« Un peu de vision, bordel! »: Enlevez vos oeillères d’abord, madame Roy!

J’aime bien commenter certains textes de façon directe, c’est à dire de copier un écrit, et d’y répondre directement, à travers le texte original.  Aussi, un article de Virginie Roy, publié mercredi dernier (5 mars) sur le site Canoë, m’a interpellé.  Son titre: Un peu de vision, bordel!

Alors voilà.  Je mets le texte de madame Roy en italique, et en vert (en souhaitant que Canoë ne me fasse pas d’emmerdes), puis j’y réponds avec la fonte et la couleur habituels.  C’est parti.

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Comme le Québec piétine! Voilà qu’il y a vingt ans, on enlevait les postes de péage. Aujourd’hui, l’Institut économique de Montréal, un des organismes les plus influents de l’économie de marché de la province, estime qu’il faut les réintroduire. Le débat semble tellement compliqué et pourtant, il est si simple.

Il est vrai que le Québec piétine, mais pas dans ce que vous rapportez.  En fait, madame Roy, votre exemple ne représente pas du piétinement, mais plutôt une certaine forme d’évolution.  Celle qui fait qu’une solution abandonnée depuis longtemps, parce qu’obsolète dans sa forme, reprend tout son sens une fois que la mise en application en a été modernisée avec succès.  Un peu comme les motomarines; c’était une idée de Bombardier, qui date du début des années 1970, et qui fut ababdonnée à l’époque parce que impopulaire.  De nos jours, plusieurs manufacturiers fabriquent de telles machines, qui bien sûr ont technologiquement évolué.

Un, nos routes ressemblent à la petite sandwich que je déballe pendant mon heure de lunch : en décomposition. Deux, le secteur du transport est celui qui émet le plus de gaz à effet de serre au Québec. Trois, on n’a ni l’argent pour réparer nos routes, ni l’argent pour investir suffisamment dans les transports en commun pour augmenter sa popularité.

Un, il vous faudrait apprendre à faire des sandwiches qui ne se décomposent pas.  Je blague…  C’est vrai que nos routes sont en décrépitude, et ce en grande partie suite à de la pure et simple négligence.  Deux, peut-être est-ce vrai, mais mégatonne pour mégatonne, quelles ont été les dernières variations?  Et l’industrie, elle ne pollue plus du tout?  À moins qu’elle rejette de tout, sauf des gaz à effet de serre?  J’aimerais bien que vous m’éclairiez, là-dessus.  Trois, il semble que le gouvernement québécois ait réussi à dénicher quelques milliards de dollars pour tenter de sauver les meubles, et ce dans les deux options que vous présentez.  Quoique je ne sais pas encore où il va les prendre.  Peut-être ne nous a-t-on que passé de belles annonces.

Bref, on est dans la merde.  À qui le dites vous!  Pas nécessairement – et pas exclusivement non plus – pour les raisons que vous énumérez ici, mais effectivement, on est dans la merde.

Alors, pendant que Pauline Marois veut sa conversation nationale, je propose plutôt un tête-à-tête avec le comptable du Québec.

Je vous rappelle un peu les faits. L’Institut économique de Montréal croit que la réintroduction des péages est la meilleure solution pour la province. L’étude analyse quatre scénarios plausibles et suppose que l’automobiliste paye 0,05 $ par kilomètre. Le scénario que privilégie l’organisme est le quatrième, soit celui où le péage s’applique à toutes les autoroutes du Québec, ce qui rapporterait la rondelette somme de 1,6 milliard de dollars.

Pour vous donner un exemple, le plan stipule qu’il coûterait 4,80 $ pour traverser les ponts montréalais en heure de pointe et 30 $ pour un aller-retour à Québec.

