour que les patients aient le maximum de soins, de compassion, et de dignité possibles, compte tenu de la pourriture du système dans lequel ces personnes travaillent.  Est-ce que la négligence de madame Huot vaut la peine de traîner dans la boue tous les efforts incessants de ce personnel, souvent poussé à bout?

J’espère que madame Huot lira ce billet, et qu’elle prendra quelques minutes pour réfléchir à tout cela.

Turcot: Des demandes utopiques!

Selon un article de Serge Forgues, de l’agence QMI, repris par le site Canoë, le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) exhorte la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet, d’intégrer la réduction de la circulation automobile au projet de réfection de l’échangeur Turcot. L’article mentionne qu’aux dires du CRE-Montréal, 94 % de tous les mémoires déposés lors des audiences, qui se sont dernièrement tenues devant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), à tout le moins les mémoires qui traitaient de l’enjeu de la circulation, en viennent à la conclusion que de réduire le nombre de véhicules circulant dans le secteur est souhaitable.

Remarquez bien que d’éliminer toute la pollution dans le monde est également souhaitable.  La grande majorité des gens souhaiterait aussi faire plus d’argent tout en travaillant moins. Mais le fait qu’une chose soit souhaitable ne signifie pas nécessairement qu’elle soit pour autant réalisable. Le CRE-Montréal semble oublier que l’échangeur Turcot est l’une des principales plaques tournantes – sinon la principale plaque tournante – de la circulation automobile dans le grand Montréal, et que la réduction de sa capacité se traduira forcément par une circulation accrue dans le réseau local. Le plus bel exemple de ce que j’avance est la rue Notre-Dame, vers l’est; à chaque fois qu’il y a problème, sur cette artère, le quartier Hochelaga-Maisonneuve est pris d’assaut par les automobilistes qui cherchent une porte de sortie.

Mais la palme de la citation la plus utopique revient à Richard Bergeron, chef du parti politique Projet Montréal; « On doit déclasser Turcot sur l’axe est-ouest, afin de faire passer de 150 000 à 50 000 le nombre de véhicules circulant quotidiennement entre l’échangeur Turcot et le tunnel Louis-Hyppolite-La Fontaine. »  En lisant une telle déclaration, on voit tout de suite le lien entre cette formation politique et Québec suicidaire (1).  Bien sûr, que je vous crois, monsieur Bergeron.  Et les 100,000 personnes (en imaginant qu’elles sont seules, dans leur véhicule) que vous voulez retirer de la circulation, elles vont se déplacer comment, en parachute?  Et les personnes que vous souhaitez éliminer de la circulation, monsieur Bergeron, vous les choisissez selon quels critères; vous tirez à la courte paille?  Le réseau de transport en commun n’a définitivement pas la capacité d’absorber une augmentation de 100,000 usagers, dans l’axe est-ouest, entre les rues Notre-Dame et Sherbrooke.  Et ça, vous le savez autant que moi, monsieur Bergeron.

J’ai une autre idée, pour ceux qui rêvent d’air pur; allez vivre à la campagne, dans le bois, sur le bord d’une rivière, au bout d’un champ de maîs, n’importe où, mais quittez Montréal!  Au cas où vous ne vous en seriez pas encore rendus compte, Montréal, c’est une ville, avec des camions, et des voitures, qui circulent, et des gens dedans, qui espèrent se rendre là où ils veulent aller.  D’ailleurs, l’échangeur Turcot a été construit, il y a plus de 40 ans, pour aider ces personnes à se rendre à destination, et ce plus rapidement qu’à pied.  Or, si les gouvernements n’ont pas ajusté le réseau routier en fonction du nombre d’utilisateurs de la route, ce n’est pas la faute de ces derniers, puisque ceux-ci ont payé plus que leur part en taxes et impôts de toutes sortes.

Une réduction de la capacité de l’échangeur Turcot tient tout simplement de l’utopie.  Il s’agit d’ailleurs d’un autre exemple flagrant qui illustre bien que les propos de Frédéric Bastiat, dans son pamphlet intitulé « Ce qu’on voit, et ce qu’on ne voit pas« , sont encore très à propos, même si l’auteur est décédé en 1850.  Le CRE-Montréal, et Richard Bergeron, croient que si l’on réduit la capacité de l’échangeur Turcot, moins de véhicules vont l’emprunter.  C’est ce qu’on voit.  Ce qu’on ne voit pas, c’est que d’abord, la capacité d’une artère routière est souvent théorique; l’autoroute Décarie fut construite avec une capacité de 90,000 véhicules par jour, si l’on comprend la circulation sur les six voies rapides, et les six voies de service, alors que selon des chiffres qui datent des environs de l’an 2000, les seules voies rapides supportaient en moyenne 120,000 véhicules par jour.  Et c’est qu’ensuite, on sait que lorsqu’une voie de circulation est remplie à capacité, les utilisateurs cherchent des alternatives, dans le but de gagner du temps, et que ces alternatives passent souvent par le réseau des rues locales.  Et je crois sincèrement que ce n’est vraiment pas ce que recherchent les gens du quartier Saint-Henri.

