Pont Champlain: Les politiciens ne comprennent rien à rien!

La politicaillerie va finir par gangrener le dossier du remplacement du pont Champlain!  C’est ce que je constate à chaque fois qu’il est question de ce problème majeur dans le domaine de la circulation du grand Montréal.

Cette fois, c’est un rapport de la firme d’ingénierie Buckland & Taylor, remis à Transports Canada la semaine dernière, et rendu public ce mercredi, qui fait mention de travaux supplémentaires à effectuer. Le rapport indique que la Société des Ponts Jacques-Cartier et Champlain Incorporée (PJCCI), l’agence fédérale qui gère entre autres ces deux ponts de Montréal, devrait fortement envisager d’accélérer le remplacement de la structure vieillissante.  Cet état de faits est rapporté par Andy Riga, le journaliste spécialiste en transports du quotidien anglophone The Gazette, de Montréal.  Il parle d’investissements totaux de 500 M$ sur cinq ans, soit presque cinq fois plus que ce qu’Ottawa avait budgété!

Et ça, c’est juste un détail croustillant de plus dans toute cette affaire.  Imaginez; le pont Champlain original, ouvert à la circulation en 1962, fut construit avec trois voies de circulation dans chaque direction.  Maintenant, on planifie le remplacement de ce pont, vieux de plus de 50 ans, par un autre qui comporte… trois voies de circulation dans chaque direction!  Bon, on y mettra bien des voies de transport en commun en site propre, et un corridor pour piétons et cyclistes, bien sûr, mais personne ne me fera croire que la capacité du pont construit il y a 50 ans est suffisante aujourd’hui!  Présentement, Champlain est bouché soir et matin; qu’arrivera-t-il si l’on construit une infrastructure avec la même capacité?  Il surviendra la même chose!  Les véhicules ne vont pas disparaître par miracle!

Il faut un minimum de cinq voies de circulation dans chaque direction, et des accotements des deux côtés de chaque chaussée.  Avec deux voies réservées en site propre au centre, on pourrait parler d’une configuration 5-2-5.  Bien sûr, ça coûtera plus cher.  Mais que veut-on, au juste?  Un pont qui fait le job pour lequel il est construit, et qui durera le temps prévu, ou un pont qui deviendra hors-d’usage avant la moitié de sa durée de vie?  Parce qu’il y a un principe simple; ce n’est pas parce que l’on diminue le diamètre de la conduite d’eau que les gens, à l’autre bout, auront moins soif!  Une infrastructure de capacité insuffisante ne provoquera que des bouchons plus longs!  La population du grand Montréal, tout comme celle du Québec, a presque doublé depuis un demi-siècle, et le nombre de véhicules sur les routes a pratiquement quadruplé; il serait donc complètement stupide de construire un pont dont la capacité est la même que celui qui fut construit il y a cinquante ans!

En ce qui concerne le système de transport en commun à mettre en place sur le nouveau pont, la meilleure solution serait d’utiliser des trains conventionnels, qui pourraient ensuite se répartir sur tout le territoire de la rive-sud de Montréal; certains vers Saint-Jean-sur-Richelieu, et Granby, d’autres vers Saint-Bruno, Beloeil et Saint-Hyacinthe, et d’autres encore vers Varennes, Contrecoeur et Sorel-Tracy.  Sur les deux voies réservées, on devrait installer les rails de façon à ce qu’ils soient affleurants; ainsi, des autobus, voire même des taxis, pourraient utiliser les voies entre les passages de trains, ce qui augmenterait encore la capacité de ces voies réservées.

Quant à la construction du pont, en tant que telle, le temps n’est pas aux grands coups d’éclat dispendieux en architecture!  On doit s’en tenir aux techniques simples, peu coûteuses, mais dont la solidité, la durabilité et la facilité d’entretien ont été éprouvées depuis longtemps.  Une construction qui pourrait commencer au plus tôt, et qui pourrait se dérouler par étapes.  D’abord, la préparation des lieux, déplacement de servitudes, etc.  Ensuite, la construction d’une première moitié du nouveau pont, question de maintenir au minimum la capacité actuelle pendant toute la durée des travaux.  Vient ensuite la démolition du pont actuel, la construction de la seconde moitié du nouveau pont, et les travaux de finition.  Pour bien faire, il faudrait boucler les travaux sur le terrain à l’intérieur d’une période maximale de 3 à 5 ans.