Cette peur d’une nouvelle taxe a engendré un phénomène instinctif chez le Québécois typique: s’assurer que le gouvernement dépense bien l’argent. Comme les revenus générés par les immatriculations et permis de conduire ne sont finalement pas investis dans nos routes, ou très peu, plusieurs ont estimé important que l’argent généré par les postes de péage soit exclusivement réservé pour la reconstruction des routes. Ce qui veut malheureusement dire: exit l’argent pour les transports en commun.

L’argent des immatriculations et permis de conduire a servi à quoi, au juste?  Je ne le sais pas précisément, moi non plus, mais je sais, par contre, qu’en plus de ces frais payés par tous les détenteurs de véhicules de promenade, et de permis, je dois payer, parce que j’habite le grand Montréal, 30$ de plus que mes frères et soeurs qui habitent en région pour immatriculer ma bagnole, ainsi qu’un cent et demi supplémentaire pour chaque litre d’essence que je mets dedans.  Pourquoi dois-je payer ces « extras », et pas eux?  Parce que je suis obligé – je n’ai même pas le choix – de verser directement ces sommes au transport en commun.  Pouvez-vous me dire, en retour, quelle est la fraction du coût d’un billet d’autobus qui va directement au remplissage des nids-de-poule?  Car après tout, madame Roy, si je paie pour le transport en commun sans même l’utiliser, les autobus utilisent aussi les routes, et de par leur poids et leurs dimensions, ils contribuent davantage que la voiture à la décrépitude du réseau routier, et ce même lorsqu’il n’y a aucun passager à bord.

Environnement qui?

Je trouve bien dommage que l’on n’ait pas plus de vision. Par conséquent, cette semaine, presque personne n’a parlé de l’impact environnemental que pourrait avoir une telle initiative. Presque personne n’a soufflé les mots : transports en commun. On a surtout parlé du 1,6 milliard de dollars qui pourrait servir à reconstruire nos fameux rubans d’asphalte. Et pourtant, l’environnement a tout à y voir dans ce projet, car le coût de l’auto ne se limite pas à l’usure des chaussées.

D’abord, si les environnementalistes veulent prouver qu’ils ont, contrairement au « bas-peuple », une vision globale, ils devraient commencer par enlever leurs propres oeillères!  Ensuite, c’est bien vrai que le coût de l’auto ne se limite pas à l’usure des chaussées.  Voyez-vous, le coût de l’auto finance également le transport en commun, dans le grand Montréal, à hauteur de 30%.  Et je ne compte pas toutes les autres ponctions (comme les réparations supplémentaires aux véhicules, et les taxes de vente qui en découlent, dûes au mauvais état des rues et des routes) et taxes supplémentaires (près de 50% du prix de l’essence à la pompe sont des taxes!) qui font tourner l’appareil gouvernemental, celui-là même qui subventionne plein de projets, comme la construction d’une usine de production d’éthanol, à Varennes, au grand plaisir des environnementalistes.  Du moins jusqu’à ce qu’ils se rendent compte par eux-mêmes que, comme je l’ai moi-même dit sur d’autres tribunes, et que des gens beaucoup plus influents que moi ont aussi prévenu, en plus de ne rien sauver du côté de la pollution, le déséquilibre causé dans la production agricole, du fait que beaucoup d’agriculteurs allaient vendre leur maïs à l’usine d’éthanol, plutôt qu’aux acheteurs habituels de l’industrie alimentaire, allait précipiter les prix des céréales vers des sommets inégalés, en plus de provoquer des risques de pénurie pour la production des aliments.  Mais ça, jamais les environnementalistes ne voudront l’endosser.  Alors vous imaginez peut-être, madame Roy, que ceux-ci vont accepter quelque blâme que ce soit si jamais un gouvernement va de l’avant avec leur dernière trouvaille, et que cela tournait mal?

Les écologistes ont tous le même point de vue.  Bien sûr; ils croient tous détenir LA vérité!  S’il y a plus de postes de péage, il y aura nécessairement plus de personnes qui utiliseront les transports en commun. Or, je trouve plutôt injuste de punir les automobilistes en les taxant, tout en ne leur donnant aucune autre porte de sortie. Ainsi, le gouvernement en aura plein les poches et pourtant, rien n’est prévu pour offrir une alternative aux automobilistes qui décideront de délaisser leur voiture. Par conséquent, il coûtera 30 $ pour se rendre à Québec. Un point c’est tout.