(1) Bon, je m’excuse, mais ce fut plus fort que moi.

Développement urbain: Un psychiatre s’en mêle!

Habituellement, quand il est question de développement urbain, on retrouve, parmi les gens qui prennent part au débat, des urbanistes, dont la science est de plus en plus respectée, des politiciens, qui veulent faire avancer les choses (ou accumuler des votes, ou retourner l’ascenseur à leurs ti-z-amis, ou plusieurs de ces réponses, c’est selon), et de plus en plus, les gens de la place, ceux et celles qui vivent dans le secteur à développer, et qui apportent leur point de vue, plus sentimental que scientifique, à l’affaire.  Mais voilà que maintenant, dans le dossier d’un édifice à bureaux, sur le boulevard Saint-Laurent, à côté du Monument national, un autre intervenant vient s’ajouter au débat, et pas le moindre; un psychiatre!

Bon, d’abord, ne tirons pas de conclusions trop rapidement; le docteur Jean-Dominique Leccia, psychiatre de sa profession, habite le boulevard Saint-Laurent, dans ce qui devient de plus en plus le Quartier des spectacles, depuis trois ans, ce qui en fait, en quelque sorte, un résident de la place, lui aussi.  Sauf que si j’insiste sur sa profession, c’est que ses commentaires, recueillis par Reine Côté, de l’agence QMI, sont directement appuyés par le fait qu’il soit psychiatre.  En fait, il s’oppose à la construction de la tour à bureaux de 12 étages, proposée par la Société de développement Angus (SDA).  Parmi les citations que l’on retrouve dans l’article, reproduit sur le site Canoë, le docteur Leccia estime que “Ce projet va à l’encontre du rythme biologique du quartier. Il va non seulement dénaturer le boulevard Saint-Laurent mais l’asphyxier. Saint-Laurent est un quartier qui vit le jour et surtout la nuit. Une tour à bureaux, c’est l’immobilisation du mouvement.”  Est-ce à dire que le Quartier des spectacles entend vouloir dormir plus tard, le matin, et que l’activité reliée à une tour à bureaux va en empêcher les résidents du quartier?  Plus loin, il avance qu’il faut repenser le projet. Construire un immeuble résidentiel ou encore un hôtel constituerait une solution de remplacement plus acceptable, toujours selon l’article.  Je ne vois pas la différence entre 12 étages de bureaux, et 12 étages d’appartements, ou de chambres d’hôtel; un building, ça reste un building, et son mouvement demeure plutôt immobile.  Non?

Mais sa meilleure parole, c’est celle-ci; “Les personnes qu’on ramasse aux urgences actuellement sont aussi le fait de catastrophes urbanistiques qui opèrent des exclusions, qui coupent les racines et déstabilisent considérablement les gens.”  Si le fait, selon moi, de construire un édifice de 12 étages déstabilisait les gens à ce point, des études auraient été conduites, et il ne se construirait plus d’édifices en hauteur, et ce quelque soit l’endroit dans le monde.  Or, une telle étude, si ça existait, on l’aurait, comme disait la pub.  Je crois seulement que les gens de la place ne veulent pas d’un édifice en hauteur, qui dépasse trop des autres, et qui risque de déranger leurs petites habitudes.  Or, si je me fie au logiciel Google Earth, le Monument national, à côté duquel la SDA veut construire son édifice, se trouve à l’ombre de l’édifice qui abrite le siège social d’Hydro-Québec.  Vous savez, l’édifice avec un gros Q, que l’on a éteint, lors de la crise du verglas, pour ne pas trop déplaire à ceux qui devaient composer avec une panne de courant.  Le building d’Hydro, que je sache, a beaucoup plus que 12 étages, et la construction, tout près, d’une tour à bureaux moins haute que la tour d’Hydro-Québec ne détruira pas vraiment le quartier.  Et de toute façon, s’il fallait ne rien développer, de peur de déstabiliser les gens, nous habiterions tous dans des rez-de-chaussée, et voyagerions encore dans des voitures à chevaux.  Le progrès dérange, nous le savons tous, mais tout développement passe par le progrès.

Bref, certains s’opposent à la construction de cet édifice, comme d’autres s’opposent à celle de l’autoroute 25, entre Montréal et Laval, et d’autres encore sont contre la reconstruction de l’échangeur Turcot.  Quoi que l’on fasse, il y aura toujours des mécontents, et s’il faut tout arrêter parce qu’un locataire va perdre sa vue imprenable sur la ruelle, ou qu’un propriétaire risque de voir la valeur de son immeuble changer, on ne fera jamais rien.  Bon, je ne dis pas qu’il faille tout raser sans rien demander à personne – le “faubourg à’mélasse” en est un cas patent, mais je crois qu’il y a toujours un juste milieu, entre deux extrêmes.  Et que c’est dans des consultations qu’il faut discuter de cela, pas dans les médias.