Le remplacement de l’actuel pont Champlain serait une occasion en or d’augmenter la capacité du réseau routier du grand Montréal, réseau qui, avouons-le, en a bien besoin.  Mais les politiciens croient qu’en réduisant les capacités du réseau, les véhicules vont disparaître comme par magie.  Comme d’habitude, ils ne comprennent rien à rien!

Montréal: Déficiences dans les transports

Par ce beau dimanche matin, je parcours le site de MétéoMédia, question de voir quel genre de semaine nous aurons, sur le plan météorologique, et je tombe sur un article, accompagné d’un court reportage vidéo, le tout intitulé “Le transport en commun est-il la solution?”  Un spécialiste, Jean-Sébastien Trudel, président d’Elipsos, firme d’experts-conseil en développement durable, y affirme qu’ “on ne peut pas concevoir de continuer à vivre comme on le fait présentement”, compte tenu de l’augmentation de la population dans les grands centres, jumelée à l’étalement urbain.  Je ne reprendrai pas ici tout son argumentaire, mais la portion de celui-ci qui m’a bien fait rire se trouve au moment où il mentionne que “On a tellement investi depuis 50 ans dans le réseau routier, axé uniquement sur le transport automobile, ce qui fait en sorte qu’aujourd’hui, les solutions de transport en commun sont bonnes uniquement pour certains corridors.

Je me permettrai ici de rafraîchir la mémoire de monsieur Trudel en lui rappelant que le dernier pont reliant la rive-sud du fleuve à l’île de Montréal à avoir été construit, le pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine, fut ouvert à la circulation en 1967, soit il y a 46 ans!  Je veux bien croire que cette date entre à l’intérieur de sa période de 50 ans, mais il pourra probablement constater, s’il s’en donne la peine, que l’offre en transport autoroutier, qu’il dit pourtant fort majorée, est complètement gelée depuis 46 ans, à tout le moins entre Montréal et sa banlieue sud, ce qui n’a pas empêché la demande de transport, entre ces deux points, d’augmenter de façon régulière, à mesure que la rive-sud s’est développée.  Or, la seule augmentation de l’offre en transport, depuis ces mêmes 46 ans, est de l’ordre du transport en commun, et tient sur trois axes, à savoir le métro, les trains de banlieue, et la voie réservée du pont Champlain, celle-ci n’étant disponible qu’aux heures de pointe.

Vu sous cet angle, il devient clair que si le transport en commun n’est pas la solution idéale, concernant encore une fois les liens entre Montréal et sa rive-sud, ce n’est manifestement pas en fonction d’une offre trop grande du transport autoroutier; les bouchons quotidiens nous le rappellent de façon évidente!  De plus, les prochaines années n’apporteront pas de solutions, puisque la seule augmentation actuellement prévue de l’offre, toujours entre ces deux points, ne passera que par le doublement de la voie réservée de l’actuel pont Champlain, et sa mise en place de façon permanente; aucune augmentation de l’offre autoroutière, puisque l’on semble vouloir d’un nouveau pont Champlain à trois voies par direction, hormis les futures voies réservées permanentes.

Dans ces conditions, il ne fait aucun doute que le coût des problèmes dus aux transports, dans le grand Montréal, que l’on évalue à 1,4 milliards$ par année, dans l’article, ne cessera pas d’augmenter.

Il faut aussi rappeler à monsieur Trudel qu’entre le milieu des années 1970 et le milieu des années 2000, soit sur une période de 30 ans, il n’y a eu que très peu d’investissements en développement autoroutier dans le grand Montréal, et plus particulièrement sur l’île de Montréal même.  D’une part, peu d’argent fut investi durant cette période, et d’autre part, les sommes qui furent mises sur les routes le furent surtout en frais de rénovation des infrastructures existantes, comprenant notamment des reconstructions rendues nécessaires à cause de nombreuses déficiences au niveau de l’entretien, au fil des années.  L’écrasement du viaduc de la Concorde, à Laval, en 2006, en demeure la preuve la plus éloquente, alors que la course contre la montre, entreprise par le MTQ pour retirer tous les paralumes, aux entrées et sorties des tunnels du réseau autoroutier, course entreprise depuis l’effondrement de certains de ceux du tunnel Viger, au centre-ville de Montréal, plus récemment, fait office de preuve supplémentaire.