Avec une telle opinion, j’ai presque envie de vous qualifier d’adéquiste, madame Roy!  Dans les faits, la réaction de l’ADQ face à la publication de la note économique de l’IEDM fut, à peu de choses près, la même que ce que vous exprimez dans ce paragraphe.  Il faut toutefois préciser que si les revenus de péage vont à l’entretien des routes, il en coûtera peut-être 30$ aux automobilistes pour un aller-retour à Québec, mais si ceux-ci évitent des centaines de dollars de réparations, ce sera une somme bien investie, pas vrai?

Revenons à la source: pourquoi voulons-nous des postes de péage? Oui, pour reconstruire nos routes, mais c’est surtout pour diminuer le flot des voitures. Si le maire Tremblay a évoqué cette solution, ou si de grands centres urbains l’ont appliquée, c’est très expressément pour gérer la congestion, grâce à des péages variant selon l’heure. C’est aussi pour réduire le nombre d’automobiles qui entrent dans le centre-ville et pour atténuer le trafic dans la ville.

Le but ultime devrait être, finalement, de combattre la pollution atmosphérique. En considérant cette cible, tous les autres objectifs suivraient naturellement.

Quel que soit le but visé par l’un ou l’autre des protagonistes dans ce dossier, à mes yeux, il est hors de question que les sommes recueillies par le biais d’éventuels péages imposés aux automobilistes aillent au transports en commun!  Ceux-ci, en fournissant environ 30% du budget dans le grand Montréal, ainsi qu’une part plus ou moins équivalente dans les autres agglomérations de la province, subventionnent déja largement les services de transport de masse.  Personnellement, je crois qu’il serait grandement temps que les usagers de ces services en paient une plus juste part.  Sans exiger un paiement intégral, les usagers devraient, selon moi, défrayer au moins 50% du coût du service; après tout, ce sont eux qui en profitent directement.

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Et en définitive, compte tenu de la manière dont les fonds publics sont gérés par tous les ordres de gouvernement, je demeure convaincu que la meilleure façon que les revenus de péage aillent directement dans l’entretien de la route sur laquelle ils ont été prélevés est que l’on confie l’entretien des routes à l’entreprise privée, sous la forme de contrats à long terme, accordés suite à des appels d’offres.  Le tout devra toutefois être soumis à une réglementation qui interdirait les monopoles, autant publics que privés.

 

Jeff Healey: Le cancer a fini par gagner

Le site web de Radio-Canada publiait, il y a deux heures à peine, que le chanteur de blues et de rock Jeff Healey venait de perdre son combat contre le cancer, dans un hôpital de Toronto.  Il était âgé de 41 ans.  Il laisse dans le deuil son épouse Cristie, sa fille Rachel, 13 ans, et son fils Derek, trois ans.

Jeff Healey a toujours été un fonceur.  Ayant perdu la vue dès l’âge d’un an, des causes d’une rare forme de cancer, il a commencé à jouer de la guitare à 3 ans.  Il avait une façon particulière de jouer; il posait sa Fender Stratocaster sur ses genoux.  Il a formé son premier groupe à l’âge de 17 ans, puis plus tard, forma le trio qui porta le nom de Jeff Healey’s Band.  Il a fait partie de la distribution du film Road House, en 1989, auprès de Patrick Swayze, Ben Gazzara, Kelly Lynch et Sam Elliott.  Il a connu le succès sur disque avec l’album See The Light, contenant entre autres le succès Angel Eyes.  Après d’autres albums rock, il se tourna, au cours des années 1990, vers l’une de ses passions, soit le jazz des années 1920, 30 et 40.  Il devint une vedette internationale, partageant la scène avec les plus grands noms, dont B. B. King et Stevie Ray Vaughn, et enregistrant avec George Harrison, Mark Knopfler, ainsi qu’avec une légende du blues, le regretté Jimmy Rogers.