Montréal: Encore la gué-guerre francos-anglos!

Dans nos sociétés contemporaines en général, il n’y a plus rien de simple.  Et Montréal en est un bon exemple.

Prenons ce propriétaire du Theatre Ste. Catherine (TSC), Eric Amber, qui va fermer son théâtre, sis dans le quartier latin, le 21 décembre prochain.  Un courriel, envoyé par le TSC, en anglais, mentionne que, “En raison du racisme et de l’intolérance écrasants de la société francophone au Québec à l’endroit des minorités et des cultures non francophones, le Theatre Ste. Catherine va fermer ses portes en signe de protestation”.  Tout a commencé par un échange de courriels entre le TSC et la troupe Les Sages Fous, de Trois-Rivières.  La troupe a reçu, du TSC, une partie de la programmation du festival Juste pour rire, à savoir les événements qui se dérouleront au TSC, dans le cadre du pendant anglophone, Just For Laughs, et comme le courriel était écrit en anglais, Les Sages Fous ont demandé de recevoir le tout en français.  Puis le tout s’est monté en épingle, tant et si bien que les médias s’en sont mêlés, et que le propriétaire du théâtre a reçu des courriels de menaces.

Si l’on se fie aux propos rapportés dans ces deux articles, tous deux issus du Journal de Montréal, et repris par le site Canoë, j’avoue que Eric Amber a peut-être un peu couru après les troubles.  Après tout, s’il est ici depuis un certain temps, il n’est pas sans savoir que certains francophones, surtout dans le domaine artistique, sont pas mal chatouilleux, et particulièrement quand il est question de la langue.  Nous nous souvenons tous de la dernière campagne électorale fédérale.  Aussi, le fait de répondre un truc comme “Go fuck yourself”, à une demande de correspondre en français, allait inévitablement finir dans les médias, avec les conséquences que l’on connaît.

Mais ce matin, Richard Martineau, dans sa chronique du Journal de Montréal, commentait l’affaire, lui aussi, entre autres choses.  Il dit avoir reçu une correspondance de l’auteure Caroline Moreno, il y a trois jours, dans laquelle elle demandait “Comment se fait-il que les étrangers apprennent l’espagnol en Espagne, l’italien en Italie et l’allemand en Allemagne mais qu’ici, des gens vivent sans connaître un mot de français? (…) Pourquoi les Québécois qui exigent qu’on leur parle français sont-ils considérés comme des individus racistes tandis que les personnes qui vivent au Québec sans parler français, elles, ne le sont pas?”  Là-dessus, je vais tenter une explication, pour laquelle je me ferai accuser, évidemment, de jouer sur les mots.  Madame Moreno devrait commencer par comprendre que l’Espagne, l’Italie, et l’Allemagne, sont des pays connus et reconnus, mais que le Québec, malgré tous les beaux discours des séparatisses, n’en n’est pas un.  À tout le moins, pas encore.  Les étrangers en Espagne apprennent l’espagnol, certes, mais ceux qui sont en Catalogne n’apprennent pas nécessairement le catalan.

Le Québec fait partie du Canada, et comme pays, le Canada a deux langues officielles, soit le français et l’anglais.  Malgré, encore une fois, les beaux discours de certains, aucune loi n’oblige les gens à ne parler que le français à certains endroits, et que l’anglais dans d’autres.  Qu’on me corrige si je me trompe, mais il y a deux langues officielles, dans ce pays, et à partir du moment que l’on utilise l’une de ces deux langues, tout est légal, à part selon la loi 101, qui en passant, n’est pas une loi fédérale.  Que l’on soutienne le français, dans le but d’éviter une éventuelle assimilation, je n’ai rien contre.  Mais que l’on exige qu’une programmation d’événements se déroulant en anglais soit diffusée en français, ne serait-ce que par courriel, revient à la même chose que d’obliger tous les médias anglophones à diffuser en français; à mes yeux, c’est à la limite de l’intolérance.  Car il faut aussi se rappeler qu’un canadien au Québec, qu’il y soit de passage, ou qu’il s’y installe à demeure, n’a rien d’un étranger, quoi qu’en pense Caroline Moreno.

Quand un film sort en anglais, on fait la pub en anglais, et quand il sort en français, on fait la pub en français.  Qu’une émission de télé, ou de radio, soit diffusée en français, ou en anglais, la pub sort presque toujours dans la langue de l’émission.  On sort la programmation de Juste pour rire en français, et celle de Just For Laughs en anglais.  Ou est le problème?  Il n’est nulle part ailleurs que dans la tête des ayatollahs de la langue.  Une troupe ne l’a pas compris de cette façon, Eric Amber l’a avalé de travers, les médias s’en sont mêlés, et nous voilà dans une autre crise, comme Jacques Parizeau les aime.

Manifestement, il n’y a plus rien de simple.  Ici non plus.