L’agglomération de Montréal constitue le 15e plus grand secteur métropolitain en Amérique du Nord, en termes de population, et parmi ces 15 métropoles, Montréal est la seule à ne pas avoir d’autoroute périphérique, qui permettrait à tous ceux qui n’ont pas affaire en ville de contourner celle-ci.  De ce fait, les infrastructures actuelles subissent des niveaux de charge qu’elles n’auraient pas à supporter si une telle périphérique existait, ce qui accélère leur dégradation.  Ajoutons à cela un manque flagrant d’entretien pendant des décennies, et il devient évident que l’ensemble des réseaux de transports montréalais font preuve d’énormes déficiences.

J’en profite ici pour rappeler que la meilleure façon de réduire le coût des problèmes dus aux transports demeure l’augmentation de l’offre.  D’abord par le futur pont Champlain, à condition de le construire selon une configuration 5-2-5, et ensuite par d’autres projets à compléter dans les plus brefs délais, dont entre autres, mais sans s’y limiter, la réalisation d’une véritable autoroute périphérique autour du grand Montréal.  Avec l’ouverture récente de la toute dernière section de l’autoroute 30, il ne manque que deux sections d’autoroute pour compléter un tel projet, les deux devant être construites aux deux extrémités de l’autoroute 640.  La première à l’extrémité ouest, entre Saint-Joseph-du-Lac et Hudson, via le lac des Deux-Montagnes, et l’autre, beaucoup plus compliquée, à l’extrémité est, entre l’actuel échangeur A-40/A-640 et l’autoroute 30, dans le secteur de Varennes, par-delà le fleuve Saint-Laurent.

Bref, il y a tellement de déficiences, dans l’ensemble des réseaux de transports du grand Montréal, que si l’on veut véritablement régler les problèmes, il faudra agir sur plusieurs fronts à la fois.

Émeutes de la faim: Merci aux environnementalistes!

Nous savons que depuis quelques semaines, plusieurs pays, parmi les plus pauvres, sont aux prises avec des problèmes d’approvisionnement en denrées de base, plus particulièrement des céréales.  Le directeur du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Khan, va même jusqu’à prétendre que la situation actuelle pourrait conduire à des risques de guerre.  Pendant que d’aucuns spéculent sur la suite des choses, dans ces pays, nous pouvons prendre le temps, de notre côté, de tenter de voir d’où origine cette crise alimentaire mondiale.

Vous souvenez-vous, il y a de cela quelques années, que des environnementalistes sommaient les gouvernements de prendre le virage vert, dans le domaine de l’énergie, et de privilégier la production massive d’éthanol?  On disait que ce carburant était moins polluant que l’essence conventionnelle, qu’il était tout aussi performant, et que l’utilisation du maïs allait donner des débouchés supplémentaires aux agriculteurs.  Bref, plein de beaux discours « verts », dans le but d’embarquer tout le monde dans cette galère.

Au Québec, une usine de production d’éthanol fut construite à Varennes, dans le comté de l’ancien premier ministre Bernard Landry.  Ce dossier avait causé toute une polémique, à l’époque, parce qu’à l’origine, ladite usine devait être construite dans le comté de Gilles Baril, soit dans la région de Berthierville!  À l’époque, tout ce qui prêchait par le vert disait que peu importe où l’usine serait construite, il fallait aller de l’avant, car on allait se faire damer le pion par l’Ontario.  L’usine fut fortement subventionnée par le gouvernement du parti québécois, qui annoncait qu’il faisait un pas dans la bonne direction.  Aux USA, les choses furent prises en main par les multiples coopératives agricoles, qui construisirent de nombreuses usines de production.  Là-bas aussi, le gouvernement subventionne la production; les subsides devraient atteindre quelque chose comme 8 milliards$ cette année.