Malgré tout ce succès, il préférait rester près de chez lui, avec sa femme et ses enfants, et ne faisait plus beaucoup de grandes tournées.  Il a animé une émission de radio, sur les ondes de CBC, intitulée My Kinda Jazz, pendant plusieurs années, et une autre, plus récemment, du même titre, sur Jazz-FM, à Toronto.  Il aimait particulièrement faire tourner des pièces rares, et très peu entendues, issues de sa propre collection de plus de 30,000 disques 78 tours.

Les détails de ses obsèques seront connus plus tard, cette semaine.

Personnellement, Jeff Healey m’a toujours impressionné.  Quelques-unes de ses chansons tournent régulièrement à CHOM, la station classic rock montréalaise que j’écoute constamment, dont sa propre version de While My Guitar Gently Weeps, des Beatles.  Il était la preuve que peu importe les écueils que la vie peut mettre sur son chemin, il y a moyen de voir l’espoir, et d’aller au bout de ses rêves.  Il a perdu la vue, il s’est pratiquement toujours battu contre le cancer, mais il est quand même parvenu, en tenant sa guitare comme personne d’autre, à devenir une vedette, à jouer sur scène, comme en studio, avec les plus grands, et à prendre sa place parmi eux.  Par ces mots, je tente de passer le message à ceux qui se prétendent pauvres, dans la misère, rejetés, qu’il y a toujours de l’espoir, et qu’il faut croire en ses rêves.

Évidemment, il ne faut pas seulement y croire; il faut aussi passer à l’action.

J’espère que la vie de Jeff Healey sera portée à l’écran, afin de bien montrer que même avec des handicaps, on peut aller au bout de ses rêves.

A-955: L’autoroute qui n’en sera jamais une

Voici donc la dernière série de photos que j’ai prises le samedi, 23 février dernier. C’est la dernière, mais pas la moindre; si je disais que le tronçon de l’A-30 de Bécancour était un tronçon oublié, celui que vous verrez ici ne prendra probablement jamais la forme d’une vraie autoroute. Cette voie devait, en principe, relier la région de Sherbrooke directement au pont Laviolette, mais pour l’instant, et probablement pour toujours, elle n’est qu’une voie qui sert à raccorder Victoriaville à l’A-20 vers l’ouest, au même titre que la route 162, vers l’est. Il s’agit de l’A-955.

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Vous y croyez, vous? Une autoroute avec une voie pour les motoneiges!

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Et voici la voie rapide pour les motoneiges; le sentier Trans-Québec 65.

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Un autre truc que vous ne verrez probablement jamais sur une autoroute. Un arrêt obligatoire, dans toutes les directions. Quoique cela existe ailleurs, à savoir sur le tronçon de l’A-30, qui contourne la ville de Salaberry-de-Valleyfield, et qui deviendra l’A-530, à la fin des travaux de prolongement de l’A-30 vers Vaudreuil-Dorion. Ici, c’est l’intersection de l’A-955 et de la route 122.

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Tout de suite après l’intersection de la route 122, on signale que l’A-955 se terminera par une intersection en T, dans 1 kilomètre.

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Et voilà, ça ne va pas plus loin. L’A-955 se termine ici, à l’intersection de la rue Principale, à Saint-Albert. Mais dans les faits, devait-elle se continuer plus loin? Voyons voir…

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Voici les fondations, bien visibles malgré la neige abondante de cet hiver qui n’en finit plus de finir, de la suite de l’A-955. Cette photo fut prise tout juste derrière les panneaux de la photo précédente. Ces fondations ne mesurent que quelques mètres, mais montrent bien que l’objectif, à l’époque, était de poursuivre la route vers Warwick.

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Voici le détail des fondations, à savoir le fossé de gauche, dans lequel il commence à pousser de jeunes arbres,…

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…et celui de droite, encore bien dégagé.

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Voici ce qui a probablement mis fin aux espoirs de prolongement de l’autoroute. Vous voyez la fin de l’A-955, cette fois prise de l’autre côté de la rivière Nicolet, depuis le petit rang 7, à Saint-Albert. Les deux flèches indiquent les deux poteaux qui soutiennent le feu clignotant, à l’intersection de la rue Principale. Les arbres sont ceux dont vous voyez la cime sur les quatre photos précédentes, et sont à même la falaise de la rive nord de la rivière Nicolet. En effet, à cet endroit, la rive nord de la Nicolet montre un escarpement d’une dizaine de mètres, ce qui aurait demandé un pont aux dimensions plutôt imposantes, de par sa hauteur, et aussi de par sa pente, puisque sur la rive sud, la falaise est inexistante.

C’est la nécessité de telles infrastructures qui ont mis fin, dans les années 1970, à plusieurs projets autoroutiers au Québec. Les ouvrages d’art, comme les ponts et viaducs, sont toujours les principales pièces de résistance de la construction d’un lien, qu’il soit routier ou ferroviaire. C’est l’une des principales raisons pour laquelle le réseau autoroutier québécois est – et sera pour encore longtemps – une oeuvre inachevée. Si certains projets, comme celui du nouveau tronçon de l’A-25, entre Montréal et Laval, dont les travaux ont débuté, ou encore celui de l’A-440 vers l’Île-Bizard et Kirkland, récemment évoqué par le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, sont nécessaires pour améliorer la fluidité de la circulation, ou pour pallier à des infrastructures en piteux état, le projet de l’A-955, qui devait en principe être l’A-55 entre l’A-20 et Richmond, ne sera probablement jamais achevé.

Dans un monde où les gouvernements fonctionnent par priorités budgétaires, et où les travaux routiers coûtent de plus en plus chers, ce tronçon d’autoroute ne sera probablement jamais une priorité. Surtout que d’une part, le tronçon actuel de l’A-55, soit l’ancienne A-51, qui va de Drummondville à Richmond, puis à Sherbrooke, effectue le lien de façon remarquable, et d’autre part, la région immédiate d’Asbestos, qui devait être desservi par l’A-55 originale, n’a jamais connu le développement prévu par rapport à l’exploitation de l’amiante. Le dernier espoir industriel de cette région, Magnola, a vécu le temps d’un soupir, puis a fermé ses portes, victime de coûts de production trop élevés pour faire face à la concurrence mondiale.

Tout cela pour dire que l’autoroute 955 n’en sera probablement jamais une.

Rapport Castonguay: Rien de nouveau sous le soleil…

Comme tout le monde, je jette un oeil sur les suites du rapport Castonguay, sur le financement du système de santé. Ce que je trouve curieux, c’est que les réactions ne changent pas, d’un rapport à l’autre; les chefs de centrales syndicales ont déchiré leurs chemises bien avant le dépôt du rapport, en protestant qu’il ne faut pas toucher au « modèle québécois », et les ministres disent que malgré que le rapport soit « porteur », on ne pourra pas donner suite aux principales recommandations.

Nathalie Elgrably a écrit un commentaire plutôt éloquent, mais combien véridique, sur le système de santé; un système qui ne fonctionne pas. Jean-Jacques Samson, chroniqueur au Journal de Québec, parle quant à lui du chirurgien aux mains propres qu’est le ministre de la santé, Philippe Couillard, dans le sens que celui-ci n’aura pas à se mettre la tête sur le billot, en réalisant des réformes profondes qui provoqueraient des mécontents, puisqu’il n’en fera rien. Pour sa part, Jean Cournoyer, ancien ministre du travail et de la fonction publique sous Robert Bourassa, a révélé, lors d’une entrevue au canal ARGENT, qu’à défaut de faire bouger le gouvernement, le rapport Castonguay fera avancer la réflexion sur le financement du système de santé québécois.