Bref, d’un côté comme de l’autre de notre frontière, les agriculteurs ont intensifié la culture de maïs, mais pour le vendre aux différents producteurs d’éthanol.  Pour ce faire, ils ont réduit leur production d’autres céréales, afin de semer plus de terres en maïs.  Paradoxalement, malgré l’augmentation marquée de la production de maïs, celui-ci se trouva en quantité moindre sur les marchés alimentaires.  C’est évident que si le prix proposé par les producteurs d’éthanol était plus élevé que celui proposé par les producteurs alimentaires (merci aux subventions!), les agriculteurs ont vendu plus de maïs à l’industrie du carburant qu’à celle de la bouffe.  Ce qui devait arriver arriva; les céréales étant plus rares sur les marchés alimentaires, le prix de celles-ci a grimpé, atteignant des sommets inégalés.  Et devant de telles augmentations, les pays pauvres ne pouvaient plus acheter autant que par le passé, ce qui déboucha sur la crise actuelle.

Certains diront que ma théorie est simpliste, et que dans les faits, d’autres facteurs sont intervenus.  Je veux bien le croire.  Sauf que d’aucuns s’entendent pour dire que l’augmentation marquée de la production d’éthanol demeure l’un des principaux éléments de la crise alimentaire mondiale que nous connaissons maintenant.  Et selon vous, pour que les gouvernements, dont celui des USA, subventionnent généreusement la production d’éthanol, qui est allé frapper à leur porte?  Les pétrolières?

C’est là que je dis un gros merci aux environnementalistes.

Ce sont eux qui ont fait des pressions sur les gouvernements pour que l’éthanol remplace de plus en plus le pétrole dans les véhicules automoblies.  Ils ont fait des pressions pour aller de l’avant avec leurs théories (carburant plus propre, utilisation réduite du pétrole), mais ont fait fi des conséquences de leurs gestes.  Aujourd’hui, alors que l’on constate les ravages d’une telle politique, autant du côté du bilan environnemental, où l’on prend conscience que si l’éthanol polluait moins « sur papier », les résultats étaient beaucoup plus décevants « sur le terrain », que de celui de l’accroissement de la faim dans le monde, ces mêmes environnementalistes viennent brailler que les pauvres crèvent de faim parce que « les riches prennent tout le maïs pour faire rouler leur gros 4×4 énergivores« .  Ils se gardent bien de mentionner quelque implication de leur part, ces dernières années, dans le but de pousser les gouvernements à subventionner la production d’éthanol.

Maintenant, ces mêmes activistes se plaignent aussi que les gouvernements ne font pas assez pour soutenir une autre de leurs théories foireuses; le protocole de Kyoto.

Compte tenu de ce que je vois, dans les pays pauvres, suite à l’application de l’une de leurs théories foireuses, vous savez ce que je leur dis, moi, aux environnementalistes?

« Un peu de vision, bordel! »: Enlevez vos oeillères d’abord, madame Roy!

J’aime bien commenter certains textes de façon directe, c’est à dire de copier un écrit, et d’y répondre directement, à travers le texte original.  Aussi, un article de Virginie Roy, publié mercredi dernier (5 mars) sur le site Canoë, m’a interpellé.  Son titre: Un peu de vision, bordel!

Alors voilà.  Je mets le texte de madame Roy en italique, et en vert (en souhaitant que Canoë ne me fasse pas d’emmerdes), puis j’y réponds avec la fonte et la couleur habituels.  C’est parti.

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Comme le Québec piétine! Voilà qu’il y a vingt ans, on enlevait les postes de péage. Aujourd’hui, l’Institut économique de Montréal, un des organismes les plus influents de l’économie de marché de la province, estime qu’il faut les réintroduire. Le débat semble tellement compliqué et pourtant, il est si simple.

Il est vrai que le Québec piétine, mais pas dans ce que vous rapportez.  En fait, madame Roy, votre exemple ne représente pas du piétinement, mais plutôt une certaine forme d’évolution.  Celle qui fait qu’une solution abandonnée depuis longtemps, parce qu’obsolète dans sa forme, reprend tout son sens une fois que la mise en application en a été modernisée avec succès.  Un peu comme les motomarines; c’était une idée de Bombardier, qui date du début des années 1970, et qui fut ababdonnée à l’époque parce que impopulaire.  De nos jours, plusieurs manufacturiers fabriquent de telles machines, qui bien sûr ont technologiquement évolué.

Un, nos routes ressemblent à la petite sandwich que je déballe pendant mon heure de lunch : en décomposition. Deux, le secteur du transport est celui qui émet le plus de gaz à effet de serre au Québec. Trois, on n’a ni l’argent pour réparer nos routes, ni l’argent pour investir suffisamment dans les transports en commun pour augmenter sa popularité.

Un, il vous faudrait apprendre à faire des sandwiches qui ne se décomposent pas.  Je blague…  C’est vrai que nos routes sont en décrépitude, et ce en grande partie suite à de la pure et simple négligence.  Deux, peut-être est-ce vrai, mais mégatonne pour mégatonne, quelles ont été les dernières variations?  Et l’industrie, elle ne pollue plus du tout?  À moins qu’elle rejette de tout, sauf des gaz à effet de serre?  J’aimerais bien que vous m’éclairiez, là-dessus.  Trois, il semble que le gouvernement québécois ait réussi à dénicher quelques milliards de dollars pour tenter de sauver les meubles, et ce dans les deux options que vous présentez.  Quoique je ne sais pas encore où il va les prendre.  Peut-être ne nous a-t-on que passé de belles annonces.

Bref, on est dans la merde.  À qui le dites vous!  Pas nécessairement – et pas exclusivement non plus – pour les raisons que vous énumérez ici, mais effectivement, on est dans la merde.

Alors, pendant que Pauline Marois veut sa conversation nationale, je propose plutôt un tête-à-tête avec le comptable du Québec.

Je vous rappelle un peu les faits. L’Institut économique de Montréal croit que la réintroduction des péages est la meilleure solution pour la province. L’étude analyse quatre scénarios plausibles et suppose que l’automobiliste paye 0,05 $ par kilomètre. Le scénario que privilégie l’organisme est le quatrième, soit celui où le péage s’applique à toutes les autoroutes du Québec, ce qui rapporterait la rondelette somme de 1,6 milliard de dollars.

Pour vous donner un exemple, le plan stipule qu’il coûterait 4,80 $ pour traverser les ponts montréalais en heure de pointe et 30 $ pour un aller-retour à Québec.

Cette peur d’une nouvelle taxe a engendré un phénomène instinctif chez le Québécois typique: s’assurer que le gouvernement dépense bien l’argent. Comme les revenus générés par les immatriculations et permis de conduire ne sont finalement pas investis dans nos routes, ou très peu, plusieurs ont estimé important que l’argent généré par les postes de péage soit exclusivement réservé pour la reconstruction des routes. Ce qui veut malheureusement dire: exit l’argent pour les transports en commun.

L’argent des immatriculations et permis de conduire a servi à quoi, au juste?  Je ne le sais pas précisément, moi non plus, mais je sais, par contre, qu’en plus de ces frais payés par tous les détenteurs de véhicules de promenade, et de permis, je dois payer, parce que j’habite le grand Montréal, 30$ de plus que mes frères et soeurs qui habitent en région pour immatriculer ma bagnole, ainsi qu’un cent et demi supplémentaire pour chaque litre d’essence que je mets dedans.  Pourquoi dois-je payer ces « extras », et pas eux?  Parce que je suis obligé – je n’ai même pas le choix – de verser directement ces sommes au transport en commun.  Pouvez-vous me dire, en retour, quelle est la fraction du coût d’un billet d’autobus qui va directement au remplissage des nids-de-poule?  Car après tout, madame Roy, si je paie pour le transport en commun sans même l’utiliser, les autobus utilisent aussi les routes, et de par leur poids et leurs dimensions, ils contribuent davantage que la voiture à la décrépitude du réseau routier, et ce même lorsqu’il n’y a aucun passager à bord.

Environnement qui?

Je trouve bien dommage que l’on n’ait pas plus de vision. Par conséquent, cette semaine, presque personne n’a parlé de l’impact environnemental que pourrait avoir une telle initiative. Presque personne n’a soufflé les mots : transports en commun. On a surtout parlé du 1,6 milliard de dollars qui pourrait servir à reconstruire nos fameux rubans d’asphalte. Et pourtant, l’environnement a tout à y voir dans ce projet, car le coût de l’auto ne se limite pas à l’usure des chaussées.