Quant aux politiciens, certains se sont manifestés; selon Yves Chartrand, du Journal de Montréal, Monique Jérôme-Forget, comme c’est l’habitude quand elle se sent coincée, s’est présentée devant les journalistes en affichant une pointe d’arrogance, mais on la sentait quand même s’écraser, selon lui. De son côté, Jean Charest a tout simplement appuyé sans réserve son ministre de la santé, en déclarant que le choix du gouvernement était d’alléger le fardeau fiscal des québécois, et non pas de l’alourdir. Et pendant que Joanne Marcotte, l’une des cosignataires du rapport Castonguay, révélait que l’idée d’augmenter la TVQ de 1% était signée Philippe Couillard, on pouvait lire, dans différents médias, que la recommandation d’exiger une cotisation annuelle pour les soins de santé existe déjà un peu partout au Québec, sous la forme de coopératives de santé. D’ailleurs, une clinique d’Aylmer a été transformée en coop de santé avec beaucoup de succès.

Bref, tout cela pour dire que le rapport du groupe de travail présidé par Claude Castonguay ne révèle pas de grandes primeurs, et que les réactions des différents acteurs impliqués n’apporte rien de nouveau sous le soleil. Les syndicats et les fonctionnaires ne veulent pas perdre leurs acquis garantis par le monopole syndicalo-étatique, les politiciens ne veulent pas opérer des changements, de peur de se mettre la tête sur le billot, et les payeurs de taxes et d’impôts, quant à eux, continuent de payer trop pour le très peu qu’ils obtiennent. Pour ma part, la meilleure façon d’obtenir des gains en efficacité, dans le domaine de la santé, est d’y introduire de la concurrence. Parce que tant et aussi longtemps que la santé demeurera un monopole, l’efficacité n’y sera qu’illusoire, parce que les responsables de la gestion des hôpitaux, autant que les représentants du personnel sur le terrain, n’ont pas à se mesurer à quiconque. À partir du moment où la concurrence entre en jeu, tout le monde doit faire en sorte de donner le meilleur de lui-même, mais de façon concertée, sinon le concurrent sera meilleur, et l’hôpital sera menacé de fermeture.

Les centrales syndicales prétendent que le seul attrait du secteur privé est l’argent. Le pire, c’est que c’est vrai. Et pour obtenir cet argent précieux, le secteur privé est prêt à faire l’impossible; offrir des soins de qualité, dans un environnement agréable, et même fournir de petites gâteries aux patients, qui rendront leur passage chez eux mémorable, et ce pour des raisons positives. Le secteur public est-il prêt à concurrencer cela?

MISE À JOUR – 23 FÉVRIER 2008, 07h40

La première vice-présidente du groupe de travail sur le financement du système de santé, Joanne Marcotte, fait part de ses impressions et de son point de vue sur la dissidence de l’autre vice-président, Michel Venne, sur le site web du film L’illusion tranquille, dont elle fut la réalisatrice.  Elle y inclut une lettre éditoriale qu’elle a fait parvenir aux grands quotidiens, divers vidéoclips dans lesquels elle exprime ses opinions, ainsi que des liens vers d’autres commentaires parus dans les médias.  C’est par ici.

Secteur manufacturier: Est-ce la fin d’une époque?

Beaucoup de journalistes, qui couvrent les faits et gestes sur la colline parlementaire fédérale, ne cessent de nous répéter qu’il y a un parfum de campagne électorale dans l’air, et plusieurs chefs, dont Gilles Duceppe, du bloc québécois, exigent que le gouvernement conservateur mette des milliards de dollars pour venir en aide au secteur manufacturier, qui bat de l’aile au pays présentement.  Or, je viens de lire un texte d’André Pratte, de La Presse, intitulé « Un recul inévitable« .