D’abord, si les environnementalistes veulent prouver qu’ils ont, contrairement au « bas-peuple », une vision globale, ils devraient commencer par enlever leurs propres oeillères!  Ensuite, c’est bien vrai que le coût de l’auto ne se limite pas à l’usure des chaussées.  Voyez-vous, le coût de l’auto finance également le transport en commun, dans le grand Montréal, à hauteur de 30%.  Et je ne compte pas toutes les autres ponctions (comme les réparations supplémentaires aux véhicules, et les taxes de vente qui en découlent, dûes au mauvais état des rues et des routes) et taxes supplémentaires (près de 50% du prix de l’essence à la pompe sont des taxes!) qui font tourner l’appareil gouvernemental, celui-là même qui subventionne plein de projets, comme la construction d’une usine de production d’éthanol, à Varennes, au grand plaisir des environnementalistes.  Du moins jusqu’à ce qu’ils se rendent compte par eux-mêmes que, comme je l’ai moi-même dit sur d’autres tribunes, et que des gens beaucoup plus influents que moi ont aussi prévenu, en plus de ne rien sauver du côté de la pollution, le déséquilibre causé dans la production agricole, du fait que beaucoup d’agriculteurs allaient vendre leur maïs à l’usine d’éthanol, plutôt qu’aux acheteurs habituels de l’industrie alimentaire, allait précipiter les prix des céréales vers des sommets inégalés, en plus de provoquer des risques de pénurie pour la production des aliments.  Mais ça, jamais les environnementalistes ne voudront l’endosser.  Alors vous imaginez peut-être, madame Roy, que ceux-ci vont accepter quelque blâme que ce soit si jamais un gouvernement va de l’avant avec leur dernière trouvaille, et que cela tournait mal?

Les écologistes ont tous le même point de vue.  Bien sûr; ils croient tous détenir LA vérité!  S’il y a plus de postes de péage, il y aura nécessairement plus de personnes qui utiliseront les transports en commun. Or, je trouve plutôt injuste de punir les automobilistes en les taxant, tout en ne leur donnant aucune autre porte de sortie. Ainsi, le gouvernement en aura plein les poches et pourtant, rien n’est prévu pour offrir une alternative aux automobilistes qui décideront de délaisser leur voiture. Par conséquent, il coûtera 30 $ pour se rendre à Québec. Un point c’est tout.

Avec une telle opinion, j’ai presque envie de vous qualifier d’adéquiste, madame Roy!  Dans les faits, la réaction de l’ADQ face à la publication de la note économique de l’IEDM fut, à peu de choses près, la même que ce que vous exprimez dans ce paragraphe.  Il faut toutefois préciser que si les revenus de péage vont à l’entretien des routes, il en coûtera peut-être 30$ aux automobilistes pour un aller-retour à Québec, mais si ceux-ci évitent des centaines de dollars de réparations, ce sera une somme bien investie, pas vrai?

Revenons à la source: pourquoi voulons-nous des postes de péage? Oui, pour reconstruire nos routes, mais c’est surtout pour diminuer le flot des voitures. Si le maire Tremblay a évoqué cette solution, ou si de grands centres urbains l’ont appliquée, c’est très expressément pour gérer la congestion, grâce à des péages variant selon l’heure. C’est aussi pour réduire le nombre d’automobiles qui entrent dans le centre-ville et pour atténuer le trafic dans la ville.

Le but ultime devrait être, finalement, de combattre la pollution atmosphérique. En considérant cette cible, tous les autres objectifs suivraient naturellement.

Quel que soit le but visé par l’un ou l’autre des protagonistes dans ce dossier, à mes yeux, il est hors de question que les sommes recueillies par le biais d’éventuels péages imposés aux automobilistes aillent au transports en commun!  Ceux-ci, en fournissant environ 30% du budget dans le grand Montréal, ainsi qu’une part plus ou moins équivalente dans les autres agglomérations de la province, subventionnent déja largement les services de transport de masse.  Personnellement, je crois qu’il serait grandement temps que les usagers de ces services en paient une plus juste part.  Sans exiger un paiement intégral, les usagers devraient, selon moi, défrayer au moins 50% du coût du service; après tout, ce sont eux qui en profitent directement.

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Et en définitive, compte tenu de la manière dont les fonds publics sont gérés par tous les ordres de gouvernement, je demeure convaincu que la meilleure façon que les revenus de péage aillent directement dans l’entretien de la route sur laquelle ils ont été prélevés est que l’on confie l’entretien des routes à l’entreprise privée, sous la forme de contrats à long terme, accordés suite à des appels d’offres.  Le tout devra toutefois être soumis à une réglementation qui interdirait les monopoles, autant publics que privés.