Je constate que les dires de Pratte font beaucoup de sens.  Oui, c’est vrai qu’il se perd des milliers d’emplois dans le secteur manufacturier, en fait 72,000 emplois au Québec en 2 ans, mais ils furent remplacés par des emplois dans le domaine des services, et pas nécessairement des emplois précaires.  Plus de 188,000 emplois ont été créés depuis deux ans, et ce dans les domaines des services professionnels et techniques, du transport et de l’entreposage, ainsi que dans le commerce de gros.  La majorité de ces emplois sont à temps plein, et très bien payés, selon l’article d’André Pratte.

Selon moi, la question de l’emploi est plutôt relative, puisque malgré le nombre d’emplois du secteur manufacturier qui baisse sans cesse depuis cinq ans, le taux de chômage baisse lui aussi, atteignant des creux historiques.  C’est donc dire que ce n’est pas l’emploi comme tel qui est le problème, mais plutôt le secteur manufacturier qui perd des plumes.  Il en est ainsi dans la très grande majorité – pour ne pas dire la totalité – des pays industrialisés.  Et la raison en est bien simple; le monde évolue.  Les pays émergeants ont une main-d’oeuvre qui ne demande qu’à être formée, et malgré qu’ils gagnent peu, ce que l’on considère chez nous comme des salaires de misère représente une richesse inespérée pour eux.  Ces gens-là feront comme nous; ils apprendront ce qu’est le pouvoir d’achat, ils deviendront consommateurs, puis tenteront d’améliorer leur sort quand ils le compareront avec ce qui se passe ailleurs dans le monde.  Comme nous l’avons fait, nous aussi, à une certaine époque.

Le monde est en train de s’équilibrer.  D’une année à l’autre, de plus en plus de gens s’enrichissent.  Évidemment, il reste encore beaucoup – trop – de gens qui doivent se débrouiller avec moins d’un dollar par jour, et des milliers d’enfants meurent encore chaque jour des suites de la malnutrition.  Par contre, sauf en Afrique, tous les continents voient une amélioration du niveau de vie de leurs citoyens, ce qui me permet de croire que l’on est sur la bonne voie.  Il faut toutefois être prudents; il ne suffirait que de quelques pays, qui prendraient la décision de tout chambouler, pour que l’on replonge.  Prenons par exemple le Venezuela.

Ce pays d’Amérique du Sud se débrouillait pas trop mal, et son secteur pétrolier lui permettait les meilleurs espoirs.  Ça allait bien jusqu’à l’arrivée de Hugo Chavez.  Il a pris le pouvoir en promettant une autre vision de l’économie, celle qu’il appela « le socialisme du XXIe Siècle ».  On en voit aujourd’hui les résultats; Nathalie Elgrably-Lévy nous rapportait, dans sa chronique du Journal de Montréal du 14 février dernier, qui traitait justement d’une autre vision de l’économie, que les vénézuéliens manquent de tout.  Le lait, les oeufs, l’huile, la farine, le sucre, le maïs, le poulet, etc., font défaut, là-bas.  Il manque aussi de médicaments, de pièces d’autos, de produits d’hygiène personnelle, et même de papier hygiénique!  À défaut de les trouver sur le marché conventionnel, on doit les chercher sur le marché noir, selon cet autre article de La Presse.  Et avec tout ce qui s’est passé au sujet des champs pétroliers de l’Orénoque ces derniers mois, la production de pétrole a sensiblement diminué.  L’inflation, pour l’année 2007, a atteint pas moins de 22,5%.  Ce n’est pas pour rien que Hugo Chavez a lancé son nouveau bolivar.

La liberté économique fait des merveilles partout – ou presque – dans le monde.  Les preuves s’accumulent pour démontrer que c’est lorsque l’on tente de l’entraver que les problèmes commencent.  Pour le reste, ce n’est qu’une question d’adaptation.  Le secteur manufacturier est en déclin chez nous, comme ailleurs dans les pays industrialisés, mais notre économie compense de façon formidable.  Tout ce que nous devons faire, c’est de s’adapter.